The Nice House On The Lake – 02 : James Tynion IV et Álvaro Mártinez Bueno

Titre : The Nice House On The Lake – 02

Scénariste : James Tynion IV 🇺🇸
Dessinateur : Álvaro Mártinez Bueno 🇪🇸

Édition : Urban Comics – DC Black Label (31/03/2023)
Édition Originale : The Nice House on the Lake, Vol. 2 (2023)
Traduction : Maxime Le Dain

Résumé :
Ils s’imaginaient passer un chouette week-end dans une somptueuse villa en bord de lac. Onze « élus », réunis par leur ami commun, Walter, à priori doux et sympathiques. Mais au terme de la première soirée, le scénario idyllique tourne au cauchemar éveillé lorsqu’ils assistent, impuissants, à la fin du monde…

Depuis, chacun cherche à sa manière à déjouer les plans de leur ami-ravisseur, mais difficile de trouver un sens à l’impensable. Alliances, trahisons, pressions, crises existentielles…

Pourront-ils seulement se libérer de leurs propres schémas, de leur prison intérieure ?

Critique :
Retour dans ce huis-clos oppressant ! Et ce n’est pas pas près de se terminer, ce climat d’angoisse, cette impression d’étouffer…

Nous retrouvons notre petite troupe, toujours coincée dans cette superbe baraque, tandis qu’ailleurs, l’apocalypse a eu lieu. Les cartes ont été rebattues et ils ne le savent pas encore.

Peu d’action, d’ailleurs, ce comics n’a pas pour ambition de faire cavaler ses lecteurs, mais de les emmener dans un thriller psychologique. Et c’est réussi.

Thriller psychologique où les personnages vont vous exposer leurs états d’âmes, ce qu’ils pensent de Walter et nous les verrons même dans des décors qui fleurent bon la fin du monde, tandis qu’ils nous raconterons leurs petites histoires, ajoutant du mystère au mystère, puisque là, ils sont toujours dans la maison de rêve…

On en apprendra un tout peu plus sur ce fameuse apocalypse (qui l’a déclenchée) et sur ce fameux Walter,  les apartés avec les différents personnages m’ayant permis de cerner un peu mieux son personnage.

Walter reste, malgré tout, énigmatique et je pense qu’il le restera, ce qui n’est pas plus mal, tout compte fait. Dans ce deuxième volume, on en apprendra un peu plus sur les coulisses de la nice house et ses commandes… Terrible !

Les dessins sont spéciaux, mais je les aime bien, ainsi que les couleurs, très chaudes. Le côté graphique est très soigné dans certains cases et moins dans d’autres, notamment dans les pages qui ont l’air de se dérouler dans un environnement chaotique ou à d’autres moments. Cela ne m’a pas gêné du tout.

On pourrait penser qu’il ne se passe rien durant ce deuxième album, mais c’est faux. On a l’impression, au départ, qu’il ne se passe rien, mais attendez-vous tout de même à être secoué, à obtenir des révélations, tout comme les personnages et à passer un excellent moment avec ce scénario aux petits oignons.

Je ne peux pas en dire plus, sous peine de divulgâcher le bazar, mais ce deuxième tome est tout aussi mystérieux et addictif que le premier. Ils forment tous les deux une première partie et il va falloir attendre pour lire la suite (grrrr, frustration intense).

Âmes animales – Tomás Noronha 11 : José Rodrigues dos Santos

Titre : Âmes animales – Tomás Noronha 11

Auteur : José Rodrigues dos Santos 🇵🇹
Édition : HC (2022) / Pocket (2023)
Édition Originale : O Jardim dos Animals com Alma (2021)
Traduction : Catherine Leterrier

Résumé :
Lisbonne. Un scientifique est retrouvé mort, flottant dans le bassin aux orques de l’Oceanário. Tout accuse Maria Flor, la femme de Tomás Noronha, qui travaillait sur un projet secret avec ce grand spécialiste de l’intelligence animale.

Pour prouver l’innocence de sa femme, le célèbre cryptologue va devoir découvrir le véritable auteur du crime. Il se trouve alors confronté aux intérêts d’une ancienne confrérie surgie du passé et à l’un des plus mystérieux secrets de la nature : l’intelligence, les émotions, la conscience des animaux.

Que cherche-t-on à cacher à tout prix ? Quelle est la relation entre ce meurtre et le génocide perpétré par les êtres humains contre la vie sur la planète ? Qui sont les véritables bêtes, les animaux ou les hommes ?

Une fois encore, J.R. dos Santos s’attaque à l’un des plus grands tabous de notre temps : l’âme des animaux. Avec sa capacité inégalée à nous expliquer les avancées de la science, les grands enjeux écologiques deviennent enfin clairs. L’homme, les animaux, la planète : tout est lié.

