Des jours sans fin : Sebastian Barry

Titre : Des jours sans fin

Auteur : Sebastian Barry
Édition : Joëlle Losfeld (2018) / Folio (2019)
Édition Originale : Days Without End (2016)
Traduction : Laetitia Devaux

Résumé :
Chassé de son pays d’origine par la Grande Famine, Thomas McNulty, un jeune émigré irlandais, vient tenter sa chance en Amérique. Sa destinée se liera à celle de John Cole, l’ami et amour de sa vie.

Dans le récit de Thomas, la violence de l’Histoire se fait profondément ressentir dans le corps humain, livré à la faim, au froid et parfois à une peur abjecte.

Tour à tour Thomas et John combattent les Indiens des grandes plaines de l’Ouest, se travestissent en femmes pour des spectacles, et s’engagent du côté de l’Union dans la guerre de Sécession.

Malgré la violence de ces fresques se dessine cependant le portrait d’une famille aussi étrange que touchante, composée de ce couple inséparable, de Winona leur fille adoptive sioux bien-aimée et du vieux poète noir McSweny comme grand-père.

Sebastian Barry offre dans ce roman une réflexion sur ce qui vaut la peine d’être vécu dans une existence souvent âpre et quelquefois entrecoupée d’un bonheur qui donne l’impression que le jour sera sans fin.

Critique :
Avec ce roman, j’ai eu le plus grand mal, à cause de son écriture : les dialogues sont incorporés dans les textes narratifs, sans distinction et l’écriture m’a souvent fait grincer les dents.

Il est brut de décoffrage, comme si on lisait le carnet de mémoire d’un jeune soldat, tel quel, sans corrections de syntaxe.

Thomas McNulty, le narrateur, n’est pas un bon écrivain et j’ai patiné durant les 50 premières pages. C’était lourd à lire, étouffant. Comme si on écoutait un récit, raconté tel quel, par une personne qui ne sait pas faire de belles phrases.

Heureusement que son récit était intéressant et que les deux personnages, Thomas et John Cole, m’ont intéressé, sinon, j’aurais abandonné…

Dans ce roman historique, l’auteur abordera plusieurs sujets, notamment l’homosexualité (Thomas et John sont ensemble), la guerre de sécession, le racisme, l’esclavage, le massacre de tribus indiennes et l’amitié entre les soldats.

En raison des 270 pages, le tout sera survolé, jamais approfondi. Cela ne m’a gêné pour autant, ce survol de l’Histoire (on commence en 1850).

Ce que j’ai aimé, c’est la manière dont l’auteur a traité le couple que forme Thomas et John : sans guimauve, sans chichis, sans trop de détails, sans excès de virilité. Pas de scène de sexe à la Brokeback Mountain.

Thomas aime porter des vêtements de femme, mais il abordera le sujet sans que cela ne devienne lourd ou cliché. Notre jeune homme est prêt à sauter dans son pantalon si la guerre se déclare à nouveau. Ceux qui seront au courant, ne diront rien et accepterons le fait que Thomas cultive la terre en robe. Bravo, on a de la tolérance…

C’est assurément un drôle de roman, déjà en raison de son écriture et j’ajouterai, en raison de l’optimisme qui parcourt les pages.

La galerie de personnages est importante et personne n’est tout à fait blanc ou noir (sans mauvais jeu de mot). On a de tout, c’est réaliste, mais, une fois de plus, on survole les personnages, nous ne saurons rien de leur passé (hormis de Thomas McNulty, notre narrateur : il est irlandais et à fuit son pays en proie à la famine.). Cela ne m’a pas dérangé non plus. Par contre, le narrateur sera bavard avec la vie de soldat.

Le pire dans cette lecture, c’est la narration, ce texte que j’aurais bien corrigé (et que je faisais parfois dans ma tête), tant il était lourd, étouffant, malhabile à lire.

Dommage, parce que cela a rendu le récit froid et a supprimé toutes les émotions qui auraient dû ressortir du récit, vu les sujets abordés, vu le couple que nos deux hommes formaient et vu la présence de la petite Winona… Peu d’émotions ressenties et là, je râle, parce que je les voulais !

Malgré tout, je lirai la « suite », qui n’en est pas vraiment une (Des milliers de lunes) et qui met en scène Winona, justement. Même si ce premier roman me laisse mitigée…

Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.