Les enquêtes de Lady Hardcastle – 06 – Meurtres en bord de mer : T. E. Kinsey [LC avec Bianca]

Titre : Les enquêtes de Lady Hardcastle – 06 – Meurtres en bord de mer

Auteur : T. E. Kinsey
Édition : City (2022) / City Poche (2023)
Édition Originale : Death Beside the Seaside (2019)
Traduction : Karine Forestier

Résumé :
C’est l’été et lady Hardcastle et Florence, sa femme de chambre, ont bien mérité un peu de repos ! Elles s’offrent enfin une petite escapade balnéaire bienvenue sur la côte anglaise. Entre les glaces sur la plage et les promenades à dos d’âne, tout est pour le mieux. Le calme avant la tempête…

Car, horreur, les pensionnaires de l’hôtel où elles logent commencent à disparaître un à un. Le premier à s’évanouir dans la nature sans laisser de traces est un scientifique de renom qui travaille pour le gouvernement de Sa Majesté.

Fini les vacances : Lady Hardcastle et Flo prennent les choses en main, comme à leur habitude ! Et ça se complique lorsque leur suspect numéro Un est assassiné dans des circonstances macabres.

Avec un directeur d’hôtel hystérique, il y a urgence à résoudre le mystère avant que tous les pensionnaires ne ressortent de l’hôtel les pieds devant…

Critique :
Ayant besoin d’un peu de calme, de repos, bref, de vacances sous le soleil, je me suis dit que ce serait une excellente idée de partir au bord de la mère avec lady Hardcastle et sa dame de compagnie, femme de chambre, bonne à tout faire, miss Florence Armstrong.

Prenant mon maillot, ma pelle et mon seau, j’ai embarqué pour Weston-Super-Mare.

Mais quelle idée saugrenue j’ai eue ! On ne doit jamais partir en vacances avec des passionnés d’énigmes policières, puisque le crime les suit et qu’on va se retrouver, automatiquement, avec des cadavres et des meurtres à résoudre. Ça n’a pas manqué ! Même pas eu le temps de faire quelques pâtés de sable sur cette plage de boue où la mer recule à l’autre bout du monde.

Quelle hécatombe, mes amis ! Les cadavres se ramassent à la pelle (elle n’a servi qu’à ça, ma pelle de plage) et on se dit qu’à la fin du roman, on risque de se retrouver comme dans « Il était dix » d’Agatha Christie (« Dix petits nègres » rebaptisé) : tout le monde mort !

L’action se déroule en 1910 et si nos deux enquêtrices ne le savent pas encore, nous, nous savons ce qu’il va se passer dans 4 ans : la guerre ! Donc, ce n’est pas étonnant que cette enquête ait des airs de roman d’espionnage, puisque ça puait déjà le futur conflit à l’époque. Oui, ce tome 6 sent l’espionnage à plein nez, mais sans les gadgets de 007 !

Alors non, ce ne fut pas des vacances reposantes, il a fallu courir partout, monter ces foutus escaliers, ramasser des corps, fouiner, enquêter, éponger le sang, discuter avec les Laurel & Hardy envoyés par le frangin de lady Hardcastle pour tenter d’étouffer le scandale (ce n’étaient pas les couteaux les plus affutés du tiroir des services secrets), mener une enquête discrète, réanimer le directeur de l’hôtel évanoui et se demander comment faisaient les serveurs pour arriver et repartir dans qu’on ne les remarque.

Mais au moins, on ne s’est pas emmerdée sur la plage, à sucer des glaces à l’eau ou à regarder passer les bateaux (déjà que la mer était basse tout le temps, on a loupé toutes les marées hautes). On a bien bu, bien mangé, on s’est amusée à enquêter, on eu quelques bonnes réparties et on s’est pris une sacrée sur le dos. Que demander de plus ?

Une enquête qui sentait bon l’espionnage, les embrouilles, les magouilles, les mystères, le tout saupoudré d’humour, d’un brin de mauvaise foi (Lady Hardcastle), de quelques coups fourrés, de plans machiavélique et de vacances qui ne se sont pas vraiment déroulées sur l’air du repos. Du pain béni pour notre duo et pour nous, les lectrices et lecteurs.

Tout comme ma copinaute Bianca, je n’ai pas vu venir les explications finales et toutes les deux, nous nous sommes faites avoir, une fois de plus ! Même sans être fan d’espionnage, cette enquête était bien faite, amusante et distrayante ! Nous sommes d’accord.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°153].

L’Elixir de Dieu – 01 – Spiritus sancti : Gihef et Christelle Galland

Titre : L’Elixir de Dieu – 01 – Spiritus sancti

Scénariste : Gihef
Dessinateur : Christelle Galland

Édition : Bamboo Édition (01/02/2023)

Résumé :
Armées de patience, de courage, d’ingéniosité et – qui sait – avec l’aide du Seigneur, elles élaborent un alcool unique en son genre !

En pleine prohibition, le couvent Saint-Patrick est en passe d’être exproprié par la banque. La découverte d’un vieil alambic servant autrefois à la fabrication du rhum change la donne.

Le trafic d’alcool est-il vraiment un péché quand il s’agit de sauver de la banqueroute la maison de Dieu ? Pour mère Agatha, sœur Holly et leurs comparses, la réponse ne fait aucun doute…

Mais face à un chef de la pègre prêt à tout pour maintenir son business et au Ku Klux Klan qui rôde, les bonnes sœurs au passé pas toujours très catholique vont avoir besoin de bien plus qu’une protection divine.

Critique :
Y’a pas à dire, la couverture attire l’œil tout de suite, à cause de la bonne sœur dans l’ombre, qui tient, d’un côté, ce qui semble être une bouteille de gnôle et de l’autre, une sulfateuse !

