Le Pape terrible – Tome 4 – L’Amour est aveugle : Alejandro Jodorowsky & Theo

Titre : Le Pape terrible – Tome 4 – L’Amour est aveugle

Scénariste : Alejandro Jodorowsky
Dessinateur : Theo

Édition : Delcourt (21/08/2019)

Résumé :
1513, un nuage lugubre obscurcit le ciel de Rome alors que le glas de la grande cloche de l’église San Pietro peinte en noire sonne. Le Pape est mort.

Raphaël et Michel-Ange sont parmi les gardes suisses pour porter son cercueil vers son ultime demeure.

Machiavel, lui, demande en mariage Madame Imperia, la matrone du bordel où il a ses habitudes. Un jour comme un autre dans la ville éternelle…

Critique :
Le pape commence à avoir chaud aux miches, Louis XII veut le destituer, sans parachute doré, cela va sans dire.

Mais le vieux sagouin est machiavélique, encore plus que Machiavel car il sait comment manipuler les foules !

Sans caméras, sans télés, sans Internet, sans journalistes, Jules II va entuber son monde et porter la manipulation au rang d’oeuvre d’art.

Mon Dieu, la crédulité à encore de beaux jours devant elle.

Sans mal juger les personnes de cette époque puisque nous sommes en 1513 et que la religion est toujours l’opium du peuple. Maintenant, les gens ont un autre opium, mais il y en a toujours un, juste qu’il a changé de mains, de visage…

Anybref, avec ce quatrième album, on clôt la saga du Pape Terrible, avec encore une scène de cul dans une fontaine qui est nettement plus explicite que celle qui eut lieu un jour dans une piscine d’un loft sur TF1… La vache, on y va fort (niqué) et on la met profond.

Sexy, le général Gaston de Foix, autant nu qu’habillé… Mais l’amour foudroie ceux qui s’aiment, à tel point que notre Jules II veut devenir à présent un bon chrétien… Sans doute que se faire prendre dans une fontaine d’eau bénite aide à se sentir plus en phase avec sa croyance et le mode de vie honnête qui va avec…

Machiavel est un conteur qui raconte bien les histoires et, tout en s’amusant à jouer la bêbête à deux dos avec Madame Imperia, la matrone du bordel qu’il a demandé en mariage, il nous dévoile les dernières frasques du Pape plus que Terrible.

Les cathos risquent de ne pas aimer ce dernier album, mais bon, le risque est minime, le blasphème n’existe pas chez nous et n’est donc point puni. Taper sur le catho ne comportant aucun danger, allons-y gaiement.

Il est juste dommage que les auteurs ne contrebalancent pas ces hommes d’Église dépravés par de ceux qui étaient justes et faisaient leur job correctement, sans en arriver à ses jeux de pouvoirs malsains.

Tout n’est pas à jeter avec l’eau du bain et je n’ai pas souvenir que le message de Jésus était celui appliqué par les générations de papes, cardinaux, prêtres et autres. Ou alors, nous n’avons pas lu le même livre. Ou certains nous l’ont interprété comme ça les arrangeaient le mieux, afin de se faire un max de pognon. Mais pas tous.

On a beau avoir encore du cul et de la violence, ce dernier tome donne l’impression d’être plus soft que les précédents et même s’il ne suit pas l’Histoire réelle de Jules II, on sait tout de même que ce dernier n’était pas un homme sympa ni un saint.

Donc, prudence, n’avalez pas des couleuvres en lisant cette saga ! Pour le reste, avalez si vous voulez mais n’oubliez pas de vous brosser les dents après, pour garder l’haleine fraîche.

Une saga à ne pas laisser traîner devant les petits enfants, devant les cathos coincés, devant les coincés tout court. À savourer, à découvrir, sans pour autant la prendre comme parole d’évangile car l’Histoire n’est pas respectée à tous les étages.

Quant au tome 4, non seulement il clôture bien la saga, mais en plus, il nous la fout profond aussi et je ne déposerai pas plainte.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°204.

 

Le Pape terrible – Tome 3 – La pernicieuse vertu : Alejandro Jodorowsky et Theo

Titre : Le Pape terrible – Tome 3 – La pernicieuse vertu

Scénariste : Alejandro Jodorowsky
Dessinateur : Theo

Édition : Delcourt (23/10/2013)

Résumé :
Revenu de guerre, Machiavel profite de se ressourcer au bordel de Madame Imperia pour conter les campagnes victorieuses de Jules II.

