Holly : Stephen King

Titre : Holly

Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (28/02/2024)
Édition Originale : Holly (2023)
Traduction : Jean Esch

Résumé :
Êtes-vous prêt à franchir la porte du 93 Ridge Road ?

Dans une jolie maison victorienne d’une petite ville du Midwest, Emily et Rodney Harris, anciens professeurs d’université, mènent une vie de retraités actifs. Malgré leur grand âge, les années semblent n’avoir pas avoir de prise sur eux.

À quelques pas de leur demeure, on a retrouvé le vélo de Bonnie Dahl, récemment disparue. Elle n’est pas la première à se volatiliser dans ce périmètre. Chose étrange : à chaque fois, il s’agit de jeunes gens.

Quels secrets inavouables cachent les murs tapissés de livres des époux Harris ?

Sur l’insistance de la mère de Bonnie, Holly Gibney accepte de reprendre du service. Elle est loin d’imaginer ce qui l’attend : une plongée dans la folie humaine, là où l’épouvante n’a pas de limite.

Avec ce nouveau chef-d’œuvre, on retrouve un Stephen King au sommet de l’horreur, et son enquêtrice Holly, célèbre héroïne de la trilogie Mr Mercedes et de L’Outsider.

Critique :
Ce nouveau roman du King ne comporte pas de monstres planqués sous le lit ou dans un caniveau, et pourtant, je me demande si les Méchants de ce thriller ne sont pas pires qu’un Grippe-Sou (le clown dans ÇA) !

Lorsqu’on a affaire à un monstre issu du monde fantastique, on peut se consoler en se disant qu’il ne fait pas partie des humains. Mais lorsque l’on a des assassins qui font partie de notre monde, font partie de l’élite, moi, ça me fout encore plus les chocottes !

Et ces deux-là sont gratinés ! Abjects, effroyables, sadiques, machiavéliques et brisant un des tabous de nos sociétés (que je peux comprendre dans certaines situations extrêmes, comme sur un radeau ou après un crash d’avion, mais pas ici). Sûr que ça vous coupera l’appétit !

Comme dans un bon vieil épisode de Columbo, nous saurons directement qui est responsable des enlèvements, puisque le roman commence avec cet épisode. Après ce retour dans le passé, le récit alternera ensuite entre l’année 2021 (et son putain de Covid) et des événements qui se sont produits quelques années auparavant.

Diabolique mise en scène, je trouve, parce que la tension a monté tout de suite, avant de redescendre et de jouer au yo-yo durant plus de 500 pages. Le King me tuera un jour, mais je ne lui en voudrai pas, j’aime qu’il joue avec mes nerfs.

Quel couple, les Harris ! Tiens, le King aurait-il voulu faire un clin d’œil à un autre auteur américain portant ce même nom et père littéraire d’un méchant phénoménal, qui m’avait foutu les chocottes aussi (mais en pire, il était infiniment plus cynique, lui) ? Lui seul le sait…

Il faut du talent, pour faire tenir une enquête sur la disparition d’une jeune fille durant plus de 500 pages, mais le King le possède, en plus du souffle pour tenir la distance et il a étoffé l’enquête d’Holly avec d’autres disparitions suspectes et des petites histoires qui arrivent à ses personnages principaux que sont Holly, Jérôme et sa sœur Barbara.

L’ami Stephen a, une fois de plus, inséré ses peurs (maladie, vieillesse, dégénérescence de la mémoire) et ses avis personnels, notamment sur le mec à la cravate rouge et perruque orange (encore un grand méchant qui me fait peur), sur les antivax et les complotistes qui ne croient pas à l’épidémie de covid-19, sans oublier les flics, tous racistes et assassins de pauvres types qui n’avaient rien fait qu’avoir un feu rouge de cassé.

Alors oui, je suis d’accord avec une partie (le racisme tue !), mais un peu plus de nuance n’aurait pas fait de mal, parce que non, je refuse de croire que TOUS les flics américains sont des salauds de racistes assassins et que toutes les personnes, qui ont refusé les vaccins, étaient des antivax ou des complotistes. On peut avoir peur des vaccins, on peut se poser des questions et ce manichéisme était un peu facile (et indigne d’un auteur tel que le King).

Et puis, il y a Holly… Personnage que j’avais adoré dans la trilogie de Mr Mercedes, dans Outsider et dans la nouvelle qui lui était consacrée dans « Si ça saigne ». Un personnage que j’adore. Dans ce roman, elle est au premier plan, et elle n’arrive pas après la fête, comme dans Outsider.

Elle méritait bien ça, même si le King ne va pas l’épargner et la laisser un peu se perdre dans des considérations, notamment, sur sa dépendance à la clope, sur les drogues, sur sa mère (qui a dépassé toutes les bornes, je suis d’accord). Holly est intelligente, mais elle mettra plus de temps que Columbo pour résoudre cette affaire, qui n’était pas simple, faut bien le dire. Les auteurs étaient insoupçonnables.

Anybref, j’ai adoré ce nouveau roman du King, même s’il est différent de son fond de commerce habituel : le fantastique. L’horreur est présente, mais ça va encore, j’ai connu des passages plus dégueu que ceux que j’ai lu dans son roman et ses méchants foutent moins les chocottes qu’un Gripe-Sou (ÇA) ou que le mec à la moumoute orange (lui, c’est le haut du panier, avec ses potes Vlad, Kim et consorts).