Le genre de truc qui m’a fait foncer vers cette bédé. Je me doutais que dans la bouteille, ce n’était pas du vin de messe et le résumé à achevé de me convaincre.

L’époque de la prohibition est une période que j’apprécie, en littérature (que ce soit en roman ou en bédé) et quand on mélange la mafia et les nonnes, moi, ça me fait pétiller les yeux.

Massachussets (pas la chanson de Bee Gees), dans un couvent, en 1930. Sœur Holly (pas la Holly de Stephen King) est une novice qui m’a semblé fort peu catholique et la suite confirmera qu’elle n’a rien d’une religieuse conventionnelle et je gage que les autres ne le sont pas non plus…

Dans les arbres, à cette époque, il y a des fruits étranges (strange fruits) : des personnes Noires lynchées par des mecs Blancs, portant des taies d’oreillers sur la tête et qui prêteraient vraiment à rire s’ils n’étaient pas des criminels en puissance (et des couillons, puisqu’ils n’attaquent qu’en bande).

De l’autre côté, il y a la mafia, le trafic d’alcool et un mafiosi pas content du tout et quand le mafiosi n’est pas content, il vaut mieux faire ce qu’il demande, sous peine de se voir offrir un aller-simple pour le boulevard des allongés… Voilà donc nos nonnes en train de distiller de l’alcool, de la goûter, d’endormir le prêtre et de voler des céréales… Bref, rien de catholique !

Les dessins sont très agréables à regarder et les personnages ont tous des petits secrets, même si nous ne les connaîtrons pas tous du premier coup. Le mélange de la prohibition, du racisme, du KKK, des lynchages et de la mafia est réussi et cela donne une petite gnôle pas piquée des hannetons.

D’ailleurs, j’ai connu une polonaise qui en buvait au petit-déjeuner ! Au moins, cette bédé là, elle ne vous rendra pas aveugle, mais elle vous fera sourire pour son côté Sister Act, vous fera frémir pour le racisme qui fait des ravages et le rythme, sans temps morts, vous fera passer un bon moment !

Vivement le tome 2, parce que ce premier tome est bien ficelé, bien distillé et qu’il se termine d’une manière qui ne donne envie que d’une chose : lire la suite, nom de Dieu !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°152]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°39.

Holly : Stephen King

Titre : Holly

Auteur : Stephen King
Édition : Albin Michel (28/02/2024)
Édition Originale : Holly (2023)
Traduction : Jean Esch

Résumé :
Êtes-vous prêt à franchir la porte du 93 Ridge Road ?

Dans une jolie maison victorienne d’une petite ville du Midwest, Emily et Rodney Harris, anciens professeurs d’université, mènent une vie de retraités actifs. Malgré leur grand âge, les années semblent n’avoir pas avoir de prise sur eux.

À quelques pas de leur demeure, on a retrouvé le vélo de Bonnie Dahl, récemment disparue. Elle n’est pas la première à se volatiliser dans ce périmètre. Chose étrange : à chaque fois, il s’agit de jeunes gens.

Quels secrets inavouables cachent les murs tapissés de livres des époux Harris ?

Sur l’insistance de la mère de Bonnie, Holly Gibney accepte de reprendre du service. Elle est loin d’imaginer ce qui l’attend : une plongée dans la folie humaine, là où l’épouvante n’a pas de limite.

Avec ce nouveau chef-d’œuvre, on retrouve un Stephen King au sommet de l’horreur, et son enquêtrice Holly, célèbre héroïne de la trilogie Mr Mercedes et de L’Outsider.

Critique :
Ce nouveau roman du King ne comporte pas de monstres planqués sous le lit ou dans un caniveau, et pourtant, je me demande si les Méchants de ce thriller ne sont pas pires qu’un Grippe-Sou (le clown dans ÇA) !

Lorsqu’on a affaire à un monstre issu du monde fantastique, on peut se consoler en se disant qu’il ne fait pas partie des humains. Mais lorsque l’on a des assassins qui font partie de notre monde, font partie de l’élite, moi, ça me fout encore plus les chocottes !

Et ces deux-là sont gratinés ! Abjects, effroyables, sadiques, machiavéliques et brisant un des tabous de nos sociétés (que je peux comprendre dans certaines situations extrêmes, comme sur un radeau ou après un crash d’avion, mais pas ici). Sûr que ça vous coupera l’appétit !

Comme dans un bon vieil épisode de Columbo, nous saurons directement qui est responsable des enlèvements, puisque le roman commence avec cet épisode. Après ce retour dans le passé, le récit alternera ensuite entre l’année 2021 (et son putain de Covid) et des événements qui se sont produits quelques années auparavant.

Diabolique mise en scène, je trouve, parce que la tension a monté tout de suite, avant de redescendre et de jouer au yo-yo durant plus de 500 pages. Le King me tuera un jour, mais je ne lui en voudrai pas, j’aime qu’il joue avec mes nerfs.

Quel couple, les Harris ! Tiens, le King aurait-il voulu faire un clin d’œil à un autre auteur américain portant ce même nom et père littéraire d’un méchant phénoménal, qui m’avait foutu les chocottes aussi (mais en pire, il était infiniment plus cynique, lui) ? Lui seul le sait…

Il faut du talent, pour faire tenir une enquête sur la disparition d’une jeune fille durant plus de 500 pages, mais le King le possède, en plus du souffle pour tenir la distance et il a étoffé l’enquête d’Holly avec d’autres disparitions suspectes et des petites histoires qui arrivent à ses personnages principaux que sont Holly, Jérôme et sa sœur Barbara.

