Sherlock, Lupin & moi – 16 – Le masque de l’assassin : Irene Adler

Titre : Sherlock, Lupin & moi – 16 – Le masque de l’assassin

Auteur : Irene Adler
Édition : Albin Michel Jeunesse (30/08/2023)
Édition Originale : Sherlock, Lupin & io : La maschera dell’assassino
Traduction : Béatrice Didiot

Résumé :
En vacances dans la station balnéaire de Torquay avec sa mère Irene, Arsène Lupin et leur valet Billy, Mila rencontre le riche Harold Grayling et sa fiancée, Lady Hagbury-Winch. Tous deux baignent dans l’insouciance, enchaînant fêtes et grands dîners.

Lorsque la jeune fille découvre le cadavre de l’un de leurs invités sur une plage, les accidents se multiplient, fragilisant l’image parfaite du couple.

Il faudra toute la perspicacité de Sherlock Holmes et l’obstination de Mila pour mettre au jour le plus diabolique des plans…

Critique :
Toujours intéressant d’aller en librairie pour acheter les cadeaux de Noël, cela permet de fouiner un peu et de tomber sur une sortie que j’avais loupée !

Je me le suis offerte par la même occasion et je n’ai pas attendu le 25 décembre pour le lire, puisque les romans de cette série sont toujours achetés et lus dans la foulée.

Seizième aventure de notre trio, déjà… Comme depuis quelques tomes, notre trio de jeunes enquêteurs sont plus âgés, ont des cheveux gris et c’est surtout Mila, la fille adoptive d’Irène Adler, qui enquête dans les nouveaux tomes.

Direction la station balnéaire de Torquay, en Angleterre, afin de bénéficier d’un peu de soleil, puisqu’à Londres, il pleut comme vache qui pisse. Sauf Holmes, qui n’a pas envie de partir et préfère (l’amour en mer ?) s’occuper de ses chères abeilles.

Ce seizième tome commence doucement, comme souvent, l’auteur (oui, c’est un homme) prenant le temps de planter ses décors et de faire évoluer ses personnages, notamment Mila, qui vient de recevoir un petit mot étrange qui lui parle de Godfrey Norton (celles et ceux qui ont lu le canon holmésien sauront qui il est).

Mystère, car Mila ne sait pas qui il est… Moi, je le sais, je lui dirais bien tout, mais j’ai le pressentiment que ce ne sera pas tout à fait comme dans le canon, puisque cette série de pastiches holmésiens s’en écarte, tout en restant respectueuse des personnages de Conan Doyle.

La galerie de personnages secondaires n’est pas oubliée, l’auteur a pris soin de leur donner du corps et j’ai adoré le personnage d’Agatha Miller, la fille de Clarisa, elle-même amie d’Irene, qui voulait les inviter dans sa villa à Torquay, avant d’avoir un empêchement de dernière minute (accident).

En découvrant ce personnage, ça n’avait pas fait tilt dans mon esprit et c’est après un indice gros comme une maison que j’ai compris qui était cette jeune mère. Excellent de l’avoir fait intervenir et de lui avoir fait croiser la route de Holmes.

Une fois de plus, il m’a été impossible de trouver l’identité du coupable ou ses motivations. Là, j’ai été une parfaite Watson qui a tout sous ses yeux et qui s’il voit, n’observe pas ! Mais bon, tout le monde n’a pas les capacités de déduction de Holmes.

Ce tome se lit d’une traite, facilement, mais il m’a laissé un petit goût de trop peu.

Non, je vous rassure tout de suite, il n’est pas mauvais ou ennuyeux, mais j’ai regretté que Holmes n’intervienne que si peu, arrivant fort tard dans l’enquête et qu’en quelques pages, il résolve tout, me donnant l’impression que ses amis sur place n’ont servi à rien, si ce n’est à être nos/ses yeux durant leurs investigations.

Un bon tome, mais j’en ai déjà eu des meilleurs dans cette chouette saga jeunesse. Mais au moins, l’auteur ne prend pas ses jeunes lecteurs pour des quiches et son écriture, bien que facile, s’adresse autant aux plus jeunes qu’aux adultes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°087].

Shelton et Felter – T04 – L’héritage de Rockfellow : Jacques Lamontagne

Titre : Shelton et Felter – T04 – L’héritage de Rockfellow

Scénariste : Jacques Lamontagne
Dessinateur : Jacques Lamontagne

Édition : Kennes (02/11/2022)

Résumé :
Le corps sans vie d’un riche homme d’affaires est retrouvé à son domicile, un poignard fiché entre les deux omoplates.

En arrivant sur place, la police voit une ombre agile s’enfuir par la fenêtre : tout porte à croire qu’il s’agit du coupable.

Mais Shelton et Felter sont convaincus qu’il y a eu mise en scène. Ils décident de mener leur propre enquête pour identifier le véritable meurtrier.

Critique :
Quel plaisir de retrouver le duo d’enquêteurs de choc, composé d’Isaac Shelton, un ex-boxeur et de Thomas Felter, libraire misanthrope qui aime ses chats et qui possède un esprit analytique hors du commun.

L’histoire se passe à Boston, dans les années 20 (1924 ou 1925) et elle commence par un cambriolage qui se passe mal : le corps du propriétaire, le riche et célèbre Rockfellow, est sur le sol, poignardé.

Le cambrioleur prend peur, surtout que les flics arrivent déjà.

Cette nouvelle enquête va mettre, une fois de plus, notre duo sur des charbons ardents, car ils doivent prouver que le meurtre n’a pas été commis par Nicole, la cambrioleuse. Problème : tout accable cette jeune fille et il est si facile pour les policiers de l’inculper.

À qui profite le crime ? Aux enfants de l’assassiné et à sa veuve. Autre problème : ils ont tous et toutes des alibis ! Et puis, il y a tout de même des trucs bizarres, dans cette affaire et les morts vont se succéder. Mais qu’est-ce qui se passe, doudou dis donc ?

