Le cœur battant du monde : Sébastien Spitzer [LC avec Bianca]

Titre : Le cœur battant du monde

Auteur : Sébastien Spitzer
Éditions : Albin Michel (21/08/2019) / Livre de Poche (2021)

Résumé :
Dans les années 1860, Londres, le cœur de l’empire le plus puissant du monde, se gave en avalant les faibles. Ses rues entent la misère, l’insurrection et l’opium.

Dans les faubourgs de la ville, un bâtard est recueilli par Charlotte, une Irlandaise qui a fui la famine.

Par amour pour lui, elle va voler, mentir, se prostituer sans jamais révéler le mystère de sa naissance. L’enfant illégitime est le fils caché d’un homme célèbre que poursuivent toutes les polices d’Europe. Il s’appelle Freddy et son père est Karl Marx.

Alors que Marx se contente de théoriser la Révolution dans les livres, Freddy prend les armes avec les opprimés d’Irlande.

Après « Ces rêve qu’on piétine », un premier roman très remarqué et traduit dans plusieurs pays, qui dévoilait l’étonnante histoire de Magda Goebbels, Sébastien Spitzer prend le pouls d’une époque où la toute-puissance de l’argent brise les hommes, l’amitié et l’espoir de jours meilleurs.

Critique :
Londres, XIXe siècle, ma période préférée (pas pour y vivre ou y bosser). Londres, immense cœur battant du monde, mais immonde cloaque aussi.

Londres, la ville aux  multiples visages, la ville où les ouvrières (et ouvriers) trimaient comme des forçats et où la semaine des 35 heures se faisait en trois jours.

Le résumé était alléchant et il me tardait d’entamer ce roman qui me promettait beaucoup. Ma rencontre avec Charlotte fut un plaisir, je sentais bien que j’allais l’apprécier, elle, tout comme le docteur Malte (qu’on perdra de vue ensuite).

Puis, un autre personnage a fait son entrée, un certain monsieur Engels et, à ma toute grande honte, je n’ai pas tilté de suite, pourtant, je l’ai étudié à l’école, ce mec. Puis, lorsque mon shilling est tombé, j’ai compris aussi qui était « Le Maure » dont on parlait, un type que j’avais aussi étudié à l’école aussi et dont le portrait brossé dans le roman n’était guère flatteur.

Mais quelle faignasse, le Marx ! Dépensier, incapable d’aller bosser, se faisant entretenir par Engels (qui aurait dû aller s’acheter une paire de cojones, soit dit en passant) et qui, lorsqu’il touchera enfin son héritage, ira louer une maison bourgeoise, jouant les bourgeois lui-même, tout en continuant de se faire entretenir comme une maîtresse par Engels et en gagnant un peu d’argent en boursicotant !

Si j’étais mesquine, je dirais que le patient zéro de la gauche caviar, ce fut lui ! L’homme n’était pas exempt de contradictions, tout comme Engels (comme tout le monde, sauf qu’eux, ils cumulent).

Ce roman est une mine d’information en tout genre pour la période concernée : de 1850 à 1867. Bien des sujets vont être abordés, notamment la famine des Irlandais, la guerre de Sécession, le blocus des port, le coton qui n’arrive plus, les faillites des usines de filature, les conditions de travail déplorables, la misère, l’opium, la crasse, les grèves, l’Internationale qui commence, la lutte des classes, les Fenians,…

L’auteur s’est fortement documenté et tout respire le réalisme. De ce point de vue là, je n’ai pas à me plaindre. Par contre, le récit manquait de flamboyance, d’émotions, de vie, tout simplement. Il était trop clinique, trop rigide.

Cela a commencé après que Charlotte ait recueilli le petit Freddy : le récit passe du gamin qui vient de naître à ses 12 ans. L’ellipse est grande, trop grande. Le personnage de Charlotte a changé, sans doute à cause des sacrifices qu’elle a dû faire pour élever seule un enfant.

Le récit ne donnera que des bribes, me laissant un goût de trop peu. Non pas que je voulais faire du voyeurisme sur leur misère, mais j’aurais aimé en apprendre plus sur ses sacrifices et non pas me contenter de miettes, alors que pour d’autre sujets, j’ai eu des détails dont je me serais bien passée (une opération).

Les personnages de Charlotte et Freddy ont perdu du corps dans cette ellipse, de la profondeur et pire, du réalisme ! Alors que les autres personnages étaient bien ancrés, eux, je les ai vu partir à la dérive et Charlotte finira en personnage laborieux.

Et puis, il est difficile de savoir quel personnage est mit à l’honneur dans ces pages, puisque le récit suivra aussi bien Charlotte et Freddy, que Marx et Engels. Sur la fin, au moment où l’on abordera les révoltes des Fenians, j’avais décroché.

Un récit plus concentré sur Freddy et Charlotte m’aurait mieux convenu, une écriture plus ramassée dans certains passages aurait donné de l’oxygène au roman, et rallumé la flamme, même si ces détails étaient utiles pour ancrer le tout dans le réalisme (les lecteurs ne sont jamais contente, je sais et nous ne manquons pas de contradictions non plus).

Dans l’ensemble, cette lecture ne fut pas un fiasco, le côté historique était très bien rendu, même si une narration au passé lui aurait rendu service, ainsi qu’une écriture moins clinique. L’histoire manquait d’émotions brutes, alors que nous sommes dans l’East End, dans la misère, avec des gens qui bossent dans les usines 13 à 15h par jour, pour un salaire de misère.

Un roman dont j’attendais beaucoup et où un récit au ton assez froid m’a fait perdre une partie de mon intérêt pour cette histoire, où certains personnages ont manqué de cohérence, de profondeur, d’étoffe qui font les grands personnages marquants dans une lecture.

Et pourtant, sa partie historique était bien réussie, m’a appris beaucoup de choses, m’a immergé dans l’époque à tel point que je ne peux pas dire que tout était foiré et que je n’ai pas pris du plaisir à certains moments.

Une LC avec Bianca en balance… Elle ne vous dira pas tout à fait la même chose que moi, allez donc lire son avis et laissez lui un petit mot.

Ce genre de petites choses : Claire Keegan

Titre : Ce genre de petites choses

Auteur : Claire Keegan
Édition : Sabine Wespieser Littérature Etrangère
Édition Originale : Small Things Like These (2020)
Traduction : Jacqueline Odin

Résumé :
En cette fin d’année 1985 à New Ross, Bill Furlong, le marchand de bois et charbon, a fort à faire. Aujourd’hui à la tête de sa petite entreprise et père de famille, il a tracé seul sa route : élevé dans la maison où sa mère, enceinte à quinze ans, était domestique, il a eu plus de chance que d’autres enfants nés sans père.

Trois jours avant Noël, il va livrer le couvent voisin. Le bruit court que les sœurs du Bon Pasteur y exploitent à des travaux de blanchisserie des filles non mariées et qu’elles gagnent beaucoup d’argent en plaçant à l’étranger leurs enfants illégitimes.

