Toute la lumière que nous ne pouvons voir : Anthony Doerr [LC avec Bianca]

Titre : Toute la lumière que nous ne pouvons voir

Auteur : Anthony Doerr
Édition : Livre de Poche (28/09/2016) – 697 pages
Édition Originale : All the light we cannot see (2014)
Traduction : Valérie Malfoy

Résumé :
Marie-Laure Leblanc vit avec son père près du Muséum d’histoire naturelle de Paris où il travaille. A six ans, la petite fille devient aveugle, et son père crée alors pour elle une maquette reconstituant fidèlement leur quartier pour l’aider à s’orienter et à se déplacer.

Six ans plus tard, l’Occupation nazie les pousse à trouver refuge à Saint-Malo chez l’oncle du père de Marie-Laure, un excentrique profondément marqué par son expérience de la Première Guerre mondiale, qui vit reclus dans sa maison en bord de mer.

Pour éviter que les Allemands ne s’en emparent, le Muséum a confié à Leblanc un joyau rare, la copie d’un diamant ayant appartenu à la famille royale de France, sans savoir qu’il s’agit en réalité de l’original.

Loin de là, en Allemagne,

grandit dans un pensionnat pour enfants de mineurs décédés. Curieux et intelligent, l’orphelin se passionne pour la science et la mécanique et apprend rapidement à réparer les machines qui lui tombent sous la main. Un talent rare repéré par les Jeunesses hitlériennes où il se trouve enrôlé.

Prenant conscience des fins auxquelles est utilisée son intelligence, il est sanctionné, devenant un simple soldat de la Wehrmacht. En 1944, son chemin croise en France celui de Marie-Laure alors que Saint-Malo est incendiée et pilonnée par les bombes.

Critique :
Auréolé du prestigieux prix Pulitzer (et non Sulitzer), choix des libraires, des critiques élogieuses… Oulà, n’en jetez plus ! Vu les récompenses, ce roman pouvait faire pchiiittt ou m’emporter. C’est toujours ma crainte avant de commencer un tel livre.

La construction du récit est faite d’alternances entre les personnages de Marie-Laure Leblanc, française et de Werner Pfening, jeune orphelin allemand. Deux jeunes enfants, deux destins différents, diamétralement.

L’auteur a aussi choisi de déconstruire son récit et de faire des bons dans le temps et l’espace, ce qui donne aussi une alternance entre ce qu’il se passe en août 44, à Saint-Malo (rangez votre maillot, il pleut des bombes) et des retours dans le passé, avec les années 30 et le début des années 40, expliquant le destin de ces deux jeunes, ainsi que ceux d’autres personnes.

La partie la plus haletante se déroulera à Saint-Malo, deux mois après le Débarquement. Cela ne sous-entend pas que les autres moments sont dénués d’intérêt, que du contraire, car l’auteur réussi à nous plonger, comme si nous y étions, dans ces années noires de montée du nazisme, des jeunes hitlériennes, de l’exode et de la vie dans une France occupée, avec tickets de rationnements et délations comprises.

Les personnages de Marie-Laure et de Werner sont lumineux, profonds, travaillés. Werner, comme dans la chanson de Cabrel, voulait vivre d’autres manières dans un autre milieu, notamment celui des radios. Il voulait trouver mieux que descendre dans la mine. Trouver mieux que la douce lumière du soir près du feu…

Il ne savait pas… Il pensait que son incorporation dans une école pour former de parfaits petits allemands serait une chance… Il y a appris à fermer les yeux, à être lâche, à suivre la meute, à faire ce qu’on lui ordonnait de faire. Ne le jugeons pas trop vite, ni trop durement, nous mêmes avons tendance à suivre des meutes sur les Rézo Sossio…

C’est un roman de guerre, oui, mais sans pour autant que le récit soit violents, remplis de tripes ou autre. L’auteur est resté assez sobre dans ses descriptions, que ce soit de l’antisémitisme en Allemagne, sur l’exode des Français, sur les camps de prisonniers… Le récit reste soft (malgré un passage plus violent avec un pauvre prisonnier dans le cadre de l’endoctrinement des jeunes nazillons).

Quand à sa plume, sans être exceptionnelle, elle est très agréable à lire. Une fois la première phrase entrée dans mon cerveau, mes yeux ont couru tous seuls sur les pages et j’en avais dévoré 200 sans même m’en rendre compte. Les chapitres sont courts, cela donne du rythme au récit.

Mon seul bémol ira au fait que la rencontre entre Marie-Laure et Werner ait été trop brève, bien trop rapide. J’aurais aimé qu’ils fassent plus qu’un bout de chemin ensemble, j’aurais aimé un autre destin pour ce gamin aux cheveux blancs, enrôlé dans une machine de guerre. Ah, s’il avait écouté Jutta, sa petite soeur…

C’est un beau roman, c’est une belle histoire, c’est flamboyant, c’est beau, doux et violent par moment (c’est la guerre tout de même). Il est facile, de nos jours, de juger les actes de celles et ceux qui était présents dans ces moments sombres, mais à leur place, qu’aurions-nous fait (mon éternelle question) ?

Il est agréable de rire aux dépends des allemands, de jouer des petits tours, mais lorsque les punitions arrivent, sous forme d’assassinats ou de tortures, là, plus personne ne rigole. Aurions-nous eu le cran de résister ? De risquer notre vie sans savoir si ce que nous faisions servait à quelque chose ? Je me le demande, encore et toujours…

Anybref, ce roman a été une belle découverte pour moi. Sans posséder un rythme trépident ou de l’action à gogo, il a su me charmer de par sa lenteur, de par ses deux personnages d’enfants que tout sépare, de par sa thématique et ces alternances entre les deux personnages et le temps.