Le duo entre le costaud Shelton et le frêle Felter marche toujours aussi bien. Ils sont différents en tout point, mais tout aussi complémentaire.

Les dessins sont dans le style des bédés franco-belge et le côté gros nez va bien à cette série. On est dans du policier, certes, mais avec de l’humour.

Pourtant, il ne faut pas s’y tromper :ce n’est pas parce que nous sommes dans le registre de l’humour qu’il faut croire que son auteur va négliger le scénario !

Que du contraire, il est travaillé et son enquête est soigneuse, réfléchie et pas si facile à élucider que l’on pourrait le croire. Il faudra la sagacité de Felter pour venir à bout de cet imbroglio !

Une bédé policière qui fait le job et qui le fait correctement. Toujours un plaisir de lire ce duo qui détonne.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°070] et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024).

Lady Hardcastle – 05 – Une affaire brûlante : T. E. Kinsey [LC avec Bianca]

Titre : Lady Hardcastle – 05 – Une affaire brûlante

Auteur : T. E. Kinsey
Édition : City (06/04/2022)
Édition Originale : The Burning Issue of the Day (2019)
Traduction : Karine Forestier

Résumé :
Un journaliste est retrouvé assassiné dans l’incendie de son appartement à Londres. Pour la police, aucun doute : c’est une suffragette qui a commis le crime. Après tout, avec ces féministes aux idées révolutionnaires, il faut s’attendre à tout… et une jeune militante est arrêtée sur le champ.

Mais Lady Hardcastle, ancienne espionne aux talents de détective amateur, en mettrait sa main au feu : une innocente est emprisonnée uniquement parce qu’elle est une femme.

Pas question de laisser passer cette injustice. Avec l’aide de Florence, sa dame de compagnie et confidente, Lady Hardcastle se lance dans la bataille. Complot pour décrédibiliser le mouvement féministe ?

Simple vengeance ou règlement de comptes ? Les deux enquêtrices doivent battre le fer tant qu’il est chaud, car ça sent vraiment le roussi pour la jeune féministe qui risque la potence…

Critique :
Qui a allumé le feu ? ♫ Allumer le feu… ♪ Et de ce fait, commis un homicide involontaire sur la personne du journaliste qui vivait au-dessus du magasin et qui a été tué par les fumées toxiques…

Même pas besoin de faire fumer ses neurones, la coupable est toute trouvée, c’est une suffragette, elle est déjà en prison, merci bien et au revoir !

Oui mais non. Ses amies qui militent pour le droit de votes des femmes la pensent innocente, elles sont certaines qu’elle n’a pas pu commettre un tel acte.

Alors, la présidente décide d’appeler à l’aide notre chère Lady Hardcastle et sa dame de compagnie, la pétillante Florence Armstrong. Mener l’enquête ne sera pas facile, on ne leur dira pas tout et de plus, ce sont des femmes dans un monde ultra machiste, ultra convaincu que les femmes n’ont pas de cervelle et qu’elles ne seraient pas capable de voter correctement.

Eh oui, en 1910, pas de droit de vote pour les femmes, des commentaires odieux lâchés par ses bons messieurs, qui se croyaient drôles et peu de voitures dans les rues. Les classes sociales sont encore séparées, même si la frontière est plus poreuse que du temps de la reine Victoria.

Ce que j’apprécie, dans cette série de cosy, c’est qu’ils mettent en avant un important pan de l’histoire anglaise, qu’ils nous immergent dans ces années où les femmes avaient moins que zéro droits et où nous devions nous battre pour récupérer des miettes. Quoi ? On doit encore le faire aujourd’hui ? Oui, faut jamais baisser les bras, mais au moins, on a le droit de vote (l’obligation, même).

Et puis, le duo Lady Hardcastle et Florence est génial, bien trouvé et toujours pétillant, notamment grâce à leurs réparties, émaillées de tous les souvenirs de quand notre lady était espionne au service de sa majesté. J’ai souvent souri en lisant leurs dialogues, leurs répliques, leurs bons mots.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus et sans eux, ces cosy n’auraient pas la même saveur. Ils sont travaillés, sans pour autant que cela aille dans une profusion de détails, mais au moins, on les sent réalistes et quand les hommes, imbus de leur puissance, parlent de nous, les femmes, la moutarde m’est montée au nez. Nom de dieu, pour qui ils se prennent ?

Le pire, c’est que toutes leurs horreurs débitées sur le compte des femmes n’est pas de la fiction, l’auteur l’expliquera à la fin de son ouvrage, lorsqu’il parlera de ses références historiques. Messieurs les anglais, vous tirez les premiers, mais gare au retour de flamme des femmes.

Rien d’exceptionnel dans la résolution de cette enquête, si ce n’est une aventure sur les docks. Ce ne sont pas des trucs de dingue à la Agathe Christie, mais c’est cohérent et réaliste. Là, j’avais bien trouvé qui était l’incendiaire, mais je n’avais rien du de plus.

Une saga de cosy très agréable à lire, une parenthèse bienvenue dans ce monde qui vire au chaos, dans cette escalade de la violence. Un moment de calme dans ce monde de brutes et cette lecture m’a fiat du bien, me faisant entrer dans une bulle où j’étais seule (ok, avec le chat).

Une LC réussie avec ma copinaute Bianca , qui n’avait pas trouvé le coupable, mais qui, comme moi, a pris plaisir à lire ce tome 5. Allez, au prochain de la saga !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°060].

Les amants de Baker Street – 03 – Les années Sussex : Isabelle Lesteplume [Par Dame Ida]

Titre : Les amants de Baker Street – 03 – Les années Sussex

Auteur : Isabelle Lesteplume
Édition : MxM Bookmark (28/12/2022)

Résumé :
Un détective peut-il vraiment prendre sa retraite ? Angleterre, début du XXe siècle.

Propulsé par la révolution industrielle, le monde est en plein changement. Sherlock Holmes et John Watson sont désormais célèbres, leurs méthodes sont utilisées par la police et leur courrier déborde de propositions d’enquêtes.