Même s’il n’est pas homme à accorder de l’importance à la rumeur, Furlong se souvient d’une rencontre fortuite lors d’un précédent passage : en poussant une porte, il avait découvert des pensionnaires vêtues d’horribles uniformes, qui ciraient pieds nus le plancher. Troublé, il avait raconté la scène à son épouse, Eileen, qui sèchement lui avait répondu que de telles choses ne les concernaient pas.

Un avis qu’il a bien du mal à suivre par ce froid matin de décembre, lorsqu’il reconnaît, dans la forme recroquevillée et grelottante au fond de la réserve à charbon, une très jeune femme qui y a probablement passé la nuit.

Tandis que, dans son foyer et partout en ville, on s’active autour de la crèche et de la chorale, cet homme tranquille et généreux n’écoute que son cœur.

Critique :
C’est ce genre de petites choses que j’aime dans un roman : le contexte social, une crise économique, la présence de la religion et l’hypocrisie ambulante.

Après, il faut tout bien mettre en scène sinon c’est le vol plané assuré.

Ici, c’est mon coeur qui, une fois de plus, a pris un billet de parterre, se brisant en plusieurs morceaux après une chute.

Cette histoire, inspirée de faits réels puisque les couvents des Magdalene ont bel et bien existés et que ce qu’il s’y passait n’avait rien de catholique mais tendait plus vers les cercles de l’Enfer.

Cette histoire, on la dirait sortie d’un conte de Dickens : des gens pauvres, qui triment comme des esclaves, l’omniprésence de la religion, la toute puissance des religieuses et des jeunes filles exploitées.

Sérieusement, on pourrait croire que ce genre d’horreurs sont de l’époque révolue de la reine Victoria… Que nenni, ça existait toujours dans les années 90 puisque le dernier fut fermé en 1996 (merci Wiki).

Dans ce roman très court, très sobre mais bourré d’émotions, l’auteure met en avant l’hypocrisie habituelle des gens, ceux qui détournent la tête, qui ne veulent pas avoir ce qu’il s’y passe tant que leur linge est bien propre, qui colportent des ragots mais ne bougeraient jamais le petit doigt pour aider ces pauvres filles et qui, sans mauvaise conscience aucune, s’en vont à la messe de Minuit et fêtent Noël en famille.

De plus, il y a la peur… Les religieuses sont toutes puissantes, être admise dans l’école à côté est un honneur, une échelle pour s’en sortir et nos pingouins décident de qui y entrera. Les religieuses sont aussi des gros clients, payant rubis sur l’ongle et en ces temps de crises, on ne fait pas la fine bouche, alors, on ferme les yeux, on continue sa route et si la pingouin en chef vous donne un ordre, on l’exécute en disant « oui amen ».

Non, non, ne me faites pas croire que vous seriez des rebelles qui diraient non et qui tiendraient tête à la mère supérieure ! Nous sommes dans l’Irlande catho à mort et quand les soeurs font la pluie et le beau temps, on s’écrase car on ne veut pas perdre son gagne-misère.

Le récit est court, trop court… J’aurais aimé savoir ce qui allait se passer ensuite, même si je le devine… William Furlong n’est pas Zorro, ni Superman… Tout se paie dans la vie et parfois à un prix trop cher car dans sa ville, personne ne lui dira qu’il a eu raison, personne ne le félicitera, non, que du contraire, tout le monde le conspuera.

Puis, le jour om le scandale éclatera dans les années 90, tout le monde se placera de son côté, disant qu’il a raison, qu’il était un précurseur, un homme qui avait des couilles et la populace se ruera pour la curée sur ces religieuses dont elle a crain toute sa vie les représailles. Quand l’ennemi chute, on a du courage, avant, jamais.

Je ne jugerai pas la population car je ne sais pas si moi j’aurais eu le courage de m’opposer à ces bonnes femmes mariées à Dieu (ou Jésus) qui avaient bien trop de pouvoir dans leurs mains… et qui maintenant est passé à d’autres, puisque de toute façon ♫ Non, non, rien n’a changé… ♪

Une belle lecture, un récit tout en émotion, tout en questionnement, tout en douceur, un beau conte de Noël, sauf que derrière, il y a de la souffrance humaine dont les blessures ne guériront jamais.

Hélas, un récit trop court… J’aurais aimé plus de pages et ne pas quitter les personnages si abruptement sans recevoir de leurs nouvelles.

Une belle lecture faite grâce à la chronique de mon cousin, Cannibales Lecteurs.

 

Les derniers jours de Newgate : Andrew Pepper

Titre : Les derniers jours de Newgate

Auteur : Andrew Pepper
Édition : 10/18 Grands détectives (04/01/2018)
Édition Originale : The Last Days of Newgate (2008)
Traducteur : Daniel Lemoine

Résumé :
En 1829, la police londonienne n’existe pas encore. Les affaires criminelles sont confiées aux Bow Street Runners, des hommes à la moralité douteuse, à peine plus recommandables que les malfaiteurs qu’ils traquent. Pyke est l’un d’eux.

Tout autant à son aise dans les bars crasseux et infâmes de Londres que dans le salon victorien de lord Edmonton.

Ce dernier, un vieil aristocrate fortuné au-dessus de tout soupçon, lui demande de retrouver l’escroc qui a détourné les fonds de l’une de ses banques.

Alors que Pyke est sur les traces du coupable, il ne se voit pas tomber dans un redoutable piège.

Bientôt emprisonné à Newgate, son seul espoir repose sur la détermination d’Emily Blackwood à prendre parti contre son père : lord Edmonton.

Critique :
♫ There is a house in New Orleans,♫ They call the rising sun ♪ And it’s been the ruin of many a poor Boy, ♪ And God I know I’m one ♫

Non, non, non ! Coupez ! J’ai pas demandé eu D.J la V.O, moi, mais la V.F. Bon sang, le petit personnel n’est plus ce qu’il était. Bande d’Animals, va.

♫ Les portes du pénitencier, bientôt vont se fermer, Et c’est là que je finirai ma vie ♫ Comm’d’autres gars l’ont finie ♫

Cette bande-son collera mieux au corps de ce roman vu que nous serons incarcéré à Newgate et que ça a plus des airs de pénitencier que de Club Med !

Londres 1829. Victoria n’a pas encore posée ses gracieuses fesses (ou son honorable postérieur) sur le trône et en ce temps-là, c’était George IV qui l’occupait.

L’Angleterre de Victoria comptait son lot de miséreux, mais sous George, ça n’allait pas mieux non plus et l’auteur m’a fait plaisir en ajoutant une touche de descriptions sociales dans son polar historique qui, sans être trépidant, ne vous fera pas dormir non plus (sauf si vous avez passé une nuit blanche avant).

En ce temps-là, Scotland Yard n’est pas encore né, on le sent venir, ne manque plus qu’un dernier coup de rein pour évincer les Bow Street Runners, ces gars qui, comme ceux qui nous gouvernent, ont une moralité douteuse (je sors !).

Vous aimez le côté droit de Sherlock Holmes ? Vous appréciez que de temps en temps il fasse la nique à la loi ? Ou qu’ils utilise des informateurs pour avancer dans son enquête ?