Je me réjouissais à l’avance de cette LC avec Bianca, hélas, le roman ne lui a pas fait le même effet qu’à moi, puisqu’elle l’a tout simplement abandonné à la page 200, sans jamais y avoir trouvé son bonheur, comme je le fis. Un grand écart entre nos ressentis et Bianca ne fera pas de chronique.

Le pavé de l’été 2022 (Sur mes Brizées) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Batman – The Dark Knight Returns : Frank Miller et Klaus Janson

Titre : Batman – The Dark Knight Returns

Scénariste : Frank Miller
Dessinateur : Klaus Janson

Édition : Urban Comics (2022)

Résumé :
Des années après avoir pris une retraite forcée, Bruce Wayne est devenu un quinquagénaire aigri et porté sur l’alcool. Mais la plongée de Gotham City dans le crime et le désespoir va le pousser à redevenir le justicier Batman. Traqué par la police et le gouvernement, le Chevalier Noir va mener sa dernière horde sauvage.

Critique :
Puisque la collection « Le meilleur de Batman », proposant les 10 meilleurs albums, permet de découvrir, à petit prix, l’univers de la chauve-souris, je ne me suis pas privée de m’offrir celui-ci.

Bardaf, mauvaise pioche pour ma pomme. Déjà, les dessins ne m’ont pas emballés du tout, pire, je les ai détesté (certains sont laids), ainsi que les couleurs pastelles.

Mais bon, le scénario était le plus important, n’est-ce pas ? Oui, mais entre lui et moi, cela n’a pas matché non plus.

Dans cet album, on découvre un Bruce Wayne qui a vieilli, aigri, rouillé, alcoolo, se lamentant et n’ayant plus enfilé le costume depuis 10 ans. À ce niveau-là, le home pour petits vieux n’est plus très loin (on dit EPAHD chez vous ou « demi biscuit et crève la dalle » pour ceux qui y sont).

Ah ça, pour admirer le côté obscur de Batman, on est servi ! Dark Vador en ferait une crise de jalousie ! Notre justicier est à la fois juge, juré, procureur et bourreau des vilains méchants de Gotham, ce qui hérisse le poil de certains bien pensants.

D’accord, ce faire justice soi-même n’est pas bien, c’est la porte ouverte aux erreurs, mais dans le cas de Batman, il corrige les méchants qui viennent de braquer une banque ou les mutants qui font monter les taux de criminalité de la ville.

Puisque les flics sont impuissants, moi, je ne suis pas contre un justicier qui fasse leur job (oui, je sais, ce n’est pas bien !). La mise en scène de talk-show où les gens débattent sur le justicier masqué donne une bonne impression de la pensée de l’Amérique au sujet des justiciers.

Pas si rouillé que ça, le Batman, tout compte fait, malgré une inactivité de 10 ans. Par contre, le scénario ne m’a pas emballé non plus et j’ai lu ce comics sans plaisir aucun. Et je vous jure qu’il y avait de la lecture, le scénariste n’a pas été avare de paroles.

Sans doute était-ce un récit trop emblématique pour que je le lise aussi vite, alors que j’ai commencé à découvrir, il y a peu, non seulement les comics, mais surtout Batman.

Tant pis pour moi, j’aurai essayé au moins, mais entre cet album de Batman et moi, la rencontre n’a jamais eu lieu et je vais m’empresser de le ranger dans ma biblio. Un jour, peut-être, plus tard, je saurai l’apprécier (ou pas).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°43] et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Autre couverture chez Delcourt (Batman – Dark Knight – Édition intégrale)

 

Louisiana, la couleur du sang – Tome 2 : Léa Chrétien et Gontran Toussaint

Titre : Louisiana, la couleur du sang – Tome 2

Scénariste : Léa Chrétien
Dessinateur : Gontran Toussaint

Édition : Dargaud (22/01/2022)

Résumé :
Ce deuxième volume de la trilogie « Louisiana » poursuit la saga d’une famille de planteurs dans le sud des États-Unis au XIXe siècle.

Après le décès d’Augustin, patron tyrannique du domaine, sa veuve tente de prendre en main son destin, malgré les conflits qui l’opposent à son fils revenu d’Europe et sa fille aux idées progressistes.

Ce chapitre met de nouveau en lumière la violence d’une société dominée par les hommes sur fond de racisme symbolisé par l’esclavagisme, à la veille de la guerre de Sécession qui fera éclater ce modèle.

Critique :
1961, nous retrouvons Louise Soral, notre grand-mère, mettant en ordre des documents, avant de reprendre le fil de son récit, celui qui eut commença en 1805, dans une plantation sucrière, dans le Sud de l’Amérique.

Laurette, la mère de Joséphine, est en fait la grand-mère de Louise Soral.

Depuis le décès de son mari, Laurette pète un câble, parlant toute seule, devenant raciste (ce qu’elle n’était pas du tout avant) et oubliant que son mari s’est fait sauter le caisson.

Antoine, le frangin de Joséphine est revenu et il n’a pas changé : un buveur, un violeur, un profiteur, un mec qui pense que les autres lui appartiennent et que les esclaves sont des objets dont on peut disposer à l’envi, surtout les femmes.

Les personnages de Laurette et Joséphine ne sont plus les mêmes, elles sont bien différentes des deux personnes du premier album. Jeune, Joséphine était amie avec une jeune esclave de la plantation, maintenant, elle ne supporte pas que son fils aime une fille Noire. Ce qui, à cette époque, une telle relation (avec de l’amour et l’envie de se marier) n’était ni morale, ni légale.