Mais plus le temps passe, plus l’âge les rattrape et plus ils sont fatigués de devoir constamment cacher leur relation. Ils commencent à imaginer une vie différente dans un petit havre de paix perdu dans le Sussex…

Hélas, l’Histoire n’a pas dit son dernier mot. Embarqués malgré eux dans la tourmente de plusieurs événements dramatiques, ils devront se battre pour survivre… Et pour sauver le monde entier.

Critique :
Dans les contes de fées, la princesse et le prince se marient et on s’en arrête là, nous assurant qu’ils vivront heureux et longtemps…

Et pour que le charme du conte continue à agir il faut bien entendu en rester là ! Le prince n’abandonnera pas Blanche Neige pour Cendrillon et Cendrillon pour la Belle-aux-Bois-Dormant… Etc…

Quel salaud ce mec ! Sans parler de la belle-mère de la Belle-aux-Bois-Dormant qui veut bouffer ses petits enfants à la sauce Robert dans le conte original !

Toute personne ayant vécu en couple sait que, la vie conjugale n’est jamais un long fleuve tranquille et que l’idée d’un bonheur aussi inaltérable que parfait n’est qu’une illusion qui ne peut se défendre que dans des contes pour enfants encore assez naïfs pour y croire.

Cela ne veut pas dire que le mariage ou un couple qui dure soient des choses totalement nulles, entendons nous bien ! Mais bon… Il faudrait un peu retomber sur terre et sortir de la béatitude cucul la praline où l’on est à jamais heureux d’être content en se regardant éternellement dans le blanc des yeux !

On regrettera qu’Isabelle Lesteplume l’ait oublié et ait écrit le tome de trop en voulant faire de cette série une trilogie.

Or donc, nous avions quitté Holmes et Watson au terme du second tome écrit par Nathalie Lesteplume, sur une cérémonie de mariage non officielle entre les deux amants dans cette réécriture du canon.

Et maintenant il s’agit de nous raconter la suite, et notamment la façon dont nos détectives préférés ont pu gérer le virage de la maturité, pour ne pas dire du début de leur vieillesse (on était vieux plus jeune à l’époque et on s’en arrangeait mieux qu’aujourd’hui dans notre époque moderne qui nous oblige à cacher nos cheveux blancs et qui nous dit que l’euthanasie est la seule mort digne qui soit une fois qu’on n’est plus productifs et qu’on coûte cher !).

Comme Belette et moi-même avons eu l’occasion de vous le dire, nous ne sommes pas des fanatiques de ces réécritures du canon qui ont fleuri à l’occasion de la diffusion de la série Sherlock de la BBC, réactivant le fantasme d’une liaison entre le détective consultant de Baker Street et de son acolyte le Dr Watson.

Cette relecture du canon par Madame Lesteplume était malgré tout parvenue à retenir notre indulgente bienveillance en raison de la grande culture canonique de l’autrice qui avait su très habilement mêler sa réinterprétation du canon et l’idylle entre nos personnages préférés lors de ses deux premiers opus.

Évidemment, il nous fallait passer outre la vision d’un Holmes capable de céder à l’amour, ce qui en soit n’est franchement pas très canonique, mais passé ce cap, la chose se lisait d’autant plus agréablement qu’on nous faisait grâce de trop de descriptions de rapprochements physiques entre Holmes et Watson.

La série est fort heureusement plus sentimentale qu’érotique ou pornographique, jouant avec la culture canonique d’une manière intelligente.

Sauf que dans ce dernier tome, nos quinquagénaires presque sexagénaires auraient encore envie de s’envoyer en l’air entre deux portes à la moindre occasion… Et là c’est un peu too much à mes yeux.

Sans vouloir faire les rabats joie de service, et sans vouloir faire trop de généralités… le fait est que lorsque l’on est uni depuis de nombreuses années à un partenaire avec qui on a eu largement le temps de faire le tour de la bagatelle, la majorité des gens vieillissants s’assagissent sur ce plan. Il ne s’agit pas de fermer boutique non plus…

Mais quand vos rhumatismes et vos vieilles blessures vous torturent… et quand le vieillissement fait décliner les secrétions de testostérone (et oui ! Même chez les messieurs les hormones sexuelles déclinent avec l’âge même s’ils ne sont pas confrontés à l’arrêt des règles qu’ils n’ont jamais eues!), les parties de jambes en l’air se font moins fréquentes et on pense généralement moins à entreprendre des petits quickies vite expédiés avant un rendez-vous avec d’autres personnes. On prend son temps ! On a besoin de confort ! Bordel !

Bref, les considérations libidinales et même les régulières introspections sentimentalistes des deux hommes sur leur relation amoureuse (que je trouvais déjà peu crédibles dans les tomes précédents en ce sens que cela relève plus de la psychologie féminine que de celle des zhômes, et les zhômes gays restent des zhômes!) me semblent ennuyeuses dans ce troisième volume car peu en phase avec les réalité du temps qui passe et avec les réalités du vécu d’un vieux couple.

Car oui, sans aller jusqu’à dire qu’avec l’âge on reste ensemble par habitude (et pourquoi pas d’ailleurs ! Certains et certaines d’entre nous aiment les habitudes aussi et c’est respectable !), le fait est que la passion des premières années laisse le plus souvent la place à une tendresse confiante et paisible entre les conjoints les plus unis.

Cela n’exclut pas le sexe évidemment… Mais plus d’une manière aussi fréquente et impromptue, voire dans des circonstances pouvant mettre en difficultés à moins d’être excité par les pratiques exhibitionnistes… Mais qui veut entendre ça concernant Holmes et Watson ? Ben pas moi !

Par ailleurs, contrairement aux tomes précédents, ici Isabelle Lesteplume n’ancre plus réellement son roman dans le canon, inventant ni plus ni moins une nouvelle enquête totalement indépendante de celles brodées par Doyle.