Et bien, dans ce polar, l’enquêteur Pyke va vous défriser l’bazar à tel point que vous vous demanderez s’il ne se la joue pas « hôpital se foutant de la gueule de la charité » ou « Munster disant au Camembert : tu pues  » !

Certes, les putes de fils (je n’insulterai pas leurs mères) qu’il va mettre devant leurs forfaits accomplis sont des salopards de première classe, mais Pyke peut aller bouffer à leur râtelier et ses mains sont toutes aussi remplies de sang que les leurs.

La fin justifiera tous les moyens ! Même des morts innocentes.

Ok, Pyke n’a pas étranglé un bébé, mais je lui garderai tout de même un chien de ma chienne ainsi qu’a son auteur. Avec Olivier Norek, c’est une histoire de chat, dans le cas d’Andrew Pepper, ce sera une affaire de chien. Dire qu’il ose ensuite faire des reproches aux autres.

Pourtant, malgré tout, je l’ai bien apprécié, le Pyke et son côté taiseux, entêté durant une enquête, poursuivant sans relâche afin d’arriver à résoudre l’affaire. Il a un côté holmésien dans le fait qu’il ne montre jamais ses sentiments.

En 1829, ça grognait déjà et toujours entre les catho et les protestants, le moindre fait est monté en épingle et une fois la mèche allumée, yapuka laisser tout péter, les gentils habitants se chargeant eux-mêmes de s’assassiner entre eux. Machiavélique !

Toujours ces vieilles histoires… Le catho en veut au protestant de lui avoir cassé la gueule hier et le protestant rappelle au catho que la semaine dernière, il massacrait 30.000 des siens, alors que le mois dernier, c’était… ♫ Non, non, rien n’a changé ♪

Le serpent se mord la queue et les morts de maintenant ne rachèteront jamais les morts d’avant. Pourtant, chacun campe sur ses positions et cet antagonisme est bien rendu dans le récit, donnant une certaine atmosphère à ces pages bien sombres.

Les dialogues sont souvent percutants, machiavéliques même, à certains moments, et l’enquête de Pyke va l’entrainer dans une spirale de violence à faire pâlir de jalousie Jack The Ripper him self car les cadavres vont se ramasser à la pelle et Pyke ne sera pas toujours innocent dans ces affaires, comme je vous le disais plus haut (suivez !).

Un polar historique qui se lit tout seul car les personnages vous entraineront dans cette gigue infernale et la question qui se posera dans ces pages sera « Qui a fait ça et pourquoi ? ».

La solution se trouvera à la fin et oui, c’est perfide ! Mais tout à fait naturel et vieux comme le Monde.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018) et Le Mois anglais saison 7 chez Lou et Cryssilda (juin 2018).

La dernière nuit à Tremore Beach : Mikel Santiago

Titre : La dernière nuit à Tremore Beach

Auteur : Mikel Santiago
Édition : Actes Sud (04/05/2016) / Babel Noir (Janvier 2018)
Édition Originale : La ultima noche en Tremore Beach (2014)
Traducteur : Delphine Valentin

Résumé :
Clenhburran : cent cinquante âmes en hiver, ses routes sinueuses entre vallons verdoyants et récifs escarpés, ses tourbières et ses fleurs sauvages.

C’est en Irlande, dans ce hameau du comté de Donegal, que le célèbre compositeur Peter Harper est venu trouver refuge dans une maison isolée sur la plage. Pour s’accommoder d’un divorce orageux et renouer avec la musique.

Au retour d’un dîner chez des amis par une nuit de tempête, il tente de dégager la branche d’un vieil orme qui lui barre le chemin, quand il est frappé par un éclair d’une rare violence.

S’ensuit une migraine chronique qu’aucun traitement ne parvient à apaiser, suivie, quelques jours plus tard, par de récurrents cauchemars sanglants où peu à peu apparaissent ses voisins et ses propres enfants, qu’il attend pour les vacances.

Ces rêves semblent l’avertir d’un danger imminent auquel personne n’est disposé à croire. Saisi d’une angoisse vertigineuse lorsqu’il constate que jour après jour des pans entiers de ses visions nocturnes s’incarnent dans la vie réelle, il doit lutter seul contre la menace qui désormais enserre les siens.

Petit Plus : Dans ces paysages irlandais aussi grandioses que inhospitaliers, c’est la part d’ombre de chaque personnage qui se dévoile, tous rattrapés par ce qu’ils sont ici venus fuir.

Un rythme vertigineux, un suspense tramé au cordeau : un début fracassant pour un auteur surnommé déjà le “Stephen King espagnol”.

Critique :
Un coup de foudre, ce n’est pas si grave que ça… C’est même plaisant.  Se prendre un éclair au chocolat, à la pâtisserie du coin, c’est gourmand.

Sauf si le coup de foudre et l’éclair sont à prendre au premier sens du terme !

Peter Harper, compositeur de musique, s’est pris pour Benjamin Franklin et nous a joué un remake de « La foudre m’a prise par derrière, la salope ».

Le pauvre Peter s’est pris un cours-jus dans tout le corps et à été mis au courant que la foudre pouvait vous traverser sans pour autant vous tuer.

Tout est bien qui fini bien, donc, et il aurait pu reprendre sa petite vie à se lamenter sur son divorce et son manque d’inspiration, le tout en arpentant les jolies plages de Clenhburran, comté de Donegal, Irlande.

La tempête était à son apogée. Si, comme le prétendent certaines mythologies, c’était un acte d’amour entre les dieux du ciel et les dieux de la terre, alors ils atteignaient le troisième acte d’une partie de jambes en l’air historique.

Pas de bol, ce coup de foudre va lui déclencher des migraines atroces et des visions plus réalistes que celles obtenues avec un casque de réalité virtuelle : sa famille massacrée, ses voisins agressés, des tueurs à sa porte…

Où est la réalité, où est la fiction lorsque l’on se paie un cauchemar en Technicolor, Dolby Surround et en 3D ? Visions prophétiques ou gros pétage de plombs de son cerveau ?

Ce truc-là était aussi réel que se coincer la queue dans la braguette de son pantalon. Ça faisait mal. Et les rêves ne font pas mal.

Un auteur espagnol qui parle aussi bien de l’Irlande et de ses paysages sauvages, on a envie de l’engager pour nous concocter un circuit touristique ! Et s’il est aussi bon en guide du routard qu’en tant qu’auteur, le voyage sera magnifique mais super mouvementé.

On s’attache très vite à Peter Harper et à ses voisins, les Kogan, de plus, ce petit écrin de nature dans le trou du cul de la verte Erin a tout pour plaire. Le genre d’endroit où on voudrait se poser pour 6 mois, le temps de se vider l’esprit en arpentant ses plages et ses falaises, un livre à la main (gaffe à pas se casser la gueule).

Ce roman ne videra en rien votre esprit mais le mettra plutôt à rude épreuve tant vous aurez envie, tout comme moi, de percer ce mystère des visions de Peter, de savoir si c’est un trip de son cerveau et qu’il doit finir avec une veste qui s’attache dans le dos ou si tout ses cauchemars vont se réaliser et donc, qu’il a tout d’un Nostradamus (en moins embrouillé).