Nous sommes loin des idées larges qu’avait la Joséphine du début, de sa tolérance. Elle utilise même des mots honni à notre époque (mais pas à la sienne, bien entendu).

La preuve que tout le monde change, en bien ou en mal. Par contre, l’Histoire se répète, comme toujours, puisqu’elle est un éternel recommencement. On a beau avoir eu l’envie de changer les choses, une fois adulte, une fois mariée et avec un enfant, Joséphine a relégué ses rêves, ses projets.

Quant aux hommes, ils restent les mêmes, surtout son frère et Joséphine a cette horrible impression que la malédiction familiale ne recommence.

J’étais contente que le personnage de Marie Laveau, la prêtresse vaudou, soit plus présente dans cet album. Afin d’asseoir son pouvoir, elle doit acquérir un grand savoir, notamment sur les petits secrets des hommes… C’est le prix à payer pour rester libre, elle qui cumule le fait d’être une femme et Noire de peau.

J’ai préféré cet album au premier, il est sombre, mais d’une manière différente du premier et les personnages avaient moins ce côté manichéen, limite caricatural. Certes, voir Joséphine changer à ce point n’est pas agréable, mais c’est plus conforme à son époque et au moins, elle a plus de nuances.

En prenant de l’âge, les personnages deviennent ce qu’ils n’auraient pas voulu devenir avant. Hormis Jean, le fils de Joséphine, qui, même devenu adulte, reste tolérant, veut changer de vie, épouser la fille Noire qu’il aime toujours. Vous pensez bien que môman Joséphine n’est absolument pas d’accord.

Lorsque Joséphine n’avait pas de responsabilités, il était doux de rêver et de jurer que jamais l’on ne deviendrait comme ses parents ou les autres adultes (on passe par ce moment nous-même, ado), et puis boum, une fois mise devant les responsabilités et une plantation à faire tourner, on finit par devenir comme les autres, ceux qui ricanaient devant l’égalité des races (concept de races qui n’existent pas, en plus).

Ce deuxième album fait aussi le lien entre la narratrice, notre vieille grand-mère (qui a 100 ans, alors) et Jean, le fils de Joséphine.

Les dessins sont toujours réalistes et les coloris, même dans les tons sombres, mettent bien en valeur le travail de graphisme.

Un bon deuxième album, meilleur que le premier, selon mon avis (mais qui ne vaut pas grand-chose), même si, sur la fin, Joséphine dépasse les bornes de toutes les limites… Ah la salope !

Dommage que je ne possède pas le troisième album, celui se termine sur la guerre de Sécession qui se profile et j’aimerais savoir ce qu’il va arriver aux membres restants de cette famille : Joséphine, son fils Jean, son épouse et leur petite fille, Louise…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°42], Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 56 pages) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Calvin et Hobbes – Tome 9 – On n’arrête pas le progrès ! : Bill Watterson

Titre : Calvin et Hobbes – Tome 9 – On n’arrête pas le progrès !

Scénariste : Bill Watterson
Dessinateur : Bill Watterson

Édition : Hors collection (2011)
Édition Originale :
Traduction : Laurent Duvault

Résumé :
Calvin est un petit garçon comme les autres qui adorent se raconter des histoires. Il imagine des aventures extraordinaires avec tigre en peluche, Hobbes, doué de parole.

Une création originale de Bill Watterson, qui a su séduire un large public par son inventivité, son humour et son intelligence.

Critique :
Qui c’est qui fout le bordel dans la maison ? Qui c’est qui ne veut jamais que ses parents passent une soirée tranquille au resto ? Qui c’est qui a fait monter le prix du baby-sitting ?

Ben c’est Calvin, bien entendu ! Et après avoir enfermé sa baby-sitter dehors, je pense que le prix va tripler !

Calvin & Hobbes, c’est un de mes duos préférés. Gamine, j’adorais Boule & Bill (je les aime toujours), mais ils étaient bien plus sage que le duo créé par Bill Watterson.

Non, Calvin n’est pas un gentil petit garçon, que du contraire, il est capable de rendre tout le monde chèvre par ses bêtises, ses réflexions et ses excuses pour ne pas faire ses devoirs. Son imagination est débordante, tantôt il se voit en T-Rex dans la cour de l’école, en géant, en Spiff le spationaute ou en Hyperman, un super-héros.

Bien que l’on n’ait pas envie de l’avoir comme petit frère ou comme fils, Calvin reste un personnage plus qu’attachant et ses réflexions ne sont jamais dénuées de vérité. Un philosophe en culottes courtes et au t-shirt rayé.

Quant à son tigre parlant (peluche ou pas ? Mystèèèèère), bien qu’il vendrait toute la famille pour une boîte de thon, bien qu’il s’amuse à sauter sur Calvin lorsque ce dernier rentre de l’école, il est encore plus sarcastique que son jeune ami.

Si la série ne donne jamais de dates ou de références permettant de la situer dans le temps, on peut tout de même la situer dans les années 80/90, bien avant l’apparition des téléphones portables, des smartphones, de lecteurs DVD ou autres gadgets de notre époque.

Cela lui permet avant tout de rester intemporelle et de bien vieillir. De toute façon, la critique de la société américaine, faite par l’auteur, est elle-même intemporelle.

Anybref, les albums de Calvin & Hobbes, ce sont des petits bonbons acidulés, que l’on a envie de bouffer toute la journée, mais que l’on suçote avec parcimonie, pour ne pas arriver trop vite à la fin du paquet (bah, on recommencera à relire les 24 tomes), afin de faire durer le plaisir le plus longtemps possible.

