Mexicana – Intégrale : Matz, Gilles Mezzomo et Mars

Titre : Mexicana – Intégrale (3 tomes) 🇲🇽

Scénariste : Matz et Mars 🇺🇸
Dessinateur : Gilles Mezzomo

Édition : Glénat (2013 / 2014)

Résumé :
Emmett Gardner, la quarantaine, est garde-frontière le long du Río Grande aux États-Unis. Un jour il découvre que son propre fils, Kyle, s’est mis à travailler pour un cartel local et que, pour prouver sa loyauté, il doit assassiner un dealer rival.

Pour le sortir de cette sale histoire, Emmet décide de prendre les choses en main et de monter le coup lui-même.

Autre problème: Kyle ne donne plus de nouvelles. Emmet décide alors d’aller le chercher de l’autre côté de la frontière (🇲🇽), quitte à se jeter dans la gueule du loup…

Critique :
Tome 1 : Le sergent Emmett Gardner est garde-frontière le long du Rio Grande aux États-Unis. Son rôle est d’arrêter les migrants et les coyotes, même s’il connait la plupart d’entre eux, tout comme ses collègues.

Tout baignait dans l’huile, jusqu’à ce que Kyle, son gamin se fasse arrêter et qu’il lui explique dans quelle merde il a foutu les pieds. Une bonne fessée aurait été de rigueur pour ce morveux de merde et à la place de son père, je lui aurais fait fumer les fesses pour les dix années à venir…

Mais son daron, lui, il va lui sauver les miches et c’est là que le truc coince un peu : il y va avec la voiture de patrouille et en uniforme ! Pour buter un dealer, faut tout de même se camoufler un peu, non ? Et puis, j’ai trouvé qu’il passait trop vite à l’acte, sans trop réfléchir. Même si c’est pour sauver son gamin de merde…

Le scénario de ce premier tome est classique au possible… C’est du déjà-vu, du déjà lu et pourtant, j’ai accroché. Les dessins, tout d’abord, m’ont bien plu et ils m’ont fait repenser au one-shot « Le serpent et le coyote », bien que ce ne soit pas le même dessinateur.

Mais le visage d’Emmett avait un air de famille avec celui de Joe et les décors, sans compter les couleurs assez chaudes, m’ont fait immédiatement penser à cette autre bédé, que j’avais adoré.

Un premier tome assez classique, très sombre, malgré les couleurs chatoyantes et qui va nous montrer le Mexique dans ce qu’il a de sordide, dans l’envers du décor, celui qui n’a rien à voir avec les cartes postales ou les beaux endroits pour touristes.

Un premier tome qui donne envie de poursuivre avec le deuxième, tant le suspense est à couper au couteau à la fin de cet album. Heureusement que j’ai les suivants (lu les trois albums, mais ils existent en intégrale).

Tome 02 :
Nous retrouvons Emmett là où nous l’avions laissé dans le tome 1 et il est toujours dans de sales draps !

Je pense qu’il aurait préféré se la couler douce dans un hôtel 5 étoiles et visiter le Mexique dans ce qu’il a de plus beau, au lieu de se retrouver chez un parrain qui vend de la poudre blanche (et ce n’est pas du bicarbonate).

De nouveau des couleurs chaudes, des tons ocres, afin de sublimer les décors du Mexique, son soleil implacable et son univers des cartels aussi. Des couleurs chaudes pour illustrer un monde sombre, sordide, violent…

Si Emmett est dans cette merde, c’est à cause de son gamin, qui a disparu, en plus… Faites des gosses, tiens ! Tout ça pour un plan cul de son ado, qui pense sans doute que la fille l’aimait, pas qu’elle se servait de lui… Les ados, ça réfléchit avec leurs bites, pas avec leurs têtes.

Un deuxième album qui est toujours aussi violent que le premier, avec des personnages assez manichéens, assez premier degré (mais avec les chefs de cartels ou des parrains de la drogue, faut pas trop demander). Pourtant, au fil du récit, un peu de nuance est apparue et c’était appréciable. Maintenant, à voir si Angel a dit vrai.

En tout cas, les États-Unis ne vont pas en sortir grandi de ce deuxième tome, puisque Angel, le parrain, va lui expliquer le mal que les gouvernements américains ont fait au pays, obligeant la plupart des mexicains à émigrer et à se retrouver à nettoyer les chiottes, à bosser dans des restos, en étant payé au lance-pierre et méprisés.

Rien n’est tout à fait noir, rien n’est tout à fait blanc, dans ce récit, tout est en nuance de gris sombre, tout est en règles non écrites, celles des cartels, des parrains de la drogue, des malfrats, qui n’hésitent pas à massacrer, à violer, tout en affichant des crucifix, à dire qu’ils aident les migrants, tout en exploitant des mexicains pour faire des paquets de drogues.

