Autopsie d’un viol : Stanislas-André Steeman

Titre : Autopsie d’un viol

Auteur : Stanislas-André Steeman
Édition: Le Masque (1994)

Résumé :
Babs a été violé. Puis Babs a été tuée. Et c’est George, son époux, qui l’a trouvée… avant d’être lui-même blessé d’une balle tirée à bout portant par l’agresseur en fuite.

Il n’est jamais facile d’enquêter sur une affaire de viol, les O’Hara père et fils le savent bien.

Ce qu’ils savent aussi, c’est que l’agresseur n’est pas un étranger. Seul un familier a pu être invité à boire l’apéritif avec le jeune femme. Ils n’ont pas eu le temps de toucher aux verres, d’ailleurs, et on n’y trouvera que les empreintes de Babs.

Le shérif O’Hara a sous la main le coupable idéal : simplet, voleur, et complaisant : il avoue. Mais voilà qu’un deuxième homme revendique ce crime, son crime…

Ce n’est pas pour simplifier l’enquête… Alors, pour peu qu’un troisième homme, tout à coup, se livre à la justice…

Critique :
« Autopsie d’un viol », c’est l’histoire d’un mec qui rentre chez lui, de mauvais poil, se sert un verre et appelle sa femme, qui ne lui répond pas, ce qui le fait soupirer…

Jusqu’à ce qu’il retrouve sa femme dans leur chambre conjugale, couchée sur leur lit tout aussi conjugal, la robe troussée et avec une ressemblance parfaite avec un cadavre.

Normal, elle est morte, Babs (bien que je ne lui ai pas pris son pouls) et au moment où son Georges se rend compte qu’il est veuf, « BANG, BANG »(he shot me down, Bang bang, I hit the ground), un homme caché dans la pièce lui tire dessus !

Là juste le temps de faire le 911 pour appeler la flicaille avant de perdre connaissance, le Georges.

Le constat du shérif ? Il fait peur : Babs a bien été violée et a été tuée. George, son époux, est blessé.

Il n’est jamais facile d’enquêter sur une affaire de viol, le shérif O’Hara et son fils Dublin, flic lui aussi, auraient dû le savoir mieux que personne.

Oui mais voilà, si papa shérif est plus sobre qu’un moineau le matin, l’après-midi, il écluse à tout va ! Shérif O’Hara le matin, mister O’Boira le soir.

Ma foi, cela a dû avoir une incidence sur ses neurones (à cette époque là, impossible de se ruiner le cerveau en se tapant l’intégrale de Secret Story ou des Anges de la Téléréalité) parce que la plupart du temps, dès midi passé, il devient un crétin fini.

L’agresseur n’est pas un étranger, ça, ils l’ont bien compris et le shérif tombe sur le paletot d’Harry Bones, le simplet du bled dont le passe-temps favori est de regarder – en cachette – les filles qui ôtent leurs vêtements dans leur chambre, se croyant à l’abri des regards, alors que notre voyeur n’en rate pas une miette, perché dans son sycomore. L’histoire ne nous dit pas s’il se tenait à deux mains ou pas…

Le shérif O’Hara est tout fou d’avoir sous la main LE coupable idéal et en plus, il avoue. What’else ? Ce n’est pas ce scribouillard de pisse-copie de journaleux qui va lui dicter comment enquêter, tout de même.

Mais voilà qu’un deuxième homme revendique le crime…

Ce n’est pas pour simplifier l’enquête… Alors, pour peu qu’un troisième homme, tout à coup, se livre à la justice… Un homme qui a aimé Babs, en plus !

Le shérif y perd, non pas son latin, mais sa bouteille de tord-boyaux.

Le résumé est malheureusement plus intéressant que le contenu du livre, qui, bien qu’il m’ait surpris à la fin, manque d’épaisseur, tout comme les personnages. Le journaliste avait l’air de sortir du lot, mais bon, no comment.