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B – 64 pages) et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Blackwater – 01 – La Crue : Michael McDowell

Titre : Blackwater – 01 – La Crue

Auteur : Michael McDowell
Édition : Monsieur Toussaint Louverture (07/04/2022)
Édition Originale : Blackwater, book 1: The Flood (1983)
Traduction : Yoko Lacour et Hélène Charrier

Résumé :
Alors que les flots sombres et menaçants de la rivière submergent Perdido, une petite ville du sud de l’Alabama, les Caskey, une riche famille de propriétaires, doivent faire face aux innombrables dégâts provoqués par la crue.

Mené par Mary-Love, la puissante matriarche, et par Oscar, son fils dévoué, le clan s’apprête à se relever.

Mais c’est compter sans l’apparition , aussi soudaine que mystérieuse, d’Elinor Dammert, jeune femme séduisante au passé trouble, dont le seul dessein semble être de s’immiscer au cœur de la famille Caskey.

Critique :
« Puisque vous ne m’avez pas crue, vous m’aurez cuite », comme le disait si bien Jeanne D’Arc sur le bûcher. La ville de Perdido (Alabama du sud) pourrait dire (si elle savait parler) : « Le jour de la crue, j’ai été cuite ».

Submergée par les flots de la Perdido et de la Blackwater, la ville est recouverte d’eau, de boue, tout est dévasté.

La première chose qui m’a attiré, dans cette saga de 6 romans, ce sont les couvertures ! Purée, elles sont magnifiquement ouvragées. Alors, pourquoi pas ?

Ce premier tome pose les bases de la famille Caskey, une famille qui a fait fortune dans le bois, avec une scierie. Nous sommes en 1919 et à cette époque, les Noirs peuvent servir les Blancs, mais pas s’asseoir à leur table.

Les premières pages du livre sont intrigantes : la crue a eu lieu et Oscar Caskey, en barque avec Bray, un de ses employés (Noir), trouve une femme dans l’hôtel de la ville. Elle n’a pas été prévenue de la crue. Bizarre, bizarre se dit Bray (et les lecteurs aussi). Surtout lorsqu’il remarquera la hauteur où l’eau s’est arrêtée, à ce premier étage !

Elinor est un personnage énigmatique. Le côté fantastique vient d’elle. Sans en dire plus, soit les mystères qui l’entourent n’en sont pas (effet d’optique dû au soleil), soit il y a un truc qui sent mauvais dans son cas. Pour moi, ça pue, méfiance !

On ne peut pas dire que l’action est présente dans ce premier tome. Et pourtant, j’ai eu du mal à le lâcher. Les mystères qui entourent le personne d’Elinor, m’ont happé, tel le courant puissant de la rivière.

De plus, j’ai apprécié les autres personnages, même si nous sommes en présence d’une mère limite castratrice, qui ne veut pas que ses enfants partent ailleurs, que son fiston se marie… Mary-Love, puissante matriarche du clan Caskey, est une roublarde, mais elle pourrait tomber sur pire qu’elle.

Oui, à Perdido, ce sont les hommes qui bossent, mais ce sont les femmes qui décident, qui tirent les ficelles, qui manipulent. Girl power ! Attention, les femmes Blanches, bien entendu. N’oubliez pas que nous somme en Alabama du Sud et en 1919 ! Machiavel pourrait trouver à qui parler, avec certaines femmes, dont Mary-Love et Elinor.

La plume de l’auteur est aussi fluide que les cours d’eau, elle glisse toute seule et on a envie de voguer sur les flots de ces deux rivières qui se rejoignent en créant un tourbillon mortel. Merde alors, je viens de succomber aussi à la maladie de l’année : Blackwater ! Paraît que ça se soigne facilement, en lisant tous les tomes. Je vais me soigner, alors !

Sans que ce soit le livre de l’année, l’univers mis en place par l’auteur m’a bien plu, sans pour autant que je puisse vous dire précisément pourquoi. Sans doute grâce au contexte historique (ségrégation raciale), à cette famille peu ordinaire et au personnage mystérieux de Elinor, que l’on n’arrive pas à cerner.

Les tensions, les secrets cachés, le petit côté fantastique maîtrisé, tout ça m’a fait plonger dans ce roman avec plaisir. Je compte remettre mon maillot de bain et aller à nouveau nager dans les eaux troubles de la famille Caskey prochainement.

Alors, qui plongera aussi ??

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°41] et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Deadwood Dick – Tome 3 – Black Hat Jack : Mauro Boselli, Stefano Andreucci et Joe R. Lansdale

Titre : Deadwood Dick – Tome 3 – Black Hat Jack

Scénariste : Mauro Boselli et Joe R. Lansdale
Dessinateur : Stefano Andreucci

Édition : Paquet (18/08/2021)
Édition Originale : Deadwood Dick, tomo 3 : Black Hat Jack (2020)
Traduction : Roma Paris London

Résumé :
27 juin 1874, seconde bataille d’Adobe Wells. Deadwood Dick, son ami Black Hat Jack et une centaine de chasseurs de bison font face à des centaines de Comanches, Cheyenne et Kiowas.

Un jour où il n’a pas été facile de conserver son scalp !

Critique :
Chevaucher aux côtés de Deadwood Dick est synonymes d’emmerdes !

Déjà, il est Noir et dans l’Ouest hyper raciste, surtout après la guerre de Sécession, c’est garantit sur facture qu’il va se faire refouler de partout.

Les autres emmerdes qui se pointent, ce sont les Comanches qui circulent dans la plaine et qui n’ont pas l’air d’y être pour se balader et prendre l’air.

Mais lorsque que des centaines de guerriers Comanches, Cheyennes et Kiowas se rassemblent et entrent sur le sentier de la guerre, ça sent le roussi pour les scalps des chasseurs de bisons.

