Titre : Sherlock vs Chtulhu – 01 – Les dimensions mortelles
Auteur : Loïs H. Gresh
Édition : Ynnis (08/01/2020)
Édition Originale : Sherlock Holmes vs. Cthulhu : The Adventure of the Deadly Dimensions (2017)
Traduction : Thomas Bauduret
Résumé :
Face à l’horreur indicible, l’esprit de déduction le plus brillant de tous les temps atteint ses limites.
Une série de meurtres macabres et terrifiants secoue Londres. Sur les lieux du crime, il ne reste rien d’autre qu’un tas d’ossements ainsi qu’une étrange sphère en os, sur laquelle des symboles arcaniques semblent avoir été gravés.
Le fils de la dernière victime demande l’aide de Sherlock Holmes et du docteur John Watson. Tous deux tentent alors de découvrir le fil conducteur qui pourrait unir les assassinats et confondre leurs responsables.
Mais à mesure qu’ils progressent dans leur enquête, la logique si chère au célèbre détective de Baker Street semble s’évaporer un peu plus au profit de l’inconcevable, à l’image de cette terrible machine tueuse que d’aucuns prétendent « vivante », ou des membres de cet « Ordre de Dagon », dont les cultes et rituels rivalisent de ferveur et d’horreur…
Et pour cause : que reste-t-il une fois qu’on a tout éliminé, y compris l’improbable ?
Critique :
Depuis longtemps, Sherlock Holmes est mis à toutes les sauces et affronte toutes sortes de créatures fantastique, comme si les meurtriers ordinaires ne lui suffisait pas.
Pourtant, ne disait-il pas que « Les crimes sont communs, la logique est rare. C’est donc sur la logique plutôt que sur les crimes que vous devez appuyer » ? (Les hêtres pourpres)
Le voici donc une nouvelle fois aux prises avec la sale bête de Lovecraft comme dans la trilogie de trilogie de James Lovegrove.
Dans le premier tome de la trilogie de James Lovegrove, j’avais ronchonné sur le fait que l’auteur n’amenait pas la rencontre entre Holmes et le côté éthéré de la meilleure manière, que ça manquait de réalisme, que c’était arrivé bien trop vite et de manière totalement inattendue.
Ici, c’est tout le contraire puisque c’est trop long ! Oui, jamais contente… Mais sur un récit de 480 pages, amener les créatures de la mer vers la page 400, ça donne des préliminaires vachement trop longs !
Les 200 premières pages se lisent vite, il y a du rythme, du mystère, Holmes cherche une explication logique sans vraiment la trouver et le lecteur ricane car lui, il sait de quoi il va retourner puisque le titre est assez explicite et qu’en plus, il a déjà croisé la route de la sale engeance qui dort dans la cité sous-marine de R’lyeh.
Malgré un bon rythme dans la première moitié du roman, mes plaintes seront pour les personnages de Holmes et Watson que je n’ai pas vraiment appréciés car je ne les reconnaissais pas.
Watson est geignard et nous rappelle sans cesse combien il aime amoureusement son épouse Mary, combien il aime Samuel, son gamin, né prématurément et les difficultés qu’ils ont eu pour le concevoir. Au bout de la 36 fois, on commence à saturer de la redondance.
Quant à Holmes, c’est un homme froid, je sais, qui ne montre pas ses émotions, ou alors, fugacement, mais ici, il a l’air de se foutre du sort du bébé de Watson comme de sa première paire de chaussettes. Plusieurs fois il y aura danger pour la femme et l’enfant de Watson et Holmes ne prendra même pas la peine de rassurer son ami, blessé, sur le sort des deux personnes les plus importantes pour lui. Cela ne lui rassemble pas.
Holmes fait prendre à son ami des risques énormes en toute connaissance de cause, hors dans le canon, il a toujours répugné à mettre son ami en danger et ne le faisait que parce que pas d’autre choix. La preuve avec cet extrait du « Ruban Moucheté’ et des « Trois Garrideb ».
— Savez-vous bien, Watson, dit Holmes, tandis que nous étions assis tous deux dans l’obscurité qui commençait, que j’éprouve quelques scrupules à vous emmener ce soir. Il y a nettement un élément de danger.
— Puis-je vous être utile ?
— Votre présence peut être inappréciable.
— Alors, c’est réglé, je viendrai…
— C’est très gentil de votre part.
— Vous n’êtes pas blessé, Watson ? Pour l’amour de Dieu, dites-moi que vous n’êtes pas touché !
Cela valait bien une blessure, beaucoup de blessures, de mesurer enfin la profondeur de la loyauté et de l’affection qui se cachaient derrière ce masque impassible ! Pendant un moment je vis s’embuer les yeux durs, et frémir les lèvres fermes. Pour la première fois de ma vie, je sentis battre le grand cœur digne du grand cerveau. Cette révélation me paya de toutes mes années de service humble et désintéressé. […]
— …Cela vaut mieux pour vous. Si vous aviez tué Watson, vous ne seriez pas sorti vivant de cette pièce. A présent, mon-sieur, qu’avez-vous à nous dire pour votre défense ?
Il est normal qu’un auteur qui reprend des personnages d’un autre en change un peu l’essence, qu’il les façonne à sa manière à lui, mais il ne faut pas changer la nature profonde de ces personnages et les rendre insensibles alors qu’ils peuvent l’être brièvement ou les rendre casse-pieds alors qu’ils ne le sont pas en vérité.
L’inconvénient de ce livre, c’est la seconde moitié. Elle est trop longue, il y a d’autre intervenants dans le récit de Watson et j’ai ai sauté plusieurs tellement ça me pompait l’air. Trop is te veel ! Trop de digressions tuent le récit, le font sombrer, s’enliser et à force d’être trop verbeux, on perd l’attention du lecteur.
De plus, Holmes a beau avoir des preuves sous ses yeux qu’une entité fantastique d’un autre-monde est intervenue, il refuse de voir alors que lui même disait que « Lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité ».
La trilogie de Lovegrove était montée en puissance au fil des tomes, peut-être que le tome 2 de cette nouvelle trilogie me plaira plus que ce premier tome qui n’est pas parvenu à me convaincre.
Dommage parce que les 200 premières pages s’étaient bien déroulées, hormis mes rouspétances sur les personnages de Holmes/Watson qui n’étaient pas comme je les aime d’habitude.
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°XX].