The Nice House On The Lake – 01 : James Tynion IV et Álvaro Mártinez Bueno

Titre : The Nice House On The Lake – 01

Scénariste : James Tynion IV
Dessinateur : Álvaro Mártinez Bueno 🇪🇸

Édition : Urban Comics – DC Black Label (03/02/2023)
Édition Originale : The Nice House on the Lake (2022)
Traduction : Maxime Le Dain

Résumé :
Tous les conviés connaissent Walter – enfin, ils le connaissent un peu, en tout cas. Certains l’ont rencontré dans leur enfance, d’autres l’ont rencontré quelques mois auparavant.

Et Walter a toujours été un peu… absent. Mais après une année difficile, personne n’allait refuser l’invitation de ce dernier dans une maison de campagne située à l’orée d’un bois et avec vue sur lac.

C’est beau, c’est opulent, c’est privé – de quoi supporter les petites combines et les surnoms bizarres donnés par Walter. Mais ces vacances de luxe revêtent très vite des airs de prison dorée.

Critique :
Ces derniers temps, je me suis mise à lire plus de séries post-apocalyptique, alors que c’était un genre que je n’affectionnais pas, avant (Solo, Lazarus).

Avec ce comics, on peut dire que j’ai mis dans le mille, car je ne m’attendais pas du tout à cela.

Walter est un ami qui vous veut du bien, la preuve, il a invité, dans une somptueuse villa, dix personnes qu’il a rencontré dans sa vie.

Il a mis les petits plats dans les grands pour leur offrir une semaine de vacances de luxe, alors, les convives n’allaient pas râler pour les petits surnoms ridicules qu’il leur avait donné et les petits glyphes qu’il leur avait attribué.

Sincèrement, je m’attendais à tout, sauf à ça. L’intrigue part dans un huis-clos inquiétant, dans de la SF et de l’apocalypse. Totalement iconoclaste, totalement inattendu et totalement bien mis en scène ! Pas étonnant que ce comics ait gagné le Fauve d’or à Angoulême, tant il est différent de tout ce que j’ai pu lire jusqu’à présent.

Les dessins sont agréables pour les yeux et j’ai aimé que l’auteur utilise plusieurs procédés de narration pour son récit, que ce soit avec des sms échangés, des mails ou des pages sorties d’un fax. Si ça déstabilise au départ, on comprend mieux ensuite et cela nous immerge encore plus dans ce huis-clos angoissant.

Chacun des dix invités va nous expliquer comment il a rencontré Walter et quelle furent ses relations avec lui. Et croyez-moi que l’on va avoir quelques révélations, sans pour autant tout savoir, tout connaître et obtenir toutes les réponses (il y a un second tome).

J’aimerais vous en dire plus, mais j’ai peur de déflorer trop ce récit, déjà qu’il n’est pas facile d’un parler, tant il est riche au niveau scénaristique, qu’il sort des sentiers battus pour la narration et les trucs utilisés.

Oh et puis zut, lisez-le et vous comprendrez ce que je veux dire ! C’est de la balle ! Vite, je saute sur le second tome, tout en croisant les doigts que la qualité soit toujours de la partie et que je ne sois pas déçue !

Charlotte impératrice – Tomes 01 / 02 / 03 : Fabien Nury et Matthieu Bonhomme

Titres : Charlotte impératrice – 01 – La Princesse et l’Archiduc / 02 – L’Empire 🇲🇽 / 03 – Adios, Carlotta 🇲🇽

Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Matthieu Bonhomme

Éditions : Dargaud (2018/2020/2023)

Résumés :
Tome 01 : Élevée par son père Léopold 1er, Charlotte de Belgique est destinée à faire un glorieux mariage. Pour la jeune femme, le choix s’arrête sur l’archiduc Maximilien d’Autriche, frère cadet de l’empereur François Joseph. Un mariage somptueux vient sceller leur union, qui, disons-le tout de suite, ne sera pas heureuse.

Le jeune couple est dépassé par les rivalités dont ils sont le jeu, entre les terribles Habsbourg et le calculateur empereur Napoléon III. Et Maximilien se révèle un homme décevant, à tous points de vue. C’est en faisant face à l’adversité que Charlotte aura finalement l’occasion de quitter les voies d’un chemin tout tracé…

Tome 02 (🇲🇽) : Depuis son mariage avec Maximilien d’Autriche, Charlotte va de désenchantements en désillusions. Sa vie conjugale réduite à néant, elle mise son va-tout sur la couronne du Mexique (🇲🇽).

À leur arrivée à Veracruz, le couple impérial découvre un pays exsangue, bien loin d’être pacifié par les troupes françaises. Ils doivent faire face à la défiance des élites locales bien décidées à tirer parti de la faiblesse de caractère de Maximilien pour préserver leurs intérêts.

Tome 03 (🇲🇽) : Profitant de l’absence de son mari et épaulée par le colonel Alfred van der Smissen, dont le charme ne la laisse pas insensible, Charlotte de Belgique a pris les rênes de l’empire mexicain (🇲🇽). Malheureusement pour elle, au retour de Maximilien, les choses se gâtent. Les révoltes prennent de l’ampleur et pire encore, l’armée française se prépare à quitter le Mexique.

Par ailleurs, Maximilien cherche par tous les moyens à concevoir un héritier à la couronne. Refusant de partager sa couche avec lui, le sachant atteint de syphilis, Charlotte doit se résoudre à avoir recours à l’adoption. À moins qu’elle ne finisse par succomber à l’appel de la chair avec le ténébreux van der Smissen…

Critique :
Tome 1 : Charlotte de Belgique, fille du roi Léopold I, roi des Belges (et non de Belgique). Je ne la connaissais pas vraiment, me souvenant qu’elle avait épousé l’archiduc Maximilien d’Autriche, qu’ils avaient fini au Mexique et que ça s’était mal terminé.