Il aurait fallu que je fume un sacré joint, ou que je m’amuse avec un truc genre mescaline, pour percevoir tout cela avec autant de précision. C’était aussi proche que possible de la meilleure définition du réel.

Pas vraiment un roman qu’on lit pour se détendre à la plage, sous peine de se voir enseveli sous la marée montante parce qu’on aura oublié ce petit détail, tant on aura été captivé par l’histoire.

Le récit ne va pas à la vitesse d’un road-runner poursuivi par un Coyote, pas non plus au rythme d’une course contre la montre (sauf dans le final), au contraire, le récit prend le temps de planter son décor et ses personnages, de faire monter la sauce, de l’épaissir et de vous la servir petit à petit.

Autant où je peux m’emmerder dans certaines présentations, autant ici j’ai passé un excellent moment car les personnages m’ont bien plu, leurs histoires étaient intéressantes et l’intrigue aussi.

J’ai apprécié et savouré le fait que tout se mette en place assez vite tout en sauvegardant la montée du suspense.

On a beau flirter avec ce que certains nommeraient « fantastique » en ce qui concerne ces personnes qui ont des intuitions, sorte de sixième sens qui les empêche de monter dans le bus (avion, train,…) qui va avoir un accident, le récit reste réaliste et jamais on ne s’enfonce dans le grand n’importe quoi.

J’ai eu du mal à lâcher ce roman au soir, je suis allée me coucher tard et je me suis levée très tôt pour le terminer le lendemain, avant de repartir bosser. Mauvaise nuit que j’ai passée car je me suis endormie en me posant un tas de questions que mon cerveau a essayé de résoudre durant ma courte nuit.

Un thriller qui m’a fait frissonner, un suspense haletant, des mystères, de l’action, des personnages sympathiques et attachants, un scénario bien construit et un final bourré d’adrénaline.

Ah merde, le roman est déjà terminé…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018) et le Mois Espagnol chez Sharon (Mai 2018).

 

Meurtre au dix-huitième trou : John-Erich Nielsen [Inspecteur Sweeney – Tome 01]

Titre : Meurtre au dix-huitième trou – Inspecteur Sweeney – Tome 01

Auteur : John-Erich Nielsen
Édition : du Palémon (2016) / Head over Hills (2005)

Résumé :
Amanda Nelson est morte… L’Américaine était la maîtresse de Will Tyron Jr, le n°1 mondial de golf. Elle était aussi la fille du général Boyle, le conseiller militaire du dernier Président des États-Unis.

Beaucoup de passions autour de cette jeune femme.

Trop sans doute : on lui a fracassé le crâne, avant de l’enterrer sous un bunker du parcours de St. Andrews en Écosse…

Critique :
♫ Morte dans le sable ♫ Le corps dans l’eau ♪ Son crime était trop beau ♪ Une balle qui l’achève, il clamsera, devant ses fans et moi  ♫ ♪ Comment arriver à résoudre ça ? Dans ces pays loin là-bas ? ♪ (1)

Vous savez ce que c’est lorsqu’on arpente les travées d’un salon du livre : on tombe immanquablement sur des petites maisons d’éditions avec des auteurs peu connus car ils n’ont pas les honneur des têtes de gondole.

Cette année, j’avais décidé de me pencher un peu plus sur des auteurs de polars inconnus, sans pour autant négliger le côté dépaysement de la lecture.

Alors, j’ai porté mon dévolu sur l’inspecteur Sweeney (Todd ? mdr) de la Police criminelle Édimbourg car son auteur m’en a parlé avec ferveur, m’apprenant même des petites choses sur le monde du golf et sur lequel je ne savais rien.

J’ai donc acheté cette première enquête de l’inspecteur Sweeney, dont la bouille dessinée sur la couverture m’a bien plu, sans oublier son air un peu mutin et dégingandé.

Malgré ma PAL de plus de 1.500 titres, étrangement, la curiosité aidant (« changement d’herbage réjouis les veaux », comme disait mon grand-père) le jeune inspecteur écossais (qui ne porte pas de kilt, c’est bien dommage) n’a pas trainé plus de quelques heures et en fin de journée, je lui avais réglé son compte, à cet inspecteur à la barbe rousse et au style improbable.

Quand je me souviens des débuts de cette affaire, je frémis encore… Je me dis qu’à ce moment-là, j’étais loin d’imaginer que mon enquête allait me conduire des côtes écossaises jusqu’en Géorgie, dans la moiteur du Sud américain, pour s’achever sur une lande irlandaise battue par les vents. Et là, si j’avais pu me douter de ce qui m’attendait… Bon sang ! Mes nerfs allaient être mis à rude épreuve… »

Verdict et autopsie ? Niveau voyage, je n’ai pas été déçue puisque je suis passée de l’Écosse à la chaleur torride de la Géorgie américaine et puis, j’ai foulé le sol Irlandais. Point de vue décalage horaire, c’était du lourd !

Niveau inspecteur de police, j’ai aimé son humour, sa jeunesse, sa maladroitesse (néologisme offert), son côté « rentre dedans sans mettre des gants », bref, son côté pieds dans le plat sans diplomatie aucune et le fait que, comme moi, il n’y connaisse que dalle au monde fermé de la petite balle blanche.

Gérad Collard comparait les enquêtes de Sweeney au genre Agatha Christie troisième millénaire : jamais chez la mère Agatha je n’ai réussi à trouver le coupable, alors qu’ici, oui (mais pas le « comment »), de plus, niveau 3ème millénaire, on repassera puisque nous sommes encore à l’ère de la disquette !

Certes, nous sommes sur des parcours de golf, comme dans le célèbre « Crime du golf » de la mère Christie, mais Sweeney n’est pas Hercule Poirot, et c’est tant mieux, puisque Poirot est unique ! Et Belge, aussi (cocorico).

Anybref, ce polar est un whodunit classique, avec un inspecteur original, qui possède des blessures, mais pas au point d’être fracassé comme certains, une tante bien sympathique, sorte de Watson dans ce qu’elle est un conducteur de lumière, sans oublier le chien bizarre de Sweeney et son style vestimentaire bien à lui.

Sweeney ne va rien révolutionner (ou alors, dans les suivants que je n’ai pas lu), mais il m’a apporté de la fraicheur dans mes lectures qui, ces derniers temps, étaient assez sombres, sans pour autant mettre mon cerveau au repos !

Une belle découverte et une envie, un de ces jours, de repartir enquêter aux côtés de Sweeney sur la lande écossaise.

(1) Mes excuses à Roch Voisine pour le détournement de sa chanson « Hélène ». Et si la chanson vous trotte dans la tête toute la sainte journée (♫), alors tant mieux ! Même pas honteuse. La chanson fait référence à toutes les morts qui parsème ce petit roman.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018) , le Mois du polar (Février 2018) chez SharonLe Challenge et « Les Irréguliers de Baker Street » repris par Belette [The Cannibal Lecteur] et sur le forum de Livraddict (N°39 – Trois-quart manquant – Un livre sur le monde du sport, ce sera le golf).

