Franck Sharko et Lucie Hennebelle – 08 – La faille : Franck Thilliez

Titre : Franck Sharko et Lucie Hennebelle – 08 – La faille

Auteur : Franck Thilliez
Édition : Fleuve Noir – Thriller (04/05/2023)

Résumé :
Une interpellation qui tourne au fiasco. Un officier admis à l’hôpital en urgence absolue. Pour le commandant Sharko, la lieutenant Lucie Henebelle et le reste de l’équipe, la déroute est totale. Violente.

Mais la soif de justice est plus forte que jamais. Mis à l’écart le temps que l’IGPN tranche sur sa responsabilité, Sharko se lance alors dans des investigations en dehors de tout cadre légal. Une enquête dangereuse et éprouvante qui laissera des traces.

Du fin fond d’une abbaye ancestrale aux couloirs austères d’un hôpital psychiatrique, Sharko va être confronté à la folie et découvrir que lorsque la science ignore l’éthique, tout peut basculer.

Critique :
Sharko n’aurait-il pas envie, pour une fois, d’une enquête pépère ? De rechercher un assassin, sans pour autant que ce soit un serial killer, un nécrophile, un tordu,…

Sharko et sa brigade ont toujours affaire à des meurtriers abjects, qui ne tuent pas par jalousie, par vengeance ou pour obtenir l’héritage d’une vieille tante… Non, ils sont tout le temps sur la piste de types dangereux au cerveau dérangé.

Il est un fait certain : Franck Sharko n’est pas un enquêteur à la Hercule Poirot ! Avec Franck, on est toujours dans l’adrénaline et les crimes gores, violents, horribles. Pas d’enquêtes pépères ! Tiendra-t-il jusqu’à la retraite, à ce rythme ?

Sans compter que toute son équipe trinque aussi, certains plus que d’autres, comme ce pauvre Nicolas, qui en avait déjà eu plus que son compte et à qui on en rajoute. Non, à un moment, il faut arrêter de les plonger dans les horreurs et laisser souffler les personnages principaux… Que fait le syndicat ? (mdr)

Une fois de plus, l’auteur plonge dans la noirceur humaine et nous parle de la grand faucheuse, la mort en personne. Que se passe-t-il quand le cœur s’arrête ? Le cerveau ? Meurt-on tout de suite ? Quand est-on déclaré mort ? Toutes ces questions que l’on se pose… Tous ces territoires inexplorés…

Et puis, dans son histoire, l’auteur n’oublie pas d’ajouter des faits de sociétés importants, comme l’éthique en médecine, l’euthanasie, la fin de vie, la science sans conscience, les réseaux sociaux et le buzz que tout le monde veut faire (non, pas moi)…

Bref, la maltraitance de ses personnages n’était pas gratuite et elle lui a permis de les mettre face à une situation hors norme, face à un dilemme dont je n’ai pas été incapable de trancher : faire de l’acharnement thérapeutique ou laisser partir ? Les deux solutions se valaient et je comprenais chacun des choix, sauf celui d’un homme, mauvais jusque dans ses tréfonds.

Comme toujours, le thriller de Thilliez est implacable, c’est une machine qui tourne toute seule et qui entraine le lecteur dans son sillage. Difficile de s’y embêter ou de trouver le temps long. Difficile de rester de marbre, aussi. Non, ce roman n’est pas fade.

Le rythme est bon, on a des rebondissements, du suspense, des trucs glauques, une visite des catacombes, un mystère bien épais, de la science, de la médecine, un tueur en série (ou plus ?), un scandale que j’avais lu dans « Le Canard Enchaîné » (horriblement dégueu et honteux !), du sang, de l’adrénaline, de la SF sans en être,…

Tous les ingrédients d’un thriller sont réunis dans la marmite et l’auteur est un excellent cuisinier. Mais… Oui, il y a un léger « mais ». Ce roman m’a moins emballé, moins emporté, que d’autres (tels GATACA, Syndrome E, Pandemia et Angor). Les thrillers de l’auteur sont toujours spectaculaires, j’en ai aimé beaucoup, mais là, j’ai ressenti un léger goût de trop…

Surtout dans l’épisode final où des parents ont fait déborder le vase de la méchanceté gratuite, jouant sur les lois et où un médecin, qui a eu des couilles, va le payer cher. On aurait pu se passer de cette dernière abjection et laisser venir « tranquillement » le petit nouveau. Là, on a sucré le sucre et je suis arrivée à saturation.

Trop de méchanceté dans le comportement de ces deux parents, trop de souffrance dans une chambre d’hôpital, chez les personnages, dont Nicolas, trop d’horreurs, de violences, trop de folie médicale,…

Même si tout cela est réaliste et que la fiction ne dépassera jamais la réalité. Entre nous, ça fait peur. L’auteur nous met face à ce qui nous arrivera tous et toutes : la mort et le grand mystère. Non, ce roman n’est pas fade du tout. Je n’en ressors pas indemne.

J’ai apprécié que l’auteur, bien qu’il donne l’impression de s’aventurer aux frontières du réel, n’aille pas dans l’invraisemblance et retombe parfaitement sur ses pattes. Il s’explique dans les dernières pages : il s’est documenté et nous prouve qu’il ne raconte pas des carabistouilles. Merde, c’était réel.

Le récit est accessible aux lecteurs, même sans avoir fait médecine. Le roman est addictif et je l’ai dévoré. Juste faire attention si vous êtes une âme sensible. Certaines scènes sont plus éprouvantes que d’autres.

Un bon thriller, qui, hélas, ne fera pas partie de mes préférés, sans doute en raison de la surenchère dans les souffrances des personnages et cette dernière vilenie du père d’Audra, qui m’a cassée en deux.

Je comprend les désirs de l’auteur qui voulait, vu le thème adoré dans son roman, que ses personnages souffrent pour qu’ils en ressortent grandis et plus forts. Je ne suis pas sûre que les souffrances vous grandissent et vous rendent plus fort. En tout cas, moi, elles mes foutent par terre et je me relève toujours avec difficulté.

En tout cas, même si ce ne sera pas mon préféré, ce roman est réussi dans le fait qu’il m’a marqué, touché, questionné, cultivé, et m’ait montré le fond du fond de la connerie humaine, de son abjection. J’ai touché le fond, le thriller est donc réussi puisqu’il m’a marqué.

Là, tout de suite, je vais aller relire des Petzi pour me sentir mieux…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°246].