Rage : Richard Bachman (Stephen King)

Titre : Rage

Auteur : Richard Bachman (= Stephen King)
Édition : J’ai Lu (2000)
Édition Originale : Rage (1977)
Traduction : Évelyne Châtelain

Résumé :
Charles Decker est, en apparence, un petit lycéen américain bien tranquille. Mais, entre un père violent qu’il déteste et une mère fragile, il rage a froid. Un jour, cette rage éclate et il abat, d’un coup de revolver, sa prof de maths.

Puis, il s’empare du pouvoir, autrement dit, il prend sa classe en otage.

Il va alors contraindre ces condisciples a se livrer a un déballage furieux, a se débarrasser de toutes les haines accumules en secret : contre les parents, la société corrompue, l’école pourrie, la lâcheté et l’incompréhension des adultes.

Critique :
Rage est le premier roman que Stephen King a publié sous le pseudonyme de Richard Bachman. Si vous voulez le lire, vous ne le trouverez pas en librairie, mais dans des bouquineries, en seconde main.

Pourquoi ? Parce que l’auteur a fait arrêter la publication de nouvelles éditions, en 1999, après qu’un exemplaire a été trouvé dans le casier d’un lycéen ayant tué trois de ses camarades (et ce n’était pas la première fois que l’in découvrait ce roman dans les casiers des lycéens ayant tiré sur des camarades).

Dans ce roman, Charles Decker assassine deux professeurs. Vous n’assisterez donc pas à une chasse aux étudiants dans des couloirs de l’école, tel un mauvais film d’épouvante. Ou pire, dans la réalité.

Ce roman est un huis-clos psychologique, puisqu’après avoir tué sa prof d’algèbre et un autre qui voulait entrer dans la classe, Charles tiendra toute sa classe en otage et leur expliquer une partie de sa vie, demandant ensuite à ses camarades de parler de leurs frustrations, de livrer des petits secrets, de se confesser, en quelque sorte.

Non, Charles n’a pas eu une vie merdique, même s’il y avait mieux (mais c’était plus cher), coincé qu’il était entre un père chasseur qui voulait en faire un homme et sa mère qui l’affubla d’un costume en velours, à 13 ans, pour aller à une fête d’anniversaire (débile et inapproprié !).

Là, il vient de péter un câble, un de plus et il est allé aussi loin qu’on peut aller : l’assassinat de sang-froid. On comprend bien ses névroses en lisant ses pensées, ses explications, mais de là à arriver à prendre une arme et à tuer, on se demande bien quelle araignée lui a trotté dans le crâne.

En tout cas, rien n’indiquait qu’il allait basculer du côté obscur de la force. Et rien ne peut justifier ses actes (ni ceux dans la vie réelle). Je peux comprendre (pas cautionner) un meurtre par vengeance (on a tous rêvé de flinguer un chef, un collègue, un emmerdeur, un tortionnaire, mais juste dans sa tête). Mais là, ce n’est pas le cas, Charlie ne se venge pas de tortionnaires, d’harceleurs et il y a des dommages collatéraux terribles. Sa réaction à ses problèmes est excessive.

Ce qui fout plus les chocottes, dans ce premier roman du King, c’est le comportement de ses camarades de classes. Là, j’en suis restée bouche bée. Pour eux, c’est une aventure, un truc à raconter (nous ne sommes même pas à l’époque des réseaux sociaux), une journée passée à ne rien faire et un seul tentera de s’opposer à Charlie. Juste un seul. La meute est avec Charlie. C’est ça le plus terrible.

Un premier roman qui sonnait déjà juste, qui parlait d’un phénomène qui allait s’amplifier aux États-Unis, où les jeunes peuvent faire de plus gros cartons, puisqu’ils sont équipés de fusils d’assaut, possédant des chargeurs multiples et avec lesquels ils peuvent tirer de nombreuses fois sans devoir recharger.

Charles, dans ce récit, ne possède qu’un révolver, un six-coups, il doit ouvrir le barillet pour recharger et quitter ses camarades des yeux. Avec une arme de guerre, c’est plus simple, plus rapide et plus meurtrier.

Un président a dit, un jour, que si les français avaient pu porter des armes, ils auraient pu se défendre face aux terroristes du 13 novembre 2015. Moi je dis que ce n’est pas vrai… Les américains sont armés, les flics sont armés et face à un jeune qui flingue à tout va, personne ne bouge, ou alors, il se fait descendre comme au tir pipes.

