Titre : Holly
Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (28/02/2024)
Édition Originale : Holly (2023)
Traduction : Jean Esch
Résumé :
Êtes-vous prêt à franchir la porte du 93 Ridge Road ?
Dans une jolie maison victorienne d’une petite ville du Midwest, Emily et Rodney Harris, anciens professeurs d’université, mènent une vie de retraités actifs. Malgré leur grand âge, les années semblent n’avoir pas avoir de prise sur eux.
À quelques pas de leur demeure, on a retrouvé le vélo de Bonnie Dahl, récemment disparue. Elle n’est pas la première à se volatiliser dans ce périmètre. Chose étrange : à chaque fois, il s’agit de jeunes gens.
Quels secrets inavouables cachent les murs tapissés de livres des époux Harris ?
Sur l’insistance de la mère de Bonnie, Holly Gibney accepte de reprendre du service. Elle est loin d’imaginer ce qui l’attend : une plongée dans la folie humaine, là où l’épouvante n’a pas de limite.
Avec ce nouveau chef-d’œuvre, on retrouve un Stephen King au sommet de l’horreur, et son enquêtrice Holly, célèbre héroïne de la trilogie Mr Mercedes et de L’Outsider.
Critique :
Ce nouveau roman du King ne comporte pas de monstres planqués sous le lit ou dans un caniveau, et pourtant, je me demande si les Méchants de ce thriller ne sont pas pires qu’un Grippe-Sou (le clown dans ÇA) !
Lorsqu’on a affaire à un monstre issu du monde fantastique, on peut se consoler en se disant qu’il ne fait pas partie des humains. Mais lorsque l’on a des assassins qui font partie de notre monde, font partie de l’élite, moi, ça me fout encore plus les chocottes !
Et ces deux-là sont gratinés ! Abjects, effroyables, sadiques, machiavéliques et brisant un des tabous de nos sociétés (que je peux comprendre dans certaines situations extrêmes, comme sur un radeau ou après un crash d’avion, mais pas ici). Sûr que ça vous coupera l’appétit !
Comme dans un bon vieil épisode de Columbo, nous saurons directement qui est responsable des enlèvements, puisque le roman commence avec cet épisode. Après ce retour dans le passé, le récit alternera ensuite entre l’année 2021 (et son putain de Covid) et des événements qui se sont produits quelques années auparavant.
Diabolique mise en scène, je trouve, parce que la tension a monté tout de suite, avant de redescendre et de jouer au yo-yo durant plus de 500 pages. Le King me tuera un jour, mais je ne lui en voudrai pas, j’aime qu’il joue avec mes nerfs.
Quel couple, les Harris ! Tiens, le King aurait-il voulu faire un clin d’œil à un autre auteur américain portant ce même nom et père littéraire d’un méchant phénoménal, qui m’avait foutu les chocottes aussi (mais en pire, il était infiniment plus cynique, lui) ? Lui seul le sait…
Il faut du talent, pour faire tenir une enquête sur la disparition d’une jeune fille durant plus de 500 pages, mais le King le possède, en plus du souffle pour tenir la distance et il a étoffé l’enquête d’Holly avec d’autres disparitions suspectes et des petites histoires qui arrivent à ses personnages principaux que sont Holly, Jérôme et sa sœur Barbara.
L’ami Stephen a, une fois de plus, inséré ses peurs (maladie, vieillesse, dégénérescence de la mémoire) et ses avis personnels, notamment sur le mec à la cravate rouge et perruque orange (encore un grand méchant qui me fait peur), sur les antivax et les complotistes qui ne croient pas à l’épidémie de covid-19, sans oublier les flics, tous racistes et assassins de pauvres types qui n’avaient rien fait qu’avoir un feu rouge de cassé.
Alors oui, je suis d’accord avec une partie (le racisme tue !), mais un peu plus de nuance n’aurait pas fait de mal, parce que non, je refuse de croire que TOUS les flics américains sont des salauds de racistes assassins et que toutes les personnes, qui ont refusé les vaccins, étaient des antivax ou des complotistes. On peut avoir peur des vaccins, on peut se poser des questions et ce manichéisme était un peu facile (et indigne d’un auteur tel que le King).
Et puis, il y a Holly… Personnage que j’avais adoré dans la trilogie de Mr Mercedes, dans Outsider et dans la nouvelle qui lui était consacrée dans « Si ça saigne ». Un personnage que j’adore. Dans ce roman, elle est au premier plan, et elle n’arrive pas après la fête, comme dans Outsider.
Elle méritait bien ça, même si le King ne va pas l’épargner et la laisser un peu se perdre dans des considérations, notamment, sur sa dépendance à la clope, sur les drogues, sur sa mère (qui a dépassé toutes les bornes, je suis d’accord). Holly est intelligente, mais elle mettra plus de temps que Columbo pour résoudre cette affaire, qui n’était pas simple, faut bien le dire. Les auteurs étaient insoupçonnables.
Anybref, j’ai adoré ce nouveau roman du King, même s’il est différent de son fond de commerce habituel : le fantastique. L’horreur est présente, mais ça va encore, j’ai connu des passages plus dégueu que ceux que j’ai lu dans son roman et ses méchants foutent moins les chocottes qu’un Gripe-Sou (ÇA) ou que le mec à la moumoute orange (lui, c’est le haut du panier, avec ses potes Vlad, Kim et consorts).
Un roman plus policier que fantastique, plus terre à terre et qui peut être lu indépendamment des autres romans, mettant en scène Holly, même si, entre nous, ne pas les lire serait une erreur, car vous louperiez du grand King (et dans le fantastique, là) !
Un roman qui m’a refait penser aux années Covid, aux comportements débiles de certains, aux peurs des uns et des autres, aux questionnements que j’avais et sur le fait que je ne savais plus toujours sur quel pied danser. Lisez-le, nom d’une pipe !
Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°151] et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°38.