Black Butler – Tome 18 : Yana Toboso

Titre : Black Butler : Tome 18                                                      big_3-5

Scénariste / Dessinateur : Yana Toboso
Édition : Kana (2015)

Résumé :
Ciel a presque terminé son enquête mais l’identité du coupable est plus que surprenante. Lui et Sebastian parviendront-ils à vaincre ce nouvel adversaire inattendu ?

Critique : 
On a beau se trouver dans un collège huppé où la crème de la haute société anglaise étudie afin de devenir les Grands Hommes de demain, mais malgré tout, la saloperie est dans leur rang aussi.

Au final, que l’on soit dans les bas-fonds ou chez les bourgeois et les nobles, l’être humain reste pareil.

Il possède les mêmes envies, ressent les mêmes jalousies, est prêt à tout pour avoir ce qu’il désire, quitte à user de son ascendant sur les autres, quitte à les rabaisser plus bas que terre.

Ce n’est parce que l’on pète dans de la soie, qu’on n’est immunisé contre la médiocrité. Et certains étaient vraiment de ma merde dans des bas de soie.

L’auteur donne un grand coup de batte de criquet dans l’institution anglaise que sont les collèges pour les enfants nobles ou très riches. Le mérite et l’intelligence ne s’obtenant pas qu’avec une ascendance prestigieuse.

On découvre aussi ce que certains sont prêts à commettre pour garder la réputation de leur collège intacte. Honneurs et traditions… Il faut mettre une chape de plomb sur certains événements et faire en sorte que personne ne l’apprenne jamais.

En tout cas, Sebastian va en prendre pour son grade et une fois de plus, il aura fort à faire pour ne pas se faire occire par un personnage qui a de ressource lui aussi.

Ce dernier épisode met fin aux années collèges de Ciel qui une fois l’enquête close, retourne dans son manoir pour goûter enfin à un peu de repos.

Un petit voyage à Londres qui servira juste à broder un peu avant une nouvelles affaire, à faire un peu d’humour et à démontrer que Sebastian peut vraiment tout faire, même du marketing !

Bon, on repasse aux choses sérieuses à la fin de ce tome 18 avec des disparitions inquiétantes dans le Sud de l’Allemagne. Voilà nos compères parti pour résoudre cette énigme soumise par la reine Victoria elle-même.

La forêt est, dit-on, maudite : sorcières, loups-garous la peuplent et d’ailleurs, ne vient-on pas de voir un lycan entre deux arbres ??

Allez, on va entrer de plein pied dans le fantastique, à moins que des faits bien réels ne se cachent sous le fantastique !

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015), Challenge « Polar Historique » de Sharon, Challenge « Victorien » chez Camille, Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.

La nuit de l’Éventreur : Robert Bloch

Titre : La nuit de l’éventreur                           big_4

Auteur : Robert Bloch
Édition : Clancier-Guénaud (1988)

Résumé :
Londres, 6 août 1888…

Cent ans avant que Norman Bates, Hannibal Lecter et leurs collègues ne défraient la chronique, le premier et toujours le plus célèbre des « serial killers » assassine d’horrible façon une jeune prostituée, puis une autre, puis une troisième… Jack l’Éventreur entre dans la légende.

On ignore toujours son identité. Et pourquoi, soudain, ses crimes ont cessé…

Critique : 
Lorsque l’on me présente un tel menu, je ne puis que saliver d’avance…

« Dans cette œuvre de fiction, certaines libertés ont été prises à l’égard de certains personnages ayant réellement existé, mais les détails concernant les activités de Jack l’Éventreur proviennent directement des archives de l’époque ».

Whitechapel, 1888, c’était pas le père Nowel qui déambulait dans les rues, distribuant des cadeaux aux péripap… aux puéripa… aux putes !

— Y en a des milliers par ici, ivres-mortes et rongées par la maladie, propageant l’infection chaque fois qu’elles écartent les jambes.

— Des prostituées comme celles-ci retroussent leurs jupes n’importe où… dans des ruelles, des cours, ou debout contre un mur. Rien n’est trop vil pour leurs goûts, aucun acte trop perverti pour qu’elles ne l’accomplissent. Et tout cela pour une pièce de six pence, afin de s’offrir un lit, pour une nuit, dans un garni sordide.

Non, dans le genre distribution, c’était plutôt celle des coups de couteaux à gogo et l’éparpillement de votre capital vie dans sa version « je dissèque à tout vents ».

Ne nous y trompons pas, ceci est un roman, une fiction basée sur des faits « réels », bien que nous ne sachions pas tout et que nous ne soyons sûrs de rien.