Tout est hypocrisie… Même Emmett s’arrange avec sa conscience de flic, quand il s’agit de sortir son merdeux de fils du pétrin dans lequel il s’est foutu… Et nous, que ferions-nous ?

Tome 3 :
Dans ce troisième et dernier tome, Emmett va nous parler de lui, de sa jeunesse, de son engagement dans l’armée et ensuite, dans la police des frontières. On comprend mieux les choses, Emmet n’était pas un gentil garçon, lorsqu’il était jeune.

Dans ce dernier tome, la violence va atteindre son paroxysme et Emmett va tomber de haut.

Dans un final digne d’un western, Emmett va tenter le tout pour le tout…

Toujours avec des couleurs chaudes, cet dernier album clôt magistralement cette trilogie, sans pour autant apporter des émotions ou autre chose qu’un récit resté très classique.

Mais bon, pour le divertissement, ce n’est déjà pas si mal.

Les folles enquêtes de Magritte et Georgette – 07 – À Montmartre : Nadine Monfils

Titre : Les folles enquêtes de Magritte et Georgette – 07 – À Montmartre

Auteur : Nadine Monfils
Édition : Robert Laffont – La bête noire (04/04/2024)

Résumé :
Montmartre, ses travestis et ses fantômes…

René Magritte est à Montmartre avec son épouse Georgette pour une exposition de ses œuvres où il va rencontrer Boris Vian.

Au cours d’une sortie en solitaire, il aperçoit une jolie jeune femme à la terrasse d’un bistrot. Elle porte un curieux chapeau avec un poussin dans un nid de plumes. Il sympathise avec elle et ne résiste pas à l’envie de la photographier. Elle finit par s’enfuir subrepticement, laissant derrière elle son chapeau.

De retour à l’hôtel, Magritte le cache au dessus de la penderie. Georgette le découvre et, jalouse, elle l’écrase. Un petit mot s’échappe alors :  » Sauvez-moi ! « .

Critique :
Alleï, dis, pour une fois, ça fait du bien aussi d’aller voir au-delà de la frontière ce qu’il s’y passe.

Bien que Magritte se plaindra que les français ne sachent pas cuire les frites comme il faut (la fameuse graisse de bœuf qu’il leur manquait), notre couple de détectives ne va pas se plaindre de son escapade à Paris, surtout parce que Magritte y exposait ses toiles, mais aussi parce qu’ils auront une enquête à résoudre.

S’il y a bien un endroit que j’apprécie, à Paris, c’est Montmartre, bien qu’il ne doit plus être aussi génial qu’au temps où se déroule cette enquête (dans les années 50)… En tout cas, grâce au couple Magritte, je suis allée boire au café de Flore, j’ai croisé une pléiade d’artistes (même des travelos !), allant de Boris Vian à Jacques Prévert. Bref, la balade était belle.

Par contre, nous avons croisé aussi des cadavres et, comme bien souvent, on les a ramassé à la pelle. Et j’en ai déploré certains, notamment parce que j’avais apprécié ma rencontre avec Chloé et puis, l’autrice entre, elle aussi, sur ma kill list. Oui, toi aussi, Monfils ! (seuls les lecteurs/lectrices comprendront le rapport avec la phrase de César).

Non, le rythme n’est pas endiablé et pourtant, voilà un cosy mystery qui se lit sur une journée (jour férié), sans se prendre la tête, avec un sourire aux lèvres, tant la truculence de l’écriture est présente (comme toujours) et aussi à cause du couple Magritte, que j’adore et de toutes les anecdotes que l’autrice partagera avec nous.

Pour les ambiances, pas de doute, nous étions à Montmartre, nous avons fréquenté des artistes, des gens connus, nous avons arpentés les ruelles avec Carlita, le travesti et compagnon de Pablo Cazarès, chanté dans les cabarets et pris du bon temps, tout en n’oubliant pas d’enquêter !

Au départ, j’avais pensé à un coupable et ensuite, grâce à un petit indice, je me suis dirigée vers un autre, me demandant si je ne me trompais pas et youpie, j’avais bien visé et compris qui se cachait derrière ces crimes (faudra le lire pour le savoir, ou alors, me payer). Magritte a bien planqué, lui aussi et a résolu ces assassinats, comme moi. Mais je pense qu’il l’a trouvé surréaliste aussi…

Une véritable immersion dans le Montmartre des années 50, des anecdotes insérées dans le récit, de manière habile, de l’humour dans les dialogues et une grosse pincée de mystère, voilà une bonne recette pour passer un moment agréable avec ce couple si atypique et si sympathique.

Une LC réussie avec ma copinaute Bianca, qui avait vu venir le truc aussi (mais ça ne gâche rien) ! Et nous serons de la partie pour le suivant.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°000].