Titre : Sherlock – Tome 1 – Révélation
Scénariste : Didier Convard
Dessinateur : Jean-Louis Le Hir
Édition : Glénat BD – 2008
Résumé :
Égypte, 1877. Sherlock Matthiews est un jeune archéologue fantaisiste et indiscipliné, incapable de mener sa vie autrement qu’au gré de ses caprices et autres coups de tête.
Jusqu’au jour où une lettre en provenance d’Angleterre lui annonce le suicide de sa mère. Une terrible nouvelle qui a de quoi faire grandir brutalement le plus insouciant des adolescents…
Terrassé par le chagrin, Sherlock retourne donc au manoir familial, à Bournemouth, afin d’y rendre les derniers hommages à celle qu’il aimait par-dessus tout, et dont il ne parvient pas à comprendre le geste. Et pour cause.
Car si Isadora Matthiews est bel est bien morte la corde au cou, certains détails semblent montrer qu’elle ne se l’est pas passée seule… Sherlock décide alors de mener l’enquête.
Sans deviner qu’il va ainsi donner naissance à un mythe, celui du plus incroyable de tous les détectives, dont l’œil habile et les déductions affûtées n’ont pas fini de fasciner les foules. Et de terrifier les criminels…
Critique :
Alors là, si Norah ne me l’avait pas conseillé, je ne l’aurais jamais acheté pour le mettre dans mes Sherlockonneries !
Déjà la couverture m’avait fait froncer les sourcils lorsque je vis un Anubis squelettique brandir un poignard dans le dos d’un rouquin qui jouait du violon. Gné ??
L’auteur, Didier Convard, je le connaissais pour avoir lu « Le triangle secret », mais pas en tant qu’auteur de bande dessinées sur Holmes.
Ma foi, je l’aimais mieux dans l’ésotérisme du Triangle Secret.
Allez, du courage, réouvrons cet album et respirons bien lentement par le nez pour ne pas…
L’histoire commence en 1877. Sherlock Holmes est jeune (23 ans, si né en 1854) et s’amuse en Égypte à faire des fouilles archéologiques.
Oh, pardon, je m’excuse, je fais erreur : ce n’est pas Sherlock Holmes mais Sherlock Matthiews. Me serais-je trompée de livre ? Heu, non, apparemment pas. Bizarre, bizarre…
Nous apprenons ensuite que ce jeune étudiant fut recalé en mathématique, philosophie et latin mais qui excelle en chimie, physique et botanique… et qui travaille au laboratoire du Saint Bartolomew Hospital (Saint-Barthelemy prend un « h » en français et pas en anglais ? Bizarre ! Google m’en ajoute un, pourtant « Saint Bartholomew’s hospital ». Z’ont pas de correcteurs ?).
Là, on remarque que le scénariste a ouvert les premières pages de « Une étude en Rouge ». C’est déjà ça. Oserais-je dire qu’il n’a ouvert que ces premières pages là ainsi que celles du début du Signe des Quatre ? Oui ! Dommage…
Pour les dessins, ils sont rebutants au possible ! Comment est-ce possible de dessiner aussi mal ? Les têtes sont horriblement dessinées, donnant aux personnages des airs mal fichus qui fichent la trouille.
Les plus atteints sont le personnel du manoir des Matthiews : la bouche est entrouverte et les dents ressortent, leur donnant un air maléfique.
Les sourires sont figés, commissures des lèvres pointées vers le bas comme s’ils étaient tous atteint de constipation aiguë depuis quinze jours. Sherlock est roux avec des mèches qui pendent devant son front. Quelle hérésie.
Cela plombe le livre de manière irrévocable. Franchement, avec des dessins plus jolis, l’album aurait eu un autre éclat.
Maman Holm… heu, maman Matthiews s’est pendue et Sherlock n’y croit pas une seconde, le brave petit, même si ça à l’air de lui faire autant d’effet que la perte d’une paire de chaussettes quand il avait dix ans. Niveau froideur, on est en plein dedans.
Sherlock va tout faire pour prouver qu’elle a été assassinée, à commencer par une reconstitution de la pendaison à l’aide d’un mannequin.
Avec l’aide de Mycroft, il va rependre le mannequin pour prouver que ses déductions étaient bonnes. Là, je retrouve mon détective. Un bon point.