Un roman assez glaçant, avec un personnage tourmenté, qui avait ses petits problèmes et qui a choisi de les résoudre de manière violente et expéditive. Pas de circonstances atténuantes pour Charlie Decker, même si c’est une personne vulnérable.

Un roman surprenant, puisqu’il ne va pas dans la direction que l’on aurait pensée…

Ce que wikiki en dit : Stephen King écrit une première version de Rage durant sa dernière année de lycée, sous le titre Get It On, mais la laisse inachevée. Il termine le roman en 1971 mais, après il est refusé à la publication par Doubleday malgré l’intérêt de la maison d’édition. Il est finalement publié en 1977 sous le pseudonyme de Richard Bachman.

#automneduking – 01

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°050] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Les Dieux de Howl Mountain : Taylor Brown

Titre : Les Dieux de Howl Mountain

Auteur : Taylor Brown
Édition : Albin Michel (02/05/2019)
Édition Originale : Gods of Howl Mountain (2018)
Traduction : Laurent Boscq

Résumé :
Hanté par la guerre de Corée, où il a perdu une jambe, Rory Docherty est de retour chez lui dans les montagnes de Caroline du Nord.

C’est auprès de sa grand-mère, un personnage hors du commun, que le jeune homme tente de se reconstruire et de résoudre le mystère de ses origines, que sa mère, muette et internée en hôpital psychiatrique, n’a jamais pu lui révéler.

Embauché par un baron de l’alcool clandestin dont le monopole se trouve menacé, il va devoir déjouer la surveillance des agents fédéraux tout en affrontant les fantômes du passé…

Critique :
À force de fréquenter les fabricants de bourbon de contrebande, je vais finir par tourner mal ! Bintôt, je vais commencer à distiller mon propre bourbon pour le vendre et je finirai au poste de police… Je n’aurai plus qu’à plaider les mauvaises fréquentations littéraires.

La Caroline du Nord, dans un coin paumé, comme toujours et dans ses montagnes, difficiles d’accès, où vivent des personnages hors norme, dont certains distillent du bourbon… Effectivement, il vaut mieux se planquer, même si la prohibition est terminée. C’est tout de même de la contrebande.

Le personnage principal, Rory Docherty, un jeune vétéran revenu de la guerre de Corée avec une jambe en moins. Élevé par sa grand-mère, ancienne prostituée, il a perdu son père avant sa naissance et sa mère, témoin de l’agression qui tua son amoureux, en est restée muette et incapable de l’élever. Elle a été placée en institut psychiatrique. Notre Rory, lui, travaille pour Eustace, qui distille du bourbon…

Une fois encore, c’est un récit qui prend son temps, qui ne roule pas aussi vite que les voitures trafiquées qui transporte le bourbon de contrebande. L’inconvénient, c’est que l’histoire n’est pas très addictive. On a le mystère sur l’agression de la mère de Rory, puisque l’on ne sait pas qui sont les coupables et on a un peu d’adrénaline avec les agents du FBI qui viennent de débarquer dans la petite bourgade.

Le personnage le plus intéressant, c’est la grand-mère maternelle de Rory, Maybelline, surnommée Ma et qui pourrait en rendre à la célèbre Ma Dalton. Elle sait tirer à la carabine et connait les plantes qui soignent. C’est un personnage très fort, très profond et je l’ai adorée. Tout comme j’ai aimé Rory, amputé sous le genou, blessure reçue à la guerre.

Ce roman noir, qui pourrait un peu lorgner du côté des western, est un roman fort descriptif, où l’auteur parle de ses personnages, de la nature, des décors, détaillant parfois un peu trop leurs actes. On a un méchant, sorte de vilain garçon, concurrent de Rory en contrebande, mais on ne saura jamais le pourquoi du comment de leur contentieux. Je suis mitigée avec ce personnage et sa manière de quitter la scène.

Sans doute qu’avec quelques pages en moins, ce roman aurait acquis un peu plus de rythme. Bien que son charme soit aussi dans ce rythme assez lent. Tout dépend de ce que vous cherchez. J’avoue que j’ai eu un peu de mal avec les péripéties qui arrivaient entre deux moments trop calmes et qui n’avaient pas toujours leur raison d’être.

Un roman noir aux ambiances sombres, des vengeances, de la violence, de l’alcool, des mystères, de la contrebande, une touche d’amour, du sexe, de la religion, des croyances, une touche de sorcellerie, une rebouteuse, des coups bas, dans le dos,…

Le tout porté par une plume descriptive (trop ?) et des personnages intrigants, peu bavards, qui en disent peu, tout étant dit dans leurs silences, leurs secrets.