Un roman plus policier que fantastique, plus terre à terre et qui peut être lu indépendamment des autres romans, mettant en scène Holly, même si, entre nous, ne pas les lire serait une erreur, car vous louperiez du grand King (et dans le fantastique, là) !

Un roman qui m’a refait penser aux années Covid, aux comportements débiles de certains, aux peurs des uns et des autres, aux questionnements que j’avais et sur le fait que je ne savais plus toujours sur quel pied danser. Lisez-le, nom d’une pipe !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°151]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°38.

Civil War – 02 – Vendetta : Ron Garney & Joe Michael Straczynski

Titre : Civil War – 02 – Vendetta

Scénaristes : Joe Michael Straczynski et Marc Guggenheim
Dessinateur : Ron Garney et Humberto Ramos

Édition : Panini Marvel Deluxe (2008)
Édition Originale :
Traduction : Nicole Duclos, Sophie Viévard et Laurence Belingard

Résumé :
L’univers Marvel est en train de changer suite à une terrible tragédie, le congres des États-Unis propose que les surhumains dévoilent leur identité officielle en se démasquant devant les membres du gouvernement.

Les plus grands champions de la nation sont divisés. ils doivent prendre chacun cette décision en leur âme et conscience, une décision qui pourrait bouleversera jamais le cours de leur existence.

Critique : 
Ayant pris du retard sur ce méga cross-over de Marvel, je m’y suis remise avec un peu plus de rigueur.

La première histoire, consacrée à Spider-Man et son coming-out : il enlevé sa cagoule et donné son identité devant tout le monde, puisque la loi de recensement est passée et qu’il est obligatoire.

Ce que j’ai aimé, dans cette partie, c’est le parallèle qui est fait entre le recensement et les régimes fascistes, car, tout comme eux, le choix n’est pas possible : tu adhères ou tu seras pourchassé, tes comptes gelés, ta famille emmerdée…

Comme lors d’un conflit, vous devez choisir un camp et espérer que vous avez fait le bon choix. Si Peter Parker Spider-Man est, au départ, sûr d’être du bon côté, après avoir vu la prison dans laquelle on a enfermé les super-héros qui n’étaient pas d’accord (sans procès !), commence à se poser des questions et à penser rejoindre la résistance.

Cet épisode ne manque pas de profondeur et on éveillé des échos en moi, me faisant penser à ces prisons, hors d’un état, où des gens sont emprisonnés, sans qu’il y ait eu de procès et qui peuvent être torturés (l’enfermement est une torture).

Si on comprend que la population ait envie de savoir qui se cache derrière les masques des super-héros, on comprend que ces derniers n’aient pas envie de divulguer leur identité, qu’ils soient des méchants ou des gentils. Je ne sais pas quel camp choisir, mais une chose est sûre, la manière dont se déroule le recensement n’est pas saine, pas éthique. C’est clairement de l’injustice et on sent que certains en profitent, de ces bagarres entre mutants.

Ce sera l’objet de la seconde partie, avec Wolverine, qui va mener son enquête et ce ne sera pas facile, même s’il est le meilleur dans sa partie. Si cette partie est hyper intéressante, j’ai détesté les dessins de Humberto Ramos qui transforment Wolverine en espèce de bourrin qui a un visage de cro-magnon (et une horrible silhouette).

Ce qui a foutu en l’air toute cette partie, alors que le scénario était des plus intéressants et qu’il mettait en scène un des X-Men et non un de l’écurie des Avengers. Et j’aime le personnage de Wolverine (surtout quand il est joué par Hugh Jackman), son animalité, son côté asocial,… Bref, le dessinateur a saqué mon plaisir de retrouver Serval.

Ce qui est bête, car cette seconde partie mettait en scène les sociétés qui se foutent plein de pognon dans leur poche, lors d’un conflit et qu’elles pourraient aussi jeter de l’huile sur le feu pour que les combats continuent et qu’ils puissent encore se faire des montagnes de fric… Et quand Wolverine enquête, c’est violent ! Autrement que lorsque c’est Holmes, Poirot ou Columbo…

Anybref, un excellent deuxième tome au niveau du scénario et des dessins foireux (ce n’est que mon avis) dans la deuxième moitié de l’album, ce qui a tout déséquilibré, surtout que j’avais eu de quoi ravir mes petits yeux dans l’épisode avec Spider-Man et Iron Man…

La perte de cotation est uniquement due à ces dessins qui ont fait saigner mes petits yeux de groupie…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°149]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°37.

A History of Violence : John Wagner et Vince Locke

Titre : A History of Violence

Scénariste : John Wagner
Dessinateur : Vince Locke
Édition Originale :A history of violence (1997)
Traduction : Alex Nikolavitch

Édition : Delcourt- Contrebande (2005)

Résumé :
Un bled perdu des Etats-Unis. Un de ces coins où personne ne s’arrête jamais. Une communauté formée d’un ensemble de citoyens biens propres moralement et bien gentils. Des gens sans histoire, quoi… Jusqu’au jour où le tenancier d’un snack met en fuite ses agresseurs.

Un fait divers. Tout simple normalement. Mais qui va valoir une belle renommée à ce père de famille bien courageux. Mais cette soudaine publicité faite autour de sa personne ne lui plaît guère. Peut-être parce qu’il ne veut pas de statut quelconque ?… Ou bien parce qu’il a quelque chose à cacher par rapport à son passé ?.. Passé dont personne d’ailleurs ne sait grand chose.