Brooklyn : Colm Tóibín [LC avec Bianca]

Titre : Brooklyn

Auteur : Colm Tóibín
Édition : Robert Laffont (2016) / 10/18

Résumé :
Enniscorthy, sud-est de l’Irlande, années 50. Comme de nombreux jeunes de sa génération, Eilis Lacey, diplôme de comptabilité en poche, ne parvient pas à trouver du travail.

Par l’entremise d’un prêtre, sa sœur Rose obtient pour elle un emploi aux États-Unis.

En poussant sa jeune sœur à partir, Rose se sacrifie : elle sera seule désormais pour s’occuper de leur mère veuve et aura peu de chance de se marier.

Terrorisée à l’idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de Rose, Eilis quitte l’Irlande.

À Brooklyn, elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise et commence son existence américaine sous la surveillance insistante de la logeuse et des autres locataires.

Critique :
Auriez-vous oser tout quitter – votre famille, vos amis, votre ville, votre pays, votre continent – pour aller travailler dans une ville et un pays inconnu, vous ? Moi, pas sûre…

Déjà que monter à la capitale était toute une aventure… Et je n’étais pas à l’autre bout du monde, la Belgique, ce n’est pas bien grand.

Pourtant, Eillis a osé le faire. Bon, pas vraiment de bonne grâce, on pourrait dire qu’on ne lui a pas laissé le choix, vu qu’elle ne trouvait pas d’emploi dans sa ville Irlandaise, alors qu’elle avait un diplôme de comptabilité.

Là, je peux dire que j’ai eu une lecture rafraichissante, agréable, dépaysante (comme d’hab) et surtout, je me suis identifiée à Eilis dans certains de ses gros blues. Et je ne vous parle pas de la musique que j’aime…

Si ce roman comporte une histoire d’amûr, le réduire à ça sera criminel car dans le fond, on a aussi du roman noir avec les pauvres gens obligés d’immigrer aux States afin de trouver un emploi, comme bien des Irlandais, entre autre (et pas qu’eux).

Roman noir aussi de par la condition sociale des Noirs qui, en 1950, pourront entrer dans certains magasins qui étaient fréquentés uniquement par des Blancs. On a beau savoir que la ségrégation a existé (et elle existe encore, hélas), lire certains faits provoquent toujours chez moi un malaise certain.

Mon seul bémol sera pour ce passage là : j’aurais aimé que l’auteur approfondisse un peu plus cette partie-là du roman. Certes, on a les réactions choquées des vendeuses, de certaines clientes, des filles de la pension de famille, mais j’ai trouvé que ça faisait peu.

Les personnages sont humains, normaux, bien décrits, avec ses lots de pestes, de timides, de coquines, de mêle-tout.

Eilis, elle, elle oscille entre les deux, n’étant jamais peste, mais jamais effacée non plus. Parfois, j’aurais aimé qu’elle s’affirme un peu plus devant les autres, surtout devant sa mère, qui elle, ne se rend même pas compte qu’elle parle pour sa fille et décide pour elle aussi.

Quant aux lieux décrits, ma foi, j’ai eu l’impression de les voir, de les arpenter, de humer l’air de Brooklyn, me demandant sans cesse ce que j’aurais fait à la place d’Eilis, comment j’aurais réagi.

Anybref, ce roman, c’était une bulle d’air dans mes romans noirs purs jus, un petit bijou à lire, avec des personnages attachants, qu’on se plait à suivre, même si parfois on a envie de les houspiller pour qu’ils se comportent autrement et arrête toutes ces cachoteries.

Un roman que j’ai posé avec regrets sur la table, une fois terminé.

Une LC avec Bianca qui, une fois de plus, donne des chroniques différentes. Son lien est dans son nom, cliquez dessus pour savoir tout, tout, tout… sur Brooklyn !

Le Challenge « Les Irréguliers de Baker Street » repris par Belette [The Cannibal Lecteur] et sur le forum de Livraddict (N° 25 – Le Pensionnaire en Traitement – un livre dans lequel les personnages vivent en colocation).

De cauchemar et de feu : Nicolas Lebel [Critique – Défi CannibElfique]

Titre : De cauchemar et de feu

Auteur : Nicolas Lebel
Édition : Marabout (03/05/2017)

Résumé :
Paris, jeudi 24 mars 2016 : à quelques jours du dimanche de Pâques, le cadavre d’un homme d’une soixantaine d’années est retrouvé dans un pub parisien, une balle dans chaque genou, une troisième dans le front.

À l’autopsie, on découvre sur son corps une fresque d’entrelacs celtiques et de slogans nationalistes nord-irlandais. Trois lettres barrent ses épaules : IRA. Le capitaine Mehrlicht fait la grimace.

Enquêter sur un groupe terroriste irlandais en plein état d’urgence ne va pas être une partie de plaisir. D’autant que ce conflit irlandais remonte un peu.

Critique :
Qui a dit que la lecture n’élevait pas l’esprit ? Et bien, j’invite tous ceux-là à ouvrir un roman de Nicolas Lebel afin de comprendre qu’il existe des lectures qui volent plus haut que certaines !

Mais pas sûr que ces gens-là comprendront… Ou alors, ça leur donnera mal à leurs petites pensées étriquées…

Lire un roman de Nicolas Lebel leur collera une migraine de puissance 10 sur l’échelle de Richter. Moi, j’adore et il ne me donne pas mal au crâne avec ses réflexions.

Son commissaire Mehrlicht n’est pas ce que l’on peut appeler un dieu grec (private joke) niveau physique. Il en est même l’opposé, lui qui ressemble à une grenouille qui se serait faite écrasée pas un camion, puis dessécher au soleil et enfin, mâchouillée ensuite par un renard…

Pourtant, c’est toujours un plaisir de retrouver ma petite grenouille fumeuse de Gitane et adepte de bons mots, ainsi que ses deux lieutenants, Latour, la jolie rousse et Dossantos, le bodybuildé adepte de séries et qui connait, pas cœur, le code pénal.

En découvrant un assassiné dans les chiottes d’un pub tenu par un irlandais à Paris, avec deux balles dans chacun des genoux, notre capitaine à la gueule chiffonnée ne pensait pas mettre les pieds dans un bordel pareil et suivre un tueur fou à la trace, suivant les cadavres, ses curieux dessins et ses inscriptions, écrites dans un sabir inconnu de notre flic de choc.

Non, « Na dean maggadh fum » n’est pas une future inscription sur les paquets de clopes. C’est du gaélique et si le conflit irlandais était loin dans votre mémoire, après lecture de ces pages hautement addictives, vous pourrez aller devant Julien Lepers et répondre à ses questions pour un champion tout en fredonnant « Ah ça IRA, ça IRA ».

Nicolas Lebel a cette fois-ci choisi de nous entraîner dans le passé, dans les années 60-70, dans une Irlande séparée, dans une Irlande déchirée, dans une Irlande du Nord en proie à l’envahisseur protestant qui n’est pas un tendre et qui a tout d’un criminel en puissance. La résistance s’organise et elle ne fera pas dans la dentelle non plus.