L’histoire racontée est telle qu’elle aurait pu se passer lors de ces journées « corps ouverts ».

Malgré le côté fictionnel, pour celui qui veut en apprendre un peu plus sur les crimes de 1888 et sur la vie miséreuse dans certains quartiers de Londres, cet ouvrage fera parfaitement l’affaire étant donné qu’il sera moins indigeste qu’une étude brute de dépeçage, pardon, de décoffrage.

Sous le voile de fumée noir recouvrant la ville, la lueur des becs de gaz vacillait et flamboyait, tandis que les âmes perdues s’éloignaient lentement dans les rues ténébreuses de l’Inferno. Des démons demeuraient ici… des terrassiers ivres entrant en titubant dans des assommoirs, des déchards tapis devant des taules sordides, des rupins nippés façon bourgeois rôdant dans les ruelles, à la recherche d’accrocheuses.

Le rire n’avait que faire dans les rues de Whitechapel avec ses maisons de rapport surpeuplées, ses cours malpropres empestant la sueur et les eaux d’égout. Au lieu de rires, on entendait l’écho sans fin de sanglots et de jurons, les voix de la pauvreté et de la souffrance.

L’écriture coule comme le sang fraichement versé, pas de temps mort bêtement perdu entre les meurtres 3-4 et le dernier de Mary Jane.  On suit l’inspecteur Abberline dans son enquête et l’on s’attache à des personnages secondaires, tels le Dr Mark Robinson et Eva.

Tous les personnages ayant existé sont dans les pages, suspects comme policiers, vous partagerez leurs pensées, mais pas assez pour deviner s’ils pourraient être les coupables ou pas.

On y croisera Conan Doyle, Oscar Wilde, Joseph Merrick et un chef de police – Charles Warren – totalement incompétent qui vous fera mieux comprendre pourquoi Jack court toujours.

Toutes les erreurs, conneries, bourdes et autres inconstances durant l’enquête sont reproduites dans les pages : lavage de scènes de crimes, lavage des corps, effacement d’une phrase sur un mur, le coroner qui veut clore l’affaire, les chiens qui n’ont pas suivi de piste, les faux témoignages, les lettres anonymes et signées.

Tiens, même les rapports d’autopsie sont là, mais décrit à chaud, devant le corps encore chaud des victimes. Âmes ou estomacs sensibles, vous sauterez quelques paragraphes.

Elle était allongée sur le dos, ses deux bras écartés, la jambe gauche tendue et la droite repliée au genou. Son visage levé vers le ciel était un masque d’horreur pour Halloween ; une partie du nez avait été tranchée, le lobe de son oreille droite quasiment sectionné, et les deux paupières inférieures étaient entaillées. Ses joues, sa mâchoire et ses lèvres étaient tailladées ; la gorge en dessous béait, formant une cavité écarlate, d’une oreille à l’autre.

Si le monde a frémi de peur durant quelques mois face à ces crimes atroces, l’auteur, de par ses introductions en tête de chapitres, nous remet les choses bien à leur place : Jack, ce n’est rien comparé à ce que certains êtres humains ont fait à leur semblables.

« Les têtes de chapitre sont là pour nous faire souvenir que, bien qu’étant horribles, les crimes de Jack l’Éventreur pâlissent en comparaison des exploits beaucoup plus terrifiants qui ont été continuellement commis au nom du patriotisme, de la religion et des lois de la nation. »

Le plus étrange, c’est que cette série de crimes n’a pas eu que du négatif. Ils ont attirés l’œil du reste de la ville sur ces taudis qu’étaient Whitechapel et on a même doté les rues d’éclairage public suite à ces meurtres. Ironique, n’est-il pas ?

J’y avançais la suggestion que, à la longue, ces crimes se révéleraient peut-être d’un grand profit. Tout au moins, ils auront servi à attirer l’attention du grand public sur la misère et la pauvreté de l’East End, et accélérer ainsi les réformes sociales.

Un roman fictionnel excellent pour celui ou celle qui voudrait découvrir – ou approfondir – les crimes de 1888. Norman Bates fait pâle figure face à tonton Jack The Ripper…

Et puis, parfois, on est passé à un doigt de LA réplique culte de la Cité de la Peur, voyez plutôt :

— Que diriez-vous de deux doigts de porto ?
— Non merci, je me sens tout à fait bien.
— À votre guise.

— Prenez place, inspecteur. Puis-je vous offrir deux doigts de sherry ?

Challenge « Thrillers et polars » de Canel (2014-2015), Challenge « Polar Historique » de Sharon, Challenge « Victorien » chez Camille, Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park et le Mois Anglais (Juin 2015) chez Titine, Lou et Cryssilda.