Aucun frisson, pire, de l’ennui même avec le déroulement du procès.

Si ce livre avait été un personnage d’Astérix, il se nommerait « Soporifix ».

Son mérite (oui, il y en a un), est de ne posséder que 150 pages, ce qui vous évite de bailler trop souvent durant la lecture et vous incite à persévérer pour enfin savoir qui, de tous ces couillons, a tué Babs et tiré sur son mari.

Challenge « Thrillers et polars » de Liliba. 

In nomine : Giacometti & Ravenne [Commissaire Antoine Marcas 0]

Titre : In nomine

Auteurs : Giacometti & Ravenne
Édition: Pocket (2010)

Résumé :

XIIIe siècle, Comté de Toulouse. Raoul de Presle conduit à la mort plusieurs centaines d’hérétiques. Hommes, femmes, enfants, tous s’élancent dans le bûcher sans la moindre peur…

XXe siècle, Paris. L’inspecteur Marcas enquête sur son premier meurtre.

Du milieu des collectionneurs de manuscrits ésotériques aux coulisses occultes de la franc-maçonnerie, tous veulent retrouver un secret perdu depuis le massacre des hérétiques.

Une quête de sang qui va mener Marcas aux portes du Temple…

Critique :

Ce roman est en fait la première aventure du commissaire franc-maçon, Antoine Marcas. Enfin, à ce moment là, il n’était ni commissaire, ni franc-maçon ! Les dernières lignes du livre nous le montrent en train de se faire introniser par les Frères Trois-Points.

Les auteurs nous apprennent, en sus, que cette première enquête, bien qu’écrite avant leur premier roman, ne fut publiée que bien après… et que l’originale n’a plus rien à voir avec ce que le lecteur a entre les mains, suite à de nombreux remaniements en profondeurs.

Alors, ça en valait le coup ? Oui et non.

Pour un amateur du commissaire franc-mac, « oui » étant donné que c’est toujours intéressant de découvrir le personnage de Marcas avant son entrée maçonnique et aussi de découvrir le fameux Frère Obèse qui est un personnage récurent des romans de Giacometti et Ravenne, et pour lequel je me pose beaucoup de questions. On ne sait jamais trop pour qui il roule, ce frère… Pour lui-même, sans doute.

Pour les autres, je leur conseillerais plus de commencer par le premier tome « Le rituel de l’ombre », tout simplement.

Dans « In Nomine », nous commençons avec un épisode du massacre des Cathares (que l’on ne nommait pas ainsi à l’époque) et avec le mystère d’un mot secret qui permettrait à quiconque de sauter dans les flammes des bûchers sans ressentir aucune douleur.

Ajoutons à cela une gonzesse roulée comme un canon, achetant des manuscrits pour son vieil amant et que l’on retrouve mutilée dans son appart, tandis qu’un homme se fait exploser dans l’Imperial Home, à Londres.

Mystère, ésotérisme, enquête policière, un secret perdu et des gens qui le veulent à tout prix, des cadavres, des magouilles,…

Bref un super cocktail mais le défaut du livre est d’être fort mince, il manque au moins 300 pages et au mot « fin », on reste sur sa faim !

J’ai même eu cette désagréable sensation de m’être faites pigeonner par les auteurs qui, non content de passer bien souvent du coq à l’âne, m’ont déçu parce que, franchement, je m’attendais à beaucoup mieux de leur part.

Trame plus qu’intéressante, mais là, les mecs, faudrait nous reprendre tout ça et nous l’étoffer un peu plus !

Titre participant au Challenge « Thrillers et polars » de Liliba.

Une sale histoire: Fédor Dostoïevski

Titre : Une sale histoire

Auteur : Fédor Dostoïevski
Édition : Actes Sud (2001)

Résumé :

1862 : début des grandes réformes en Russie, qui annoncent une tentative de libéralisation du régime. Désireux de prouver sa largeur d’esprit, alors fort à la mode, un grand chef de l’administration s’invite à la noce d’un modeste fonctionnaire. La série de catastrophes découlant de cette très mauvaise idée est l’occasion d’une farce irrésistible qui, par son impertinence caustique, annonce déjà la révolution.

