Déguster le noir : Yvan Fauth et Collectif

Titre : Déguster le noi

Auteur : Yvan Fauth et Collectif
Édition : Belfond Noir (08/06/2023)

Résumé :
Vous n’en ferez qu’une bouchée !

Nicolas Beuglet, Christian Blanchard, Pierre Bordage, Patricia Delahaie, Sonja Delzongle, R. J. Ellory, Jacques Expert, Jérémy Fel, Nicolas Jaillet, Anouk Langaney, Ian Manook, Bernard Minier et Cédric Sire : treize auteurs prestigieux, maîtres incontestés du frisson, nous entraînent dans une cinquième exploration sensorielle inédite autour du goût.

Autant de nouvelles originales, singulières et terrifiantes à la rencontre de personnages succulemment cruels ; autant d’histoires délicates qui satisferont papilles et méninges les plus affûtés.

Un recueil plein de vengeance, de coups bas et mortels, à savourer froid au chaud, avec tous les sens en alerte.

Critique :
Les nouvelles, c’est toujours trop court, on a souvent envie que le récit continue, afin de savoir ce qu’il va se passer après. Bref, la frustration est souvent au rendez-vous.

Pourtant, même si j’ai parfois hurlé de ne pas avoir la suite, si j’ai souvent eu envie d’avoir plus, je n’ai jamais été déçue par la pentalogie « Le Noir » qui fait la part belle aux 5 sens au travers de nouvelles sombres, bien noires.

Pour être honnête, je dois reconnaître qu’au fil des recueils, certaines étaient excellentes, des petits bijoux de noirceur, de stupeur, que d’autres étaient bonnes et quelques unes, une minorité, moins bonnes.

Certaines m’ont aussi marquées durablement, notamment dans « écouter » et « voir ». Certains auteurs et autrices m’ont laissée la bouche ouverte devant leurs finals ou la noirceur de leur texte.

Ici, on passe à table, à la casserole, au resto, dans les cuisines, on peut manger avec les doigts ou manger les doigts, si on est cannibale. Comme le disait si bien une chaîne de restaurant gastronomiques (hum) : entre vous et nous, c’est une histoire de goût.

Le Goût Des Autres (Minier) : La première nouvelle a mis la barre très haute, avec le désert irakien et Leila Ramani qui bosse pour le Musée archéologique de Bagdad. Ce qui est le plus fort, dans ce récit, ce n’est pas le final, mais les pensées de Leila sur le conflit irakien et les extraits des discours de George W. Bush. Waw ! (5/5 ♥)

Ripaille (Langaney) : Des amis réunis pour une bonne bouffe… Jusqu’à ce que ça dérape dans les cuisines. On avait commencé fort, on continuait de la même manière. D’un côté, j’aurais aimé être avec eux pour manger les bons petits plats, mais pas en cuisine ! (3,5/5)

Tous Les Régimes Du Monde (Sire) : Le mannequinat, les régimes, les trois pommes mangées… Le culte du corps, de la minceur extrême sont traités dans cette nouvelle dont le personnage principal m’a scotchée par sa froideur, son détachement. (4/5)

Amertumes (Bordage) : Anticipation pour cette nouvelle, puisque nous sommes en 2079 et que le monde n’est plus tout à fait le même. Il y aura beaucoup d’amertume dans son récit, notamment en raison d’un manque de justice flagrant. (4/5)

Joé (Blanchard) : L’auteur rend hommage au roman de Steinbeck « Des souris et des hommes » et si elle est violente, noire, sombre, son final est bourré d’émotions. (5/5 ♥)

Alfajores (Jaillet) : Allumez le feu… Des conditions de travail merdique, pas encore de l’esclavage, mais presque. Une patronne qui gueule, qui demande toujours plus à ses ouvriers, la fatigue qui arrive et un énorme turn over dans le personnel. Jusqu’au burn out… Et la réalité à presque rejoint la fiction, avec les derniers événements… (4/5)

Dans L’Arène (Fel) : Le réchauffement climatique a tout changé et s’il est en toile de fond, le plus angoissant sera pour ce qu’il se passe chez les deux frères et leurs épouses. C’est un univers glaçant (surtout que le chocolat est réservé à l’élite) et la haine que voue une belle-sœur à l’autre va être un moteur puissant. Je n’avais pas vu venir le final et il m’a laissé sur le cul ! (5/5 ♥)

Jalousies (Delzongle) : Double sens pour ce titre, puisque les jalousies sont aussi des volets… Cette nouvelle est excellente aussi, j’ai adoré l’atmosphère que l’autrice a mis en place dans cette maison, avec cette femme au foyer et son mari, qui se croit le seigneur à servir. Une fin inattendue ! (5/5 ♥)

La Visite (Beuglet) : Une nouvelle qui sent bon l’écologie, les circuits courts, la bouffe locale et qui a failli me retourner l’estomac. Excellente ! Mais je ne verrai plus le parmesan de la même manière… (5/5 ♥ 🤢)

Un Père A La Truffe (Delahaie) : Ce sera la moins bonne de tout le recueil, celle qui m’a fait le moins vibrer, même si le jeu de mot final était bien trouvé. (2/5)

Feijoada (Manook) : Une petite perle noire ! Des dialogues parsemés d’argot avec des expressions imagées dignes d’une scène à la Audiard et deux personnages qui auraient pu être joué par Lino Ventura ou Jean Gabin (pour Raymond) et Jean Lefebvre (pour Cotentin, le pas très malin). J’ai vu venir le truc, qui m’a fait penser à la chute d’une blague horriblement noire et super trash. Mes soupçons étaient bons, on était bien dans un tel final. Et vous savez quoi ? J’ai ri ! Oui, j’ai explosé de rire avec cette chute magnifique… et je n’ai même pas honte (6/5 ♥♥♥)

Le Goûteur (Expert) : Un sale chantage, un chantage dont on ne sait pas se dépatouiller et où quelque soit la solution prise, on sait que l’on risque la mort. Comment faire et surtout quand on a une conscience et que l’on tient à sa famille ? Un final inattendu. (4/5)

Scène De Crime (R.J. Ellory) : Un serial killer que l’on n’arrive pas à attraper et un flic qui va tenter de se mettre dans sa tête pour arriver à le coincer. Étude minutieuse des crimes et tout et tout. Le final est machiavélique, même si je l’avais deviné. Que j’ai raison a amplifié la chose. (5/5)

On termine donc ce tour des sens par un super opus, comme les autres. La qualité n’a pas diminuée et si toutes les nouvelles sont noires et parfois trash, pour moi, elles ont bon goût, puisque je me nourri essentiellement de polars, thrillers et romans noirs.

Les chefs ont bien travaillés, les plats étaient succulents et je m’en suis léché les babines. Maintenant, je vais prendre le cure-dents et vérifier qu’il ne me reste pas un bout de barbaque coincée entre mes canines. Vu ce que je viens d’ingurgiter…

Un roman noir déconseillé aux végétariens, vegans et végétaliens.

Allez, un petit rototo et pour le digestif, je m’en vais lire le dernier Thilliez !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°245].