[FILM] Enola Holmes 2 de Harry Bradbeer (2022)

Enola Holmes 2 est un film d’aventure américano-britannique réalisé par Harry Bradbeer, sorti en 2022.

Il s’agit de la suite d’Enola Holmes (2020), du même réalisateur, et, tout comme le premier opus, de l’adaptation de la série littéraire Les Enquêtes d’Enola Holmes de la romancière américaine Nancy Springer. Néanmoins, contrairement au premier film, ce deuxième volet n’adapte aucun roman de la série, mettant en scène une histoire inédite s’inspirant de l’ouvrière et syndicaliste Sarah Chapman, et de la grève des ouvrières des manufactures d’allumettes à Londres en 1888.

Il suit Enola Holmes, sœur cadette fictive du détective Sherlock Holmes, personnage créé par l’écrivain britannique Arthur Conan Doyle.

Pays de production : Royaume-Uni / États-Unis

Résumé : 
Enola Holmes décide de lancer sa propre agence de détectives privés. Cependant, contrairement à son célèbre frère Sherlock Holmes, la jeune peine à trouver des clients.

C’est alors qu’une dénommée Bessie — qui fait partie des grévistes des manufactures d’allumettes — lui demande de l’aider à retrouver sa sœur disparue, Sarah Chapman. Bessie emmène Enola à l’usine, qui connaît actuellement une épidémie très grave de typhus.

Enola rencontre notamment Mae, qui travaillait aux côtés des sœurs.

Distribution : 

  • Millie Bobby Brown (VF : Clara Soares) : Enola Holmes
  • Henry Cavill (VF : Adrien Antoine) : Sherlock Holmes
  • Helena Bonham Carter (VF : Laurence Bréheret) : Lady Eudoria Vernet Holmes
  • Adeel Akhtar (VF : Marc Saez) : l’inspecteur Greydon Lestrade
  • David Thewlis (VF : Gérard Darier) : le commissaire Grail
  • Louis Partridge (VF : Kylian Trouillard) : le vicomte Tewkesbury
  • Hannah Dodd (VF : Charlotte Hervieux) : Sarah Chapman
  • Sharon Duncan-Brewster (VF : Fily Keita) : Mira Troy

Ce que j’en ai pensé : 
C’est par curiosité que j’ai regardé Enola Holmes 2, le film tiré des romans de Nancy Springer…

Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, Enola est la sœur de Sherlock Holmes (fictive, elle n’apparaît pas dans le canon holmésien).

Elle a été élevée par une mère hors-norme qui lui a appris les arts de la déduction et du combat avant de disparaître dans la nature (tome 1 et film 1).

Le film commence avec Enola qui court, poursuivie par deux policiers. Puis, copiant Deadpool (non, elle ne portera pas une combi rouge moulante), elle brise le 4ème mur en s’adressant au public, nous invitant à refaire un petit tour en arrière pour comprendre comment elle en est arrivée là.

Oui, Enola s’adressera souvent à nous, ce qui est assez fun, je dois dire. Elle est pétillante, comme celle dans les romans de Nancy Springer. Millie Bobby Brown (Eleven dans la série « Stranger Things ») est bien dans le rôle, même si on retrouve toutes ses mimiques faciales qu’elle a pu faire dans la série… Henry Cavill (Superman) nous offre un Holmes séduisant et sans macfarlane/deerstalker, dieu merci.

Attention, ce ne sera pas le Holmes qui marquera les esprits ! Par contre, j’ai aimé le fait qu’il lui donne un côté plus sombre et que dans ce film, il tende plus souvent la main à sa sœur fantasque que dans les romans (au début des romans, il ne lui tendait pas vraiment la main).

Lorsque Enola réfléchit à ce qui aurait pu se passer, lors de la disparition de Sarah Chapman, ce sont des illustrations qui apparaissent à l’écran et je dois dire que c’était bien trouvé. Enola ne manque pas d’humour et je me suis surprise à sourire quelques fois. Elle nous expliquera bien tout, ce qui fait que vous pouvez laisser votre cerveau au repos.

Le rythme est assez enlevé, ça bouge beaucoup et il est difficile de s’embêter en regardant le film… Un bon divertissement, dans le fond, si on n’est pas trop regardante. Oui, mais…

Vous l’attendiez, je vous sentais à l’affut de ce terrible MAIS…

Entre nous, je n’ai absolument rien contre la mixité sociale, l’intégration, que la Petite Sirène soit joué par une actrice Noire, que les femmes aient des droits, qu’elles soient les égales des mecs, en droits sociaux (et autres). Je suis contre la ségrégation, le machisme, le patriarcat, mais je suis POUR le respect de l’Histoire, même si elle n’est pas reluisante et que ça pue dans ses placards.

Alors, qu’une ouvrière dans une usine d’allumettes ait la peau Noire, c’est réaliste, qu’il y ait des personnes Noires dans le public d’un cabaret, où viennent s’encanailler des bourgeois, ça passe aussi…

Par contre, qu’un ministre ait une secrétaire Noire, là, ça coince dans le réalisme. Surtout que cette femme le suit partout, même dans un bal ! Restant en compagnie de son patron, du riche magnat qui donne le bal et de l’épouse de ce dernier ? Heu, non, là, ça ne passe pas. La bonne société de l’époque ne l’aurait pas toléré.