Critique : 

Ma décision est prise depuis quelques temps déjà, c’est décidé, je me mets ENFIN à lire des auteurs Russes ! Mais bon, pour commencer, je me suis dit qu’un roman assez fin conviendrait mieux que de m’attaquer à « Guerre et paix » !

Voilà pourquoi j’ai commencé ce projet par ce roman qui m’a fait entrer de plein-pied dans la Russie de 1862, celle des castes, des privilèges, de l’administration toute puissante et du début des réformes qui annoncent une tentative de libéralisation du régime.

Un grand chef de l’administration, désireux de prouver sa largeur d’esprit, ne trouve rien de mieux que de s’inviter à la noce d’un modeste fonctionnaire.

Le quatrième de couverture me parlait d’une farce irrésistible et je m’attendais à des éclats de rire, mais il n’en fut rien.

C’est bien une farce, mais c’est de l’humour à froid. C’est de l’impertinence caustique, pas du rire gras. Ne vous attendez pas à de la blague à deux balle (honte à moi) mais c’est encore plus terrible.

Bien que j’aie eu quelques difficultés avec les noms des protagonistes, n’arrivant pas bien à les reconnaître, au départ et obligée, de ce fait, à relire plusieurs fois les mêmes lignes, j’ai persévéré, obligeant mon cerveau à lire les noms et non les deviner (un personnage, ce n’était pas « Stéphane », mais « Stépane »)

Ce qui m’a plu ? Les pensées de Mr Pralinski avant de s’inviter à la noce : il se fait un film de ce qu’il pense être le futur déroulement de son entrée surprise, se voyant déjà ensuite, adulé par les autres… Et la largeur d’esprit, à cette époque, c’était le must !

Mais c’était oublier que la première chose qui foire dans un plan de bataille, c’est le plan de bataille lui-même !

Pralinski et ses déboires, ce fut un peu à la manière de Perette de son pot de lait : elle se voit déjà en possession de poules, de vaches, de cochons… Et ensuite ? Adieu veau, vache, cochon, couvée !

Au final, une belle découverte de quelques moeurs de la Russie Impériale et une belle illustration du fameux « Tu t’es vu, quand t’as bu ? »

Titre participant au Challenge « Myself » par Près de la Plume… Au coin du feu.

L’Appel de la forêt (L’Appel sauvage) : Jack London

Titre : L’Appel de la forêt (L’Appel sauvage)    big_5

Auteur : Jack London
Édition : Hachette

Résumé :

C’est le plus grand livre que London aura consacré au monde du froid, mais c’est beaucoup plus que cela : par-delà l’aventure du chien Buck, rudoyé et humilié par la chiennerie humaine et qui choisit de retourner à la libre vie de ses frères loups, c’est le plus bel hymne que le grand écrivain américain ait composé à la gloire du monde sauvage.

Michel Le Bris a tenu à préfacer cette édition d’un texte à ses yeux capital, que les lecteurs de langue française, aussi étrange que cela paraisse, n’ont pu lire longtemps que dans une édition incomplète et peu fidèle.

Sous un titre enfin conforme à l’original (The Call of the Wild), une redécouverte qui sera, pour le plus grand nombre, une véritable découverte.

Malmené et humilié par les humains, le chien Buck, après quelques aventures bien propres à glacer d’effroi le lecteur, décide de s’en retourner à la vie libre de ses frères loups…

Le plus bel hymne que London ait consacré à la vie sauvage – dans une traduction nouvelle enfin conforme à l’original.