En tout cas, certains citoyens de « la grande ville » semblent s’intéresser à notre « héros » et paraissent -eux- bien le connaître. Le hic c’est que ces hommes venus de New York appartiennent à la Mafia. Et ils aimeraient bien remettre la main sur un ancien sale gosse qui a cru qu’il était possible de s’attaquer à « la pieuvre » sans en payer les conséquences…

Critique :
Ce comics m’avait fait de l’oeil à cause de son titre : une histoire de violence. Paraît même qu’on ne avait fait un film, avec l’acteur Viggo Mortensen…

N’ayant jamais vu le film de David Cronenberg, je lui ai préféré le comics (286 pages).

Les dessins, en noir et blancs, ne m’ont pas plu du tout. Ils sont esquissés comme s’ils étaient griffonnés, ce qui n’est pas le plus beau spectacle pour les yeux. Mais tout est ultra lisible.

Par contre, le scénario, lui, est prenant au possible et j’ai lu une partie presque sans respirer, l’adrénaline pulsant à plein pot, tant le suspense était prenant, angoissant.

Pourtant, le scénario n’a rien d’original : Tom McKenna se défend contre deux braqueurs, devient la star locale et un vieux mafiosi vient le voir parce qu’il lui fait penser à quelqu’un qu’il a bien connu et à qui il voudrait donner un chien de sa chienne (et surtout se venger en le tuant).

Ceci n’est pas un comics pour les enfants, c’est noir, violent, testostéroné à fond, avec des armes à feu qui aboient et qui crachent des balles qui font des trous dans des corps et qui tuent, même si l’on ne pleura pas les gangsters. Attention, certaines scènes sont assez… glauques et ultra violente ! La tronçonneuse, ça fait des dégâts.

Le personnage principal, Tom McKenna est mystérieux au possible et durant un moment, on n’est pas sûr qu’il est bien le Joey recherché, même si le suspense n’est pas dans cette interrogation, mais ailleurs.

McKenna est un personnage ambigu, le seul qui n’est pas manichéen. Les méchants sont super méchants, sans nuances aucune, l’un d’entre eux étant même au-dessus du lot en ce qui concerne la méchanceté. Pourquoi est-il si méchant ? Parce que…

Mon petit point d’achoppement, c’est pour la réaction de l’épouse de Tom McKenna, notamment lorsqu’elle apprend le passé de son mari. Tranquille, madame. Ce n’est pas grave… Ben si, tout de même que c’est grave ! On dirait qu’elle vient d’apprendre que son mari, quand il était jeune, a volé une barre de chocolat au supermarché !

Dommage que certains personnages importants soient aussi lisses, sans épaisseur aucune et que d’autres soient un peu stéréotypés (les mecs de la mafia).

Hormis ce bémol, le comics se lit d’une traite, tant le suspense est à couper au couteau et que les péripéties s’enchaînent pour la petite famille de Tom McKenna. La dernière case est un soulagement, quand elle arrive, tant elle m’a libérée de ce stress que j’ai ressenti lors de ma lecture. J’allais pouvoir reprendre une vie normale.

Un comics noir et blanc, ultra violent, très sombre, où je conseillerais aux âmes sensibles de passer leur chemin (ou de le lire à leurs risques et périls). Bon, au moins, les lecteurs ne risquent pas de se prendre une bastos dans le buffet !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°145]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°36.

 

Sale temps pour les braves : Don Carpenter

Titre : Sale temps pour les braves

Auteur : Don Carpenter
Édition : Cambourakis (2023)
Édition Originale : Hard Rain Falling (1964)
Traduction : Céline Leroy

Résumé :
Abandonné dès sa naissance en pleine crise de 1929, Jack Levitt traîne ses airs de mauvais garçon et ses pulsions meurtrières dans la grisaille de Portland.

Empoisonné par l’amertume qui fait bouillir son sang, Jack suit depuis toujours le parcours d’isolement que la société a prévu pour lui. Après l’orphelinat, la maison de correction ; après la prison du comté, la prison d’état. Jack a vingt-six ans quand il sort de San Quentin.

Affranchi par la connexion qui l’a uni à son codétenu Billy Lancing, Jack tentera de se libérer de la solitude de la vie, son ennemie de toujours, à travers l’aventure conjugale et la paternité. Mais là encore, la liberté est hors de portée.

Critique :
Les qualificatifs étaient des plus élogieux pour ce roman, alors, je me suis laissée tenter… Là aussi, ce fut une lecture en forme de montagnes russes.

Ce que j’ai le plus apprécié, c’est le côté hard-boiled du roman : les personnages de petites frappes, de loosers, de mauvais garçons qui passent leur temps à jouer aux cartes, au billard, au snooker et à monter des mauvais coups, plutôt que d’aller bosser.

Jack Levitt abandonné à sa naissance, ses parents avant la page 30, n’a pas eu de chance. Il traîne avec son ami, Denny Mellon et ils vont croiser la route de Billy Lancing, un jeune noir surdoué au billard… et ensuite, aller de galère en galère.

Ceci est un vrai roman noir, pur et dur, noir comme un café, sombre, violent, rempli d’injustices et de descriptions des maisons de corrections et des prisons américaines, où notre Jack Levitt sera incarcéré.