Campagnes militaires puis amoureuses puisque Michel- Ange a accepté le chantier de la Sixtine et de partager la couche du Saint-Père en compagnie de son rival Raphaël.

Mais dans l’ombre, une autre bataille a commencé : les cardinaux veulent organiser le prochain conclave…

Critique :
Chateaubriand avait dit, en parlant de Talleyrand et de Fouché que c’était « le vice appuyé sur le bras du crime »…

S’il avait vu le pape Jules II en compagnie de Machiavel,  il aurait dit que c’était le vice appuyé sur le bras de la perfidie.

Cachez cette bédé qu’un catho pur jus ne saurait voir. Je n’ose imaginer la tête que ferait une des tantes un peu coincée de mon paternel si elle tombait sur pareille bédé…

On a du sang et des complots, des assassinats, des kidnapping, des demandes de rançons, des magouilles… Jusque là, rien de très horrifiant pour les coincés du culte.

Mais on a aussi du cul, des nichons, de la baise, de la sodomie, du stupre et de la fornication. Bon, rien de nouveau non plus, c’est Sodome et Gomorrhe et cette histoire se trouve dans l’Ancien Testament (ma préférée).

N’empêche que voir un pape qui se vautre dans la fornication à tour de bras (même si ce n’est pas avec ça qu’il prend son pied), ça pourrait choquer les grenouilles de bénitier.

On risque aussi de choquer les férus d’Histoire car il est impossible de restituer ce Pape Terrible dans la chronologie des guerres d’Italie.

Le scénariste est Jodorowsky ne s’embarrasse pas de ces détails et vous débite l’Histoire à sa sauce, donc, ne prenez surtout pas cette saga pour argent comptant, même si, dans l’Histoire, la vraie, ce genre de pape a forcément dû exister. Allez hop, me voici excommuniée à vie.

Apprécions ce volume pour les scènes d’action, pour les leçons dispensée par Machiavel, tandis qu’il s’enfonce dans de grosse matrones, apprécions les dessins, les couleurs et le récit couillu car il illustre très bien les guerres de pouvoir et tout ce qui va avec.

Mais gaffe à ne pas en faire trop non plus… Trop de scènes de cul tuent les scènes de cul ! On a beau savoir que le Pape Terrible est friand de jolis petits culs et des fricandelles boulettes qui vont avec, mais de grâce, ne perdons pas une partie de notre temps à le voir le tich en l’air !

Anybref, même si cette saga s’affranchi de l’Histoire, elle nous dépeint un personnage abject mais fascinant dans sa manière d’arriver à faire marcher les autres sur sa musique.

Jules II est cynique, sadique, voleur, manipulateur, dépravé, se prenant pour Dieu mais c’est un manipulateur hors-paire (de couill** – elle était trop tentante) et un stratège généralissime, mais le prix à payer, pour les autres, est exorbitant car sanglant.

Si Jules II est un salopard de première, il a de la concurrence car tous les cardinaux qui gravitent autour de lui ne pensent, eux-aussi, qu’au pouvoir, à l’argent et au cul. Ce sont de biens mauvais serviteurs de Dieu et ils sont aussi croyant qu’un chat, un chien, un cheval…

Malgré ses défauts, jusqu’à présent, j’ai apprécié cette saga impertinente et je me demande bien comment les auteurs vont nous la terminer.

PS : lu en septembre 2017 et je n’avais pas fait de fiche critique. Maintenant que j’avais enfin mis la main sur le tome 4, il m’a fallu revenir sur le 3, afin de me le remettre en mémoire.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°199.

Barracuda – Tome 2 – Cicatrices : Jean Dufaux & Jérémy

Titre : Barracuda– Tome 2 – Cicatrices

Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy

Édition : Dargaud (2011)

Résumé :
3 adolescents apprennent à survivre en milieu hostile. Une île infestée de pirates. Un diamant maudit.

Barracuda raconte les aventures pleines de sang et de larmes de trois adolescents au temps des pirates.

L’action se déroule sur une île : la mal nommée Puerto Blanco.

Dans ce 2ème tome, le terrifiant Morkam revient sur l’île pour tenter de se venger de Flynn, le frère de celle qu’il voulut jadis épouser à Londres, et qui l’en empêcha.

Emilio/Emilia, qui dissimule toujours sa véritable identité sexuelle, assistera à la scène… Raffy, enfin remis de ses blessures, ne rêve que de se venger de Maria.