L’ami Stephen a, une fois de plus, inséré ses peurs (maladie, vieillesse, dégénérescence de la mémoire) et ses avis personnels, notamment sur le mec à la cravate rouge et perruque orange (encore un grand méchant qui me fait peur), sur les antivax et les complotistes qui ne croient pas à l’épidémie de covid-19, sans oublier les flics, tous racistes et assassins de pauvres types qui n’avaient rien fait qu’avoir un feu rouge de cassé.

Alors oui, je suis d’accord avec une partie (le racisme tue !), mais un peu plus de nuance n’aurait pas fait de mal, parce que non, je refuse de croire que TOUS les flics américains sont des salauds de racistes assassins et que toutes les personnes, qui ont refusé les vaccins, étaient des antivax ou des complotistes. On peut avoir peur des vaccins, on peut se poser des questions et ce manichéisme était un peu facile (et indigne d’un auteur tel que le King).

Et puis, il y a Holly… Personnage que j’avais adoré dans la trilogie de Mr Mercedes, dans Outsider et dans la nouvelle qui lui était consacrée dans « Si ça saigne ». Un personnage que j’adore. Dans ce roman, elle est au premier plan, et elle n’arrive pas après la fête, comme dans Outsider.

Elle méritait bien ça, même si le King ne va pas l’épargner et la laisser un peu se perdre dans des considérations, notamment, sur sa dépendance à la clope, sur les drogues, sur sa mère (qui a dépassé toutes les bornes, je suis d’accord). Holly est intelligente, mais elle mettra plus de temps que Columbo pour résoudre cette affaire, qui n’était pas simple, faut bien le dire. Les auteurs étaient insoupçonnables.

Anybref, j’ai adoré ce nouveau roman du King, même s’il est différent de son fond de commerce habituel : le fantastique. L’horreur est présente, mais ça va encore, j’ai connu des passages plus dégueu que ceux que j’ai lu dans son roman et ses méchants foutent moins les chocottes qu’un Gripe-Sou (ÇA) ou que le mec à la moumoute orange (lui, c’est le haut du panier, avec ses potes Vlad, Kim et consorts).

Un roman plus policier que fantastique, plus terre à terre et qui peut être lu indépendamment des autres romans, mettant en scène Holly, même si, entre nous, ne pas les lire serait une erreur, car vous louperiez du grand King (et dans le fantastique, là) !

Un roman qui m’a refait penser aux années Covid, aux comportements débiles de certains, aux peurs des uns et des autres, aux questionnements que j’avais et sur le fait que je ne savais plus toujours sur quel pied danser. Lisez-le, nom d’une pipe !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°151]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°38.

Mon coeur a déménagé : Michel Bussi [LC avec Bianca]

Titre : Mon coeur a déménagé

Auteur : Michel Bussi
Édition : Les Presses de la Cité (11/01/2024)

Résumé :
Mon cœur a déménagé est à la fois un récit initiatique, un roman d’amour et d’amitié, une vaste enquête s’étirant sur plus d’une décennie, et bien entendu une intrigue à twist, nul ne sachant, jusqu’à la dernière page, qui connaît la vérité, et qui la manipule.

 » Papa a tué maman.  »
Ophélie a tout vu, du haut de ses sept ans.
Son père n’est pas le seul coupable. Un homme aurait pu sauver sa mère.

Dès lors, Ophélie n’aura plus qu’un but : retrouver les témoins, rassembler les pièces du puzzle qui la mèneront jusqu’à la vérité. Et se venger !

Enfant placée en foyer, collégienne rebelle, étudiante évoluant sous une fausse identité, chaque étape de sa vie sera marquée par sa quête obsessionnelle.

Critique :
Le nouveau roman de l’auteur sent bon la fresque sociale, celle des HLM, des citées, des ménages qui ont des fins de mois difficile, qui sont sous tutelle, curatelle,…

Ophélie est dans ce cas, ses parents ne s’en sortent pas, ont des dettes, papa boit, fume du hachis (on s’est compris). Et puis, un soir, papa poursuit maman dehors et on la retrouve morte, éclatée sur la route, au-dessus de la passerelle.

Direction un foyer pour la petite Ophélie et prison pour papa… Non, le dernier roman de monsieur Bussi ne respire la joie de vivre, que du contraire, mais il ne force pas non plus le trait pour nous faire d’Ophélie une Cosette, loin de là.

Ophélie est une battante et son seul but sera de se venger de celui qu’elle tient pour responsable de l’assassinat de sa mère : Richard Vidame, l’assistant sociale, celui qui n’a pas voulu aider sa mère et qui était son gestionnaire de dettes.

Ce roman se lit assez vite, tant l’histoire est intéressante et que j’ai apprécié les personnages principaux, notamment Ophélie, Nina, Bénédicte et Steeve, sacré Steeve, qui m’a bien fait rire en parlant de son ordinateur de poche… Moi, j’ai pensé à smartphone et quand j’ai lu ce que Steeve sortait de son sac à dos, j’ai ri un bon coup. J’avais oublié que nous étions dans les années 80, et donc, pas de smartphone !

La seule chose qui m’a un peu gênée, dans l’histoire, c’est qu’Ophélie ne veut jamais lâcher sa vengeance, même quand, à un moment donné, les conséquences de son entêtement seront terribles. Je pense qu’à sa place, j’aurais fait profil bas, mais elle est entêtée et ne veux rien écouter. Ah, la jeunesse…

Dans la dernière ligne droite, alors qu’il ne restait plus qu’un quart du livre à dévorer, le rythme a augmenté et le suspense aussi. Là, j’avais les yeux bloqués sur les pages du livre et il m’a été difficile de le poser, tant je voulais connaître la vérité, même si je suspectais un truc pas net depuis quelques temps (mais je voulais savoir si j’avais vu juste ou non – j’avais tort).