Dans ce même bal, nous retrouvons des Hindous dans les danseurs (bon, l’Inde est colonie anglaise, je ne dirai rien, même si ça me semble louche), mais aussi des danseurs et danseuses « afro-anglais ».

Attendez, là, c’est louable, mais n’est-ce pas un anachronisme dans l’Angleterre victorienne des années 1880 ? Les Anglais, surtout ceux d’en haut, sont racistes, xénophobes et colonialistes. Ils sont loin d’être des militants de la déségrégation ! Irréaliste, cela me semble.

L’inspecteur Lestrade, c’est pire… Le voilà en indo-pakistanais, pas très débrouillard, pour ne pas dire très con. Même dans la police, on a des gens de couleurs (ce qui est totalement impensable en 1888) et je ne vous parle même pas du Watson qui arrivera à la fin : un hindou ! Heu ??

Le but était-il de donner des rôles à toutes les minorités, que tout le monde intervienne dans ce film, afin que personne ne se sente lésé ou oublié ? Louable, certes, mais ce sont des anachronismes et ce n’est pas le reflet de ce qu’était la société victorienne, celle que met si bien en scène l’autrice des romans originaux.

Ce que j’avais apprécié, dans les romans, c’était qu’ils ne prenaient pas les lecteurs/lectrices pour des nouilles. On avait de la fraicheur, des énigmes, un peu d’action et surtout, une Enola qui se déguisait sans cesse pour que personne ne se rende compte qu’elle était une jeune fille seule. Ici, no déguisements, même pour une filature.

Autre incohérence, c’est avec les chevaux… Enola hèle un fiacre et ce dernier est tiré par une superbe paire de frisons ! Deux perles noires des Pays-Bas pour tirer un fiacre dans les rues de Londres ? C’est le comte de Monte-Cristo qui est passé par là et les a oubliés ? (voir la série de Josée Dayan).

Bardaf, on retrouvera la même paire pour tirer le fourgon de la prison (avec un autre devant, monté par un cavalier)… Ils ont les budgets !

Magnifique animal, que le commissaire Grail, chevauchera lors de sa poursuite avec Enola, tout en lui tirant dessus, tel John Wayne, ce qui transformera un morceau du film en western (en Angleterre). En 1888, les chevaux Frisons n’avaient pas encore atteint cette perfection anatomique. Mais ça, c’est point de détail.

Anybref, on a un film pas réaliste au niveau historique et bourré d’action. Hélas, lorsque l’action est hyper présente, c’est souvent pour palier à une insuffisance de scénario…

De plus, j’ai eu l’impression que le film était moralisateur, comme s’il fallait bien faire entrer dans les caboches que les femmes sont des créatures qui méritent d’avoir des droits, des conditions de travail honnêtes, bien rémunérées… Quoi ? De ns jours, on ne le sait pas ?

Lorsqu’un scénario est bien mis en scène, pas besoin de nous l’expliquer en plus. D’ailleurs, lorsqu’on voit les femmes qui arpentent ce film, on se dit qu’elles sont déjà libres ! Plus que celles qui évoluaient réellement à cette époque.

De plus, elles sont toutes foutrement intelligentes, sachant tirer leur épingle du jeu (ça, c’est réaliste, même si dans le film, on a pléthore de femmes super intelligentes). Les hommes, eux, ce sont soit des méchants, soit des bons, soit des crétins. Oui, un peu limité dans les choix. Le bon, le crétin et le méchant… On dirait un titre de western spaghetti.

Le Moriarty dans le film est bien trouvé, l’idée était bonne. Réaliste ? Là, je suis mitigée… Mais je ne puis l’expliquer sans dévoiler.

Anybref, il vaut mieux regarder ce film sans se poser de questions, juste pour le plaisir du divertissement, sans prendre garde aux anachronismes qui n’auraient pas lieu d’être, puisque l’Histoire ne se réécrit pas (ou alors, c’est 1984 et là, je refuse).

Un film bourré d’action qui laissera vos petites cellules grises au repos, puisque Enola et Sherlock nous expliquent tout.

Un film à regarder sans se prendre la tête ou à ne pas voir, au choix.

#lemoisanglais

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°220] et Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°19].

 

 

Moriarty – Tome 13 & 14 : Ryosuke Takeuchi et Hikaru Miyoshi

Titre : Moriarty – Tome 13 & 14

Scénariste : Ryosuke Takeuchi
Dessinateur : Hikaru Miyoshi

Édition : Kana – Dark (2022)

Résumés :
Tome 13 : Le sang sur ses mains ne s’effacera jamais… « Le Prince du crime est William James Moriarty »

Tel est le titre sur cinq colonnes à la une qu’affichent tous les journaux du pays, conséquence obligée de l’assassinat de Milverton… par Sherlock Holmes.

Bien qu’il soit maintenant détesté par les simples citoyens aussi bien que par les nobles, William lance la grande purge de la société victorienne et l’assassinat systématique de tous les privilégiés, conformément à son plan.