Certes, on commence par une histoire canonique largement simplifiée, lors de laquelle Watson manque d’être tué… Ce qui conduit Holmes à vouloir prendre sa retraite…

D’autant que Londres a beaucoup changé (la fée électricité s’impose partout!), que la police est plus efficace et que de nombreux autres détectives privés sont prêts à prendre la relève. Sans parler des deuils qui les frappent durement, des irréguliers qui ont pris de l’âge eux aussi… et de Gregson et Lestrade qui eux aussi songent à la retraite pour vivre leur amour tranquillement. Oui oui… eux aussi…

N’est-ce pas un peu trop quand on y pense ? Et bien si c’est trop pour vous, passez votre chemin car vous n’aurez pas fini de croiser d’autres membres du club des messieurs qui préfèrent s’intéresser aux messieurs.

Or donc voilà Holmes et Watson partis se chercher un cottage à la campagne, et à se lier à leurs nouveaux voisins… Mais Mycroft ne les laissera pas pas tranquilles trop longtemps et viendra leur soumettre un « dernier problème » qui s’écartera encore plus fortement de celui que leur proposera le canon.

Voilà en effet que l’autrice expédie nos héros aux États-Unis et qui plus est… sur le Titanic (NB : à défaut de suivre le canon cette fois-ci, l’autrice s’est très bien renseignée sur l’unique voyage du Titanic, sur son architecture et ses services) ! Rien que ça !

Autant dire que ce faisant elle les expédiait à la mort, sachant que peu d’hommes, même des premières classes, ont eu la chance de survivre au naufrage de ce navire !

Personnellement je les aurais plutôt laissés tranquille à faire du miel dans leur petit cottage du Sussex, épicétou ! Or donc, comment vont-ils s’en sortir ? S’en sortiront-ils seulement ? Et dire que Holmes avait pris sa retraite pour préserver son chéri rendu boiteux par ses blessures de jeunesse ! Pourquoi ne s’en sont-ils pas tenus à leur première résolution ?

Ah ben… Parce que sinon le roman aurait été beaucoup trop court et sans trop d’intrigue sans doute ! Élémentaire mon cher lecteur !

Anybref, je ne vous en dirais pas plus, vous laissant un peu de suspens si comme moi vous vouliez aller au bout de cette trilogie…

Mais ce dernier volume m’aura beaucoup déçue car le jeu adroit de réécriture du canon que nous avions pu trouver dans les deux premiers n’est plus de mise, et le placage d’une sexualité adolescente sur deux vieux messieurs en couple depuis des lustres ne me semblera plus assez crédible pour retenir l’indulgence que j’avais eu jusque là pour la transgression majeure à l’égard du canon consistant à mettre Holmes et Watson dans le même lit.

Et vous me connaissez… Quand une erreur persévère jusqu’à la dernière page d’un roman… J’ai bien du mal à me concentrer sur l’intrigue et à le finir.

Il était temps que la série se referme.

Le bureau des affaires occultes – 03 – Les nuits de la peur bleue : Éric Fouassier [LC avec Bianca]

Titre : Le bureau des affaires occultes – 03 – Les nuits de la peur bleue

Auteur : Éric Fouassier
Édition : Albin Michel (31/05/2023)

Résumé :
Paris, 1832. Alors qu’une épidémie de choléra terrifie la population, un tueur décime le quartier de Saint-Merri, poignardant ses victimes avant de leur amputer un organe chaque fois différent.

L’affaire est confiée à Valentin Verne, secondé par sa fidèle Aglaé, désormais membre de son service, et deux nouvelles recrues.

Dans le même temps, Vidocq découvre le moyen de percer l’identité du Vicaire.

Critique :
Hé bien, j’avais oublié comment on se chopait le choléra, ni quels étaient ses symptômes !

Comme le choléra était un personnage important de ce roman, j’ai demandé à wiki d’éclairer ma lanterne qui s’était éteinte… Bon sang, mais c’est bien sur !

On se tape une chiasse de tous les diables, une vidange par les deux opposés, qui mène à la déshydratation et au décès. Le tout causé par de l’eau (ou des aliments) infectés par des déjections.

Dans ce dernier opus du bureau des affaires occultes, on ne perd pas de temps à se tourner les pouces. Des crimes sont commis, on prélève des organes des morts et des savants se font enlever. Valentin Verne et sa fine équipe, que j’ai adorée, vont avoir du pain sur la planche et cette enquête sera difficile.

Le choléra s’est invité, il s’est déjà bien installé dans Paris, faisant des ravages chez les plus démunis et la populace gronde. Les fake news et les rumeurs vont bon train et l’on accuse les bourgeois d’empoisonner l’eau des pauvres, afin de se débarrasser d’eux.

Puisque les bourgeois, comme les rats, quittent la capitale pour la campagne, cela n’aide pas les classes laborieuses à revenir à plus de sérénité. Oui, on se serait cru du temps du covid et des confinements… L’Histoire repasse toujours les plats.

Dans ce dernier opus, le meilleur, selon moi, l’auteur a fait bien mieux que dans les deux précédents. Au moins, il ne nous a plus répété, toutes les 10 pages, que Valentin Verne était beau, mais en plus, il lèvera totalement le voile sur l’identité du Vicaire et sur les petits trucs qu’il y avait derrière. Mes soupçons ont été confirmés.

Pour son enquête, Valentin va recevoir l’aide de Vidocq et sa présence rehausse le niveau du roman, tant j’ai adoré ce personnage historique. Les compères de Valentin ne seront pas en reste non plus et j’aime vraiment sa petite équipe d’enquêteurs.

Même si, dans ce dernier roman, on n’a rien d’occulte, il n’empêche que l’enquête était ardue, pas facile et j’ai eu l’impression que nous étions dans la nuit noire et obscure, tant je ne trouvais pas le mobile et la personne coupable d’assassinats. Valentin s’est cogné contre les murs (au sens figuré), dans cette affaire et moi aussi, je l’avoue.