Mais le fils du pirate Blackdog et la belle aristocrate qui vient d’épouser Ferrango, le richissime marchand d’esclaves, tombent amoureux l’un de l’autre.

Les auteurs observent, avec une acuité et une clairvoyance toutes contemporaines, la façon dont Emilio, Raffy et Maria affrontent des situations extrêmes.

Critique :
Hissez haut, mais pas trop car on va rester sur la plancher des vaches et nous ne poserons pas notre jambe de bois sur le pont du Barracuda…

Bien campé sur la terre ferme, nous allons explorer plus en profondeur nos trois personnages principaux : Raffy, le fils de Blackdog le pirate, Emilio qui est toujours travestit en femme et la belle Maria.

Trois ans se sont écoulés et bien des choses ont changé. Maria a pris du galon, Raffy ronge son frein et Emilio va être le témoin du retour d’une sale gueule en la personne de Morkam qui vient demander des comptes à son mentor, Flynn.

Nous ne sommes pas sur l’océan, ni sur le pont du Barracuda, mais croyez-moi, sur la terre ferme, on peut naviguer en eaux troubles, on peut nager dans les complots, dans le mystère, surfer sur le suspense, plonger dans les vieux secrets, s’encanailler avec un roi et batifoler aussi, parce qu’il faut bien que le corps exulte.

Pas de temps mort, des personnages qui gagnent en profondeur, en maturité, qui changent, s’élevant ou touchant le fond avant de reprendre pied, un scénario toujours intéressant et des dessins qui nous emporte loin de notre canapé ou de la grisaille.

Évidemment, on retrouve aussi du classique (tout a été écrit, quasi) mais les vieilles recettes ont été bien cuisinée et malgré des vieilles ficelles usées jusqu’à la trame (les histoires d’amûr), les auteurs nous proposent des pistes nouvelles afin de ne pas stagner dans le marigot, ce qui serait dommage vu que la saga se présente de manière intéressante jusqu’à présent.

On pourra tiquer sur les histoires d’amour cousue de fil blanc mais en apprendre plus sur le passé de Blackdog nous fera oublier quelques roucoulades et roulades intimes. Pour ce qui est de la recherche du diamant, la quête est en stand-by. La suite au prochain épisode, peut-être ?

Les dessins sont toujours de belles factures, les décors sont grandeurs natures et donnent envie d’aller boire des mojitos sur les plage de Puerto Blanco, mais faudra éviter les sales gueules tout de même.

Bon, je n’ai pas encore mis la main sur la suite, mais j’espère tout de même que nous irons respirer les embruns de la mer car nous sommes tout de même dans une série consacrée aux pirates et sans navires, ça donne l’impression qu’il manque l’invité principal, un peu comme un western sans chevaux et sans cow-boys…

PS : 3 mois que cette fiche est prête à être publiée… Ou j’ai du retard ou j’ai eu une mauvaise organisation ! PTDR

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°138.

Barracuda– Tome 1 – Esclaves : Jean Dufaux & Jérémy

Titre : Barracuda– Tome 1 – Esclaves

Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy

Édition : Dargaud (2010)

Résumé :
A bord du Barracuda, les hommes de Blackdog affûtent lames et grappins en vue d’un abordage juteux !

La routine pour Raffy, le fils de Blackdog, qui a déjà fait couler beaucoup de son sang pour son jeune âge.

Pour Emilio et Maria, jeunes nobles espagnols, le choc est plus brutal. Vendus comme esclaves à Puerto Blanco, ils se font en outre dérober la carte qui mène au diamant du Kashar, le plus gros du monde, connu pour n’avoir jamais entraîné que mort et désolation dans son sillage !

Il en faut plus pour décourager les pirates du Barracuda, qui savent que butin rime souvent avec destin…

Critique :
« Pas de pitié ! Pour personne… jamais ! »

Cette devise c’est moins drôle que ♫ Hop là ho ! une bouteille de rhum ♪ ou que ♫ Yo ho sur l’heure Hissons nos couleurs. Hissez ho, l’âme des pirates Jamais ne mourra. ♪

Blackdog, commandant du Barracuda n’est pas le Jack Sparow du Black Pearl et quand il attaque un vaisseau espagnol, le combat est inégal et c’est pas de quartier, sauf pour les personnes que l’on pourrait vendre comme esclaves.

Dona Emilia Sanchez del Scuebo, une veuve issue de la noblesse, sa fille Maria (très jolie) et un jeune garçon qui ne doit son salut qu’à un travestissement féminin, échappent ainsi momentanément à la mort pour être vendues au plus offrant sur l’île de Puerto Blanco.