Comme toujours, l’auteur sait jouer avec son lectorat, lui cacher des choses, ne lui montrer que ce qu’il veut bien nous faire voir et c’est ce que j’aime : le twist final, les révélations fracassantes, le moment où je comprends que je me suis faite avoir sur toute la ligne…

Et dans ce roman, même si le twist n’est pas exceptionnel, comme dans d’autres, il n’en reste pas moins inattendu et je peux dire que l’auteur a bien joué avec mes sentiments, avec mes certitudes, bref, il a fait ce que les hommes politiques font le mieux : il m’a bien entubé (mais en littérature ou au cinéma, c’est permis !).

Anybref, c’est une LC plus que réussie avec ma copinaute Bianca, qui, tout comme moi, s’est faite enfumer et vous raconte son avis dans sa chronique !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°150].

Le Philatéliste : Nicolas Feuz

Titre : Le Philatéliste

Auteur : Nicolas Feuz
Édition : Rosie & Wolfe (05/10/2023)

Résumé :
À l’approche de Noël, un vent d’effroi parcourt la Suisse. Un tueur organise un jeu de piste sordide avec des colis postaux. Sa signature ? Des timbres-poste fabriqués à partir de peau humaine.

L’inspectrice de la police judiciaire genevoise Ana Bartomeu est saisie de l’affaire. Son enquête va la conduire des beaux quartiers de Genève à la vieille ville d’Annecy, des impasses sombres de Lausanne aux rues pavées de Delémont.

Réussira-t-elle à démasquer cet assassin mystérieux que les médias suisses et français ont surnommé Le Philatéliste ?

Critique :
À croire que les auteurs de polars se sont donnés le mot : se creuser la tête pour scénariser des crimes pas banals, sortant de l’ordinaire, notamment dans le modus operandi et dans les scènes de crime…

Vous trouvez que les timbres coûtent la peau des fesses ? Alors, fabriquez-les vous même avec de la peau humaine (mais pas la vôtre, hein), comme l’a fait le tueur sadique et pervers de ce roman.

Ah, quand on parle d’originalité, ici, on n’a pas fait dans la dentelle (les timbres ont des dents, contrairement aux poules) ! Jeu de piste à la Poste Suisse, à la recherche de colis suspect dont les timbres sont en peau humaine (une personne a souffert et été torturée).

Le pitch était des plus attractifs et comme ce roman s’était souvent retrouvé dans les listes coups de cœur des copinautes, j’ai eu envie de le découvrir. En ce qui concerne le suspense, les surprises, les retournements de situation, les twist, j’ai été gâtée.

Pour les personnages, il m’a été difficile de m’attacher à l’un ou l’autre, tant ils m’ont semblé froids, distants. Dommage, parce que l’enquêtrice principale était atypique et loin des canons de la beauté et du poids exigés par nos sociétés.

Le scénario, lui, était bien tarabiscoté, notamment avec ces deux affaires qui semblent n’avoir aucun rapport l’une avec l’autre (en plus des timbres humains, nous avions un stalker harceleur ou une plaignante qui mentait !) et des retours dans le passé où l’on se retrouvait avec un gamin en surpoids, sans que l’on sache comment tout allait se goupiller ensuite.

Évidemment, ce n’est qu’à la fin que l’on remettra toute la chronologie en place et que l’on se rendra compte de la perversité de l’auteur qui a bien monté son récit afin d’entretenir le suspense. Maintenant, tout cela serait-il réalisable dans la vie réelle ? Difficile, sans aucun doute et heureusement. Le roman manque un poil de réalisme…

Un polar bien ficelé, addictif, qui peut se dévorer durant une grosse soirée, tant les chapitres sont courts et dynamiques, mais qui, malgré ses qualités, ne me laissera pas de souvenirs impérissables dans la mémoire, sauf quand je regarderai ma vieille collection de timbres (des chevaux, uniquement) et que je repenserai à ce tueur totalement zinzin et au final de l’auteur.

Une lecture plaisante mais pas marquante.

PS : Philatéliste… Bizarrement, ça me fait penser à un sketch d’Éric et Ramzy (pourtant, je ne l’ai vu qu’une seule fois, apparemment, il m’a marqué) = file au tennis.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°148].

Noir comme l’orage : Sonja Delzongle

Titre : Noir comme l’orage

Auteur : Sonja Delzongle
Édition : Fleuve Noir (11/01/2024)

Résumé :
Quatre scènes de crime. Sept victimes. Une seule arme : la foudre.

Après une nuit d’orage, alors que la saison touristique commence à peine, des corps sont découverts sur l’île d’Oléron et ses alentours, attachés à des pieux métalliques plantés dans le sable face à l’océan, foudroyés. Sept dépouilles au total. Et des modes opératoires très proches.

Le capitaine Max Fontaine, en poste à la PJ de La Rochelle, va aussitôt être chargé de l’affaire. Sa priorité : trouver le lien qui unit les victimes pour espérer remonter jusqu’à leur assassin. Il ne se doute cependant pas de la douloureuse épreuve personnelle qu’il s’apprête à traverser, ni de la solitude, de l’impuissance et de la rage qui vont l’habiter durant cette enquête.

Car de nombreux obstacles se dresseront sur sa route avant de pouvoir accéder à la vérité.

Critique :
Noir c’est noir… Dans ce thriller, les meurtres ne manquent pas d’originalité et de mise en scène. Au moins, certains  assassins (via leurs auteurs) se creusent la cervelle pour faire de l’inédit, du rarement vu et délaisser les flingues ou couteaux habituels.

Dans ces pages noires, éclairées par des orages (je me sens poète), on aura beaucoup de morts. Avec un brin d’humour, on pourrait accuser l’autrice de faire du désarmement démographique ! (je ne me lasse pas des bons mots de votre préz).

