Sa vie est menacée lorsque son meilleur ami est assassiné par ce groupe et un seul homme mystérieux peut le protéger. Il se fait appeler Sherlock Holmes.
Il est sur une mission à Barcelone et ses investigations l’ont mené au groupe Mestral qui préparerait une attaque terroriste contre le plus célèbre théâtre de la ville, le Liceu.
Les deux hommes vont ainsi s’allier contre le groupe terroriste dont le leader poussera Sherlock à affronter certains événements de son passé…
Durant cette période, appelée « Grand Hiatus », Conan Doyle lui fait dire qu’il a voyagé sous la fausse identité d’un explorateur norvégien.
Le récit de cette BD revient sur les années 1891 et 1892, de plus, des tableaux chronologiques comparatifs sur la situation politique en Espagne, l’agitation anarchiste à Barcelone et la vie du détective anglais sont proposés entre 1868 et 1898 (deux dates capitales pour l’évolution de l’Espagne).
Critique :
Sherlock Holmes a un fameux trou dans sa biographie, entre 1891 et 1894. À cause ? Parce que que son créateur l’a fait disparaître dans les chutes de Reichenbach, après son affrontement avec le professeur Moriarty.
Conan Doyle lui fera dire, lors de son « retour », qu’il a voyagé sous la fausse identité d’un explorateur norvégien, Sigerson. Qu’a bien pu faire Holmes pendant ces 3 années ?
Il n’en faut pas plus aux scénaristes de tous poils pour se glisser dans cette faille et nous inventer 1001 merveilleuses aventures.
Ici, pas de brouillard londonien, mais les ruelles sombres et humides de Barcelone. Nous sommes en 1893. Toute la classe ouvrière plie sous le joug des bourgeois qui l’exploite. Toute ? Non, une poignée d’ouvriers résiste encore et toujours… Et ils sont bien décidés à bouleverser tout cela.
Dans une de ces fameuses ruelles sombre et humide, trois hommes tentent de faire la peau à un dénommé Sigerson. Ce dernier excelle dans l’art du combat et il envoie ses assaillants au tapis, avec juste sa canne et ses pieds. Avant de partir, les trois malfrats lui promettent de revenir avec toute la « Confrérie », car le « Colonel » veut sa peau.
On se doute bien que ce n’est pas au Colonel Moutarde de la Confrérie du Caramel Mou qu’on va avoir affaire, mais que ça pue la sordide machination.
Le dessin est aussi sombre que la ruelle et on discerne mal les visages. C’est un des léger reproches que je ferai à cette bédé : des tons très sombres, gris foncé, pas de chaleur dans les couleurs.
D’accord, l’aventure se déroule essentiellement la nuit, sous la pluie, les tons sombres renforcent l’atmosphère, mais cela empêche parfois de bien distinguer les différents visages… Celui de Holmes n’est pas émacié, d’ailleurs.
Pendant que je suis en train de me plaindre des couleurs de l’album, dans une petite imprimerie, Jaume Maspoch fait des heures supplémentaires, non pas pour son patron, mais pour lui-même puisqu’il imprime des pamphlets anarchistes afin que Felipe et Josep les distribuent.
La bourgeoisie se fait construire de somptueuses demeures sur le dos du peuple, grâce à la sueur de ces petites gens. Le joug devient trop lourd, ils espèrent en un avenir meilleur et certains y travaillent.
C’est là que le lecteur apprend que le Felipe va passer à la vitesse supérieure en rejoignant un groupe activiste appelé « Mestral », dirigé par un mystérieux étranger : le » Colonel ». Tiens, tiens…
Ce groupuscule est adepte d’actions violentes et retentissantes.
– Les bourgeois ont bâti leur société à la sueur de nos fronts, avec notre sang. Il est temps de conquérir notre liberté, de faire la révolution. Et il n’y a pas de révolution sans violence.
Le scénariste a basé son histoire sur un fait réel : l’attentat retentissant (20 morts) perpétré par des activistes anarchistes en 1893 au Grand Théâtre du Liceu (Liceo), à Barcelone.
Une bonne idée de base que de plonger Holmes dans l’Histoire de la Catalogne et de lui faire tenter d’infiltrer un groupuscule terroriste.
Pourtant, durant ma lecture, j’ai eu l’impression que l’album était plus consacré à l’activiste Jaume Maspoch plutôt qu’à Sherlock Holmes…
Mon détective préféré manque de charisme et à plus l’air d’être là de passage, en homme providentiel qui sauve les miches de Jaume, nous sortant quelques déductions de-ci, de-là. Je n’ai pas retrouvé l’homme d’action et de terrain de ses aventures canoniques.
Même dans son enquête, il n’a pas beaucoup d’expressions et il m’a fait l’effet d’être lymphatique, résolvant l’affaire sans trop de brio, avec parfois de trop longs monologues.
Ce qui est dommage, parce que le récit me fait l’effet d’avoir été bien documenté. On en apprend un peu plus sur ces pages sombres de l’histoire de la Catalogne, la bédé est remplie d’anarchistes, de nihilistes de tout poils, de conspirateurs, l’ombre de Moriarty semble planer sur la ville, mais l’intrigue manque à certains moments de sel.
D’autant plus dommageable qu’on avait là un contexte historique génial et plus que méconnu, une possibilité de s’amuser avec la période du Grand Hiatus, des personnages bien foutus, surtout celui de Maspoch.
Même le Grand Méchant avait des moyens (sous-marin), un mobile, on avait des complots, des Grands Mensonges, quelques dialogues bien fichus… Bref, tous les ingrédients pour avoir une super aventure puisque le scénario était diablement intéressant.
Nous autres, anarchistes, ne cherchons pas le chaos, mais une véritable entente. Qui ne tient pas à la volonté d’un seul, ni à l’égoïsme des puissants… mais au besoin commun. Dans une société d’égaux, il ne saurait y avoir d’autorité qui dirige, ni Dieu, ni roi, ni état. Nous ne voulons pas détruire la société, mais la reconstruire. Briser les chaînes imposées par ceux qui vivent du fruit de notre travail… ceux qui veulent que nous restions esclaves.
N’aura manqué qu’un chouia d’étincelle au grand détective. Ce sera mon plus grand reproche.
Le dessin proposé par Jordi Palomé est dans les tons sombres, les traits pour les visages et décors sont précis, réalistes, détaillés. Quelques tons clairs n’auraient pas fait de tort, afin de mieux discerner le tout, mais bon, cette « noirceur » collait parfaitement à l’atmosphère du récit.
On finira l’histoire à Londres, quand Holmes fait son grand retour… Trafalgar Square, des exilés politiques, Holmes, Watson et des tons plus lumineux. Le grand retour du détective est enclenché.
Le format de l’album en 18 sur 27 est agréable et la mise en page est bonne. J’ai bien aimé cette idée de diviser l’histoire en plusieurs actes, chacun portant le nom des protagonistes principaux.
Malgré mes quelques reproches, j’ai tout de même passé un bon moment, même si je m’attendais à mieux.
Et puis, ce n’est pas parce que j’ai quelques reproches que l’album ne pourrait ravir les autres amateurs du Grand Détective de Baker Street ou ceux qui le connaissent moins, le contexte historique étant riche.
Livre participant au Challenge « Thrillers et polars » de Liliba (2013-2014), au Challenge « Polar Historique » de Samlor (repris par Sharon), au Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, au Challenge « Victorien » chez Arieste et au Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park.