Louisiana, la couleur du sang – Tome 2 : Léa Chrétien et Gontran Toussaint

Titre : Louisiana, la couleur du sang – Tome 2

Scénariste : Léa Chrétien
Dessinateur : Gontran Toussaint

Édition : Dargaud (22/01/2022)

Résumé :
Ce deuxième volume de la trilogie « Louisiana » poursuit la saga d’une famille de planteurs dans le sud des États-Unis au XIXe siècle.

Après le décès d’Augustin, patron tyrannique du domaine, sa veuve tente de prendre en main son destin, malgré les conflits qui l’opposent à son fils revenu d’Europe et sa fille aux idées progressistes.

Ce chapitre met de nouveau en lumière la violence d’une société dominée par les hommes sur fond de racisme symbolisé par l’esclavagisme, à la veille de la guerre de Sécession qui fera éclater ce modèle.

Critique :
1961, nous retrouvons Louise Soral, notre grand-mère, mettant en ordre des documents, avant de reprendre le fil de son récit, celui qui eut commença en 1805, dans une plantation sucrière, dans le Sud de l’Amérique.

Laurette, la mère de Joséphine, est en fait la grand-mère de Louise Soral.

Depuis le décès de son mari, Laurette pète un câble, parlant toute seule, devenant raciste (ce qu’elle n’était pas du tout avant) et oubliant que son mari s’est fait sauter le caisson.

Antoine, le frangin de Joséphine est revenu et il n’a pas changé : un buveur, un violeur, un profiteur, un mec qui pense que les autres lui appartiennent et que les esclaves sont des objets dont on peut disposer à l’envi, surtout les femmes.

Les personnages de Laurette et Joséphine ne sont plus les mêmes, elles sont bien différentes des deux personnes du premier album. Jeune, Joséphine était amie avec une jeune esclave de la plantation, maintenant, elle ne supporte pas que son fils aime une fille Noire. Ce qui, à cette époque, une telle relation (avec de l’amour et l’envie de se marier) n’était ni morale, ni légale.

Nous sommes loin des idées larges qu’avait la Joséphine du début, de sa tolérance. Elle utilise même des mots honni à notre époque (mais pas à la sienne, bien entendu).

La preuve que tout le monde change, en bien ou en mal. Par contre, l’Histoire se répète, comme toujours, puisqu’elle est un éternel recommencement. On a beau avoir eu l’envie de changer les choses, une fois adulte, une fois mariée et avec un enfant, Joséphine a relégué ses rêves, ses projets.

Quant aux hommes, ils restent les mêmes, surtout son frère et Joséphine a cette horrible impression que la malédiction familiale ne recommence.

J’étais contente que le personnage de Marie Laveau, la prêtresse vaudou, soit plus présente dans cet album. Afin d’asseoir son pouvoir, elle doit acquérir un grand savoir, notamment sur les petits secrets des hommes… C’est le prix à payer pour rester libre, elle qui cumule le fait d’être une femme et Noire de peau.

J’ai préféré cet album au premier, il est sombre, mais d’une manière différente du premier et les personnages avaient moins ce côté manichéen, limite caricatural. Certes, voir Joséphine changer à ce point n’est pas agréable, mais c’est plus conforme à son époque et au moins, elle a plus de nuances.

En prenant de l’âge, les personnages deviennent ce qu’ils n’auraient pas voulu devenir avant. Hormis Jean, le fils de Joséphine, qui, même devenu adulte, reste tolérant, veut changer de vie, épouser la fille Noire qu’il aime toujours. Vous pensez bien que môman Joséphine n’est absolument pas d’accord.

Lorsque Joséphine n’avait pas de responsabilités, il était doux de rêver et de jurer que jamais l’on ne deviendrait comme ses parents ou les autres adultes (on passe par ce moment nous-même, ado), et puis boum, une fois mise devant les responsabilités et une plantation à faire tourner, on finit par devenir comme les autres, ceux qui ricanaient devant l’égalité des races (concept de races qui n’existent pas, en plus).

Ce deuxième album fait aussi le lien entre la narratrice, notre vieille grand-mère (qui a 100 ans, alors) et Jean, le fils de Joséphine.

Les dessins sont toujours réalistes et les coloris, même dans les tons sombres, mettent bien en valeur le travail de graphisme.

Un bon deuxième album, meilleur que le premier, selon mon avis (mais qui ne vaut pas grand-chose), même si, sur la fin, Joséphine dépasse les bornes de toutes les limites… Ah la salope !

Dommage que je ne possède pas le troisième album, celui se termine sur la guerre de Sécession qui se profile et j’aimerais savoir ce qu’il va arriver aux membres restants de cette famille : Joséphine, son fils Jean, son épouse et leur petite fille, Louise…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°42], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.