Alternant les sauts dans le passé et dans le temps, passant de l’Irlande d’hier au Paris d’aujourd’hui, l’auteur, avec sa verve habituelle, nous en donne pour nos sous niveau tension et les réflexions profondes de ses personnages sont aussi douces à l’esprit qu’un cappuccino crémeux l’est pour la gorge en souffrance.

Ça glisse tout seul dans ton cerveau non formaté par les médias et tu te dis qu’il y a encore des personnes qui ont un cerveau et qui savent mettre en page leurs pensées, leurs vérités, la réalité.

Du capitaine Mehrlicht pur jus, sans filtre, sans additifs, sans édulcorant et autres saloperies. Et du capitaine Mehrlicht, tu peux en fumer tant que tu veux, c’est bon pour la santé mentale ! Sauf si t’as pas de cerveau…

Maintenant, je me demande ce que le prochain opus nous réserve parce que notre « rebel » Lebel vient encore de placer la barre très haute avec une enquête qui était très bien menée, travaillée, addictive, intrigante, intéressante et qui, contrairement à ce que je pensais, n’était pas aussi simpliste que je le pensais  !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018).

Pourquoi je l’ai choisi (Par Stelphique) :

Nous étions impatientes de nous retrouver ma binomette et moi, pour une nouvelle LC spécial Lebel ! Vous le savez, on s’est lancé dans cette saga à deux depuis le tout premier Merlicht, alors on ne change pas une habitude comme ça… Le number 4 sort, on se jette dessus en duo!!!!

Synopsis :

Paris, jeudi 24 mars 2016 : à quelques jours du dimanche de Pâques, le cadavre d’un homme d’une soixantaine d’années est retrouvé dans un pub parisien, une balle dans chaque genou, une troisième dans le front.  À l’autopsie, on découvre sur son corps une fresque d’entrelacs celtiques et de slogans nationalistes nord-irlandais. Trois lettres barrent ses épaules : IRA.

Le capitaine Mehrlicht fait la grimace. Enquêter sur un groupe terroriste irlandais en plein état d’urgence ne va pas être une partie de plaisir. D’autant que ce conflit irlandais remonte un peu.

Dans ce quatrième opus, Nicolas Lebel nous entraîne sur la piste d’un un assassin pyromane, un monstre né dans les années 70 de la violence des affrontements en Irlande du Nord, qui sème incendie, chaos et mort dans son sillage, et revient aujourd’hui rallumer les feux de la discorde à travers la capitale.

Ce que j’ai ressenti :… Un feu de légende, dans un cauchemar réel…

Depuis, que j’ai découvert Monsieur Lebel, je ne peux plus me passer de ses répliques bien senties et de son personnage atypique le capitaine Merlicht !

Toujours le plaisir de me plonger dans ses enquêtes qui fleurent bon les références littéraires et le goût du savoir-vivre! Je suis fan de cet auteur mais…

Dans cet opus, j’ai moins retrouvé toutes les belles envolées de bons mots, j’ai cherché toute la magie qui fait que j’adore lire ses enquêtes, il m’a manqué la petite pétillance qui fait toute la différence…

— Laisse tomber, ce sont des tièdes. Je vomis les tièdes. Juste un trio de quiches ! Des quiches tièdes.

Pour autant, l’auteur nous donne une enquête flamboyante, avec un travail de recherche précis et une mise en lumière d’un conflit brûlant ! C’était très instructif !

En plus, j’ai trouvé cela super intéressant de voir que le terrorisme peut avoir d’autres parallèles, influences et noms,  mais reste toujours  que le fanatisme religieux fait des ravages explosifs dans les esprits, et surtout, qui fait tomber bien des vies…

« Le bon combat est celui qui est engagé au nom de nos rêves. »

Nicolas Lebel nous donne un ressenti de l’intérieur d’une cellule terroriste, il nous dévoile un jeune homme simple qui bascule…

J’ai trouvé cela, très intéressant, puisque ce n’est pas un concept nébuleux d’une simple tuerie, mais tout un engrenage qui conduit à la catastrophe…

Une approche donc plus intime, et un personnage qu’on voit lentement se perdre dans un éclair blanc…

J’ai adoré aussi que la réalité se mélange au folklore, qu’on est, non seulement une approche politique et sociale de l’Irlande mais aussi, une légende imprégnée et furieuse, propre à ses terres…

Le Far Darrig est une créature de cauchemar et de feu.

L’équipe devra jouer avec les timing et les contrecoups pour garder un minimum de cohésion.

En tout cas, je suis impatiente de lire la prochaine enquête, car il semblerait que l’osmose de groupe en est pris un coup, donc cette fin laisse présager quelques évolutions de personnages qui seront sans doute intéressant à découvrir…

Pour autant, avec ma binomette, on reste plus unies que jamais, et le prochain Lebel sera sans doute lu en LC, parce que l’amitié, il n’y a que cela de vrai ! (Je plussoie ! © Cannibal)

Ma note Plaisir de Lecture  7/10

Lien vers la chronique de Stelphique

La mort a ses raisons : Sophie Hannah [Les nouvelles enquête d’Hercule Poirot 2]

Titre : La mort a ses raisons [Les nouvelles enquête d’Hercule Poirot 2]

Auteur : Sophie Hannah
Édition : Le Masque (07/09/2016)

Résumé :
100 ans après la création de l’enquêteur culte Hercule Poirot par Agatha Christie, Le Masque publie une nouvelle aventure inédite de ce héros mondialement connu.

Hercule Poirot et l’inspecteur Catchpool n’ont jamais rencontré lady Athelinda Playford.

C’est donc empreints de curiosité qu’ils se rendent dans le comté de Cork pour prendre part à une réception organisée par cette dernière en son domaine de Clonakilty. Aucun d’eux ne sait pourquoi il a été invité.

Mais lors du dîner et à la surprise générale, lady Playford annonce avoir modifié les clauses de son testament : elle a décidé de déshériter ses deux enfants en faveur de son secrétaire qui n’a plus que quelques semaines à vivre.

Critique :
— Non, Hercule Poirot n’est pas mort ! Vous avez vu son hommage chez Jean-Pierre Foucault ? Non ! Alors Hercule Poirot n’est pas mort ! Hercule, si tu nous regarde… Les lecteurs sont formidables (avec la voix d’Alain Chabat imitant Jacques Martin).

Damned, un Hercule Poirot que je n’avais pas lu ! Comment diantre cela se faisait-il ? Impossible pourtant !

Ouf, mon honneur est sauf, c’est un Hercule Poirot pastiche ! Heu, il m’avait semblé que la mère Agatha l’avait tué pour ne pas qu’il lui survive ?

Oui, mais ses héritiers ont donné la permission à Sophie Hannah de le faire revivre. Moi je dis « Génial », même si c’est le détective du 221b Baker Street mon préféré, j’ai toujours adoré lire un Poirot.

Dès le départ, on est plongé dans les affres de la famille de lady Athelinda Playford et le repas familial pris en son domaine de Clonakilty n’a rien d’un souper tranquille où tout le monde papote gentiment. Dès le départ, les piques fusent, les méchancetés volent et elles volent bas.