Critique : 

Voilà un livre avec peu de dialogues, retraçant toutes les péripéties d’un chien de sang-mêlé, nommé Buck, enlevé, qui va devoir apprendre à survivre, se laisser aller à la loi du plus fort, apprendre à se débrouiller par ses propres moyens (car il est devenu, malgré lui, un chien de traineau) et qui est palpitant ! L’eusses-tu cru ?

Buck au départ, il vit tranquillos chez son maître, le juge Miller, dans la vallée ensoleillée de Santa Clara. Pas de chance pour lui, on a trouvé de l’or dans le Grand Nord et puisqu’on a besoin de chiens grands et forts pour tirer les traineaux et que le jardinier a le vice du jeu, il le vole et le vend.

Voilà notre grand chien mêlé (avec du Saint-Bernard dans ma version et du Terre-Neuve dans d’autre, mais dans les films aussi, la race change) qui est embarqué pour une sacrée aventure sans billet de retour !

Son voyage et son arrivée dans le Grand Nord le déroute car il se retrouve confronté à un environnement naturel dont il n’a pas l’habitude : le froid, la neige, la faim,…

Sans compter qu’ici, les hommes et les autres chiens ne se comportent pas comme il en avait l’habitude dans sa vallée ensoleillée. Ici, tout n’est que brutalité.

Pour survivre, va falloir s’adapter, devenir rusé, réfléchir… C’est l’homme au pull rouge qui va le transformer en le battant comme un plâtre. Buck comprend ce qu’il doit faire pour survivre dans ce milieu hostile où personne ne vous fait de cadeaux, ni les hommes, ni les chiens.

Il devra faire attention et se méfier des hommes…

Un fameux et bien dur apprentissage de la vie pour ce chien attachant. Et ensuite, le reste se fera dans des conditions encore plus dantesques que celle de l’homme au pull rouge et au bâton. Là, il devra s’accrocher et apprendre à se battre, retourner aux instincts de ses ancêtres, les loups…

Durant tout le livre, nous suivons les pensées de Buck, ses défis, son apprentissage, tout ce qu’il comprend, apprend, bref, tout ce qui le pousse à se surpasser jusqu’à ce qu’il se révèle comme le leader naturel de l’attelage des chiens de traineau, le big boss incontesté au sein de cette meute. Oui, Buck aime tirer le traîneau et il se sent « utile ».

Buck n’est pas un imbécile, il assimile la méthode et s’adapte aux conditions difficiles à vitesse grand V. La force est avec lui, il a de l’intelligence et lorsqu’il veut devenir calife à la place du calife, il n’hésitera pas une seconde car ce qu’il convoite, c’est la place de chien de traineau de tête ! Oui, ce cannis lupus a de l’ambition.

Dans ce récit, l’homme n’a pas le plus beau rôle (hormis un, sur la fin, Jack Thornton) : toutes les grandes douleurs de Buck et ses désillusions, c’est aux hommes qu’il les doit.

Ses premiers maîtres, François et Perrault, sont sévères mais justes et on ne peut pas dire qu’ils ne prennent pas soin de leurs chiens. Que du contraire, ils sont organisés et s’occupent des chiens avant de s’occuper d’eux-mêmes.

Leurs aventures seront palpitantes et je sentais le froid du Grand Nord me flageller les joues.

Buck aurait été heureux avec eux, hélas, il passera ensuite (suite à une vente) chez des autres qui n’auront pas le soucis du bien-être de leurs bêtes. « Qui veut voyager loin, ménage sa monture » mais pour eux, rien à faire, on cravache les chiens.

Mon coeur s’est serré cette fois-là, une fois de plus… Mais ma douleur n’était encore rien face à ce qui l’attendait ensuite : un trio familial inexpérimenté, cruel et suicidaire. Eux, aucune organisation, les néophytes total !

C’est sa rencontre avec Thornton qui le sortira de sa vie de chien de traîneau qui n’avait plus aucune saveur.