L’injustice de la justice est flagrante et elle est à plusieurs vitesses : une pour les pauvres, une pour les Noirs, une pour les WASP. Devinez qui s’en sort le mieux ?

Ce roman noir parle très bien de la société américaine des années 30 (grande dépression) en passant par celle d’après-guerre et allant jusqu’au aux années 60, en abordant plein de sujets, dont le racisme. Oui, durant une grande partie de ce roman, j’ai passé un bon moment et j’ai apprécié l’histoire d’amour contrariée de Jack. C’était inattendu.

Hélas, ce qui a ralentit la lecture, ce sont les descriptions des parties de billard, de snooker, avec des tas de termes qui ne feront plaisir qu’aux connaisseurs et pas à la lectrice lambda qui sait juste que les balles doivent aller dans un trou. Me demandez pas plus.

Malgré tout les bons points de ce roman, je n’ai pas vraiment frémi durant ma lecture et à un moment donné, j’ai même décroché. Il y a des choses qui ne s’explique pas vraiment.

Un roman sombre, démoralisant et désespéré. Ne cherchez pas de la lumière, vous n’en trouverez pas.

Un roman d’apprentissage, celui d’un jeune garçon devenu jeune homme, un laissé pour compte, un paumé qui ne sait pas quoi faire de sa vie (hormis voler, baiser, boire, s’amuser), sachant très bien que la malédiction a pesé sur lui dès sa conception et que jamais il ne pourra sortir de sa condition, dans cette Amérique qui vend de la poudre aux yeux en vous parlant que tout est possible. Oui, pour quelques uns…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°138] et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°30).

Batman (Renaissance) – 01 – La Cour des Hiboux / 02 – La Nuit des Hiboux : Scott Snyder et Greg Capullo

Titre : Batman (Renaissance) – 01 – La Cour des Hiboux / 02 – La Nuit des Hiboux

Scénariste : Scott Snyder
Dessinateur : Greg Capullo

Édition : Urban Comics DC Renaissance (2012)
Édition Originale : Batman, book 1: The court of Owls (2012/2013)
Traduction : Jérôme Wicky

Résumé :
Après une longue période d’absence, Bruce Wayne est de retour sous le masque de Batman, à la poursuite d’un mystérieux tueur en série aux allures de hibou, et dont la prochaine cible n’est autre que…

Bruce Wayne. Plus il progresse dans son enquête, plus le Chevalier Noir rassemble d’éléments sur les motivations de son ennemi. Il découvre alors une sombre vérité mêlant la famille Wayne aux fondations troubles de Gotham City.

Critique :
Lorsque Batman joue au détective, j’adore ! Direction Gotham, LA ville du justicier, SA ville, qu’il se targue de connaître sur le bout des doigts. T’en es bien sûr, Batman ?

Eh bien non, notre chauve-souris ne connait pas tout de sa ville, la preuve, il n’était pas au courant de l’existence de la Cour des Hiboux, celle de la comptine, mais qui, apparemment, existe aussi dans la réalité.

La première chose qui vous happe, dans ce comics, ce sont les dessins : sombres, précis, détaillés (sauf pour certains visages). Greg Capullo a un bon coup de crayon, il sait y faire et donner vie à la terrible ville de Gotham.

Quand au scénariste, Scott Snyder, ce n’est pas un branquignole non plus. Sa saga American Vampire était plus que terriblement géniale.

Dans ce diptyque, notre justicier masqué va en baver, souffrir, ne plus savoir à quel saint se vouer, revenir en lambeaux, en miettes, cassé, abattu,… Si vous aimez Batman, vous allez souffrir pour lui.

Bref, ce premier tome, c’est de la balle, Batman mène une enquête, s’en prend plein la tronche et le lecteur ne sait plus si la cour des hiboux est une légende ou une réalité.

Batman lui-même aura bien du mal dans cette aventure. Je pense à un passage en particulier, où l’on ne sait pas trop s’il fait un délire ou si tout est réel et où le dessinateur, afin de renforcer cette idée de confusion, nous offrira quelques pages à l’envers ou sur le côté.

Entre nous, il aurait pu s’en passer, cela a rendu la lecture difficile. Mais dans l’ensemble, le premier tome est un 4 étoiles, que ce soit pour le scénario ou pour les dessins, les décors, les couleurs. C’est un bel album !

Le tome 2 est donc la suite du premier, ce qui est logique, vous me direz et dans celui-ci, le voile va se lever sur la Cour des hiboux et sur celui qui en veut autant à Batman. Enfin, qui en veut autant à Bruce Wayne, avant qu’il ne se rende compte que Bruce et Batman ne font qu’un.

Scènes de batailles, de bagarres, de baston, Batman va devoir sortir le grand jeu et finira mal en point, avec plein de bobos (on aurait envie d’aller le soigner, le dessinateur lui a fait un beau visage).

Les révélations sont fortes, violentes, incroyables, même Bruce a du mal à y croire, tout comme nous, d’ailleurs. Mais au moins, elles étaient fracassantes. Ensuite, on dirait que l’auteur ne veut pas assumer ce pavé dans la mare et fait en sorte de semer le doute dans l’esprit des lecteurs et de Bruce Wayne.