Le capitaine Max Fontaine n’est pas un enquêteur habituel non plus, il a un petit truc en plus (c’est le cas de le dire, mais je ne dirai rien) qui fait que ce personnage n’a rien à voir avec ceux ou celles aux côtés de qui l’on mène l’enquête dans les polars. Ce petit truc en plus, il l’a fait par amour, pour reconquérir sa douce et non pas parce qu’il estimait que les cartes avaient été mal distribuées.

Le départ était génial, on avait affaire à du jamais vu dans une mise en scène pour des meurtres et j’avoue que je moulinais dans ma tête pour trouver qui avait bien pu assassiner toutes ces personnes et surtout, pourquoi ! Comme les deux enquêteurs, je me suis perdue aussi, j’ai fait des erreurs, mais bon, nous sommes humains.

Au moins, les policiers cherchaient, menaient des investigations, se faisaient mettre des bâtons dans les roues par des nantis, tâtonnaient dans le noir. C’était réaliste.

Par contre, à un moment donné, dans le roman, l’autrice a voulu trop en faire et a ajouté deux crimes inutiles, selon moi (mais ce n’est que mon avis) et comme vous le savez, trop étant l’ennemi du bien, sur cette affaire, c’est parti en capilotades, en exagérations et sur ce point-là, je n’ai pas adhéré, notamment sur la personne coupable.

Non, là, c’étai le sucre qu’il ne fallait pas rajouter, l’affaire des foudroyés était déjà assez copieuse à elle toute seule, inutile, donc, d’aller s’égarer dans une autre affaire qui touchait de près le capitaine Fontaine (et je n’ai pas aimé certaines de ses réactions).

Mais si ce fais fi de ce bémol, pour le reste, je ne me plaindrai pas, c’était addictif, bourré de mystères, de fausses pistes et jusqu’au dernier moment, je n’avais pas capté qui avait fait quoi.

Une fois tout expliqué, j’ai repris la solution dans ma tête, lentement, parce que ça donnait une impression de fouillis et de révélations fracassantes. À tête reposée, cela va mieux, même si j’ai trouvé le mobile un peu léger… Tout ça pour ça ?

Bon, moi, si je devais commettre un crime, je le ferais dans la discrétion, pas dans l’exposition ! Mais dans la littérature et les séries, il faut exposer, sinon, le scénario sera court et bref, ce n’est pas ce que l’on demande.

Une bonne lecture bourré d’adrénaline, d’action, de suspense, de mystères, des personnages borderline, originaux, des enquêteurs qui ne lâchent rien, une écriture assez froide, mais ce n’était pas un handicap. Bémol : l’ajout d’une autre affaire criminelle dont on aurait pu se passer et dont la résolution était un peu limite (dans l’identité du coupable).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°147].

LUX : Maxime Chattam [Par Dame Ida qui n’a pas été éblouie par la lumière…]

Titre : LUX

Auteur : Maxime Chattam
Édition : Albin Michel (02/11/2023)

Résumé :
Les scientifiques comme les religieux ne peuvent expliquer ce qu’elle est ni d’où elle vient.

Elle va transformer pour toujours le quotidien du monde entier, en particulier l’existence d’une mère et de sa fille.

Tout en posant la question qui nous obsède tous… Nos vies ont-elles un sens ?

Un roman au suspense saisissant, hommage lumineux à Barjavel et à la littérature qui divertit, qui interroge.

Maxime Chattam comme vous ne l’avez jamais lu.

L’avis de Dame Ida :
Maxime Chattam est un auteur qui me pose souvent problème lorsqu’il s’agit de donner mon avis sur ses livres.

J’ai adoré certains d’entre eux tandis que d’autres m’ont paru carrément bâclés, que ce soit dans une documentation/recherche trop approximative ou quant à la rédaction de dénouements sombrant dans la facilité ou le grotesque en ressemblant à la fin d’un James Bond.

Et comme je m’étais habituée au meilleur en le découvrant, j’ai tendance à me montrer très exigeante avec lui, sachant de quoi il est capable… Et de fait, lorsqu’il me déçoit je deviens féroce.

Ce roman-là ne fera pas partie de mes préférés, loin de là, pour un certain nombre de raisons.

J’ai tout d’abord trouvé le choix des thématiques abordées un brin racoleur, pour ne pas dire bien trop respectueux des diktats de la pensée woke, qui terrorisent actuellement le monde de la culture. En effet, tous les thèmes chers à ce mouvement de pensée sont présents ! Chattam a bien coché toutes les cases.

Les femmes sont à la manœuvre, voire au pouvoir et en couple lesbien à l’Elysée ; l’une des héroïnes est transgenre, les hommes sont tous des salauds à une exception près (je ne vous dirai pas laquelle !) ; on ajoute une critique en règle du déséquilibre Nord/Sud, sur fond d’apocalypse écologique liée au réchauffement climatique et de théories du complot. Tout y est !

N’a-t-on pas prévenu l’auteur que les romans qui passent à la postérité traitent de l’universel et non de l’actualité, ou doctrines à la mode que nous offrent les médias et qui seront dépassés et sans intérêt quelques années plus tard, quand d’autres préoccupations auront pris le relais dans le poste ?

Bon OK… le réchauffement climatique est parti pour durer un moment… Et puis… Certes les écrivains ont des factures à payer, il faut bien qu’ils mangent, entre deux chefs-d’œuvre…

Anybref, toutes les occasions seront bonnes pour que l’auteur déploie dans la bouche de ses personnages ses propres analyses personnelles sur les discours sociétaux, rebattus dans l’actualité, à travers le prisme de leurs sensibilité supposé.

