Pinkerton – Tome 2 – Dossier Abraham Lincoln -1861 : Rémi Guérin & Damour

Pinkerton Dossier Abraham Lincoln -1861

Titre : Pinkerton – Tome 2 – Dossier Abraham Lincoln -1861

Scénariste : Rémi Guérin
Dessinateur : Damour

Édition : Glénat (2014)

Résumé :
Allan Pinkerton et son agence éponyme sont craints de tous les criminels des États-Unis. Et pour cause : lui et ses hommes n’hésitent pas à se rendre aussi redoutables que les lascars qu’ils traquent, quitte à faire verser le sang et à semer les cadavres derrière eux pour faire appliquer la justice.

C’est justement au cours de l’un de ses interrogatoires musclés que Pinkerton est rencardé sur un coup impensable : l’attentat du président Lincoln !

Tous les hommes de l’agence sont alors envoyés arpenter le pays à la recherche de la moindre information… Un seul mot d’ordre pour empêcher ce crime odieux : aucune limite.

Pinkerton-T.I-3Critique : 
« We never sleep » telle est la devise de l’agence de détective Pinkerton et il est un fait qu’ils ne dorment jamais tout à fait, les Pinkerton.

Basé sur un fait réel nommé « Complot de Baltimore » et qui visait le futur président Lincoln, le scénariste nous montre une piste autre que celle retenue par l’Histoire, celle qui est de toute façon écrite par les vainqueur.

Mais avant de parler de Lincoln, fraichement élu mais ne siégeant pas encore, revenons au début de l’album.

1861, quelque part dans l’Illinois, un train se fait attaquer par des bandits d’une autre trempe que les frères Dalton de notre bon vieux Lucky Luke.

Rien qu’avec cette attaque déjouée, nous avons déjà un aperçu des méthodes peu conventionnelles d’Allan Pinkerton, le chef de cette agence de détectives.

Certes, Sherlock Holmes aurait pu jouer aussi finement que lui, mais il aurait livré les bandits à Scotland Yard et pas au fossoyeur du coin.

Anybref… Quelques heures plus tard, à Gibson City, toujours dans l’Illinois (on y est, on y reste), Allan Pinkerton va encore nous démontrer sa roublardise crasse.

Certes, Nolan était un criminel et le meurtrier de Sammy Winters, ami d’Allan Pinkerton, il méritait la mort, mais on comprend que Pinkerton est prêt à utiliser tout les stratagèmes pour arriver à ses fins, quitte à se mettre au niveau des bandits qu’il pourchasse.

Impitoyable, qu’il sera, Pinkerton…

Le dessin est réaliste, le scénario impeccable, les couleurs assez sombres, tout comme le personnage principal qui créa cette agence de détective un peu spéciale.

Les dialogues, eux, sont percutents comme un chien de révolver tant le tout est machiavélique.

Si on ne connait pas le complot de Baltimore et cette tentative d’attentat avortée sur le président Lincoln, on sera surpris, mais si on a eu vent de quelques infos, rumeurs, on le sera moins.

Malgré tout, mes souvenirs étaient confus, flous, dataient de la période où les dinosaures existaient encore, alors oui, j’ai eu ma surprise avant de me dire « Mais oui, j’ai déjà entendu des choses là-dessus ».

Mais quel vicieux, cet Allan ! Et le pire, c’est qui ne fut pas le premier à magouiller de la sorte, ni le dernier…

Un album que j’ai pris plaisir à découvrir, avec une belle analyse sur Allan Pinkerton,  personnage historique et controversé de l’histoire des États-Unis.

J’ai commencé par le tome 2 mais je vais me faire le reste de la série assez rapidement si je sais.

Étoile 3,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur,  le RAT A Week Estival, Summer Edition chez Chroniques Littéraires et « Le Mois Américain 2016 » chez Titine.

Un assassinat de qualité : Ann Granger

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Titre : Un assassinat de qualité

Auteur : Ann Granger
Édition : 10-18 (2015)

Résumé :
Londres, 1867, le mal rôde dans les rues… alors que l’inspecteur Ben Ross de Scotland Yard rentre chez lui un samedi soir d’octobre, le fog tourbillonne et l’enveloppe comme une bête vivante.

Lorsque le brouillard se lève le lendemain matin, une femme gît assassinée dans Green Park. Allegra Benedict était la belle épouse italienne d’un marchand d’art de Piccadilly.