Je me plaignais du tome 2 qui, tout en étant ultra violent, était un peu faiblard du scénario, le tome 3 a comblé mes attentes en me proposant un récit où le scénario n’était pas résumé à sa plus simple expression !

Oui, la violence est omni présente, on ne se bat pas contre des Indiens en la jouant Bisounours, eux-mêmes n’étant pas des enfants de cœur. Avec le recul, on les comprend, ils étaient chez eux, tout compte fait, comme nous le dira, avec philosophie, le copain de Deadwood, Black Hat Jack.

L’auteur n’a pas fait l’erreur de rendre Deadwood Dick solidaires des Indiens, même s’il comprend lui aussi leur rage, il ne va pas se transformer en défenseur de ce peuple, ce serait un peu anachronique et ne donnerait rien d’intéressant point de vue scénaristique.

Il n’a pas la haine des Rouges comme les autres, mais quand il faut se défendre, il n’hésite pas à flinguer, à y aller franco et à risquer ses fesses pour sauver deux pauvres cow-boys solitaires, loin de chez eux. Ah non, un seul, l’autre est déjà mort, tué par les Indiens en colère.

Les Indiens, eux, ne comprennent pas toujours comment ce soldat, Noir, victime des Blancs comme eux (et tout son peuple aussi), peut défendre leur cause et se battre à leur côté. Deadwood est seul, être ami avec un Blanc est mal vu, avec un autre Noir, c’est double emmerdes assurées, alors, faire copains avec les Indiens, ce serait un suicide. Deadwood a choisi son camp.

La saga de Deadwood Dick, c’est du super bon western, violent, bourré de racisme des Blancs (ce qui était la norme à l’époque, ne pas en tenir compte serait débile), mais au moins, il sait se défendre, il a de la répartie, que ce soit avec sa langue ou avec ses colts (et si un Blanc voyait la taille de son tich, il en tomberait à la renverse, sauf sans doute un certain Rocco Sifredi).

Voilà du western comme je les aime : de la violence (non, j’en suis pas fière) et des scénarios qui tiennent la route, qui sont travaillés, même si on sent, dessous, le côté pulp ou dîme novel.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°40], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

L’été où tout a fondu : Tiffany McDaniel

Titre : L’été où tout a fondu

Auteur : Tiffany McDaniel
Édition : Gallmeister (18/08/20222)
Édition Originale : The summer that melted everything (2016)
Traduction : François Happe

Résumé :
État de l’Ohio, dans les années 80 : le procureur Autopsy Bliss invite le diable dans sa petite ville de Breathed.

Ce n’est pas un démon rouge et cornu comme dans l’imagerie populaire qui répond à cette invitation, mais Sal, un jeune garçon noir aux étranges yeux verts. La famille Bliss, qui le pense échappé d’une ferme voisine, l’accueille chez elle.

Le temps d’un été, Sal partage donc la vie de Fielding, de son grand frère Grand, parfaite incarnation de l’idéal américain, de sa mère, qui craint trop la pluie pour s’aventurer dehors, de l’irascible tante Fedelia et de la vieille chienne Granny.

Mais sous ses airs de poète, le jeune homme semble semer l’agitation partout où il va.

Canicule sans pareille, événements inquiétants et accidents suspects viennent attiser le climat de discrimination et de ferveur religieuse qui règne sur cet État du Midwest – jusqu’à ce que la suspicion, le fanatisme et la mort s’emparent peu à peu de la ville…

Critique :
« Betty » avait été un coup de foudre monumental, c’est donc à pas prudents que je me suis engagée dans la lecture de son premier roman, redoutant de ne pas y trouver un autre coup de cœur.

Oubliez Betty, ce roman est diamétralement différent, ce qui ne change pas, c’est la patte de l’autrice, son talent pour faire vivre des personnages, pour les placer dans une suite de drames et happer le lecteur/trice au bout de quelques lignes.

Autopsy Bliss (un procès à ses parents pour l’avoir affublé d’un tel prénom) a eu envie d’inviter le diable dans la petite ville de Breathed. Peu de temps après son annonce, arrive un jeune gamin Noir, portant une salopette sale et se présentant comme le diable…

Nous sommes en 1984 et l’année à toute son importance. Les gens sont-ils si crédules que ça, en 1984 ? Il faut le croire. Ou alors, tout simplement, les gens aiment désigner un ou plusieurs boucs émissaires afin de se disculper, de trouver des réponses, des coupables ? Sans doute un mélange de tout ça…

Tant et si bien qu’après avoir rigolé devant le jeune Sal affirmant qu’il est le diable, les gens crédules ont changé leur fusil d’épaule une fois qu’un drame est survenu, même si Sal n’en était pas responsable. Après, ce sera l’escalade.

Fielding, le plus jeune fils de Autopsy Bliss, devenu pote avec Sal, nous racontera tout ça. Fielding est un jeune gamin que j’ai apprécié, son personnage était juste, réaliste. Sa mère était bizarre, mais cela a ajouté du charme à cette famille non conventionnelle.

Par contre, j’aurais aimé que Sal nous parle encore plus, qu’il nous raconte encore plus d’histoires, qu’il ne s’arrête pas de parler, tellement je buvais littéralement ses paroles. Il fera partie des personnages marquants, de ceux que l’on n’oublie pas, même avec Alzheimer.

De Sal, on ne saura pas grand-chose d’autre, hormis qu’il a de magnifiques yeux verts : soit on entre dans le jeu et on acquiesce au fait qu’il soit le diable (sans cornes ou pieds fourchus), soit on reste cartésien, on le prend pour un gamin banal qui se prend pour ce qu’il n’est pas. Mais à chaque fois qu’il prendra la parole, on saura qu’il n’est pas un enfant banal, que quelque part, il a été touché par la grâce.