Ces monologues, bien clairement développés, sans contradiction dans des dialogues, qui en deviendront totalement artificiels ou improbables (qui fait ça dans la vraie vie, à moins de vouloir pontifier ?) me paraîtront pour le moins maladroits, pour ne pas dire lassants, vu leurs répétitions.

Par ailleurs, je suis une lectrice exigeante et j’apprécie les auteurs qui veillent plus à défendre les vérités objectives sur les grandes questions qu’ils soulèvent, en se renseignant comme il le faut… plutôt qu’en calant leur discours sur les idéologies à la mode.

Alors oui… Quand Chattam reprends à l’envie l’idéologie transgenre selon laquelle les personnes transgenres sont « nées dans le mauvais corps » ou que « l’anomalie est dans le corps », ça m’énerve puisque sur le plan de la vérité scientifique et développementale, notre consciences d’appartenir à un genre suppose d’avoir acquis le langage élaboré ou abstrait, ce que nous faisons au mieux à partir de trois ans, alors que notre sexe biologique est déterminé, quant à lui, dès la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde.

Ce n’est pas parce que la médecine a moins de mal à modifier un corps (et encore ce n’est pas si simple ni anodin) que l’anomalie est du côté du corps. Elle vient du décalage entre l’identité de genre, telle qu’elle se construit, et le réel du corps tel qu’il est à la naissance.

C’est ça la vérité scientifique. Mais… une formulation idéologique allant dans le sens de ce que les principaux concernés aiment entendre est certainement plus vendeuse…

D’ailleurs convoquer autant de scientifiques au milieux de nulle part, pour élucider un mystère, en galvaudant systématiquement le discours scientifique, sur lequel l’auteur s’est juste renseigné ce qu’il fallait, pour essayer de rendre crédible des thèses au mieux hérétiques, au pire délirantes, est un travers récurrent de l’œuvre de Chattam avec lequel je suis très mal à l’aise. Et là j’ai eu largement ma dose. On se serait crû devant un épisode du Dr Who !

Les choix thématiques, le développement d’un discours pseudo-scientifique, très assurés, seront aussi gênants que certains artifices rédactionnels.

En plus des longs monologues maladroits pontifiants exposant les vues de l’auteur sur l’actualité, on trouvera un abus de cliffhangers assez pénible.

L’usage de l’arrêt d’un chapitre sur un moment stratégique ou à la fin d’un rebondissement, avant d’ouvrir un chapitre traitant d’une autre action simultanée, impliquant d’autres personnages, est une technique pratique pour entretenir le suspens.

Mais quand cela se systématise tous les quatre ou cinq chapitres, ça devient assez pénible en réalité.

Et puis… Et puis… L’intrigue est limite délirante. On n’est ni vraiment dans la SF, ni franchement dans l’anticipation tant ce monde est proche du nôtre, ni pour autant dans le fantastique, et certainement pas dans un polar.

Ce genre indéfini, qui part dans tous les sens, sans en assumer un plus que les autres, met en échec la mécanique de suspension d’incrédulité dès la moitié de ce livre, que je n’ai terminé que pour me sentir légitime à en faire une fiche. Et j’avoue avoir eu du mal à m’accrocher.

Et sans vouloir spoiler, ça se termine… comme Chattam a déjà terminé d’autres romans que je n’ai pas appréciés…

Et autant dire je n’ai pas davantage apprécié cette précipitation qui trouverait certainement toute sa place dans un blockbuster d’action où l’on se préoccupe plus des images à grand spectacle et du suspens immédiat que de la crédibilité et à l’élucidation claire de l’intrigue.

Peut être Chattam ferait-il mieux d’écrire des scenarii pour le cinéma que des romans, en fait… Avec les films d’action, une fois que les gentils sont sauvés et que les méchants sont morts, on accepte mieux de rester dans le flou quant à l’élucidation de l’intrigue.

Elucidation que l’auteur avait, ici, fait le choix délibéré de ne pas inclure dans le corps du texte, pour s’en expliquer dans des remerciements, avant de proposer un chapitre additionnel ensuite, pour nous livrer ces clés…

Son éditeur a dû lui recommander cet ajout pour éviter une manifestation de lecteurs qui se seraient sentis floués… Tu m’étonnes ! Payer 20 balles et te taper 480 pages pour ne toujours pas savoir ce qui s’est passé à la fin au nom du « à chacun sa vérité »… ça fait juste monter la tension !

Donc… ne vous inquiétez pas… allez jusqu’à ce rajout et vous saurez tout ! Enfin… vous en saurez un peu plus… En tout cas suffisamment pour être débouté d’une action en justice afin d’obliger Chattam de vous révéler le nœud du mystère.

Bref, du suspens, un peu d’originalité… Mais une lecture décevante, loin d’être au niveau des attentes que le nom de Chattam peut pourtant soulever.

Bertille et Bertille – Tome 1 – L’étrange boule rouge : Éric Stalner

Titre : Bertille et Bertille – Tome 1 – L’étrange boule rouge

Scénariste : Éric Stalner
Dessinateur : Éric Stalner

Édition : Bamboo – Grand angle (29/06/2022)

Résumé :
La rencontre improbable d’un flic bougon, d’une jeune aristocrate… et d’une grosse boule rouge ! Bertille et Bertille. Prénom pour l’une, nom de famille pour l’autre.

C’est bien tout ce qui rapproche cette jeune fille de bonne famille et ce commissaire ! Ils ont pourtant un autre point commun pour le moins incongru. Ils ont tous deux assisté à l’atterrissage mouvementé d’un objet insolite.

Un objet qui grossit, grossit, grossit au sens propre du terme devenant un véritable casse-tête pour le gouvernement. Tandis que nos deux personnages s’affrontent dans de réjouissantes joutes verbales, cette mystérieuse boule rouge devient une menace pour la France des Années folles.

