Titre : Légendes d’automne
Auteur : Jim Harrison
Édition : 10-18 (1985)
Résumé :
* Une Vengeance… :
Dans les années 70, un homme a l’excellente idée de tomber amoureux de la femme d’un magna de la drogue mexicain qui s’avère pas franchement partageur ni très pacifiste d’ailleurs.
* L’homme qui abandonna son nom :
Comment un cadre supérieur largue les amarres pour se trouver et, prenant des chemins de traverse, fait quelques mauvaises rencontres.
* Légendes d’automne :
En 1914, trois frères quittent leur ranch du Montana pour aller s’enrôler dans l’armée. La guerre, la mort du cadet changeront tout. C’est la vengeance du second fils, Tristan qui façonnera le destin de la famille.
Critique :
Aie-je eu affaire à trois grandes nouvelles ou à trois petits romans ? Je n’en sais rien, tout ce que je sais, c’est que j’ai eu affaire à trois récits qui mettent en scène des hommes aux prises avec leur vengeance.
Mais la vengeance vaut-elle toujours le coup ? Ne nous ronge-t-elle pas sans pour autant nous apaiser puisque lorsque l’être cher est perdu, la mort du responsable ne le fera jamais revenir ?
En tout cas, nos trois hommes auront des manières bien particulières de se venger et de répondre à la question sur le fait de l’utilité de la vengeance.
Les hommes qui méritent vraiment de mourir sont finalement assez rares. [en parlant de vengeance]
Dans les trois récits, j’ai grandement apprécie le premier, avec Cochran, un ancien militaire, qui ne trouve rien de mieux que de tomber amoureux de la femme de son ami, magnat de la drogue et mexicain peu commode lorsqu’on lui fait pousser des cornes.
J’ai aimé le début, lorsque Cochran est retrouvé et qu’on ne sait pas qui il est et ce qu’il faisait là, à moitié mort. Son histoire, que l’on nous conte au fil des pages, est intrigante et sa vengeance sera pour le moins assez sanglante… Avant que tous ne se rende compte de l’inutilité de la chose.
Ce que j’ai moins aimé, c’est que sur la fin, il y ait moins de dialogues et que les paroles nous soient présentées en phrase plutôt qu’en véritable dialogues.
« Il appela son neveu et lui ordonna de donner quelques uns de ses vêtements à Cochran puis de veiller sur sa mère et de ne pas la quitter un instant ».
La seconde m’est un peu passé au-dessus je dois dire et j’ai sauté directement à la troisième, celle dont on tira un film émouvant et qui donne son titre au recueil « Légendes d’automne ».
Bon, on oublie le film, la nouvelle n’est pas tout à fait la même, enfin, c’est le film qui ne lui est pas fidèle, mais la puissance de l’écriture de Jim Harrison se trouve dans le récit, dans les personnages, dans les blessures de Tristan Ludlow, dans sa vengeance, qui fut sanctionnée, alors que l’utilisation de gaz moutarde non.
Tristan est un personnage que j’ai aimé, il est blessé dans son âme depuis la mort de son frère cadet à la Première Guerre Mondiale, parce que le père, imbécile, y envoya ses fils pour défendre son Angleterre natale, avant de se rendre compte, un peu tard, que la guerre de 14 n’avait plus rien à voir avec les guerres qu’il avait faite.
Rien n’est plus absurde que la rencontre d’un enfant et d’une balle de fusil.
Dix-neuf ans est l’âge du parfait fantassin qui acceptera de mourir sans un murmure, le coeur brûlant de patriotisme.
Tristan, c’est l’homme qui fuit sa famille pour tenter de trouver la paix et qui ne la trouvera pas et le jour où il se posera enfin sur les terres familiales et semblera trouver un ancrage, la Mort viendra lui reprendre ce qui le faisait se sentir en paix.
Les anciens qui vivent toujours dans la région se demandent encore aujourd’hui si c’est l’alcool, la prison, le désespoir ou simplement l’avidité qui firent basculer Tristan hors des lois.
Trois récits, trois époques différentes, trois hommes que rien ne relie si ce n’est des destinées marquées par la solitude, les trahisons et l’envie de se venger. La violence de leur vies les a brisé, la Vie ne leur a jamais fait de cadeau, reprenant ce qu’elle leur avait donné après qu’ils y ai gouté et pris goût.
Trois hommes qui ont souffert au plus profond d’eux-mêmes, qui ont dû se battre pour vivre ou survivre et qui n’avaient que deux options devant eux : renaître de leurs cendres tels des phénix ou continuer de souffrir jusqu’à en mourir.
Un roman qui met en avant des hommes, où les femmes sont bien souvent l’instrument de leur chute, le tout sans nous jeter la pierre. C’était la fatalité.
Elle était comme l’eau qui gèle dans le rocher et qui le fait éclater. Susannah n’était pas plus fautive que l’eau quand le rocher se brise.
Perdre une femme n’est pas une défaite ; on perd une femme et voilà tout. Ca arrive à tout le monde… J’ai perdu ma femme lorsque j’étais encore jeune mais à cette époque-là, j’étais aussi encore très bête. Elle était moins bête que moi et c’est pour ça qu’elle est partie.
Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), Challenge « La littérature fait son cinéma – 4ème année » chez Lukea Livre « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur et « Le Mois Américain 2016″ chez Titine.