Par contre, je suis fâchée sur l’auteur, un peu trop bavard, comme beaucoup, et qui annonce, après un rebondissement, qu’il y en aura aucun un autre. Merde, non, faut pas l’annoncer ! On perd le double effet Kiss Cool puisque à cause de cette phrase, j’ai été suspicieuse, sur mes gardes et l’effet voulu a été perdu. Je déteste ça, quand on m’annonce des surprises à l’avance. Dommage. Petit bémol.

Un final qui ne laisse que peu de répit, une lecture que je ne voulais pas arrêter avant d’arriver au truc final et qui m’a fait aller me coucher assez tard.

Les décors sont réalistes, on se croit à Paris en 1832, le choléra et les conneries du pouvoir en place m’a fait penser à celles prises par certains dirigeants que je ne nommerai pas, du temps du covid. Idem avec les docteurs, chercheurs et autres personnes qui pensaient tout savoir, mais qui ne savaient rien. Oui, un roman réaliste et des personnages que je n’avais pas envie de quitter.

Bref, tout ce que j’aime.

Si jamais il y a un quatrième tome du bureau des affaires occultes, moi, je suis partante pour le lire et je pense que Bianca, ma copinaute de LC, ne dira pas non, puisqu’elle a kiffé ce dernier roman autant que moi. Et tout comme Valentin, les autres et moi, elle n’a rien vu venir…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°016].

Les amants de Baker Street – 02 – L’ombre de Reichenbach : Isabelle Lesteplume [Par Dame Ida]

Titre : Les amants de Baker Street – 02 – L’ombre de Reichenbach

Auteur : Isabelle Lesteplume
Édition : MxM Bookmark (13/04/2022)

Résumé :
Les clients se bousculent à la porte du 221B Baker Street. La réputation de Sherlock Holmes ne cesse de grandir, Watson est toujours prêt à partir à l’aventure à ses côtés et leur relation ne s’est jamais mieux portée. Leur bonheur semble complet.

Mais depuis que Holmes a découvert l’existence du Professeur Moriarty, un criminel aussi génial que lui, l’idée de l’arrêter tourne à l’obsession. Un duel sans pitié s’engage entre eux, un duel qui les mènera au bord du précipice…
Et dont personne ne ressortira indemne.

Critique :
Vous le savez, puisque je suis une vieille radoteuse : je n’aime pas, mais vraiment pas les fanfictions qui dans le sillage de la série Sherlock de la BBC jouant sur la dimension homoérotique latente de la relation entre Holmes et Watson (pour faire plaisir au fans à partir de la saison 3) ont fleuri partout sur le net.

De son vivant Doyle avait toujours rejeté les hypothèses d’un lien amoureux entre ses personnages, d’autant que d’un point de vue historique la colocation était fréquente sous le règne de Victoria.

Beaucoup de veuves propriétaires de leur logement, le seul bien qui leur restait après le décès de leur mari, louaient des chambres voire une partie de leur maison à des pensionnaires de mêmes sexes (la mixité n’était pas tolérée) puisqu’à l’époque les
loyers londoniens étaient déjà prohibitifs pour les jeunes actifs célibataires.

C’était tout à fait normal et comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, si tous nos étudiants vivant en collocations s’envoyaient systématiquement en l’air ensemble, il y aurait moins de parents prêts à payer des études à leur progéniture !

Qu’allais-je donc faire alors dans une telle galère ? Puisque l’autrice annonce clairement la couleur dès le titre du premier volume de sa série : Holmes et Watson sont amants.

J’avais lu le premier volume dans l’intention d’en faire une fiche de lecture tirant à boulet rouge sur le concept hérétique et… Je m’étais retrouvée retournée comme une crêpe ! Genre Saul de Tarse, juif orthodoxe qui va persécuter les chrétiens et qui se panne la tronche à dada sur le chemin de Damas et devient trois jours plus tard Saint-Paul, l’organisateur en chef de la foi chrétienne en Occident.

Bon… Je ne deviendrai pas sainte dans l’affaire… Juste un peu moins tolérante (un tout petit peu moins seulement ! Faut pas pousser non plus!) avec les fanfictions faisant dormir Sherlock et John dans les mêmes draps.

Ce n’est pas tant que j’étais convaincue par le personnage de Holmes présenté dans ce pastiche… Évidemment…

Un Holmes sensible au sentiment amoureux… C’est en soi un non sens, non ? Et bien… Dame Lesteplume était parvenue à nous retracer une évolution psychologique presque convaincante de notre détective consultant préféré, pouvant le rendre sensible aux charme attentionné de Watson.

Et, tour de force encore plus magistral, l’autrice s’avérait maîtriser une impressionnante culture du canon, réécrivant certaines des enquêtes les plus connues en y glissant avec une savante subtilité les amours forcément cachées des deux compères.

Même si le principe me dérangeait j’avais dû le reconnaître, Isabelle Lesteplume avait réalisé un travail remarquable.

Et elle continue sur sa lancée avec ce nouveau volume où elle parvient à mêler là encore avec maîtrise les grands piliers du canon et l’évolution des sentiments que Holmes et Watson ont l’un pour l’autre, la façon dont ils s’en débrouillent face à une société qui les enverrait en prison s’ils étaient découverts, et face à leurs proches, dont
certaines n’hésiteront pas à leur servir d’alibis, puisque sans vouloir déflorer l’intrigue, il n’y a pas que les messieurs qui peuvent préférer les personnes de leur propre sexe.

Les deux tomes ne se ressemblent pas puisque d’autres affaires seront traitées, et nos deux amis évoluent dans leur relation… Mais la qualité du travail est toujours là pour qui ne sera pas fâché de les voir s’aimer.

Toutefois… Là encore… C’est un roman de femme qui prête à des hommes des mouvements introspectifs sur les questionnements et sur leurs sentiments, d’une manière que je trouve tout de même assez éloignée de la psychologie masculine telle qu’on la voit généralement se déployer (ou pas d’ailleurs).