Mais Louis et les autres laisseront-ils William porter seul le poids de tous les crimes ?

Tome 14 : La reine Victoria a confié à Sherlock la mission d’en finir avec le Prince du crime, par tous les moyens.

De son côté, William planifie sa mort, une mort qui rétablira la paix dans l’Empire britannique ébranlé par une guerre civile larvée. Mais Sherlock compte bien sauver celui qu’il considère comme son véritable ami.

Alors que « le drame de Moriarty » est près d’atteindre son climax, les acteurs trouvent le temps d’exprimer leurs pensées et leurs sentiments, de revenir sur leur évolution… avant que Londres ne prenne feu !

Critique :
C’est toujours plus avantageux de lire une série manga sans pause entre les tomes, et comme j’avais la possibilité de le faire pour ces trois derniers tomes qui terminent un arc narratif, je ne me suis pas privée et j’ai enchaîné.

Oui, je sais, j’avais dit que je ne lirais plus cette série manga qui m’avait déçue à un moment donné, mais la curiosité était plus forte et comme on me prêtait les tomes 12, 13 et 14…

Le final du tome 12 était un cliffhanger et je me demandais ce qui allait se passer dans les suivants, puisque l’on allait arriver à l’affrontement entre Moriarty et Holmes. Mais où ? Sûrement pas aux chutes de Reichenbach, vu que la série manga est fort éloignée des romans canoniques.

Moriarty, le prince du crime, n’a rien à voir avec celui des romans, même s’il ne s’est jamais privé de tuer. Il a toujours dit qu’il avait un but, une œuvre à accomplir et je me demandais bien quel était ce grand projet…

Si je n’ai pas été déçue par les personnages, l’action, le rythme et le scénario, toutefois, le grand projet de Moriarty et brothers est un peu faible, un peu trop court des pattes de devant. Tout ça pour juste ça ??

Enfin non, pas juste ÇA, son ambition était plus grande, plus noble, mais elle avait toutes les chances de ne pas réussir ou bien, de réussir sur le moment et de foirer ensuite, comme cela arrive souvent dans nos sociétés : la solidarité est présente à un moment donné, après des faits traumatisant et ensuite, cela redevient chacun pour soi et/ou on caillasse ceux que l’on a encensé peu de temps auparavant.

Bien que je comprenne que certains nobles méritaient leur châtiment, je reste aussi dubitative, car si nul ne peut se soustraire à la loi (pourquoi vous toussez ?), je sais aussi que personne ne peut s’ériger en juge, porter une condamnation et exécuter la sentence…

Oui, cette série manga m’a fait me poser tout un tas de questions. Est-ce une brillante idée que de vouloir éradiquer le mal dans la noblesse, comme s’il ne se trouvait présent QUE chez les pétés de thunes, les premiers de cordée ? Le principe n’est sans doute pas le bon, mais en existe-t-il un qui fonctionnerait ?

Au moins, les mangakas, dans cette série, posent les questions et donnent leur réponses propres. Aux lecteurs de se faire une idée et une opinion. En tout cas, durant toute cette série, j’ai souvent été le cul entre deux chaises.

Les frères Moriarty sont ambigus, c’est aussi une des choses que j’ai toujours appréciée dans cette saga. Ils ne sont ni tout noir, ni tout blanc.

Quant à Sherlock Holmes, je l’ai moins apprécié : il est malpoli, vulgaire, utilise des termes de notre époque (cool), s’excuse (heu ?), fait presque une déclaration d’amour à Moriarty (argh ! ou était-ce juste de l’amitié), il explique bien à Watson qu’il est son ami (vraiment pas subtil, ce Holmes).

Quant à Watson, il a plus l’air d’un jeune ébouriffé que d’un médecin posé, même si, dans le canon, il n’avait pas encore 30 ans lorsqu’il a croisé la route de Holmes (qui était un peu plus jeune que lui). Bref, dans ce manga, il fait gamin.

Au moins, le final n’est pas loupé, c’est une bonne chose (j’avais une appréhension), bien que le Grand Plan, même en cas de réussite, reste bancal puisque l’on ne sait jamais comment les gens vont réagir, le reste tient la route.

Holmes est fasciné par Moriarty, par son esprit brillant, il y a du respect entre ces deux hommes, puisque, depuis longtemps, Moriarty a décidé que Holmes ferait partie de son Grand Plan.

Bref, si je ne suis pas d’accord avec toute la série, j’ai apprécié cette relecture et les changements, la manière dont les mangakas se sont appropriés les personnages, les mettant à leur sauce.

Voilà un arc majeur qui se termine, après 14 tomes, ce n’est pas si mal (faut jamais les faire durer trop longtemps) et je me demande ce que la suite va nous réserver, puisque là, on va entrer dans le grand hiatus.

Ok, je serai au rendez-vous pour la suite, par curiosité et surtout, parce que les derniers tomes m’ont apporté plus de plaisir de lecture que les précédents.

#lemoisanglais

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°219] et Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°18].

Belle jaquette pour le tome 14, lorsqu’on la déplie en entier