Écrasée près de Paris, et ne cessant de grandir, elle se rapproche de la capitale…

Critique :
Je pourrais vous raconter l’histoire d’une petite boule verte, mais ce ne serait pas propre… Alors, ce sera l’histoire d’une étrange boule rouge, arrivée tout d’un coup et qui, jour après jour, enfle…

Qui est-elle, d’où vient-elle, que veut-elle ? Nul ne le sait, mais je peux vous dire que dans cette France de l’après-guerre, certains veulent réduire en cendres cette boule, parce que « non mais oh, c’est la France, monsieur, et ce n’est pas n’importe qui, la France »…

Le commissaire Bertille est un flic à l’ancienne, un qui ne veut pas monter trop haut, qui fait son boulot, qui n’est pas corruptible et qui a fait la Grande Guerre. Sa rencontre avec la boule rouge et la jeune aristocrate Bertille de Chavronnes Des Argons, va lui changer sa vie.

Deux milieux que tout oppose, dans ce Paris des années 20 et pourtant, ils vont se recroiser souvent, lui le grand ours bougon et elle, la jeune fille pleine de fric et libre de toute entrave. La mystérieuse boule rouge les réunit, ils sont fascinés par elle et c’est leurs idées qui vont les réunir.

Leur duo fonctionne très bien. Le panel des personnages est bien diversifié, qu’ils soient dans les principaux ou les secondaires. Sans entrer trop dans les détails, l’auteur a réussi à leur donner de la contenance.

Rassurez-vous, il n’y a pas que cette boule rouge, dans cet album aux tons sépias, gris, où les seules touche de couleurs seront le rouge. Dans cette histoire qui un petit côté Brigades du Tigre, on retrouvera aussi des flics ripoux, des préfets qui s’énervent et des magouilles dans l’arrière-cour. Le commissaire Bertille aura du pain sur la planche, croyez-moi.

J’ai aimé le côté fantastique de cet album, même si nous n’en saurons pas plus sur cette mystérieuse boule rouge. L’enquête que va mener le commissaire, sur le côté, est bien pensée aussi et elle ajoutera de la tension, du suspense et quelques coups de poing bien envoyés.

Les dessins sont très agréables à suivre, ils sont des plus plaisants et j’ai lu cette bédé d’une traite. Elle est plaisante, bien faite, même si comme je vous l’ai dit, le mystère restera entier pour la boule rouge qui gonfle, qui gonfle…

J’espère qu’il y aura une suite !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°146].

A History of Violence : John Wagner et Vince Locke

Titre : A History of Violence

Scénariste : John Wagner
Dessinateur : Vince Locke
Édition Originale :A history of violence (1997)
Traduction : Alex Nikolavitch

Édition : Delcourt- Contrebande (2005)

Résumé :
Un bled perdu des Etats-Unis. Un de ces coins où personne ne s’arrête jamais. Une communauté formée d’un ensemble de citoyens biens propres moralement et bien gentils. Des gens sans histoire, quoi… Jusqu’au jour où le tenancier d’un snack met en fuite ses agresseurs.

Un fait divers. Tout simple normalement. Mais qui va valoir une belle renommée à ce père de famille bien courageux. Mais cette soudaine publicité faite autour de sa personne ne lui plaît guère. Peut-être parce qu’il ne veut pas de statut quelconque ?… Ou bien parce qu’il a quelque chose à cacher par rapport à son passé ?.. Passé dont personne d’ailleurs ne sait grand chose.

En tout cas, certains citoyens de « la grande ville » semblent s’intéresser à notre « héros » et paraissent -eux- bien le connaître. Le hic c’est que ces hommes venus de New York appartiennent à la Mafia. Et ils aimeraient bien remettre la main sur un ancien sale gosse qui a cru qu’il était possible de s’attaquer à « la pieuvre » sans en payer les conséquences…

Critique :
Ce comics m’avait fait de l’oeil à cause de son titre : une histoire de violence. Paraît même qu’on ne avait fait un film, avec l’acteur Viggo Mortensen…

N’ayant jamais vu le film de David Cronenberg, je lui ai préféré le comics (286 pages).

Les dessins, en noir et blancs, ne m’ont pas plu du tout. Ils sont esquissés comme s’ils étaient griffonnés, ce qui n’est pas le plus beau spectacle pour les yeux. Mais tout est ultra lisible.

Par contre, le scénario, lui, est prenant au possible et j’ai lu une partie presque sans respirer, l’adrénaline pulsant à plein pot, tant le suspense était prenant, angoissant.

Pourtant, le scénario n’a rien d’original : Tom McKenna se défend contre deux braqueurs, devient la star locale et un vieux mafiosi vient le voir parce qu’il lui fait penser à quelqu’un qu’il a bien connu et à qui il voudrait donner un chien de sa chienne (et surtout se venger en le tuant).

Ceci n’est pas un comics pour les enfants, c’est noir, violent, testostéroné à fond, avec des armes à feu qui aboient et qui crachent des balles qui font des trous dans des corps et qui tuent, même si l’on ne pleura pas les gangsters. Attention, certaines scènes sont assez… glauques et ultra violente ! La tronçonneuse, ça fait des dégâts.

Le personnage principal, Tom McKenna est mystérieux au possible et durant un moment, on n’est pas sûr qu’il est bien le Joey recherché, même si le suspense n’est pas dans cette interrogation, mais ailleurs.

McKenna est un personnage ambigu, le seul qui n’est pas manichéen. Les méchants sont super méchants, sans nuances aucune, l’un d’entre eux étant même au-dessus du lot en ce qui concerne la méchanceté. Pourquoi est-il si méchant ? Parce que…

Mon petit point d’achoppement, c’est pour la réaction de l’épouse de Tom McKenna, notamment lorsqu’elle apprend le passé de son mari. Tranquille, madame. Ce n’est pas grave… Ben si, tout de même que c’est grave ! On dirait qu’elle vient d’apprendre que son mari, quand il était jeune, a volé une barre de chocolat au supermarché !