C’est un peu comme le tigre Hobbes (Calvin & Hobbes) dont on ne sait s’il est une peluche ou un vrai tigre parlant, chacun se faisant son idée, sans pour autant que cela pose un problème de réalisme dans le récit.

Ce roman abordera plusieurs sujets de société, tels que le racisme, l’homophobie, la crédulité des gens, l’effet de meute, sans jamais vraiment aller au fond des choses. D’habitude, cela m’agace, mais pas ici.

L’autrice réussi, en peu de mot, à en dire beaucoup, à nous faire comprendre toute l’ampleur de ces horreurs, en les mettant en scène dans la petite ville accablée de chaleur qu’est Breathed. Pas besoin d’en faire plus, tout est dit. C’est violent, dramatique, horrible. Ou comment dénoncer le racisme crasse et l’intolérance…

En alternance avec le récit de 1984, nous aurons celui de Fielding, devenu adulte, puis vieux, toujours marqué par les événements de 1984. Le récit s’inscrivait parfaitement dans la continuité et il apportait beaucoup d’émotions au récit de notre gamin de 1984, nous éclairant sur ce qu’il advint de sa famille après cet été plus que caniculaire où les esprits se sont échauffés.

Deux romans puissants, voilà ce que Tiffany McDaniel a dans son stock. Deux romans différents, sans aucun rapport entre eux, si ce n’est la plume et la dénonciation du racisme et des intolérances, sous toute ses formes (pas au lactose ou au gluten). Sans oublier le droit à la rédemption, au pardon, à obtenir une seconde chance…

Ce premier roman possédait déjà des personnages marquants, forts, profonds et un récit où l’on sent venir le drame, où l’on sent venir l’horreur et où l’on est impuissant à l’empêcher.

Des émotions, je m’en suis prise dans la gueule, dans les tripes et le passage avec le décès d’un enfant m’a fait un mal de chien, tant il était criant de vérité, de justesse. Pas de pathos, mais énormément de tristesse ressentie.

Le final était grandiose, horrible, terrible… Une histoire du Bien contre le Mal où les valeurs sont inversés. Un récit d’un drame annoncé. Un récit coup de poing et coup de cœur à la fois.

Je ne suis pas le maître de l’enfer. Je ne suis que sa première et sa plus célèbre victime.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°39] et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

 

Duchess : Chris Whitaker

Titre : Duchess

Auteur : Chris Whitaker
Édition : Sonatine Thriller/Policier (05/05/2022)
Édition Originale : We Begin at the End (2020)
Traduction : Julie Sibony

Résumé :
Duchess a 13 ans, pas de père, et une mère à la dérive. Dans les rues de Cape Haven, petite ville côtière de Californie, elle ne souffre ni pitié ni compromis.

Face à un monde d’adultes défaillants, elle relève la tête et fait front, tout en veillant sur son petit frère, Robin.

Mais Vincent King, le responsable du naufrage de sa mère, vient de sortir de prison. Et son retour à Cape Haven ravive les tumultes du passé.

Quand cette menace se précise, Duchess n’a plus le choix : il va lui falloir engager la lutte pour sauver ce qui peut l’être, et protéger les siens.

Critique :
Cette année avait été assez pauvre en coup de cœur et septembre m’en offre un superbe avec ce roman sombre, violent, ce drame terrible.

Une tragédie comme savent nous offrir certains auteurs, même si l’action se déroule dans un coin de paradis californien (Cape Haeven).

Comment toute cette merde est-elle arrivée ? Pourquoi, un jour, la roue du destin s’est-elle arrêtée sur une case rouge, synonyme d’emmerdes puissance 100 à venir ? Pourquoi ce putain de hasard n’a-t-il pas été un peu plus sympa avec ces personnages qui n’avaient rien demandé à personne ?

La faute à pas de chance ? La faute à trop de facteurs ? Parce que si  Duchess n’avait pas allumé le feu, rien de tout cela ne se serait passé… Une terrible erreur qu’elle paiera au prix fort, trop fort… Mais est-elle vraiment responsable ?

Si sa mère, Star, n’avait pas été aux abonnés absents, dans l’éducation de ses enfants, si elle s’était occupée d’eux correctement, si elle avait enfin arrêté de promettre qu’elle allait changer et qu’elle l’avait fait réellement, on n’en serait pas arrivé à l’incendie.

Oui, mais si la petite sœur de Star, Sissy, n’avait pas été tuée, toute jeune, renversée par une voiture, sa famille n’aurait pas explosé… Et si Vincent King n’avait pas conduit une voiture, sans permis, sans faire attention à ce qu’il faisait, jamais il n’aurait renversé la gamine (Sissy)… Et si Star avait surveillé sa petite sœur, au lieu de courir ailleurs, rien de catastrophique n’aurait eu lieu.

Et si un jour lointain, un homme n’avait pas eu un accident de voiture, tuant son épouse et laissant sa gamine dans un état nécessitant l’utilisation d’une machine pour la garder en vie, ainsi que des soins coûteux, est-ce qu’on en serait arrivé à ces extrémités là ? Non, jamais…

Les responsables sont nombreux, bien souvent sans l’avoir voulu : un domino tombe et entraîne tout les autres. Personne ne s’en relève vraiment tout à fait, leur vie sombre dans le chaos et ce ne sont pas les quelques bouées de sauvetage que certains leur lanceront qui les aideront à ne pas boire la tasse, à respirer. Putain de destin !

Ce roman m’a entraîné dans un scénario inattendu, qui m’a emporté du soleil de la Californie au étendue du Montana et à sa neige froide. Un scénario fort sombre, comme je vous le disais. À se demander même s’il était possible d’avoir une lueur d’espoir.