Il y a des années j’avais rencontré un jeune homme qui faisait une recherche doctorale de lettres en « gender studies » et qui travaillait sur la dimension genrée de l’écriture. Il partait de l’idée que les hommes et les femmes n’écrivent pas de la même manière, et notamment lorsqu’ils parlent des sentiments de l’autre sexe.

C’était assez intéressant et en lisant ces deux romans d’Isabelle Lesteplume, je retrouve quelque chose des questionnements de cet étudiant dans ce que je trouve peu crédible des tergiversations sentimentales attribuées à nos héros.

Ce volume me semblera aussi un peu plus « chaud » que le premier. L’autrice s’enhardit… Ma mémoire peut me jouer des tours, mais cet opus là me semblera plus explicite que le précédent même si on n’est pas non plus dans le porno gay le plus crû qui soit non plus. Je ne suis pas trop prude mais… Parfois la répétition des situations un
peu olé-olé pourra me lasser légèrement.

Anybref, l’autrice poursuit dans sa lancée et nous offre ici un deuxième volume nous permettant de continuer à explorer l’envers du canon dans une optique où Holmes et Watson évoluent dans l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre tout en développant d’autres liens avec d’autres personnages récurrents et important de l’œuvre de Doyle et en traversant certaines des affaires et péripéties majeures (on parle tout de même du Reichenbach ici et du grand hiatus tout de même !).

Le décor était planté dans le tome 1… et maintenant la tragédie et la romance se déploient !

 

Trahison sanglante – Le dossier Dracula : Mark A. Latham

Titre : Trahison sanglante – Le dossier Dracula

Auteur : Mark A. Latham
Édition : Bragelonne (05/10/2022)
Édition Originale : Sherlock Holmes : A Betrayal in Blood (2017)
Traduction : Arnaud Demaegd

Résumé :
Sherlock Holmes : Le dossier Dracula 1894.

Londres ne parle que de la mort violente d’un noble transylvanien, des mains d’un certain professeur Van Helsing.

Mycroft Holmes demande à son frère Sherlock d’enquêter sur les véritables causes de la mort de Lucy Westenra et du mystérieux aristocrate.

Holmes soupçonne que ceux que l’on acclame comme des héros ne sont pas ce qu’ils paraissent être… et ce qui commençait comme une quête visant à laver le nom d’un homme révèle une conspiration qui entraîne Holmes et Watson dans les montagnes de Transylvanie, jusqu’au sinistrement célèbre château de Dracula.

Critique :
Quels sont les points communs entre Sherlock Holmes et le comte Dracula ? Ils sont tous deux des héros de papier, ils sont devenus ultra célèbres, ont été adaptés de nombreuses fois et sont contemporains l’un de l’autre (quand Harker va chez Dracula) !

La seule différence est que l’ail n’empêchera pas Holmes d’entrer chez vous et que Dracula vous pompera plus vite que les impôts… Et ne vous laissera pas une goutte.

Imaginez un roman dans lequel leurs deux univers se rencontreraient, se télescoperaient… Ça s’est déjà fait, mais dans ces romans-là, le comte Dracula était un vampire, tandis que dans ce roman, Holmes remet en cause tout le dossier que Van Helsing à présenté au tribunal et à la société.

Pour le détective, tout cela n’est qu’une fumisterie destinée à cacher des appropriations de fortunes et des crimes (Dracula et Lucy ont tout de même été épinglés à l’aide d’un pieu en bois et ont eu la tête coupée). Dracula est un être de chair et d’os et non un vampire.

C’est toute l’histoire écrite dans le roman de Bram Stoker que l’auteur va passer au crible afin de démystifier le tout, grâce à un Sherlock Holmes enquêtant minutieusement et relevant les fautes, les erreurs, les mensonges, les magouilles…

Pour une meilleure compréhension, il vaut mieux avoir lu le « Dracula » de Stoker (ou à défaut, avoir vu le film de Coppola), même si ce n’est pas indispensable . L’avoir lu (ou vu) permet de mieux appréhender certains détails. Si vous ne l’avez pas lu, vous comprendrez l’essentiel, pas de panique.

Les personnages de Holmes/Watson sont au plus près des canoniques, même si ce ne seront jamais ceux de Conan Doyle. J’ai apprécié le fait que Holmes ne croit pas une seule seconde à l’existence des vampires et cherche à prouver les mobiles des crimes, ainsi que leur modus operandi.

Sa rencontre avec Van Helsing était un des temps fort du roman, tant ce personnage a tout d’un être hautain et sûr de lui, arrogant (avant de virer au grand méchant caricatural ensuite). Par contre, je n’avais pas compris pourquoi, dans cette version traduite, le Hollandais avait un terrible accent germanique, comme s’il s’était échappé de Astérix chez les Goths (Che zuis zûr)… J’ai compris plus loin.

— Ah, mais déduire est un cheu t’enfant, monsieur Holmes. Obzerver, zupposer… zimples devinettes. C’est une science, oui, mais une science bien paufre qui cherche touchours à dénouer le mystère du moment, plutôt que zelui de l’existence. Les plus grands esprits ne consacrent leur attention qu’aux grands problèmes.

L’avantage du roman, c’est qu’il n’est pas trop long et en 330 pages, l’enquête est pliée, résolue, évitant ainsi que cela ne traîne trop en longueur. Avec Holmes, ça doit aller vite et ne pas s’éterniser sur des pavés de 600 pages. On ne court pas dans tous les sens, Holmes prend son temps, remonte patiemment tous les fils et on aura un peu plus d’agitation sur le final, en Transylvanie.

Tout se goupille bien, le récit est fluide, sans temps mort et cela donne une revisite intelligente du roman de Dracula et une très bonne utilisation du personnage de Sherlock Holmes.

Le bémol sera pour Van Helsing qui, sur la fin, avec sa morgue, ressemblait plus à un grand guignol qu’à un méchant intelligent (à la manière d’un politicien, qui, pris la main dans le pot de confiture, s’évertue encore à pérorer à se croire au-dessus de tout).

