Titre : L’homme du lac
Auteur : Arnaldur Indriðason
Édition: Métailié (2008) / Points (2009)
Édition Originale : Kleifarvatn (2004)
Traducteur : Éric Boury
Résumé :
En juin 2000, un tremblement de terre provoque un changement du niveau des eaux du lac de Kleifarvatn et découvre un squelette lesté par un émetteur radio portant des inscriptions en caractère cyrillique à demi effacées.
Le commissaire Erlendur et son équipe s’intéressent alors aux disparitions non élucidées dans les années 60, ce qui conduit l’enquête vers les ambassades des pays de l’ex bloc communiste et les étudiants islandais des jeunesses socialistes boursiers en Allemagne de l’Est, pendant la guerre froide.
Tous ces jeunes gens sont revenus du pays frère brisés par la découverte de l’absurdité d’un système qui, pour faire le bonheur du peuple,jugeait nécessaire de le surveiller constamment.
Erlendur, séduit par un indice peu commun, une Ford Falcon des années 60, s’obstinera à remonter la piste de l’homme du lac dont il finira par découvrir le terrible secret.
Petit plus : Indradison nous raconte une magnifique histoire d’amour victime de la cruauté de l’Histoire, sans jamais sombrer dans le pathos.
L’écriture, tout en retenue, rend la tragédie d’autant plus poignante.
Critique :
Oyez, oyez, braves damoiseaux et demoiselles ! Et souffrez que je vous présente mes confuses…
J’ai omis de vous conter la critique de ce roman que j’ai lu durant mes vacances de juin 2012.
Ce que j’en ai pensé ?
Entre nous, si vous êtes un adepte de la chasse à courre où l’on poursuit le gibier sans relâche, où les chiens, la gueule béante, se ruent sur la proie, la taillant en pièce, et que les chevaux, luisant d’écume, vous offrent une cavalcade endiablée, passez votre chemin.
Ce genre de sensations fortes se retrouvent chez les autres auteurs, par chez Indriðason !
Dans les romans mettant en scène le commissaire Erlendur, on traque à son aise, on suit des pistes incertaines, juste armé d’un quart de poil dont on est même pas sûr qu’il appartient à notre gibier.
Pas de courses-poursuites, pas d’enquêtes qui vont vite, pas d’indices qui se ramassent à la pelle et pas des coupables enfermé dans un lieu clos.
Non, passez votre chemin si c’est après cela que vous courez, la truffe au vent.
Malgré tout, moi qui aime l’exaltation de la traque, j’ai apprécié changer de rythme dans ce polar islandais.
J’aime bien Erlendur et sa carapace qui se lézarde, ses enfants paumés, ses petites prises de becs avec eux, son côté « hors normes ».
Oui, Erlendur va à son aise, il traque sans se presser, poussé par une idée qui lui trotte dans la tête.
Ce que j’ai apprécié aussi, c’est la partie « historique » qui se rapporte à un personnage dont on ne sait pas, au départ, son rapport avec le cadavre du lac.
Puis, tout doucement, on entrevoit une possibilité, une fin tragique et on se surprend à croiser les doigts que « non, pas ça ! »
Une fois de plus, j’avais envie de prendre le coupable dans mes bras, de lui dire que…
Mais qu’auraient-pu apporter mes paroles à une peine aussi grande ?
Sans sombrer dans le pathos, l’auteur m’a mis les larmes aux yeux.
Oui, une aussi grosse brique qui possède un rythme lent m’a émue, entraînée, passionnée et je ne l’ai lâché qu’avec regrets.
Comme quoi, même les fans de chasse à courre peuvent, de temps à autre, lever le pied et traquer à son aise pour finir par se dire qu’on fait parfois plus de dégâts à trouver le coupable qu’à le laisser courir.