Critique :
Les animaux sont-ils intelligents ? Peuvent-ils résoudre des problèmes ? Ont-ils de l’empathie, de la solidarité, la conscience de la mort ? Bref, les animaux peuvent-ils prétendre à être considéré comme des êtres pensants, tels que nous, les Humains ?

Pour avoir vécu avec des chiens, des chats et des chevaux, je pouvais déjà répondre que certains étaient plus malins que d’autres et que les chevaux marquaient le deuil, lors de la perte d’un des leurs…

Mais j’étais inculte pour tout le reste, pour tout ce que l’auteur nous apprend dans ce thriller scientifique, toutes ces anecdotes (vraies), qui démontrent la grande intelligence de certains animaux, de leur capacité à utiliser des outils, à les fabriquer, à ressentir de l’empathie et à faire preuve de solidarité. Bref, je me suis couchée moins bête.

Par contre, mon gros bémol, sera pour la manière dont l’auteur introduit ces anecdotes et ces faits observés par des scientifiques : de manière scolaire… Que Noé explique toutes ces choses à Maria Flor, qui voudrait travailler dans sa ferme spéciale, je le comprends… Le ton scolaire est même naturel, puisqu’il doit expliquer pour convaincre, pour éduquer Maria qui ne sait rien.

Mais lorsque vous avez fui les flics, que vous enquêtez pour vous disculper d’un crime que vous n’avez pas commis, je trouve que le moment est mal choisi pour expliquer d’autres faits scientifiques à Tomás Noronha, votre mari, qui ne croit pas à l’intelligence animale. C’est pas le bon moment, bordel !

Et quand vous avez ligoté un type et que vous attendez les flics, ce n’est pas le moment non plus de faire votre doctorant et de lui expliquer, par A+B, que les animaux ont une conscience bien plus élevée qu’on ne le penserait. Si un type vous fait parler quand il est ligoté, c’est qu’il a une idée derrière la tête. Se dépêtrer des cordes fut long, pour notre Tomás…

Ces bémols n’ont pas entaché ma lecture, j’ai juste levé les yeux au ciel, mais il est un fait que ce thriller comporte plus de parlotte que d’action, mais comme je l’ai dit plus haut, c’était tellement intéressant que ça ne m’a pas gêné dans ma lecture. Mais ces abus de monologues pourraient être des obstacles pour d’autres, qui trouveraient que c’est redondant et que cela rend ce thriller très statique, avec peu d’action. Chacun verra midi à sa porte.

Ce que j’ai apprécié, c’est que la résolution du meurtre soit assez courte et que l’auteur ait alterné les chapitres : un du présent, avec la découverte du cadavre et tout ce qui s’en suit et les autres, avec la rencontre entre Noé et Maria et tout ce qu’il s’est passé à la ferme.

Les passages les plus hard furent ceux dans l’abattoir et je vous jure que j’ai serré les dents et que cela m’a fait réfléchir sur ma consommation de viande. Que des animaux encore en vie, arrivent sur la chaîne de découpe, c’est tout simplement horrible et cela montre notre degré d’inhumanité, de m’en-foutisme et du capitalisme de l’acte : profits maximum, pertes minimum, rentabilité à tout prix, pour que nous ayons de la viande bon marché sur les étals. Et nous fermons les yeux… Pourtant, ce sont des êtres vivants que l’on massacre (et pas que dans les abattoirs).

Anybref, c’est un thriller captivant, très bavard, mais qui n’a pas grand-chose du thriller (on ne court pas beaucoup), qui est très statique et qui est composé de flics tellement bêtes que ça en devient presque gênant. Tomás a sauvé le monde plusieurs fois et personne dans la maison poulaga ne le connait ? Et il doit faire leur job, tant leur inspecteur est bête comme ses pieds ?

Par contre, c’est un roman éthologique très fouillé, rempli d’anecdotes sur l’intelligence des animaux, sur leur capacité à être aussi brillants que nous, même plus, dans certains cas, alors qu’ils sont considérés comme des êtres non pensants, nos conscient et que nous, de l’autre côté, nous foutons en l’air la planète, leur habitat, leurs populations…

Un roman éthologique très bavard, très moralisateur, mais de temps en temps, ça ne fait pas de mal de remettre les choses à leur place et de nous botter le cul. Problème, c’est que ça ne bottera jamais le cul des grosses sociétés, des lobbys, des investisseurs, des entrepreneurs, des éleveurs à taille gargantuesque et des décideurs politiques, qui prennent le fric et qui regardent ailleurs, pendant que toutes les maisons brûlent (et nous avec).

Un roman qui m’a fait réfléchir et qui me marquera durablement, malgré le ton scolaire des anecdotes scientifiques.