Un très bon pastiche holmésien qui fait du bien !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°009].

‭The Corpse Queen : Heather M. Herrman ‬[LC avec Bianca]

Titre : The Corpse Queen

Auteur : Heather M. Herrman
Édition : Fibs (05/04/2023)
Édition Originale : The Corpse Queen (2021)
Traduction : Alison Jacquet-Robert

Résumé :
Un thriller historique sombre et résolument féministe

Alors que sa meilleure amie Kitty vient de mourir dans des circonstances mystérieuses, Molly Green, orpheline de dix-sept ans, découvre l’existence d’une tante dont elle ne savait rien.

Richissime, Ava est disposée à prendre la jeune fille sous son aile… à condition que celle-ci soit prête à en payer le prix. Car Ava a bâti sa fortune en pillant des tombes pour revendre les dépouilles à des étudiants en médecine avides d’apprendre la chirurgie. Et elle veut que Molly l’aide à se procurer les corps.

Or à Philadelphie dans les années 1850, une jeune fille non mariée n’a que peu de perspectives. De plus, Molly est bien décidée à remonter la trace de l’étudiant qu’elle pense être l’assassin de Kitty. Elle accepte donc et découvre son nouveau métier… mais surtout, les leçons d’anatomie du docteur LaValle, qui vont la fasciner.

Mais à cette époque, aucune femme n’est censée étudier pour devenir chirurgienne. Et alors qu’un meurtrier sévit en ville et que la mort de Kitty reste impunie, la poursuite du savoir devient pour Molly une danse… mortelle.

Critique :
Girls power ! Oui, mais c’est plus facile de le crier en 2023 qu’en 1850. Même si ce n’est pas toujours facile pour les femmes, en 2023, c’était encore plus difficile pour celles de 1850 qui devaient toujours appartenir à un homme (père, mari ou frère).

Alors, quand Molly Green, une jeune fille de 17 ans décide de devenir chirurgienne, dans un monde uniquement composé de mecs, on ne peut pas dire qu’elle va susciter l’engouement et les hourra de ceux qui possèdent des baloches.

Ce thriller historique qui sent bon le féminisme avant l’heure, est assez gore, délicieusement macabre (comme indiqué sur sa couverture) et une fois entamé, il se lit assez vite (trop vite ?). Même si j’ai sauté un passage, celui avec Molly Green qui va tenter de remettre un siège dans le bon sens (les lecteurs comprendront et les femmes aussi). Gloups…

Les personnages sont bien esquissés, sans que l’autrice ait eu besoin d’en rajouter pour les étoffer. Ce qu’elle nous donne est suffisant pour que l’on s’attache à eux et les chapitres avec une personne emprisonné rajoute du mystère aux corps démembrés de femmes que l’on retrouve semées un peu partout dans Philadelphie.

Molly Green va tenter de mener l’enquête et d’entrer dans le cercle des jeunes apprentis médecins qui bossent sur les corps que des « résurrectionnistes » leur apporte (je ne dirai pas plus).

Effectivement, pour avancer dans l’étude du corps humain, il faut pouvoir en explorer, même si on aimerait que la médecine, la science, la chirurgie, ne doivent pas s’avilir pour avancer (vœu pieu). Je ne vous ferai pas de dessins, l’Histoire parle pour moi.

Le personnage de Molly Green est assez fort, même si, durant un petit moment, elle aura des réactions d’ado puérile… Bon, à 17 ans, je ne pense pas que j’aurais eu les épaules assez solides pour faire tout ce qu’elle fait… Et je devais avoir les mêmes réactions débiles. Heureusement, elle arrive à se reprendre ensuite.

L’ambiance un peu gothique de ce thriller historique est bien rendue, on frissonne, on regarde derrière son épaule, espérant ne pas croiser un certain Dentiste ou le serial killer qui se balade avec un couteau aiguisé. Tueur en série qui ne deviendra jamais le fil conducteur du roman (n’espérez pas une enquête poussée ou une chasse au tueur).

Un thriller historique, sur fond de misère sociale et de classes aisées (la fracture est grande) où pour avancer dans la médecine, certains sont prêts à oublier leur conscience, à déshumaniser les corps, afin de réaliser des expériences (sur les gens morts), quitte à donner un coup de pouce au destin…

Un thriller historique qui m’a scotché sur la fin, me donnant l’impression qu’une boule de bowling m’a renversé. Je n’avais rien vu venir, ou du moins, j’étais à côté de mes pompes.

Une LC réussie de plus avec ma copinaute Bianca. C’était délicieusement macabre, un poil gore, avec des vrais morceaux de féminisme et foutrement bien réussi. (3,75/5)

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°007].

Frère Athelstan – 10 – La Taverne aux oubliés : Paul Doherty / Paul Harding

Titre : Frère Athelstan – 10 – La Taverne aux oubliés

Auteur : Paul Doherty / Paul Harding
Édition : 10/18 Grands détectives (2007)
Édition Originale : The House of Shadows (2003)
Traduction : Christiane Poussier et Nelly Markovic

Résumé :
Au coeur du quartier le plus mal famé de Londres où officie tant bien que mal frère Athelstan, « La Nuit de Jérusalem » est une taverne où escrocs, tire-laine, gueuses et fiers-à-bras aiment à se retrouver pour festoyer.

Mais lorsque trois meurtres sont commis au beau milieu de la grande chasse aux rats annuelle, l’endroit devient soudain beaucoup moins attirant ! Les victimes : un pauvre hère pris pour un autre et deux prostituées.

Or, les jeunes femmes étaient les filles de Guinevere la blonde, célèbre catin disparue vingt ans auparavant dans des conditions mystérieuses…

S’il veut retrouver la quiétude de son église de St Erconwald, frère Athelstan, secrétaire du coroner de Londres, devra plonger dans le passé et faire face à des secrets bien gardés…

Critique :
« The House of Shadows » (titre en V.O) n’a rien à voir avec la chanson « The House of Rising Sun » (The Animals), parce que la première est une taverne où tous les escrocs de Londres se retrouve pour ripailler, tandis que la seconde était une maison de jeux.