Comme chez la mère Agatha, nous avons des personnes réunies dans un lieu « clos » qui, ici, en l’occurrence, est la propriété assez grande de lady Athelinda (auteure de livre policier pour enfants) et une dizaine d’invités, qu’ils fassent partie de la famille ou pas, et, comme en dessert, un meurtre !

Dans la troupe des invités, nous avons quelques personnages bien trempés, dont la fille de lady Athelinda, Claudia, qui a un horrible sale caractère et qui en veut à la terre entière; son fiancé qui est assez cynique et totalement in love d’elle; Dorro, la belle-fille qui est à baffer avec ses interventions à l’emporte-pièce et son mari, Harry, son mari et vicomte de Playford qui est mollasson.

Plus les autres que je ne citerai pas mais qui sont tous bien campés en peu de mots et dont certains ont une présence plus que d’autres tant leur personnalité est exécrable. J’adore.

L’enquête est telle qu’aurait pu nous écrire la mère Agatha, la résolution n’est pas simple et la solution est plus recherchée qu’on ne pourrait le penser de prime abord. Comme dans le canon Herculéen, on réunira tout le monde, personnel compris, pour tout expliquer et arrêter celui ou celle, ou ceux qui ont tué.

Donc, faut l’acheter et le lire ? me direz-vous, la bave aux coins des lèvres… Essuyez déjà la bave, merci.

Si vous êtes à la recherche d’un bon whodunit où la solution finale est complexe et les personnages bien trempés, alors, lisez-le. Mais si vous voulez lire du Poirot dans le texte, refaites-vous le canon, c’est-à-dire les écrits de madame Christie !

Pourquoi ? Parce que j’ai trouvé mon Hercule Poirot différent de l’original. Soit l’auteure n’a pas voulu copier l’original et c’est tout à son honneur, mais moi, j’aurait aimé avoir du vrai Poirot et pas un truc qui en a la couleur mais pas le goût.

Hercule Poirot donne l’impression d’être en retrait dans cette enquête, il doute, ce qui n’est pas dans ses habitudes, les explications viennent plus souvent des suspects que trouvé par notre génial petit détective belge, il ne passe pas ses journées à se lisser la moustache, à nous bassiner avec ses tenues, est moins orgueilleux que d’habitude, ne nous parle pas de ses petites cellules grises…

Bref, j’ai eu l’horrible impression d’être en train de déguster une canette de la célèbre boisson gazeuse qui avait la couleur de l’alcool mais qui n’en était pas. J’avais le flacon, mais pas l’ivresse attendue.

Un excellent roman policier whodunit pour ceux ou celles qui aiment ça, des personnages qui ne sont pas en retrait mais qui volerait presque la vedette de notre détective aux big moustache, un détective belge qui n’est pas « copie conforme » et qui manque d’épaisseur, au sens propre comme au figuré car sur la couverture, on dirait qu’il a perdu son ventre…

Faudra que je lise le premier pour découvrir si là aussi notre bon vieux Hercule Poirot est en retrait ou pas, et s’il est plus copie conforme ou toujours en version Canada Dry©.

PS : Autre chose qui m’a exaspéré, mais ça ne comptera que pour mon esprit tordu… La servante se nomme Phyllis et, pas une seule fois dans tout le roman, un des personnages ne colle LA conjonction qu’il faut pour nous donner un beau « Si Phyllis…. ».

Challenge« Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), le Challenge « Polar Historique » de Sharon et Le Mois Anglais (Juin 2017 – Saison 6) chez Lou et Cryssilda.

On the Brinks : Sam Millar

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Titre : On the Brinks

Auteur : Sam Millar
Édition : Seuil (07/03/2013)

Résumé :
De fait, le spectaculaire récit autobiographique de Sam Millar a tout d’un thriller. À ceci près que si on lisait pareilles choses dans un roman, on les trouverait bien peu crédibles.

Catholique, Millar combat avec l’IRA et se retrouve à Long Kesh, la prison d’Irlande du Nord où les Anglais brutalisent leurs prisonniers. Indomptable, il survit sans trahir les siens: voilà pour la partie la plus noire, écrite avec fureur et un humour constant.

Réfugié aux états-Unis après sa libération, il conçoit ce qui deviendra le 5e casse le plus important de l’histoire américaine.

La manière dont il dévalise le dépôt de la Brinks à Rochester, avec un copain irlandais, des flingues en plastique et une fourgonnette pourrie, est à ne pas croire.

Même Dortmunder, dans un roman de Westlake, s’y prendrait mieux. Il n’empêche, le butin dépasse les 7 millions de dollars!

Un procès et une condamnation plus tard, il retrouve la liberté, mais entretemps, la plus grande partie de l’argent a disparu. Millar semble avoir été roulé par ses complices… Saura-t-on jamais la vérité?

En tout cas, le FBI cherche toujours!

p21-1Critique :
Quand certains disent que les prisons ne doivent pas être des Club Med, je ne leur donnerai pas tort, mais faut pas non plus sombrer dans l’opposé et se comporter comme des gardiens de Goulag ou de camps de concentration, le gazage en moins.

Si on ne m’avait pas dit que ce roman était une autobiographie, un pan de la vie de Sam Millar, l’auteur, j’aurais pensé à une farce, vu la manière dont il cambriolera plus tard l’entrepôt de la Brinks, ou à de la dérision, quand il nous parle de son incarcération à la prison de Long Kesh, en Irlande du Nord, à Belfast, tenue par des gardiens anglais.

Dire que les Anglais et les Irlandais ne s’aiment point serait un euphémisme, l’Histoire est là pour nous le rappeler, sinon, il vous reste U2 et son « Sunday Bloody Sunday » (dimanche sanglant que fut celui du 30 janvier 1972, à Derry, en Irlande du Nord, où 13 civils furent tués et 13 furent blessés par les soldats britanniques alors qu’ils faisaient une manifestation pacifique).

Alors vous pensez bien que si vous appartenez à l’IRA, que vous vous retrouvez incarcéré dans une prison tenue par des matons anglais et qu’en plus, vous refusez de porter les habits de prisonniers, de leur cirer les pompes et de dire « Sir, yes, Sir », vous allez vous en mordre les doigts ! Vous êtes un Blanket Men et on va tenter de vous casser par tout les moyens possibles et imaginables.

Ma foi, si les Anglais disent que les Américains ne sont pas corrects avec leurs prisonniers à Guantanamo, ceux-ci peuvent leur renvoyer dans la gueule ce qu’ils ont fait à ces Blanket Men, à la prison de Long Kesh… Tortures physiques, psychologiques, le tout avec un degré de perversité qui feraient pâlir de jalousie certains SS, fâchés de ne jamais y avoir songé.

Cette première partie du récit est dure, même si l’auteur prend le parti de nous la raconter sur un ton assez humoristique, décalé, sans jamais sombrer dans le pathos ou le larmoyant, un peu à la manière d’Ivan Denissovitch. Dénoncer la chose, mais sans s’apitoyer sur son sort.

Pourtant, je vous jure que ma gorge s’est serrée et mon estomac aussi en lisant le récit de tout ce qu’ils durent subir.