Les personnages sont tous bien travaillés : si Duchess et son petit frère Robin sont les protagonistes centraux, l’auteur n’a pas oublié de donner de la profondeur aux autres. Duchess est une mère pour son petit frère, elle le protège, mais elle n’est pas la seule à protéger une personne qu’elle aime et à se dévouer entièrement.

Walker, le policier de Cape Haeven, les aide aussi, il tentera même d’aider son ami, Vincent King. Lui-même est énigmatique, suspect, j’ai mis du temps à le cerner. Il m’a bien étonnée.

Dolly, la vieille dame dans le Montana, est un personnage flamboyant, en deux phrases, elle s’impose, elle est lumineuse, on aimerait la rencontrer en vrai. Thomas Noble, le jeune voisin de Hal est lui aussi un personnage que l’on a envie de croiser dans sa vie. Un gamin peureux qui osera redresser les épaules. Et Hal, lui aussi a souffert, lui aussi est une victime, lui restera inoubliable…

Les méchants évitent le côté manichéen. Que ce soient les deux voisins de Star, vachement zarbi (et chelous), le genre qu’on n’a pas envie d’avoir pour amis ou voisins. Ils possèdent eux-aussi des failles, des blessures et ils se défendent comme ils peuvent. Sans oublier deux femmes de la communauté, qui poseront des actes terribles, mais toujours dans le but de sauver leur ménage, leur enfants, leur vie,… Tous et toutes sont victimes des circonstances.

Même Darke, le méchant méchant, a un portrait nuancé. Ni tout blanc, ni tout noir, avec de belles nuances de gris.

Oui, tout est bien mis en scène pour donner une tragédie parfaite, le genre qui a des ramifications tellement lointaines, tellement nombreuses, qu’on ne saurait plus vraiment dire quand et à cause de qui (ou de quoi) tout cela a commencé.

Quant à Duchess, elle fait déjà partie de ces grandes héroïnes que l’on oubliera jamais, telles Turtle (My absolute Darling), Kya (Là où chantent les écrivisses) ou Harley McKenna (Mon territoire).

Le final de ce roman est bouleversant et flamboyant. Triste et heureux à la fois. Il est terriblement déchirant et tellement magnifique. Sombre, mais lumineux. Explosif et doux. Un mélange d’amertume et de sucre des plus réussis.

Il arrive à manier ce subtil équilibre entre les rires de joie et les larmes de tristesse. Quoi que vous fassiez, elles couleront, vos larmes, de joie ou de peine, ou des deux à la fois.

Bien qu’il restera des zones d’ombre dans la vie future de Duchess et de Robin, l’espoir est permis, ils le toucheront, ils le prendront en main. Putain, ils le méritent !

Merci à l’auteur de m’avoir offert ce coup de cœur magnifique, ce roman qui marque durablement, qui reste dans la mémoire et auquel on pense avec une note de chagrin (ben oui, on l’a fini) et un sourire béat parce que l’on a rencontré des personnages marquants à vie.

PS : mon seul bémol sera pour le fait que le roman ne fasse que 528 pages ! Mince alors, 12 pages de plus et il pouvait entrer dans le challenge du Pavé de l’été. Tiens, si je gribouille 12 pages de plus et que je les insère dans le livre, peut-être que Brize n’y verra que du feu ! Chiche !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°38] et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Horseback – 01 – 1861 : Hasteda et Nikho

Titre : Horseback 01 – 1861

Scénariste : Hasteda
Dessinateur : Nikho

Édition : Ankama – Label 619 (11/09/2020)

Résumé :
États unifiés d’Amérique, 1861. Après le Texas et l’Oklahoma, c’est le Kansas qui devient le 34e État de l’Union. Après une décennie de Guerres indiennes, l’assassinat d’Abraham Lincoln, la réélection houleuse du Président Richard L. Clarks et sa politique d’expansion agressive, le spectre d’un conflit fratricide n’a jamais été aussi présent.

L’opposition naturelle entre les États Nordistes et Sudistes semble s’être déplacée. C’est l’Union entière qui s’apprête à envahir les territoires de l’Ouest.

Dans le tumulte ambiant, une société de convoyage tire avantage des difficultés de liaison entre les deux blocs. Non loin de Topeka, la capitale du Kansas, la Randall Delivery s’est installée dans le fort abandonné de Hill Haven. Redford J. Randall, son propriétaire, ancien chasseur de primes renommé mais retraité, va accepter un contrat qui risque de changer le destin du pays tout entier.

C’est toute son équipe qui se retrouve empêtrée dans une sordide affaire de génocide indien…

Critique :
Le western, c’est mon péché mignon, alors, lorsque je tombe sur une bédé du genre, avec une couverture agressive et un titre accrocheur, moi, j’ai du mal à résister.

Première nouvelle, lorsque j’ouvre la bédé, c’est que nous sommes dans une uchronie : la guerre de sécession a été évitée, quant aux Indiens, ils ont fait front commun (syndical?) et se retrouvent en guerre contre les colons.

Première impression : putain, les dessins, beurk ! Ok, je simplifie à outrance, mais sérieusement, WTF ? Les traits des visages sont grossiers, fort peu détaillés, et dans certains cases où l’action sera omniprésente, j’aurai même du mal à reconnaître les personnages, à savoir qui se fait tirer dessus, qui s’est fait descendre de l’équipe de Randall.

Leq chevaux sont moches, les harnachements ne ressemblent à rien, que ce soit pour les chevaux montés ou les attelés (là, on dépasse toutes les bêtises du monde, aucun cheval ne saura tirer un chariot harnaché de la sorte).