Dommage que certains personnages importants soient aussi lisses, sans épaisseur aucune et que d’autres soient un peu stéréotypés (les mecs de la mafia).

Hormis ce bémol, le comics se lit d’une traite, tant le suspense est à couper au couteau et que les péripéties s’enchaînent pour la petite famille de Tom McKenna. La dernière case est un soulagement, quand elle arrive, tant elle m’a libérée de ce stress que j’ai ressenti lors de ma lecture. J’allais pouvoir reprendre une vie normale.

Un comics noir et blanc, ultra violent, très sombre, où je conseillerais aux âmes sensibles de passer leur chemin (ou de le lire à leurs risques et périls). Bon, au moins, les lecteurs ne risquent pas de se prendre une bastos dans le buffet !

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°145]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°36.

 

L’affaire Emmett Till : Jean-Marie Pottier

Titre : L’affaire Emmett Till

Auteur : Jean-Marie Pottier
Édition : 10/18 (01/02/2024)

Résumé :
Fin août 1955, le corps sans vie et défiguré d’un adolescent est repêché dans l’État du Mississippi. Il s’agit de celui d’Emmett Till, un jeune noir de Chicago âgé de 14 ans, venu passer des vacances dans la famille de sa mère.

Quelques jours plus tôt, il a été vu en conversation avec Carolyn Bryant, une jeune commerçante blanche, à qui, selon certains témoins, il aurait fait des avances. Roy Bryant, son mari, et J.W. Milam, son beau-frère, sont venus chercher Till en pleine nuit chez son oncle. Personne ne l’a revu vivant.

Les deux hommes sont vite arrêtés et traduits en justice. Un mois plus tard, un jury composé de douze hommes blancs les acquitte après un délibéré qui a duré une petite heure. Près de soixante-dix ans plus tard, l’affaire Till est devenue un moment de l’histoire des droits civiques aux États-Unis.

Mais l’affaire criminelle n’est toujours pas entièrement résolue. De nouveaux éléments ne cessent de filtrer. L’Affaire Till pèse encore sur l’histoire américaine, mais l’affaire Till n’est pas encore totalement finie.

Critique :
je lis rarement des true crime, mais cette affaire-là me tenait à cœur, car je n’en ai eu connaissance que récemment et le peu que j’en ai entendu m’avait glacé les sangs : Emmett Till, un gamin, Noir, avait été accusé d’avoir eu des propos désobligeants envers une femme, Blanche.

Il fut tabassé par le mari et le beauf, à coups de poings, à coups de crosse de révolver, avant d’être abattu à bout portant et jeté à l’eau, le corps lesté d’un ventilateur.

Il avait 14 ans et sa mère a tenu à ce que son cercueil reste ouvert afin que chacun voit ce que des Blancs étaient capables de faire à un gamin Noir dont le seul tort était d’être du Chicago (du Nord) et de ne pas avoir vraiment conscience des règles ségrégationnistes qui avaient toujours cours dans le Sud, au Mississippi.

Cet essai est un donc un true crime et l’auteur a mené une enquête afin de savoir ce qu’il s’est vraiment passé en août 1955, quand le mari et le beauf sont venu le chercher et aussi ce qu’il s’est passé dans ce foutu magasin : a-t-il vraiment sifflé (le fameux wolf whistle, version Loup de Tex Avery) la vendeuse  et épouse du gérant ? Ou juste sifflé les hommes qui jouaient aux dames ? Ou sifflé parce qu’il bégayait et que cela lui permettait de reprendre contenance ?

Personne ne pourra plus dire, mais je suis sûre qu’il n’a pas tenu les propos sexiste à la dame (et qu’elle a proféré au tribunal) et s’il l’a vraiment sifflé parce qu’elle était jolie, cela ne méritait qu’une remontrance, un « ça ne se fait pas », rien de plus. Pas un meurtre, pas un acharnement tel que celui qui fut fait sur ce gamin en vacances dans la famille.

L’auteur va aussi parler du procès, au plutôt devrais-je dire, de la parodie de procès qui s’est tenu dans cet état hyper ségrégationniste, hyper raciste, où les Hommes Blancs (les WASP) ne toléraient pas qu’un Noir puisse avoir le droit de vote ou que les enfants Noirs aillent sur les mêmes bancs de l’école que leurs petits enfants Blancs.

Dans cette contrée où deux hommes Blancs avaient le droit de tuer un Noir, sans être reconnu coupable… Cette ville où des gens ont donné de l’argent pour les inculpés puissent se payer les meilleurs avocats, où on leur a tapé sur l’épaule, comme pour les féliciter… Après, le vent a un peu tourné, mais si peu.

Les années passant, les témoins sont décédés, l’épouse est revenue sur une partie de ses accusations, mais devant un seul témoin, bref, la lecture de cet essai ne vous donnera pas les réponses vraies et absolues, mais au moins, vous en saurez un peu plus, vous aurez mis les pieds dans un endroit où la ségrégation règne en maîtresse des lieux et vous aurez eu une vision très glauque et moche de l’Amérique.

Un essai que j’ai dévoré, le coeur au bord des lèvres, devant tant d’injustice, tant de violences, tant de déni, tant d’horreurs. Un roman true crime qui frappe fort, sans pour autant aller dans le voyeurisme ou le glauque. Le pays et une partie de sa population l’est déjà…

An American Year

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°144]  et le Challenge « American Year » – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires (du 15 novembre 2023 au 15 novembre 2024) # N°35.