Ce premier album n’a rien à voir avec un Point de Vue Images du Monde, mais est plus dans la lignée d’un récit politique (et économique), où les alliances se forment, où les complots se jouent et où chacun essaie de tirer la couverture à soi (game of thrones).

L’Église est encore puissante, Napoléon III est sur le trône de France (il a perdu des sommes colossales), les Habsbourg sont puissants aussi et Sissi est une charogne, loin du personnage de cinéma (putain, la scène avec le chien…).

Pourtant, on sent que tout risque de basculer un jour où l’autre, même si nos têtes couronnées n’ont pas l’air de s’en soucier. Charlotte et Maximilien vont tout de même se prendre la révolution italienne en pleine face (avant d’aller au Mexique).

J’ai découvert une jeune fille pas si naïve que ça (hormis pour les choses du sexe, ce qui est normal), pas conne du tout et fortement aimée par son père, qui s’inquiète pour elle, surtout lorsqu’il comprendra que son mari s’est fait entuber de la plus belle manière qui soit.

Par contre, Maximilien est un homme décevant, qui ne fout rien, qui baise un peu partout et qui s’en revient avec des maladies honteuses. Charlotte, elle, a plus de courage, plus d’intelligence et de jugeotte.

J’ai aimé les dessins, dans des couleurs un peu vintage, rétro, classiques et ce premier album m’a enchanté, me faisant découvrir une de nos princesses sous un jour que je ne connaissais pas du tout (même si les auteurs signalent qu’ils ont ajoutés des personnages, que c’est une fiction et non un récit historique pur et dur) et un contexte historico-social que l’on ne nous a pas enseigné à l’école. Une belle découverte et je suis contente d’avoir la suite sous le coude !

Il va s’en dire que ce premier tome n’entre pas dans le challenge du Mois Espagnol & Sud Américain, mais les deux suivants, oui. Mais bon, je ne ferai qu’une fiche générale.

Tome 02 (🇲🇽) : Mexico, nous voici ! La chaleur, les guérilleros, les mouches, le typhus, la pauvreté, la misère… Ben non, la misère n’est pas moins pénible au soleil !

Voilà Charlotte et Maximilien devenus impératrice et empereur du Mexique et, une nouvelle fois, comme son époux s’amuse à gauche et à droite, c’est Charlotte qui va prendre les rênes et tenter de réformer certaines choses, déjà entamées par son époux, avant qu’il ne se lasse et n’aille observer les papillons (et les chattes).

Là, Charlotte a un petit côté socialiste (gauche caviar, certes) qui ne m’a pas déplu. Elle est aware, notre Charlotte. Elle a compris depuis longtemps que son mariage d’amour est à l’eau, que son mari est un paresseux, un homme sans couilles, qui n’a pas vu la famine qui régnait au Mexique, ni l’esclavage et qui préfère s’amuser à ketter (baiser) plutôt que de faire son boulot.

Pourtant, au départ, Maximilien avait bien commencé ses réformes, même si elles n’ont pas plus aux pouvoirs en place (l’Église, les notables et les généraux). L’empereur a promulgué la liberté des cultes, la réglementation de la presse, les impôts à payer par les notables et une réforme militaire afin que l’armée arrête d’enrôler de force des hommes. Ouille, ça a fait grincer les dents des conservateurs !

J’ai vraiment apprécié ce deuxième album, même si, une fois de plus, les auteurs signalent qu’ils ont pris des libertés avec l’Histoire. Il ne faudrait pas avoir une image fantasmée de l’impératrice…

Tome 03 (🇲🇽) : Puisque l’empereur Maximilien pense plus à baiser qu’à régner, Charlotte a pris les rênes de l’empire et tente, tant bien que mal, dans ce monde de mecs, de jouer son rôle d’impératrice.

Comme je vous l’ai dit, cette série prend des libertés avec l’Histoire, mais là, ce ce que l’on voit dans ce troisième album, c’est une Charlotte qui ménage la chèvre et le chou, qui y va avec diplomatie.

Hélas, quand son enfoiré de mari décide de rentrer (parce que tout de même, laisser sa femme diriger son empire, ça fait de lui un mec qui ne porte pas les culottes), son arrogance et son imbécilité vont l’envoyer direct dans le mur, là où Charlotte avait à tout prix évité d’aller. De plus, môssieur veut un héritier, alors qu’il a plombé son petit soldat à force de l’envoyer dans des trous pas très sains (syphilis).

Bref, tout va partir en couilles, vous vous en doutiez, vous connaissez l’Histoire. Napoléon III sent le vent tourner, ses soldats ont fait le coup du « foutons le camp fissa » et le pantin Maximilien se retrouve livré à lui-même, avec une épouse un peu trop catholique, qui ne s’est pas rendue compte que le secret de la confession pouvait être balancé aux orties.

Si Charlotte avait un petit côté socialiste, elle n’en reste pas moins une personne née avec une cuillère en argent dans la bouche, une fille trop gâtée, une femme qui n’a jamais connu la misère dans laquelle vivent les habitants du Mexique.

Ce troisième album n’est pas le dernier, mais il termine la partie « la p’tite belge est à Mexico » (Enlevez les sombreros ! – Les belges auront reconnue « E Viva Mexico » du Grand Jojo).

Là, on se doute que Charlotte, en repartant en Europe pour aller chercher des pépètes, ne fredonnera pas ♫ olé olé olé olé, we are the champions, we are the champions ♪ même si elle y croit encore.

Un troisième tome assez riche en événements et en profondeur, tout en subtilité et en violence larvée… Vivement le quatrième et dernier épisode.