La Banque : Comment Goldman Sachs dirige le monde : Marc Roche

Titre : La Banque : Comment Goldman Sachs dirige le monde

Auteur : Marc Roche
Édition : Points (2011)

Résumé :

Le culte du secret : voilà ce qui fait la force de Goldman Sachs, la Banque d’affaires la pluspuissante du monde.

Journaliste à Londres, l’auteur met au grand jour les rouages sulfureux de cet empire financier qui peut faire basculer les gouvernements.

OPA brutales, spéculation à outrance, relations secrètes avec de grandes multinationales : cette enquête très documentée livre un récit riche en anecdotes sur de redoutables pratiques.

Critique : 

Comment résumer ce livre et vous parler de ces vautours de Goldman Sachs ? Et encore, « vautours » est insultant envers ces charognards (je parle des oiseaux) qui rendent service, se contentant d’arracher la chair de bête morte et remplissant un rôle d’utilité publique.

Le terme de « tique » serait plus appoprié pour Goldman Sachs (GS)… ça vous pompe de votre vivant… et ce parasite est capable de survivre durant longtemps, en plus.

Pour résumer les types de Goldman Sachs, on pourrait dire que c’est la société qui affrète votre navire, remplit vos soutes, engage l’équipage, finance le voyage, agite son mouchoir sur le quai… tout en sachant que, de l’autre côté, lorsque vous serez en pleine mer, ses propres flibustiers attaqueront votre bâtiment, le pilleront et le couleront.

Le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière (et ses économies, tiens, tant qu’à faire !).

Goldman Sachs, c’est le dieu romain Janus, le dieu aux deux visages : d’un côté, elle aide la Grèce à magouiller sa comptabilité (avec un procédé simple, en fait) et dans son dos, elle spécule sur sa chute. La spéculation provoquant la chute…

Tout le temps, alors qu’elle se dit « au service de son client », elle magouille dans son dos. Le client pourrait claquer la porte, pensez-vous… Que nenni ! Ils sont les meilleurs dans leur job ! Cherchez pas mieux, vous trouverez difficilement. Alors, on tolère que tout en vous servant, ils vous b****** pour ne pas dire qu’ils vous en******.

Responsable de la crise financière de 2008 (les subprimes Abacus, c’est GS), responsable aussi durant la crise de 1929… Je me dis que si elle avait existé en l’an 33, elle aurait conseillé un certain Jésus tout en spéculant sur sa suspension…

Sa force ? Tout le système est gangrené par des anciens de LA banque.

Romano Prodi ? Un ancien de Goldman Sachs.

Mario Monti ? Idem !

Mario Dragi ? Aussi !

LA banque, c’est une pieuvre, elle a des « anciens » partout, surtout à la Maison-Blanche, aux Finances, of course !

Certes, j’étais au courant de certaines choses (j’ai mes sources sérieuses et éclairées), mais pas de tout… je comprend mieux cet ami qui riait en me disant que les gouvernements ne servaient plus à rien puisque le monde était dirigé par des financiers…

Il a raison. Le monde est gouverné par les banques, en particulier GS.

Avez-vous lu « La firme » de John Grisham ? Et bien, en lisant le livre, j’avais l’impression de me retrouver dans le livre de Grisham ! LA banque, c’est un peu « La firme »… en vingt fois pire !

Marc Roche, l’auteur, je le connaissais de par ses articles dans le journal « Le Monde » – La lettre de la City – que je lis toujours avec plaisir.

Pourtant rétive à l’économie, j’ai dévoré ce livre, ingurgitant toute cette masse d’horreurs, apprenant toujours plus sur cette crise qui nous a déjà coûtée bonbon et qui est loin d’être finie. Tout en me disant que, bien qu’excellent journaliste, Roche n’était pas dans LA banque et que, donc, nous ne saurons jamais tout.

Heureusement… Un autre exemple de truc dégueu ?

L’assureur AIG (le plus gros) fut renfloué par les contribuables américains… En fait, le fric injecté à juste servi à payer les créanciers (des banques, dont GS) qui ont touché 100% de leur créance, du jamais vu dans une faillite ! Henry Paulson, Ministre américain des Finances, est un ancien de GS… ceci explique cela.

Lehman Brothers ? Elle aurait pu ne pas se casser la gueule mais GS avait envie de voir couler sa rivale… On a sauvé GS mais pas Lehman.

Sérieusement, elle est responsable de bien des choses, mais ne se sens pas coupable parce qu’elle n’a aucune éthique et que franchir la ligne rouge lui est tout à fait égal.

Ses dirigeants sont imbus de leur personne, se sentent plus haut que tout le monde et bien que ce qu’ils fassent ne soit pas toujours moral, ils s’en moquent. « La spéculation est peut-être amorale, mais ce n’est pas un crime », voilà leur ligne de conduite, de défense.

Les « travailleurs » de LA banque, se sont un peu des moines soldats, parce que on rentre dans LA banque comme on entre en religion.

A la fin du livre, vous aurez droit à l’histoire de GS depuis ses débuts (comment la petite société est devenue cette hydre tentaculaire) ainsi que toute la chronologie de la crise.

Je sors de ma lecture éclairée, mais dégoutée !

