Les enquêtes d’Enola Holmes‭ (‬BD‭) ‬-‭ ‬T07 – La barouche noire : Serena Blasco et Nancy Springer

Titre : Les enquêtes d’Enola Holmes‭ (‬BD‭) ‬-‭ ‬T07 – La barouche noire

Scénariste : Serena Blasco et Nancy Springer
Dessinateur : Serena Blasco

Édition : Jungle ! (13/10/2022)

Résumé :
Depuis son adolescence, Enola Holmes mène une vie de femme indépendante en plein cœur de Londres.

Un beau jour, une jeune lady en détresse vient implorer l’aide de Sherlock. Et comme ce dernier est incapable de sortir de son lit, Enola prend la relève !

La disparue, Félicity, a été déclarée morte par son époux, un comte haut placé, mais sa sœur jumelle ne veut pas y croire.

Enola est prête à résoudre cette affaire avec pour seuls indices un avis de décès frauduleux et une calèche qui aurait emporté la malheureuse : une mystérieuse barouche noire…

Critique :
Ayant apprécié le roman aussi, j’ai décidé de lire son adaptation bédé, comme j’ai fait pour toute la série.

La première chose qui saute aux yeux, c’est le changement de graphisme : je lui préférais l’ancien… Et de loin !

Comme pour les autres adaptations, la bédé est fidèle au roman, mais sans être aussi détaillée que ce dernier. Avec moins de pages, il faut aller au plus court.

C’est toujours dommage, parce qu’il y avait des sujets intéressants que le roman traitaient et qui seront un peu expédié dans la bédé.

L’avantage de la série originale, c’est que l’on apprend beaucoup de choses sur l’époque victorienne, notamment les mœurs, les vêtements, les moyens de locomotion et la condition de la femme à l’ère victorienne… Une véritable mine d’or d’informations. Il vaut donc mieux découvrir les romans avant…

Une chose m’a chiffonnée dans la bédé : la sœur jumelle de la lady décédée dans des conditions mystérieuses est métisse.

Non, je n’ai rien contre le fait, mais nous sommes à l’ère victorienne et j’ai un doute sur le fait qu’un comte, haut placé, ait pu épouser une jeune fille métisse sans que cela ne défrise toute la bonne société, généralement raciste, attachée à ses privilèges, aux classes sociales et ne voulant qu’une chose : rester entre anglais de pure souche.

De nos jours, cela ne me titillerais même pas un poil de sourcil, mais à une époque telle que la victorienne, je pense que c’est une erreur…

Anybref, ce n’est pas ça qui allait m’empêcher de profiter du plaisir de relire ce récit, avec des images, même si je n’ai pas aimé les nouveaux graphismes.

C’est très agréable de voir Enola enquêter avec son frère Sherlock, qui s’assagit un peu, même s’il pense que certains mots ne devraient pas se trouver dans la bouche de sa jeune sœur. Ah, ces hommes !

Malgré mes bémols, j’ai apprécié cette lecture.

#lemoisanglais

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°239] et Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°42].

Les couturières d’Auschwitz : Lucy J. Adlington

Titre : Les couturières d’Auschwitz

Auteur : Lucy J. Adlington 🇬🇧
Édition : Payot Histoire (22/03/2023)
Édition Originale : The Dressmakers of Auschwitz : The True Story of the Women Who Sewed to Survive (2021)
Traduction : Julie Printzac

Résumé :
Comment des jeunes femmes en majorité juives et slovaques survécurent à Auschwitz en y travaillant dans l’atelier de haute couture créé à l’été 1943 par Edwig Höss, l’épouse du commandant du camp, pour ses propres besoins et ceux d’autres femmes de SS (y compris dans l’élite berlinoise).

Un témoignage d’autant plus saisissant qu’il mêle l’enfer concentrationnaire à l’existence dorée des geôliers, sous la plume d’une historienne de la mode.

Et une enquête sur la façon dont l’aryanisation économique déstabilisa le secteur textile, pas seulement en Allemagne, et dont la récupération des affaires de déportés devint une véritable industrie de reconditionnement, au point qu’une vingtaine de trains remplis d’effets personnels repartaient quotidiennement d’Auschwitz.

Critique :
Un atelier de haute couture à Auschwitz ? Jamais je n’aurais pensé que ça avait existé dans ce lieu… Pourtant, plus rien ne devrait m’étonner, avec ces salopards de nazis.

Les dignitaires du partis avaient des épouses, qui voulaient être bien fringuées, à la dernière mode. Bref, être et paraître.

L’ironie de l’histoire, c’est que les SS ont interdit aux Juifs de pratiquer un métier, leur ont tout pris, interdisant aux allemands d’acheter chez des Juifs, de se vêtir chez eux, mais ont passé outre le fait que c’était ces mêmes Juifs qui confectionnaient les fringues de leurs épouses ! Hypocrisie, quand tu nous tiens.

Illogisme aussi, mais dans ce genre de système politique, il ne faut pas s’étonner que la logique ne soit plus de mise, mais que le régime soit à géométrie variable. Cet essai est rempli d’exemples de ces contre-sens.

Effectivement, c’est facile avec de la main d’œuvre qualifiée gratuite et corvéable à merci, des vêtements et des tissus qui arrivent en grande quantité et qui n’ont rien coûté, puisque volé aux futurs prisonniers (ou « génocidés »)… La vie est belle, pour les meufs des nazis ! Facile quand ce sont les autres qui triment pour vous… Et dans quelles conditions de travail !

Heureusement que dans ce kommando là, les conditions étaient un peu mieux qu’ailleurs (oui, tout est relatif, bien entendu)

Je pensais que c’était un roman historique, mais en fait, c’est un essai.

Alors non, vous n’aurez pas de l’Histoire mise en roman, mais plus une étude sur le « comment des femmes se sont retrouvées à confectionner pour les nazis » et des moments de vie dans le camp d’Auschwitz (vu du côté des déportés, mais aussi du côté des dirigeants).

Avant de nous plonger dans ce camp d’extermination, l’autrice dresse un portrait de ces femmes, nous parlant de leur jeunesse, de leur vie pauvre, mais agréable et ensuite, de la montée du nazisme, des lois anti-juives et de la propagande. Jusqu’à ce qu’elles se retrouvent dans un train, en direction de ce lieu maudit où l’on s’évadait par la cheminée…

C’est très instructif, en tout cas. Mais ça se lit moins vite que des témoignages romancés.

Par contre, ça vous glace les sangs. Malgré les innombrables ouvrages que j’ai lu sur les camps de concentration et ou de la mort, j’en apprend encore ! L’ignominie humaine est sans fond. La haine est toujours la même : l’autre, les autres !

Il faut les fustiger, dresser les gens contre eux, souligner les différences, diviser pour mieux régner. C’est abject et le pire, c’est que la formule marche du tonnerre et qu’on l’utilise encore et toujours. N’a-t-on rien appris du passé ??

C’est un livre difficile à lire, notamment parce que c’est un essai. Il n’est pas conseillé de le commencer en vacances, il n’est absolument pas fait pour une lecture avec les doigts de pieds en éventail. Il faut se poser, être à ce que l’on fait et prendre son temps pour le lire.

Instructif au possible, cet essai m’a encore appris des choses et je pense que je ne saurai jamais tout et que j’ai encore des horreurs à découvrir en plongeant dans la noirceur humaine.

Une lecture éprouvante, mais une lecture que je me devais de faire, comme toutes les autres traitant du sujet.

#lemoisanglais

Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°41].