Il restera un doute, à vous de décider si vous croyez à la version des auteurs ou que vous décider de penser que le criminel a fumé la moquette et c’est fait un film. Au moins, c’était inattendu et culotté au possible !

Ensuite, cet arc narratif est terminé et la suite du comics est faite de petites histoires, dont notamment Mister Freeze, que j’ai bien aimée (Premières neiges). Celle avec le père d’Alfred Pennyworth, majordome pour les Wayne, lui aussi (La Chute de la maison Wayne) n’était pas mal du tout. J’ai bien aimé ces deux histoires.

La dernière, avec le personnage d’Harper Row (L’Esprit dans la machine), je l’ai lue en diagonales parce que je n’ai pas accroché du tout.

Le changement de dessinateur y a été pour quelque chose, je préfère le style de Greg Capullo. Ceci est un détail, mais à cause de la dernière histoire que j’ai lue en diagonale, le deuxième tome perd des plumes à la cotation. J’aurais préféré que l’arc narratif avec la cour des hiboux soit plus long. Ben oui, je l’aimais bien.

Malgré ce petit bémol de fin de tome, j’ai passé un excellent moment (oserais-je dire un chouette moment alors qu’on parle de hiboux ?) avec cette cour des hiboux, qui n’avaient pas de poux, mais à qui on jetterait bien des cailloux, car avec le crime, ils font joujoux et ça, ce n’est pas chou ! Cet arc narratif est un petit bijou qui m’a laissé sur les genoux…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°121],  le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°31 et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°13).

Vallée furieuse : Brian Panowich

Titre : Vallée furieuse

Auteur : Brian Panowich
Édition : Actes Sud – Actes noirs (12/01/2022)
Édition Originale : Hard Cash Valley (2020)
Traduction : Laure Manceau

Résumé :
Dane Kirby, agent du Georgia Bureau of Investigation, s’offre une partie de pêche. Il a reçu des résultats médicaux pour le moins inquiétants et se trouve en pleine conversation avec sa femme – morte vingt ans plus tôt – lorsqu’il reçoit un appel du shérif. Ned Lemon, le meilleur ami de Dane, perdu de vue depuis des années, est soupçonné de meurtre.

Mais l’agent Kirby n’aura pas le temps d’aider son vieux compagnon d’armes : il est convoqué par le FBI sur une scène de crime à Jacksonville, en Floride. Dans sa chambre de motel, un homme a été réduit en charpie à l’aide d’un bâton de Kali – une tige de bambou aiguisée.

Il s’avère que la victime est originaire de Géorgie et que les fédéraux comptent sur Kirby pour leur servir de guide chez ces dégénérés géorgiens, connus pour leurs labos de méth, leur passion pour les combats de coqs, leur addiction à l’alcool et aux drogues de tout acabit. S’ils sont à la poursuite du tueur, ils cherchent surtout à retrouver celui qui est au cœur de la tourmente sans même le savoir : un jeune garçon, un enfant différent, qui tient la promesse faite à son grand frère : il se cache…

Sur les pas de Dane Kirby, héros cabossé, nous pénétrons, le souffle court, dans le territoire sinistré de la Géorgie profonde, que Brian Panowich révèle en clair-obscur, à travers des personnages ravagés, plus attachés à leur terre qu’à leur vie.

Critique :
Direction la Géorgie, le Sud Profond (Deep South)… Dans ces montagnes, dans cette contrée, nous sommes loin des grandes villes. Ici, c’est la ruralité et ceux que les autres considèrent comme des campagnards, pour ne pas dire des ploucs, des débiles profonds.

Mais avant de se retrouver dans les montagnes, le roman commence en Floride où un homme va se faire déchirer par le bâton de Kali. C’est fou comme un petit truc peut faire autant de dégâts…

Au départ, j’ai eu du mal avec ce roman noir, ce qui m’a étonné, parce que les deux autres romans de cet auteur avaient été des coups de cœur chez moi. Mais dans celui-ci, exit les personnages qui avaient fait mon bonheur dans les deux autres romans.

Heureusement que je me suis accrochée, parce qu’ensuite, tout s’est éclairé. Enfin ! Après un départ cahoteux et plusieurs arcs narratifs, le récit s’est focalisé sur Dane Kirby qui va mener l’enquête sur cette mort affreuse (et elle ne sera pas la seule).

Pas d’enquête sur les chapeaux de roues, mais ce ne sera pas pépère non plus, pour notre Dane, notamment parce que rien n’est facile, qu’il n’a pas de piste pour retrouver un gamin recherché par des truands (le frère de la victime) et qu’on a demandé à l’agente du FBI, Rosalita Velasquez, qui a un sale caractère et qui prend Dane pour un plouc de flic du Deep South. Y’a de l’orage dans l’air (et pas de la rumba).

Les personnages du FBI sont assez caricaturaux, Dane Kirby, lui, est torturé au possible, pas en forme, tête à claque et il cache un secret à sa copine. Personne n’est tout à fait blanc ou noir, tout le monde est en nuance de gris, à la moralité élastique.

Si le départ était chaotique, ensuite, ça a roulé comme sur une autoroute 3 bandes, sans barrages routiers. Dane Kirby est attachant, c’est un bon enquêteur et il a une âme, un cœur. L’auteur a su lui donner de la profondeur et du réalisme. Et si Rosalita est imbuvable, ce n’est pas pour autant qu’elle n’est pas attachante (et attachiante).