Malgré tout, toutes les deux sont des maisons de perdition. Et dans la taverne « La Nuit de Jérusalem » (The House of Shadows), il va y avoir des meurtres : un rouquin, deux prostituées et ensuite, plusieurs autres. Oui, on meurt beaucoup !

La bouffe n’est pas en cause, les boissons non plus. Par contre, les épées, poignards, pièges à loup, seront cités à comparaître.

Londres, en 1380, était mal famée, sale, puante, malodorante, remplie de gens louches, de voleurs, d’assassins, de tire-laine et j’en passe. La parcourir, en compagnie de Frère Athelstan et du coroner Sir John Cranston, n’est jamais une partie de plaisir, même si j’aime les retrouver régulièrement. Heureusement, les livres ne sont pas en odorama. Et puis, du fond de mon fauteuil, je ne risque pas grand-chose…

On ne lira pas cette série pour avoir des polars historiques rythmés, mais pour le côté historique bien rendu, pour l’immersion dans la ville Londres plus vraie que nature et pour le côté politique qui règne en cette époque (sans que cela soit trop prégnant).

L’auteur connait son Histoire sur le bout des doigts et sait comment la mettre en scène à l’aide de petits détails qui vous plongeront dans le grand bain : nourriture, lexique de l’époque (mais on comprend tout), habillement, décors, personnages secondaires ou ceux qui ne font que passer, prisons, justice, exécutions, religion, mœurs,…

Sans jamais devenir lourd, l’auteur incorpore ces ingrédients dans son récit et cela donne un plat bien cuisiné, bien équilibré. Aucun ingrédient ne prend le pas sur les autres.

Pour la résolution des meurtres, une fois encore, notre frère Athelstan va faire fonctionner ses petites cellules grises, faire des déductions, ne digne fils qu’il est de Poirot, Holmes et Columbo (oui, ils s’y sont mis à plusieurs).

Attention, il est à noter que le frère Athelstan est vêtu de la bure des Dominicains, pas d’un imper froissé ou d’un costume de Savile Row.

D’habitude, dans les romans, il y a trois enquêtes, dont une qui semble être minime, mais qui ne l’est jamais. On change un peu dans ce dixième tome, puisqu’on a un cold case et des meurtres tout frais, mais pas de petits mystères sur le côté.

Mon flair était aux abonnés absents, car je n’ai pas trouvé la personne coupable, ni le truc dans l’astuce, ou l’astuce dans le truc. Sur le coup, je me suis bien faite balader et j’ai ouvert grand ma bouche à la fin. Bien joué !

Une fois de plus, un polar historique agréable à lire, une plongée totale dans le Londres de 1380, un duo qui marche du tonnerre, des petites répliques amusantes, des morts qui se ramassent à la pelle et un récit qui se lit avec plaisir et qui vous transporte dans le temps.

#lemoisanglais

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°235] et Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°37].

La veillée de Noël / Jack l’éventreur : Anne Perry

Titre : La veillée de Noël / Jack l’éventreur

Auteur : Anne Perry
Édition : Pocket – Langues pour tous (2017)
Édition Originale : The Watch Night Bell, Jack (1996)
Traduction : Jean-Pierre Berman

Résumé :
La Veillée de Noël
C’est une jeune femme tremblante et angoissée que le célèbre détective Sherlock Holmes reçoit dans son bureau du 221b Baker Street. Un meurtre va être commis chez elle durant la veillée de Noël et il est le seul à pouvoir l’empêcher.

Jack l’Éventreur
Depuis plusieurs mois, Jack l’Éventreur sème la terreur dans le quartier de Whitechapel. Et, si les prostituées paniquent en se demandant : serai-je sa prochaine victime ?, les femmes de bonne condition, elles, tremblent en osant à peine penser : serais-je son épouse ?

Critique :
Deux nouvelles composent ce roman bilingue, que j’ai trouvé, par hasard, dans une bouquinerie (bénies soient-elles). Sur les pages de gauche, le texte en anglais, des traductions de mots dans le bas de page et sur les pages de droites, le texte en français.

Oui, cela ne fait pas beaucoup à lire, mais la nouvelle avec Sherlock Holmes a tout d’une vraie.

Holmes et sa misogynie incarnée… Lui qui devait considérer les femmes comme sujettes à leurs émotions, leurs hormones et être bienheureux de ne pas en avoir une.

Merci, Sherlock, mais sur ce coup-là, tu as encore à apprendre et surtout à observer ! TOUTES les femmes n’étaient pas comme tu le pensais et hélas, pour leur défense, étaient tenues aux obligations de leur sexe, en cette époque victorienne.

Non, je ne ferai pas le procès de Holmes, c’est un personnage de papier. Mais la nouvelle qui le met en scène était brillante, même si j’avais compris assez vite qui était coupable, et bien avant le célèbre détective, na !

L’autre nouvelle se déroule en 1888, durant la période où Jack jouait à l’Éventreur et faisait peur aux pauvres gens habitant dans le quartier de Whitechapel. Cette fois-ci encore, l’autrice dénonce la misogynie, la phallocratie et ces hommes qui considéraient qu’une femme ne devait pas lire le journal. Lire, ce n’est pas bien !

La suspicion règne chez tout le monde et Gwen, étouffée par le caractère assez exigeant de son mari, va tenter de trouver un moyen pour arrêter de se faire rabaisser par lui, tout le temps.

Le bémol pour cette nouvelle, c’est qu’elle se termine un peu trop abruptement et que l’on ne sait pas trop comment les flics ont trouvé ce qu’ils ont trouvés… Il manque quelques explications.

#lemoisanglais

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°230] et Le Mois Anglais, chez Lou et Titine – Saison 12 – Juin 2023 [Fiche N°30].