Là, on sent que Buck change, apprend à faire confiance, qu’il aime son nouveau maître. Thornton le respecte et Buck transcende vers un autre animal.

Pourtant, durant tout le récit, on sent bien que Buck est intrigué par les hurlements des loups qu’il entend dans la forêt, on sent qu’il veut répondre… Il le fera, timidement, puis, de plus en plus régulièrement. Mais ses attaches avec Thornton sont fortes et il restera avec lui, jusqu’au jour où un événement malheureux ne lui brise ses dernières chaînes…

Maintenant, il peut répondre à l’Appel de la forêt et de ses ancêtres… et je n’ai pu empêcher mon petit coeur d’artichaut de se serrer.

Jack London nous livre ici une aventure canine et épique, celle d’un chien courageux, follement attachant, bien que féroce. Un voyage canin qui sonne comme une véritable quête de soi dans un Grand Nord hostile où il faut survivre si on veut vivre.

Un Grand Nord si bien décrit et un récit bien rythmé où l’ennui n’existe pas. Un livre à découvrir.

L’Appel de la forêt (The Call of the Wild), c’est aussi un film américain, adapté et réalisé par William A. Wellman, sorti en 1935, avec le beau Clark Gable dans le rôle de Jack Thornton.

Ce fut aussi un film britannique réalisé par Ken Annakin en 1972, avec le grand Charlton Heston dans le rôle de John Thornton.

Livre lu dans le cadre du Challenge « Totem » par Liligalipette (catégorie « Loups »), du Challenge « Romans Classiques » de Métaphore et du Challenge « La littérature fait son cinéma – 3ème année » de Kabaret Kulturel.

Challenge « La littérature fait son cinéma – 3ème année »

 Bobine de film

Kabaret Kulturel rempile pour une troisième année ! YES !

La 2e année vient de s’achever.

Voici donc la 3e année de ce challenge qui pourtant n’aurait probablement pas vu le jour si une certaine Miss George ne m’avait pas booster par un petit commentaire.

J’ai réfléchi quelques jours puis je me suis dit que ce serait ballot d’abandonner ce challenge qui a encore de belles surprises à nous apporter, j’en suis persuadé. Il y a encore tellement de livres adapté au cinéma chaque année que le choix est infini. Je suis même persuadé que nous avons certains romans endormis dans nos PAL qui ont été adapté au cinéma sans qu’on le sache.

Puis, comme on dit: jamais 2 sans 3.

Voilà pourquoi ce challenge revient pour une 3e année!

D’abord un peu de présentation:

Le cinéma et la littérature se sont toujours fait la cour. Le cinéma s’intéresse à la littérature depuis pratiquement ses débuts.

Il n’y a qu’à voir le nombre d’adaptation de romans, nouvelles et pièces de théâtre que le cinéma nous a donné.

Le but du challenge est de (toujours) lire des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des BDs qui ont été adaptés au cinéma.

Je reprends également la règle de l’année écoulée: plus de catégories: vous lisez le nombre de livres que vous voulez durant cette année (5,10,15,20,25, 100?) C’est vous qui voyez.

Pour cette nouvelle année, voici encore 3 nouveaux logos: (vous choisissez celui que vous voulez! Vous pouvez même choisir les 3 en les alternant d’un billet à l’autre)

Petit aparté:  vous connaissez mes goûts en matière de lecture et de cinéma, ne vous attendez donc pas à voir « Twillight », « Sublimes créatures » ou même « Harry Potter » dans les logos.