Le final est assez explosif, brutal, sanglant et ne vous laissera que peu de répit. J’ai aimé la manière dont il se terminait, même si, dans l’ensemble, on pourra dire qu’il manque d’un poil de réalisme, mais bon, pas trop grave.

Malgré le fait qu’après un départ difficile, j’ai adhéré au récit, je le trouve tout de même plusieurs crans en-dessous de ses deux prédécesseurs (Bull Mountain / Comme les lions).

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°119],  le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°30 et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°11).

Le Sang des innocents : S. A. Cosby

Titre : Le Sang des innocents

Auteur : S. A. Cosby
Édition : Sonatine (11/01/2024)
Édition Originale : All the Sinners Bleed (2023)
Traduction : Pierre Szczeciner

Résumé :
Le Sud n’a pas changé. Ce constat, Titus Crown y est confronté au quotidien. Ancien agent du FBI, il est le premier shérif noir à avoir été élu à Charon County, la terre de son enfance. Mais pour la communauté qu’il a juré de servir, la ligne Mason-Dixon existe toujours bel et bien, et Charon County est au sud de celle-ci.

Et si l’élection de Titus a fait la fierté de son père, elle a surtout provoqué la colère des Blancs, qui ne supportent pas de le voir endosser l’uniforme, et la défiance des Noirs, qui le croient à la solde de l’oppresseur.

Bravant les critiques, Titus tente de faire régner la loi dans un comté rural frappé par la crise des opioïdes et les tensions raciales. Jusqu’au jour où Lattrel, un jeune Noir, tire sur M. Spearman, le prof préféré du lycée, avant de se faire abattre par la police.

Fanatisme terroriste, crient les uns. Énième bavure policière, ripostent les autres.

À mesure que les dissensions s’exacerbent, Titus est lancé dans une course contre la montre pour découvrir la vérité.

Critique :
Me voici à nouveau dans le Sud de l’Amérique, chez les péquenots racistes, les culs terreux qui regrette le temps de la ségrégation raciale, chez les nostalgiques de la guerre de Sécession… Bref, là où il vaut mieux être WASP qu’Afro-américain…

Ça, c’est un super roman noir de chez noir (sans mauvais jeux de mots), un roman qui prend aux tripes très vite, un roman que j’ai lu sans ciller des yeux, sans respirer aussi, tant la tension était palpable et à couper au couteau.

Ce récit vous donne l’impression d’être assise sur un baril de poudre avec une bâton de dynamite allumé en main… Et pour Titus Crown, le shérif de la bourgade sudiste de Charon, c’est encore pire.

Ce roman sombre explore la noirceur humaine dans ce qu’elle a de plus glauque, de plus bas, de plus terrible. Oui, à un moment donné, il y a eu des mots insoutenables, de ceux qu’on n’a pas envie de lire ou d’entendre (et encore moins de voir), de ceux qui vous coupent la respiration, qui vous crispent…

L’auteur ne donnera pas trop de détails, afin de ne pas rajouter de l’horreur à celle qui était déjà annoncé et éviter un voyeurisme malsain. Malgré tout, on ne peut s’empêcher d’avoir la bouche sèche et les sueurs froides devant pareilles ignominies.

Heureusement que pour contrer tout cela, il y a Titus Crown, véritable lumière dans toute cette sombritude, sans pour autant qu’il soit un chevalier ou un super-héros. Il a ses défauts, ses doutes, ses fêlures, ses contradictions aussi, parce qu’il n’est pas toujours facile de rester droit et de respecter ses principes.

Titus est un personnage fort, un ancien du FBI, qui vit avec ses fantômes et qui tente de garder la tête hors de l’eau dans cette société qui est nostalgique de la guerre de Sécession, voulant célébrer ses officiers et de la ségrégation. Dans sa ville, il est soit vu, soit comme un traître à sa communauté, soit comme un Noir, soit comme un mec bien.

Si l’intrigue commence de manière assez classique, avec un ado qui flingue un prof, c’est toute la suite qui sortira de l’ordinaire et nous emportera dans un maelstrom qui ne nous laissera que peu de répits. En vrac, il y a des émotions, de l’action, des tergiversations, des dilemmes, des décisions difficiles à prendre, du racisme, de la violence, de l’imbécilité humaine et j’en passe…

Anybref, c’est un roman intense, fort, magnifique, profond et les mots me manquent. Un roman où coule le sang, les larmes et la xénophobie. Un roman noir où les tensions raciales sont à leur comble et commencent à atteindre le point de rupture entre les deux communautés.

Un excellent roman noir ! Un coup de coeur.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°118],  le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°29 Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°10).

Winterkill – Joe Pickett 03 : C. J. Box

Titre : Winterkill – Joe Pickett 03

Auteur : C. J. Box
Édition : Points Policier (2006)
Édition Originale : Winterkill (2003)
Traduction : Anick Hausman

Résumé :
Joe Pickett, garde-chasse dans le Wyoming, surveille un troupeau de wapitis lorsque des coups de feu retentissent. Les animaux sont massacrés les uns après les autres.