Ok, c’est pas marrant, parfois on se dit qu’il faudrait mieux mourir sur l’heure.

Oui mais… Qui dit que ces personnes ne vont pas tirer leur épingle du jeu ou du moins, certains d’entre elles… Même si l’une d’entre elle a des bijoux de famille entre les jambes et que c’est un jeune mec et pas une gonzesse… Suspense !

Les histoires de pirates, j’adore, c’est un peu comme les westerns, je redresse la tête et je frétille de la queue comme un chien devant un os à moelle.

Je rassure tous ceux et toutes celles qui n’auraient pas le pied marin, pas besoin de hisser la grande voile ou de monter au mat de misaine pour apprécier ce récit qui se déroule majoritairement à terre et où les jeux de pouvoirs vont s’exercer.

Le récit va se concentrer sur la belle Maria à la croupe incendiaire, sur Raffy le fils de Blackdog et sur Emolio, le jeune noble travestit. Croyez-moi, avec eux, on ne risque pas de s’ennuyer !

Ajoutons à un scénario qui balance du bon côté, des dessins réalistes, des endroits paradisiaques, des personnages bien campés, fouillés, cachant bien leur personnalité, des complots, des sales gueules, de la violence,…

Et la recherche du plus gros diamant du monde : le Youkounkoun ! Ah, pardon, on me signale dans l’oreillette que je me suis trompée et que le gros diamant qui vaut des pépètes, c’est celui du Kashar, dont la légende dit qu’il est maudit…

Des abordages, des pirates, du rhum, des femmes et de la bière nom de Dieu (♪), de la flibusterie, des trésors, un diamant à trouver, un rythme soutenu, pas de temps mort, anybref, je vous garanti que les amateurs de flibusterie, piraterie et autre ne ressortiront pas déçus.

Moi, après cet album, j’ai directement été à l’abordage du suivant parce que j’ai plus d’appétit, qu’un Barracuda, Barracuda ♫

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°123.

L’Appel de la forêt (L’Appel sauvage) : Jack London

Titre : L’Appel de la forêt (L’Appel sauvage)    big_5

Auteur : Jack London
Édition : Hachette

Résumé :

C’est le plus grand livre que London aura consacré au monde du froid, mais c’est beaucoup plus que cela : par-delà l’aventure du chien Buck, rudoyé et humilié par la chiennerie humaine et qui choisit de retourner à la libre vie de ses frères loups, c’est le plus bel hymne que le grand écrivain américain ait composé à la gloire du monde sauvage.

Michel Le Bris a tenu à préfacer cette édition d’un texte à ses yeux capital, que les lecteurs de langue française, aussi étrange que cela paraisse, n’ont pu lire longtemps que dans une édition incomplète et peu fidèle.

Sous un titre enfin conforme à l’original (The Call of the Wild), une redécouverte qui sera, pour le plus grand nombre, une véritable découverte.

Malmené et humilié par les humains, le chien Buck, après quelques aventures bien propres à glacer d’effroi le lecteur, décide de s’en retourner à la vie libre de ses frères loups…

Le plus bel hymne que London ait consacré à la vie sauvage – dans une traduction nouvelle enfin conforme à l’original.

Critique : 

Voilà un livre avec peu de dialogues, retraçant toutes les péripéties d’un chien de sang-mêlé, nommé Buck, enlevé, qui va devoir apprendre à survivre, se laisser aller à la loi du plus fort, apprendre à se débrouiller par ses propres moyens (car il est devenu, malgré lui, un chien de traineau) et qui est palpitant ! L’eusses-tu cru ?

Buck au départ, il vit tranquillos chez son maître, le juge Miller, dans la vallée ensoleillée de Santa Clara. Pas de chance pour lui, on a trouvé de l’or dans le Grand Nord et puisqu’on a besoin de chiens grands et forts pour tirer les traineaux et que le jardinier a le vice du jeu, il le vole et le vend.

Voilà notre grand chien mêlé (avec du Saint-Bernard dans ma version et du Terre-Neuve dans d’autre, mais dans les films aussi, la race change) qui est embarqué pour une sacrée aventure sans billet de retour !

Son voyage et son arrivée dans le Grand Nord le déroute car il se retrouve confronté à un environnement naturel dont il n’a pas l’habitude : le froid, la neige, la faim,…

Sans compter qu’ici, les hommes et les autres chiens ne se comportent pas comme il en avait l’habitude dans sa vallée ensoleillée. Ici, tout n’est que brutalité.