Toutefois j’espère qu’il vous plairont. Cette année encore j’ai choisi 3 films de 3 décennies différentes:

Un film très récent (tellement récent qu’il n’est pas encore sorti au cinéma (date de sortie 24 avril 2013) :

bd822-challengelalittc3a9raturefaitsoncinc3a9ma2013-28329jpg
(Logo: L’écume des jours)
Un film des années 90 avec Brad Pitt, réalisé par Robert Redford :
624b5-challengelalitt25c325a9raturefaitsoncin25c325a9ma2013-252822529jpg
(Logo: Et au milieu coule une rivière)
Pour le 3e logo, un film monumental de 1955 :
cbf1e-challengelalitt25c325a9raturefaitsoncin25c325a9ma2013-252812529jpg
(Logo Géant)
Le challenge prendra fin le: 5 avril 2014

Mes titres :

1. Bradbury : Fahrenheit 451
2. Jack London : L’Appel Sauvage
3. Jules Verne : Le tour du monde en 80 jours
4. Agatha Christie : Dix petits nègres
5. Washington Irving : Sleepy Hollow
6. Stephen King : La ligne verte (Parties 1 à 6)

7. Jack London : Croc-Blanc
8. Ellery Queen : Sherlock Holmes contre Jack l’Éventreur

Fahrenheit 451 : Ray Bradbury

Titre : Fahrenheit 451                                            big_5

Auteur : Ray Bradbury
Édition: Folio SF (2000)

Résumé :

451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume.

Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif.

Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d’un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l’imaginaire au profit d’un bonheur immédiatement consommable.

Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.

Petit plus : Né en 1920, Ray Bradbury s’impose à la fin des années 40 comme un écrivain majeur, avec la parution d’une série de nouvelles oniriques et mélancoliques, plus tard réunies sous le titre de Chroniques martiennes.

Publié en 1953, Fahrenheit 451, qui finit d’asseoir la réputation mondiale de l’auteur, sera porté à l’écran par François Truffaut.

Critique :

Un pompier qui brûle des livres, c’est aussi révoltant qu’un contrôleur à la fraude fiscale qui fraude… qu’un garde-chasse qui braconne… et quand c’est autorisé par l’Autorité Suprême, c’est encore plus révoltant.

Guy Montag est un pompier qui jouit presque à chaque fois qu’il nourri les flammes de son feu avec des feuilles de livres. Cette « purification » par le feu ne se conteste même pas. Aucune questions sur le fait de savoir si ce qu’il fait est bien ou pas. Pour lui, un bon livre est un livre brûlé. Un pompier, c’est fait pour détruire par le feu.

Un soir, il rencontre Clarisse, une jeune fille de son quartier, une jeune fille différente, une jeune fille qui se pose des questions et qui lui en pose une de taille : « C’est vrai qu’autrefois les pompiers éteignaient le feu au lieu de l’allumer ? ». Montag nie. Un pompier qui éteint un incendie, c’est du n’importe quoi.

Pourtant, Clarisse, à force de le croiser, instille le doute dans son esprit et Montag va tenter d’en apprendre plus sur ces autodafés qui ont lieu depuis des siècles et il commence à faire travailler son cerveau, son esprit… Ce faisant, il va à l’encontre de tout le monde.

« Fahrenheit 451 » fut écrit en 1953… Un vieux brol ? Que nenni, il est plus que d’actualité parce qu’en le lisant, j’avais l’impression de me retrouver dans un monde proche, un monde fait d’écrans de télé, de relations virtuelles, de gens qui ne pensent à rien, qui ne veulent même pas penser, qu’on empêche de penser…

Puisque les livres vous donnent des informations différentes, ils les ont banis et les détruisent pour vous éviter de vous fouler les neurones avec toutes ces données perturbantes.

Afin de rendre les gens heureux, on les bombarde d’images et de faits, sans émotion, sans réflexion… Pour être heureux, il ne faut pas penser.

L’écriture précise et incisive de Bradbury ne m’a laissé aucun répit et j’ai dévoré ce livre plus vite que le feu ne l’aurait consumé.

Bradbury nous met face à une société ou l’anti-culture est la norme, ou la liberté brille par son absence, où les gens refusent de savoir, préférant se mettre la tête dans le trou ou écouter leur murs – plutôt que d’autres êtres humains – et ils vivent complaisamment dans la soumission.