Alors que Ben commence son enquête, son épouse Lizzie – avec l’aide de leur bonne Bessie – se penche sur la vie privée d’Allegra et découvre plus d’une raison pour laquelle quelqu’un pourrait vouloir sa mort…

big-ben-smogCritique :
Londres est envahie par un brouillard dense, jaune : le smog !

Ce néologisme issu de l’anglais smoke, fumée et de fog, brouillard empêche la plupart des gens d’y voir à 50 centimètres et notre inspecteur benjamin Ross a bien du mal à se repérer sur le pont de Waterloo (morne plaine).

Ce qui devait arriver arriva, bardaf, ce fut l’embardée dans une prostituée échevelée (ça rime) qui a tout l’air de fuir quelque chose… Le spectre de la Tamise !

Fuyez pauvres prostituées, ce spectre vous cherche, posant ses doigts froids sur vos gorges chaudes et profondes…

Notre inspecteur n’était pas un lapereau de six semaines sait pertinemment bien que les spectres, ça n’existe pas ! Mais il tend tout de même l’oreille à cette ombre qui rôde et qui s’en prend aux prostituées, 21 ans avant le terrible Jack The Ripper !

Nouveauté dans ce troisième opus : Benjamin Ross et Elizabeth Martin sont mariés et les lecteurs n’ont même pas été invité à la noce. Ça, c’est pas bien !

Par contre, ce que j’ai aimé, c’est que cet opus mette plus en avant l’enquête de Ben Ross que celle de sa femme et que contrairement au tome 2, on ait une véritable enquête de police et pas une résolution qui tombe toute cuite dans le giron de notre Lizzie.

On plonge cette fois-ci dans un groupe où un pasteur assez joli môme nous prône la tempérance qui n’est pas, comme certains pourraient le croire, une nouvelle pratique sexuelle mais plutôt le fait de consommer les boissons alcoolisées, non pas avec modération, mais avec abstinence ! Là, j’en vois quelques uns qui sont horrifiés, déjà.

Et Bessie, la fidèle bonne des Ross fait partie de ce groupe d’illuminés, qui, bien que partant du constat réel que l’abus d’alcool fragilise encore plus les populations pauvres et qu’il faille les en détourner, en arrive à l’exagération avec l’interdiction même d’une bière en soupant après une rude journée de travail ! Hé ho, hein bon !

Un meurtre par strangulation dans un parc rempli de smog, une belle jeune fille italienne, un mari éploré et suspect, une dame de compagnie qui ne nous dit pas tout, une société qui prône la tempérance avec un peu trop de zèle et un pasteur trop beau que Lizzie regarde d’un œil torve.

L’enquête est bien menée, les fausses pistes nous font perdre la tête, surtout avec deux affaires distinctes et des meurtres de femmes dont on n’arrive pas à trouver le mobile.

Comme pour les autres tomes, les chapitres s’alternent avec les points de vue de Ben et de Lizzie qui, le soir devant le feu, mettront en commun leurs indices, leurs découvertes, leurs théories, leurs déductions et tout ce qu’ils auront besoin pour résoudre l’enquête.

Certes, on notera des grosses similitudes avec la série « Thomas et Charlotte Pitt », même si ici, on fréquente un peu moins la haute bourgeoisie puisque Lizzie n’en fait pas partie, que ce n’est pas tout à fait la même époque (20 ans plus tôt), mais l’auteur explore aussi la société victorienne, ses travers, ses problèmes…

Ici, on met en lumière cette société bourgeoise qui critique l’alcoolisme des pauvres, qui s’insurge des prostituées et de leur commerce du sexe (alors qu’on le sait, les bourgeois sont des cochons qui aiment s’encanailler avec les putes), une société qui se sent toute fière d’aider les plus démunis mais se fout pas mal des gens ou des enfants qui triment dans les usines de coton de Manchester…

Bref, nous sommes face au portrait d’une société anglaise hypocrite, bourrée de préjugés, qui hurle au scandale comme une vierge effarouchée pour tout et n’importe quoi, qui veut que l’on trouve le coupable du crime, mais qui ne veut surtout pas être dérangée par une enquête de ces rustres de policiers car ça risquerait de bouleverser leurs petites habitudes ou pire, d’exhumer des secrets pas très reluisants.

Plus que des hypocrites, j’ai croisé une cohorte de gens d’une mauvaise foi crasse.

Au final, c’est une série et une lecture plaisante, on ne se prend pas la tête, j’adore les romans qui ont pour cadre l’Angleterre victorienne et je trouve les personnages attachants.

Étoile 3,5

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, le « A year in England » chez Titine (Juillet 2016 – Mai 2017) et le Challenge British Mysteries chez My Lou Book.