Je conseille ce livre à ceux et celles qui veulent en savoir plus sur le système qui a pourri l’économie mondiale, sur la spéculation à gogo qui a fait écrouler le système, sur le fait que GS vendait du vide (ou du vent) avec ses subprimes Abacus (crées par Fabrice Tourre, un français et Jonathan Egol)…

Non, non, je ne chante pas victoire parce que Fabulous Fab est Français. Mon pays qui n’a pas de montagne mais n’est pas tout à fait plat vient d’emprunter pour payer les intérêts de sa dette… Le cercle vicieux.

Nous sommes tous dans la même galère… merci qui ? Merci Goldman !

Resurrection Row : Anne Perry [Charlotte et Thomas Pitt 4]

Titre : Resurrection Row

Auteur : Anne Perry
Édition:  10/18
Résumé :

« Bas les masques », tel paraît être le mot d’ordre d’Anne Perry dans la série de romans où elle met en scène un couple de héros « victoriens », l’inspecteur Thomas Pitt et son épouse Charlotte, les personnages de roman policier les plus pittoresques et attachants qui nous aient été donnés à découvrir ces dernières années.

Dans le Londres de la fin du XIXe siècle qui sert de cadre à leurs exploits, c’est en effet le code hypocrite de bonne conduite de la société anglaise qui se trouve singulièrement mis à mal, sa corruption et sa fausse respectabilité. Anne Perry ou le polar au vitriol : décapant !

Critique :

Mais qu’est-ce qui leur prend, à ces cadavres en putréfaction, de sortir de leurs tombes ? La terre ne leur conviendrait-elle pas ? Ils ont oublié d’éteindre le gaz ? Le voisinage est-il à ce point trop silencieux pour que l’un d’eux ait soudain l’envie irrépressible de se faire conducteur de cab ?

Y aurait-il des Vampires à Londres ? Des zombies à Leicester Square ?

Avouez qu’il y a de quoi tomber en pâmoison devant ce conducteur plus que faisandé. L’argent n’a pas d’odeur, mais lui, oui !

Allez hop, on le refiche dans sa boi-boite, cet aristocrate cavaleur (mais sans pieu dans le cœur) et il réintègre sa demeure. Avec les asticots, l’aristo !

Mais voilà ti pas que le dimanche, notre brave Lord Augustus – qui s’était déjà retrouvé sur le cab et qui fut ré-enterré dans la boi-boite – nous rejoue la fille de l’air ! Notre brave cadavre puant est retrouvé assis à l’Eglise, ce qui fera hurler sa veuve.

Ce n’est donc pas un vampire… puisqu’il est dans un lieu saint.

STOP ! Lecteur cartésien, ne t’en va point, nous sommes dans un polar victorien, et chez Anne Perry, pas de zombies.

Non, c’est juste qu’un petit malin s’amuse à déterrer les cadavres et fait tourner la police en bourrique.

Pitt en est à se demander si la mort de Lord Augustus Fitzroy-Hammond ne serait pas suspecte et que quelqu’un veuille attirer l’attention dessus.

Diable, on l’a tout de même extirpé deux fois de son repos éternel ! Faut pas pousser bobonne dans les orties, tout de même, surtout lorsqu’elle est en string.

C’est bougrement louche, toutes ces « sorties » du père Augustus qui n’a même pas le droit de se transformer en humus en toute tranquillité.

Mais voilà que l’invasion des cadavres cavaleurs commence et que ça se déterre un peu partout ! Pitt en perd son latin.

Avec Anne Perry, pas besoin d’attendre la page 200 pour avoir son lot de cadavres ou de sang.

Directement, elle vous plonge dans le sujet comme on plonge un petit gâteau dans son thé : des cadavres qui puent et un plus frais ensuite.

Tous n’ont pas dépassé leur date de péremption… Un peu de fraîcheur dans les cadavres, ça fait du bien.

Dans cette enquête, l’inspecteur Pitt est plus présent et j’ai adoré retrouver cette chère tante Vespasia, qui n’a jamais sa langue en poche (et qui a dû la balader ailleurs dans sa jeunesse).

Cette chère dame adore le franc-parler de Charlotte, soeur d’Emily, sa nièce par alliance. Même notre inspecteur dégingandé, elle l’apprécie.

Ce qui a de bien avec Anne Perry c’est que, contrairement à Conan Doyle, elle nous plonge VRAIMENT dans le Londres de la reine Victoria et sans complaisance.

La misère, vous la côtoyez ! Les femmes qui travaillent comme des malades et doivent encore faire le trottoir pour payer leur loyer, elle ne vous le cache pas.

Les enfants exploités dans les hospices, elle vous en parle. Les lois mal faites et que les aristos trouvent très bien puisqu’elles privent les pauvres des droits essentiels, elle vous fiche le nez dedans.

De plus, l’auteur ne se prive pas de mêler le sexe glauque dans les enquêtes de l’inspecteur Pitt : prostitution, proxénétisme, homosexualité (consentie ou pas), pédophilie, TOUS les sujets sont abordés dans ses différents romans, y compris les débuts de la pornographie photo.

300 pages durant lesquelles on ne s’ennuie pas, découvrant tout un arrière-plan (et train) de la ville de Londres très très sombre.

Au final ? Bluffée !

Titre participant au Challenge « Thrillers et polars » de Liliba, au Challenge « Polar Historique » de Samlor, au Challenge « I Love London » de Maggie et Titine, à l’Objectif « PAL Noire à Zéro » de George et à « Vingt Mille Lieues Sous Mes Étagères » by The Cannibal Lecteur.