La seconde partie du récit, qui se déroule au États-Unis, est plus agréable à lire, mais plus fantasque et pour la scène du casse de  l’entrepôt de la Brinks, dans une fiction, on aurait hurlé au chiqué, hormis avec un Dortmunder aux commandes du cambriolage.

Bordel de cul, braquer l’entrepôt de la Brinks avec une camionnette pourrie, des flingues en plastiques, réussir le 5ème plus gros casse de l’Histoire, le tout sans verser une goutte de sang, fallait avoir des grosses couilles ou pas de cervelle du tout.

Un fer à cheval dans le cul ? Non, toute une écurie !

Et puis, il restera toujours ce mystère sur l’argent du casse qui a disparu sans que l’on sache qui se l’est mis dans les poches et qui a niqué Sam Millar et son complice.

Un roman sombre sur des pages encore plus sombre de l’Angleterre, sur les conditions des prisonniers, sur les tortures qu’ils subirent pour les faire plier, un langage cru, familier, une histoire qui passe toute seule, des moments angoissants, durs, et puis plus agréables dans sa partie américaine.

Je compte bien découvrir maintenant  les autres romans de cet auteur qui est interdit de séjour chez les yankees !

Étoile 4

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017) et Le « Challenge US 2016-2017 » chez Noctembule.

Sherlock Holmes – Tome 4 – Le Secret de l’île d’Uffa : Croquet & Bonte

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Titre : Sherlock Holmes – Tome 4 – Le Secret de l’île d’Uffa

Scénariste : Jean-Pierre Croquet
Dessinateur : Benoît Bonte

Édition : Soleil Productions n° 4 (2001)

Résumé :
La découverte fortuite d’un bréviaire oublié dans un train entraîne Sherlock Holmes et le docteur Watson dans une île de la mer d’Irlande, sur la piste d’un mystérieux trésor.

De Covent Garden, où l’on tente d’assassiner une cantatrice, en passant par les services des incunables du British Museum, les cadavres s’accumulent, tandis que sur l’île plane l’ombre maudite des templiers…

ESO - devise templierCritique :
L’île d’Uffa c’est cette fameuse Untold Story mentionnée par Watson mais jamais racontée par Conan Doyle… Chouette, m’étais-je dit.

Loupé !!

Comme pour les autres albums de la collection, je n’aime toujours pas les dessins de Holmes. Il est assez épais de corps, son menton pointu ne me plaît pas du tout et sa coupe de cheveux non plus.

Son coiffeur n’est pas celui de votre préz…

Bon, le dessinateur se rattrape en tout cas avec les autres dessins qui concernent les paysages, les autres personnages et les atmosphères. Pas de couleurs criardes comme dans la collection des « Bdétectives » mais des tons corrects et réalistes.

Un petit plus que j’ai oublié de vous signaler dans mes autres critiques : la page de garde ressemble curieusement à l’illustration d’une photo tirée de la Granada, avec Jeremy Brett et David Burke, dans la rue.

Mais passons à l’histoire proprement dite : notre pauvre détective s’ennuie, est ironique avec Watson, lui signalant qu’il lui délaye sa solution à 7%. Heureusement, il va avoir une affaire à se mettre sous la dent.

Comme toujours, les allusions canoniques sont nombreuses et vous vous amuserez à les relever toutes si vous êtes holmésien dans l’âme.

L’intrusion de certaines exclamations anglaises dans les dialogues français est sans doute là pour donner un caractère « so british » et renforcer le discours, mais on aurait pu s’en passer sans problème.

Notre Lestrade ne ressemble en rien à un rat, le dessinateur lui donnant une bonne figure ronde. Il a dû trop forcer sur le Nestlé pour avoir le visage aussi rond. J’ai relevé quatre affiches pour la marque, sur deux pages.

Quand une cantatrice fera appel à Holmes au sujet d’un prince de Ruritanie (cherchez pas, ça n’existe pas, c’est un pays imaginaire créé par Anthony Hope dans son roman « Le Prisonnier de Zenda ») avec lequel elle a une romance, vous sentirez comme un parfum de scandale en Bohème.

Non, ce n’est pas Irène Adler et il n’y aura pas de photo hautement compromettante dans une position inadéquate ! Mais cette histoire entraînera notre détective loin de Londres, sur l’île d’Uffa, située en mer d’Irlande.

Mais avant que nos amis n’aillent s’amuser sur l’île, nous avons Mycroft qui débarque au 221b avec une usurpation de poste et une prophétie au sujet des bijoux de famille que le gentil prince n’a plus !

Bon sang, ça manquait, une prophétie ! On avait eu des malédictions, nous fallait bien le coup de la prophétie !

Ce qu’il faut récupérer, c’est une copie du rituel de Musgrave (aventure canonique). L’histoire des Templiers et les vers de Mirliton sont compris dans le prix.

« Celui qui les emblème aura, Sur le trône siègera, Mais avant tout ça, Les retrouver tu dois, Et pour cela, L’énigme tu traduiras ». [Ceci est du Belette]

Enfin, c’est un truc dans le genre… Bon, ce qui suit est le message correct :

« J’ai relu la vie des Saints, alors la haine s’abaisse, l’air monte et l’eau descend »

Allez, Holmes ressort sa macfarlane à carreaux (il ne se change jamais ?) et Watson est toujours le crétin qui ne pense qu’à manger.

Tiens, lorsque Holmes essaye de décoder le message, nous avons une référence à REDH et son fameux problème à trois pipes. Le code est un peu simpliste, une sorte de « Lève ton Q » en moins impoli.

Le final est très jamesbondien avec des « coucou, devine qui est derrière-toi ? », des répliques marrantes de Holmes, digne de l’espion au service de sa très gracieuse Majesté et des « hauts les mains » dans toutes les langues.

Passons sur les invraisemblances dignes d’un 007, quand Holmes nage et rattrape le canot. Et vu la suite, j’ai pensé que certains s’entraînaient déjà pour le débarquement de 44… Sauf que nous n’étions pas en Normandie.

Bref, de l’action et comme par hasard, le petit-fils turbulent de la reine est toujours derrière tout cela, telle la pieuvre Octopussy portant un casque à pointe.

Par contre, Mycroft va devoir potasser une autre prophétie : « Prends pas ton p’tit frère pour un con ».

Dans la dernière case, on apprendra que Holmes à peur que la cérémonie de mariage de la cantatrice ne le rende mélancolique, pensant à une autre cantatrice, la belle Irène. Holmes a un cœur, c’est déjà ça.

Malgré tous ces petits défauts, c’est le meilleur album des quatre de cette collection, mais pas assez que pour un avis positif à cent pour cent ni plus que 2 étoiles !

Étoile 2

Challenge « Thrillers et polars » de Sharon (2016-2017), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « Sherlock Holmes » de Lavinia sur Livraddict, le Challenge « Victorien » chez Camille, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, « A year in England » chez Titine (Juillet 2016 – Mai 2017), le Challenge British Mysteries chez My Lou Book et le RAT A Week Estival, Summer Edition chez Chroniques Littéraires.

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