Pour survivre, va falloir s’adapter, devenir rusé, réfléchir… C’est l’homme au pull rouge qui va le transformer en le battant comme un plâtre. Buck comprend ce qu’il doit faire pour survivre dans ce milieu hostile où personne ne vous fait de cadeaux, ni les hommes, ni les chiens.

Il devra faire attention et se méfier des hommes…

Un fameux et bien dur apprentissage de la vie pour ce chien attachant. Et ensuite, le reste se fera dans des conditions encore plus dantesques que celle de l’homme au pull rouge et au bâton. Là, il devra s’accrocher et apprendre à se battre, retourner aux instincts de ses ancêtres, les loups…

Durant tout le livre, nous suivons les pensées de Buck, ses défis, son apprentissage, tout ce qu’il comprend, apprend, bref, tout ce qui le pousse à se surpasser jusqu’à ce qu’il se révèle comme le leader naturel de l’attelage des chiens de traineau, le big boss incontesté au sein de cette meute. Oui, Buck aime tirer le traîneau et il se sent « utile ».

Buck n’est pas un imbécile, il assimile la méthode et s’adapte aux conditions difficiles à vitesse grand V. La force est avec lui, il a de l’intelligence et lorsqu’il veut devenir calife à la place du calife, il n’hésitera pas une seconde car ce qu’il convoite, c’est la place de chien de traineau de tête ! Oui, ce cannis lupus a de l’ambition.

Dans ce récit, l’homme n’a pas le plus beau rôle (hormis un, sur la fin, Jack Thornton) : toutes les grandes douleurs de Buck et ses désillusions, c’est aux hommes qu’il les doit.

Ses premiers maîtres, François et Perrault, sont sévères mais justes et on ne peut pas dire qu’ils ne prennent pas soin de leurs chiens. Que du contraire, ils sont organisés et s’occupent des chiens avant de s’occuper d’eux-mêmes.

Leurs aventures seront palpitantes et je sentais le froid du Grand Nord me flageller les joues.

Buck aurait été heureux avec eux, hélas, il passera ensuite (suite à une vente) chez des autres qui n’auront pas le soucis du bien-être de leurs bêtes. « Qui veut voyager loin, ménage sa monture » mais pour eux, rien à faire, on cravache les chiens.

Mon coeur s’est serré cette fois-là, une fois de plus… Mais ma douleur n’était encore rien face à ce qui l’attendait ensuite : un trio familial inexpérimenté, cruel et suicidaire. Eux, aucune organisation, les néophytes total !

C’est sa rencontre avec Thornton qui le sortira de sa vie de chien de traîneau qui n’avait plus aucune saveur.

Là, on sent que Buck change, apprend à faire confiance, qu’il aime son nouveau maître. Thornton le respecte et Buck transcende vers un autre animal.

Pourtant, durant tout le récit, on sent bien que Buck est intrigué par les hurlements des loups qu’il entend dans la forêt, on sent qu’il veut répondre… Il le fera, timidement, puis, de plus en plus régulièrement. Mais ses attaches avec Thornton sont fortes et il restera avec lui, jusqu’au jour où un événement malheureux ne lui brise ses dernières chaînes…

Maintenant, il peut répondre à l’Appel de la forêt et de ses ancêtres… et je n’ai pu empêcher mon petit coeur d’artichaut de se serrer.

Jack London nous livre ici une aventure canine et épique, celle d’un chien courageux, follement attachant, bien que féroce. Un voyage canin qui sonne comme une véritable quête de soi dans un Grand Nord hostile où il faut survivre si on veut vivre.

Un Grand Nord si bien décrit et un récit bien rythmé où l’ennui n’existe pas. Un livre à découvrir.

L’Appel de la forêt (The Call of the Wild), c’est aussi un film américain, adapté et réalisé par William A. Wellman, sorti en 1935, avec le beau Clark Gable dans le rôle de Jack Thornton.

Ce fut aussi un film britannique réalisé par Ken Annakin en 1972, avec le grand Charlton Heston dans le rôle de John Thornton.

Livre lu dans le cadre du Challenge « Totem » par Liligalipette (catégorie « Loups »), du Challenge « Romans Classiques » de Métaphore et du Challenge « La littérature fait son cinéma – 3ème année » de Kabaret Kulturel.