Joe découvre stupéfait que le tueur n’est autre que le superviseur du district. Il s’échappe dans la forêt enneigée : Joe le retrouve transpercé de flèches et la gorge tranchée. Mais par qui ?…

Critique :
Comme on avait un redoux dans les températures, je suis partie pour le Wyoming, en décembre, quelques jours avant Noël… Il y faisait froid et la neige a atteint des épaisseurs jamais vue dans nos pays…

Voilà encore un roman qui traînait dans ma bibliothèque depuis plus de 10 ans et que j’ai décidé de sortir. grand bien m’en a pris !

Alors oui, j’ai commencé avec le tome 3, ce qui n’est pas très malin, mais tant pis, on comprend vite qui est le personnage de Joe Pickett le garde-chasse…

Et là, il vient de découvrir un massacre de wapitis, perpétré par son superviseur de district, avant que celui-ci ne se fasse dégommer à son tour… On est directement plongé dans le froid, la neige et le sang.

C’est un polar qui va à son aise, avec une enquête qui ne va pas aller très vite, même si, aux trois quarts du roman, nous saurons qui a tué. Ne vous attendez pas à des révélations à la Agatha Christie non plus, juste dans du crime basique. Ce n’est pas pour autant que le roman est nul, loin de là !

L’élément important de ce roman, c’est surtout la vie de famille de notre garde-chasse, sa petite famille, menacée par la mère biologique de la petite April, qu’ils ont recueillis lorsque sa génitrice l’avait abandonnée avant de se faire la malle.

Mais il n’y a pas que ça… Il y a aussi le Wyoming, ses immenses plaines, son silence, sa nature, les animaux, les rapaces et une salope de bonne femme qui donne des envies de meurtre, tant elle est retorse, manipulatrice et qu’elle commettra des horreurs, sans que cela lui en touche une.

Malgré le rythme lent, j’ai dévoré ce polar en peu de temps, les pages passant à une vitesse folle et me faisant atteindre la centième sans que je le remarque (alors qu’il y a d’autres romans où l’on atteint péniblement la page 30).

Un polar bien glaçant, avec de la vraie neige, des vraies emmerdes, une enquête qui ne sera pas facile, notamment en raison du côté obtus de certains membres des forces de police (et de quelques ploucs qui se sentent en force lorsqu’ils sont en groupe, armés, face à un mec désarmé et seul).

Un roman policier qui aborde intelligemment beaucoup de sujets (nature, adoption, exactions du FBI,…), le tout incorporé dans un récit réaliste, qui n’est pas dénué d’émotions et de rage, face à l’incurie de certains et à leur m’en-foutisme total.

Un roman réussi et un vrai plaisir de lecture !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°117],  Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°28 et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°09).

Les sentiers de la perdition – 01 : Max Allan Collins et Richard Piers Rayner

Titre : Les sentiers de la perdition – 01

Scénariste : Max Allan Collins
Dessinateur : Richard Piers Rayner

Édition : Delcourt – Contrebande (2002)
Édition Originale : Road to perdition (1998)
Traduction : /

Résumé :
« Michael O’Sullivan, alias l’Ange de la mort, est entré de son vivant dans la légende du crime organisé.

Jamais un « soldat » n’avait été aussi loyal. Jamais un exécuteur n’avait été aussi efficace. Jamais un homme, victime d’une odieuse trahison, ne s’était montré aussi déterminé à aller au bout de sa vengeance. »

Cette Bd est le récit du fils de Michael O’Sullivan, il explique comment était son père, et son histoire. Lors de l’un de ses rendez-vous, son fils assiste à un carnage.

Il découvre alors, le genre de travail de son père, malheureusement vu par les « collègues » de son père, il éveille la méfiance et la colère de ces malfrats.

Critique :
La curiosité est un très vilain défaut et un jeune gamin va en faire l’amère expérience en suivant, en stoemelings (en cachette), son père, tueur pour John Looney, le boss de la pègre locale.

Le gamin ne savait pas ce que faisait son père, il ne pensait pas à mal, mais le voilà témoin d’un règlement de compte que commet Conner Looney, le fils du boss.

Ce qu’il se passe après sera la conséquence de la méfiance de Conner pour ce témoin court sur pattes, même si son père se portera garant pour lui.

Ce comics se dévore avec des pauses, tant il est sombre, noir, violent et qu’il fait tout de même plus de 200 pages ! Croyez-moi, les chemins de la perdition, vous allez les prendre tous avec Michael O’Sullivan, qui va y entraîner son gamin, parce qu’il n’a pas le choix, parce qu’il faut se venger, parce qu’il faut frapper là où ça fait le plus mal à la pègre.

Ah oui, petite précision, nous sommes en 1930, en pleine période faste de la prohibition, la Grande Dépression étant aussi passée par-là et toujours bien présente. L’avantage, c’est qu’il est plus facile d’entrer en clandestinité à cette époque-là, puisque pas de GPS pour vous pister, pas de carte bancaire, pas d’internet…

Dans des tons tout en noir et blanc, ce comics intrigue de par ses dessins, assez sombre, pas toujours très détaillés (parfois, j’ai hésité pour des visages), alors que d’autres semblent avoir été fait sur images réelles, comme avec les villes.

Nous sommes dans une histoire de vengeance, classique, basique, mais au moins, l’auteur a évité le manichéisme. Michael O’Sullivan, alias l’Ange de la mort, n’est pas un enfant de choeur, il sait ce qu’il fait et les cadavres vont se ramasser à la pelle.