Napoléon disait : « Le peuple est le même partout. Quand on dore ses fers, il ne hait pas la servitude ». Dans la société décrite par l’auteur, les fers et la cage sont dorés.

L’auteur ne vous plante pas les actes des autodafé sans vous les justifier, sans donner des arguments à ceux qui accomplissent cette tâche sans conscience ni remords : « Pour éliminer les différences, il faut éliminer les sources de réflexion et de contestation ». Dont acte.

Bam, prends-ça dans la face, Montag, toi qui veux penser, toi qui veux découvrir les livres et lire ce qu’il y a à l’intérieur. Pauvre fou, va ! Tu crois que l’on va te laisser faire ?

Non, non, dans cette société, on ne pense pas !

« Si vous ne voulez pas qu’un homme se rende malheureux avec la politique, n’allez pas lui cassez la tête en lui proposant deux points de vue sur une question, proposez-lui un seul. Mieux encore, ne lui en proposez aucun ».

C’est un merveilleux nivellement par le bas que l’auteur nous décrit. Il ne fait pas bon être intello, dans ce monde là.

Quoi ? Dans le notre non plus ? Quand je vous disais que ce livre n’était pas si vieux que ça ! Les gens s’abrutissent devant de la télé-réalité bête à pleurer et les idiots qui la peuplent sont mis sur un piédestal tandis que les émissions « avec des neurones » sont virées des écrans. Normal, les émissions intelligentes ne donnent pas du temps de cerveau disponible à la marque de boisson gazeuse.

Comme le dit d’ailleurs Bradbury  : « Il y a plus d’une façon de brûler un livre », l’une d’elles, peut-être la plus radicale, étant de rendre les gens incapables de lire par atrophie de tout intérêt pour la chose littéraire, paresse mentale ou simple désinformation (ceci est un extrait de la préface).

On me disait bien, à moi, que lire c’était s’isoler du monde et certains me raillaient… Ils ne me raillent plus !

Dans cette préface, on nous dit aussi « Aujourd’hui, on ne brûle pas les livres. Ou plutôt on ne les brûle plus » ce qui me fait réagir et dire « c’est faux ». Nous l’avons bien vu au Mali avec des livres transformés en bûcher.

Je pardonne à la préface, à l’époque où elle fut écrite, on n’en brûlait peut-être plus…

L’Histoire nous apprend qu’en cas de conflit, c’est toujours la culture qui est sacrifiée en premier. Un peuple sans culture, c’est un peuple sans identité, nus, sans âme,… Sans compter que certains, ne comprenant sans doute rien à rien, sont les premiers à flinguer des livres quand ils en croisent.

Un sacré visionnaire, Bradbury…

Oui, en 2013, on interdit toujours certains livres, parce que leur vérité dérangent, parce que l’auteur révèle des choses intimes sur X, parce que certains se déclarent les véritables gardiens ou les vrais interprètes d’un livre religieux ou de la parole de Dieu.

Oui, des cathos ultra ont manifesté pour empêcher une pièce de se dérouler parce que pour eux, elle était insultante pour dieu sait qui.

Oui, dans certains pays, certaines vérités ne sont pas bonnes à dire…

Une vision de l’avenir pas si SF que ça… nous n’en sommes pas encore là, mais qui sait si un jour les lobotomisés du cerveau ne prendront pas le pas sur ceux qui ont encore une cervelle et savent s’en servir ?

A découvrir si ce n’est pas encore fait, il n’est jamais trop tard !

Pour conclure, je reprendrai la phrase de Jean d’Ormesson : « On ne brûle pas encore les livres, mais on les étouffe sous le silence ».

Lu dans le cadre du Challenge « Romans Classiques » de Métaphore Challenge et celui de « La littérature fait son cinéma – 3ème année » de Kabaret Kulturel. Participe aussi au challenge « Les 100 livres à avoir lu au moins une fois » chez Bianca.