Où cela recommence à foirer, c’est quand Sherlock est debout devant la tombe de sa mère. La date de sa mort est 1881 !
Impossible ! Sherlock a été averti de suite de la mort de sa mère et il était bien spécifié que nous étions en 1877 !
Erreur dans le but de copier un certain auteur de ma connaissance (Conan Doyle) qui a fait migrer la fameuse blessure de Watson de l’épaule à la jambe ou fait se dérouler un récit en 1892, période du grand Hiatus ?
Est-ce dû à une distorsion du continuum espace-temps qui nous fait passer de 1877 à 1881 ? Z’ont fumé la moquette, les auteurs ?? L’erreur est fameuse, tout de même.
Je n’ai pas de réponse à la question sur la mauvaise datation, mais la page suivante nous montre le dos de Celui-Dont-Je-Ne-Prononcerai-Pas-Le-Nom (j’ai trop lu Harry Potter, moi). Qu’est-ce qu’il fou là, lui ? Et il en veut aux deux frères Holm… heu, Matthiews?
Pour quel besoin faire intervenir cet homme ? Juste pour nous faire comprendre qu’ils reprennent tous les points importants du canon holmésien dans le but de nous faire croire qu’ils sont à la hauteur ?
Que Toquéfada érige un bûcher pour le cliché de la casquette Deerstalker qu’un membre du personnel constipé donne à Sherlock, lui assurant qu’il n’en trouvera pas des comme ça chez Coldwell… S’il le dit. On doit le croire ?
Enfin, grâce à la vieille casquette de cet homme (qui souffre sans doute aussi d’hémorroïdes pour avoir une figure aux traits aussi tirés, limite cadavre), Sherlock nous informe qu’il ne la quittera plus jamais (hygiène, quand tu nous tiens) et nous assure qu’il n’aura plus jamais de rhume grâce à elle.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire pour ne plus jamais être malade…
La fin est assez… Comment dire ? Stupéfiante ?
C’est le mot et j’ajouterai, tant que je parle de stupéfiant, que les pensées de Sherlock m’ont fait bondir sur ma chaise : « J’aurais donné mon âme pour un peu de cocaïne. J’avais gardé des amitiés au labo de chimie du Saint-Bartolomew Hospital, dont celle d’un préparateur qui me fournissait autrefois ».
Le scénariste fait de Sherlock un camé profond. Si vous avez entendu un bruit louche, c’était mes dents qui grinçaient. Elles ont continué de grincer quand j’ai vu Sherlock en deerstalker-macfarlane dans Londres. Bref, clichés à fond !
En plus, le coupable (improbable) avait des motifs bancals, je trouve. Pour le « responsable » de son malheur, je veux bien admettre la vengeance, mais pas pour le reste ! Dément !
Le scénario aurait pu être tout à fait valable et meilleur, avec un autre scénario pour la fin.
L’album aurait reçu un avis favorable si les dessins n’avaient pas été aussi merdiques et les gros clichés absents. Là, malgré certains points positifs, il reste trop de négatif, donc je mitige vers le « pouvait mieux faire ».
Ah oui, j’oubliais ! L’explication du nom « Holmes ».
Puisque la dernière fois que la mère de Sherlock et Mycroft avait joué du violon, il s’agissait d’un poème symphonique qui s’intitulait « les Argonautes » et joué par Augusta Holmes.
Elle a réellement existé, j’ai vérifié et je suis tombée sur ça : « En 1880, son poème symphonique Les Argonautes, reçoit la mention très honorable au Prix de la ville de Paris (le premier Prix est remporté par Duvernoy avec La Tempête) ».
En 1880 ? Oups, si l’action se passe en 1877 comme indiqué au début, ceci est autre erreur dans le temps !
De plus, son nom s’écrivait « Holmès » et j’ai horreur quand quelqu’un prononce le nom de Holmes en appuyant sur le « messe ».
Bref, ite missa est (allez, la messe est dite) et si vous croisez le chemin de l’album, ouvrez-le juste pour admirer ces dessins que je n’ai pas aimé du tout !
Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, « A year in England » chez Titine (Juillet 2016 – Mai 2017), le Challenge British Mysteries chez My Lou Book et le RAT A Week Estival, Summer Edition chez Chroniques Littéraires.