Les couleurs, c’est encore pire, elles sont moches, tirent sur tous les tons, sont criardes et pas vraiment un plaisir visuel.

Le scénario est un peu brouillon, mais au moins, j’ai réussi à comprendre qu’il y avait une grosse embrouille dans le chargement que notre bande hétéroclite doit convoyer. Comment la bande s’est rencontrée, nous le saurons durant un interlude, le tout sous forme de texte, comme dans un roman.

Le final n’est pas si mal que ça, il y a de l’action, des magouilles, du gore, de la bonne vieille vilenie humaine et cette envie de massacrer les gens qui dérangent, qui gênent, bref, de faire un petit génocide.

Heureusement que de temps en temps, les méchants se font fracasser la gueule…

Pas une bédé qui me marquera l’esprit, hormis pour ses dessins que je n’ai pas aimé (et mes yeux encore moins) !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°37], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.

Sherlock Holmes et les protocoles des Sages de Sion : Nicholas Meyer

Titre : Sherlock Holmes et les protocoles des Sages de Sion

Auteur : Nicholas Meyer
Édition : L’Archipel Suspense (14/04/2022)
Édition Originale : The adventure of the Peculiar Protocols (2019)
Traduction : Sophie Guyon

Résumé :
6 janvier 1905. Sherlock Holmes – qui fête ses cinquante ans – et le Dr John Watson sont convoqués par Mycroft, le frère du célèbre détective, au club Diogène.

Sur place, ce dernier leur remet les documents retrouvés sur le corps d’une agente des Services secrets britanniques, repêché dans la Tamise : Les Protocoles des Sages de Sion.

Holmes et Watson prennent alors l’Orient-Express pour la Russie des tsars, d’où provient ce texte explosif, bien que sujet à caution. S’agit-il vraiment du procès-verbal d’une réunion tenue par des complotistes dont le but est la domination du monde ?

Mais à leurs trousses s’élancent des adversaires déterminés à les empêcher de découvrir la vérité. Par tous les moyens… Sans doute l’enquête la plus périlleuse du plus célèbre des détectives.

Critique :
Je suis toujours excitée comme un morbac au salon de l’échangisme, lorsque je tombe sur un apocryphe holmésien, mais celui-ci me faisait un peu peur (comme tous les apocryphes).

Non pas parce que Holmes allait encore être mis à la sauce fantastique, mais parce que son titre faisait référence à cet immonde torchon antisémite, complotiste et que je me demandais bien ce que Holmes allait pouvoir foutre dans cette galère.

Nicholas Meyer est un bon pasticheur holmésien, malgré tout, j’avais peur qu’il ne se prenne les pieds dans le tapis, ou dans ce pamphlet.

Les protocoles de sages de Sion, si on n’a rien d’un complotiste, on sait que c’est une bullshit, un faux qui se présente comme un plan de conquête du monde établi par les Juifs. Maintenant, si l’on remplace dans ce pamphlet, le mot « Juifs » par « Femmes », on pourrait accuser la moitié de l’humanité de comploter contre l’autre.

Pareil si vous le remplacez le bouc émissaire habituel par Asiatiques, Musulmans, Chrétiens, Américains, Banquiers, Politiciens, Assureurs… Cela donnera la même impression qu’une nation, corporation, sexe, s’est réunie pour établir un programme de domination mondiale à votre insu.

Pire, remplacez le terme « Juifs » par « Chats » et je parie que certains goberont tout de même que les félins préparent un sale coup pour dominer le monde (mais après leur sieste, hein). Même si Internet peut vous expliquer que ce texte a été inventé de toutes pièces par la police secrète du tsar (Okhrana) et publié pour la première fois en Russie en 1903.

Pas la peine de faire durer le suspense plus longtemps, l’auteur ne s’est pas pris les pieds dans le tapis et Holmes non plus. Peut-être a-t-il eu les doigts dans le corsage de Mme Walling, mais ça, l’histoire ne nous le dira pas.

Nicholas Meyer nous offre donc une bonne enquête de Holmes, même s’il ne devra pas démasquer un assassin. Une enquête différente, non teintée de danger, et où Holmes va comprendre les potentiels dangers que ces écrits subversifs pourraient avoir, avant de s’en rendre compte de visu, face à une jeune fille juive victime de la vindicte populaire.

Les personnages sont assez conformes aux originaux, mais ils suivent les trames que l’auteur avaient amorcées dans ses précédents romans, notamment en ce qui concerne Moriarty et Freud.

Commençant à Londres avant de s’étendre jusqu’à Odessa, l’enquête de Holmes et Watson ne sera pas de tout repos et ébranlera le détective durablement.

Ce polar historique mélange habillement la fiction et la réalité, sans la forcer, se basant tout simplement sur la bêtise humaine, sur cette propension au complot et que le fait que la vérité met toujours plus de temps que le mensonge à lacer ses chaussures, sans oublier que certains préfèrent croire des conneries, si ça les sert.

L’auteur expliquera ensuite dans son épilogue que les protocoles refont surface de temps, tel un serpent de mer et qu’ils ont été déclarés comme vrais, par Hitler, lorsqu’il parlera du complot juif. Le but d’un virus, c’est de contaminer le plus de monde possible et ce pamphlet antisémite est un virus dont il n’existe pas encore de vaccin, hélas.

Un bon pastique holmésien, différents de ceux que j’ai pu lire dernièrement, mais au moins, Holmes n’est pas cuisiné à la sauce fantastique, ce qui me fait plaisir, car je le préfère dans de bonnes vieilles enquêtes !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2022 au 11 Juillet 2023) [Lecture N°36] et le Mois Américain (Non officiel) – Septembre 2022.