Dans ce comics, c’est le crime organisé, la pègre, qui est mise en avant, sous les projecteurs et John Patrick Looney est un gangster qui a réellement existé. Mélangeant la fiction avec la réalité, l’auteur nous montre aussi une relation père-fils, même si le père entraînera son fils sur ces fameux sentiers de la perdition.

Un comics à découvrir, car il met en scène une vengeance bien huilée : celle d’un homme qui connaît les rouages de la pègre et qui sait comment les toucher là où ça fait le plus mal : le fric ! Le suspense est maitrisé, les tensions sont à leur comble et on a envie de savoir comment tout cela va se terminer… Mal, on s’en doute bien…

PS : Les deux autres tomes qui suivent (02 – Sur la route / 03 – Retour à perdition) ne sont pas une suite. Le tome 2 est composé de plusieurs épisodes qui s’intercalent dans le récit du premier tome, durant leur cavale. Il n’est pas mal, mais ne vaut pas le premier. Il permet, par contre, d’éclairer un peu plus le personnage de l’Ange de la mort (Michael O’Sullivan). Par contre, le tome 3 concerne le petit-fils de Michael O’Sullivan et pour moi, il est à oublier (dessins affreux, récit factuel, aucune émotions dans le personnage). Ils ne feront pas l’objet d’une critique.

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°115],  Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°27 et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°07).

Ed Gein, autopsie d’un tueur en série : Harold Schechter et Eric Powell

Titre : Ed Gein, autopsie d’un tueur en série

Scénariste : Harold Schechter
Dessinateur : Eric Powell

Édition : Delcourt Contrebande (12/04/2022)
Édition Originale : Did you hear what Eddie Gein Done ? (2021)
Traduction : Lucille Calame

Résumé :
Ce récit révèle la véritable histoire d’un malade mental sous l’emprise d’une mère bigote et abusive. Cette biographie factuelle d’Ed Gein se focalise sur son enfance et sa vie de famille malheureuses, et sur la façon dont elles ont façonné sa psyché. Il explore aussi le choc collectif qui entoura l’affaire et la prise de conscience que les tueurs peuvent être des citoyens ordinaires.

Il a inspiré de nombreux personnages de cinéma comme Norman Bates dans Psychose. Harold Schechter et Eric Powell nous proposent cette BioBD d’Ed Gein, l’un des plus terrifiants tueurs en série américains.

Critique :
Je suppose que tout le monde a vu le film « Psychose » et connait le twist final… De toute façon, je ne le divulguerai pas, des fois que Alfred Hitchcock viendrait me tirer les doigts de pieds, la nuit…

D’ailleurs, c’est le romancier Robert Bloch qui, le premier, s’inspira de ce tueur pour son roman, du même titre que le film qu’Alfred en tira ensuite.

Alors, qui a inspiré le personnage de Norman Bates (et pas que lui : Hannibal et le mec de Massacre à la tronçonneuse,…) ? Edward Gein… Et je parie que comme moi, vous n’aviez aucune idée de qui il était ?

Un gamin au physique disgracieux, bizarre, le genre qui se fait harceler à l’école, qui pleure souvent, qui voit sa mère comme un Dieu, qui vit en solitaire, qui a l’air un peu demeuré et qui a une vie sexuelle plus pauvre que celle d’un pape (même s’il se branle de temps en temps).

Ce comics, tout en noir et blanc, est très bien dessiné, surtout les expressions, notamment celle de  la mère d’Edward Gein, une femme pieuse, bigote, qui pense que toutes les femmes sont des salopes, des sodomites, échappées de dieu sait où et qui mène tout le monde à la baguette (son mari alcoolo et ses deux gamins).

Il ne faut pas s’étonner, avec une génitrice pareille, que le petit Ed Gein ait été plus que perturbé et ait fini en tueur en série, nécrophile et pilleur de tombes. Je ne dis pas que tous les enfants élevés de la sorte finiront en mecs dépravés (heureusement) ou serial killer, mais pour ceux qui tourneront assassins en puissance, on saura d’où ça vient.

Ce comics assez épais (plus de 200 pages), est une autopsie d’un tueur en série, où les auteurs se sont attachés aux faits, rien qu’aux faits, même s’ils nous donneront un aperçu de toutes les sornettes que les gens de la ville de Plainfield (Wisconsin) balanceront sur Ed, une fois celui-ci arrêté (en 1957). Les rumeurs courent plus vite que la vérité et les horreurs font vendre plus de journaux…

Ce récit n’est pas pour les esprits sensibles ou les jeunes enfants… Les ambiances sont malsaines, angoissantes, flippantes, sans pour autant basculer dans le gore ou la surenchère inutile.

Les auteurs ont réussi le difficile équilibre entre montrer les horreurs commises par Ed Gein, sans s’appesantir dessus, afin de ne pas provoquer l’effet contraire. Ce qui aurait été contreproductif, alors que là, on imagine sans mal et on en tremble d’effroi.

Un terrible fait divers mis en scène de manière remarquable par les deux auteurs dans cet album qui retrace l’enfance et la vie d’Ed Gein, son arrestation, l’enquête, son internement et les faits qui lui ont été reprochés.

En lisant ce comics, vous saurez tout sur celui que l’on a surnommé « le boucher de Plainfield »… Pour un public averti, tout de même !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°114],  Le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°25 et Le Mois du Polar – Février 2024 – Chez Sharon (Fiche N°06).