Bref, un roman noir où l’on pourrait penser qu’il n’y a plus d’espoir. En fouinant un peu, on pourra le retrouver, bien caché… Une sacrée tranche de vie de la Caroline du Nord, dans les pas des contrebandiers d’alcool. Qui pourraient se reconvertir dans un autre produit, pas encore interdit…

PS : de cet auteur, j’avais déjà lu « Le fleuve des rois« , où j’avais navigué à contre-courant, aucun des personnage n’ayant réussi à m’émouvoir.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°043] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Juillet de sang : Joe R. Lansdale

Titre : Juillet de sang

Auteur : Joe R. Lansdale
Édition : Folio Policier (2007)
Édition Originale : Cold in July (1989)
Traduction : Christophe Claro

Résumé :
Parce que Richard Dane a dû se défendre, il a fait un énorme trou dans la tête d’un homme qui se trouvait dans son salon. Le cambrioleur lui a tiré dessus sans une hésitation. Richard a pour lui la légitime défense, la pénombre de la nuit et la protection de son fils qui dormait dans une pièce mitoyenne.

Les flics comprennent très bien. Ce que ne sait pas encore Richard c’est que s’ils sont à ce point « sympas », ce n’est pas simplement pour soigner leur image auprès du contribuable. Derrière le fait divers se cache une tout autre histoire totalement invraisemblable.

Qui était ce type venu de nulle part ? Que cache la mansuétude des enquêteurs et pourquoi le FBI s’en mêle-t-il ?

Richard, bouleversé par sa propre vulnérabilité, sidéré par ses instincts révélés, va devenir à son tour une cible, car s’il a défendu son enfant, le cambrioleur aussi était le fils de quelqu’un…

Critique :
Je veux bien qu’aux États-Unis, ils soient assez cool avec le concept de légitime défense lorsque quelqu’un s’introduit chez vous et vous menace d’une arme, mais tout comme Richard Dane, j’avais trouvé les flics vachement sympas lorsqu’ils sont venus récupérer le cadavre du cambrioleur et qu’ils lui ont annoncé le connaître : Freddy Russel.

Si l’entourage de Richard le félicite pour le carton réalisé, lui est mal à l’aise, il a tout de même tué un homme et cet homme, il avait un père. Son daron, c’est Ben Russel et il vient de sortir de prison. Il n’est pas content du tout.

Dans ce roman policier, rien n’est comme on pourrait le penser de prime abord et le lecteur/lectrice ira de surprises en surprises. Tout comme les personnages principaux, qui n’ont pas fini d’être étonnés.

Ce roman policier de 300 pages se lit très vite. Il possède du rythme, de l’adrénaline et la touche d’humour qui est celle de Lansdale, même s’il a écrit ce roman avant la série des Hap Collins & Leonard Pine, que j’adore.

On ne va pas se mentir, il n’y a rien d’exceptionnellement profond dans ce roman, mais il fait le job de divertir et d’étonner, de nous emmener là où l’on ne s’y attendait pas du tout, au départ. Même si parfois, l’auteur usera de ficelles et que son final manquera un peu de finesse, de travail.

Mais bon, je ne vais pas bouder mon plaisir non plus, parce que oui, avec ce polar noir, j’ai pris mon pied niveau action, adrénaline, mystères, suspense et personnages, parce que Jim Bob Luke vaut son pesant de cacahuètes !

Un petit polar qui se lit très vite, qui divertit bien, qui est violent et qui va vous faire sourire grâce à des bons mots dans les dialogues. L’intrigue est bien trouvée, mais effectivement, ce ne sera pas le polar de l’année.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°042] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Nephilims – 01 – Sur la piste des Anciens : Sylvain Runberg, David Dusa, Stéphane Créty et Juliette Créty

Titre : Nephilims – 01 – Sur la piste des Anciens

Scénaristes : Sylvain Runberg & David Dusa
Dessinateurs : Stéphane Créty & Juliette Créty

Édition : Le Lombard (18/08/2023)

Résumé :
Arkansas, 1864. Tandis que résonnent les canons de la guerre de Sécession, un bataillon nordiste entièrement composé de soldats afro-américains se voit assigner une mission d’un genre un peu particulier : escorter une expédition scientifique au cœur des monts Ozark.

Pour cela, ils devront survivre aux balles sudistes, aux attaques d’ Amérindiens alliés aux confédérés et encaisser le racisme de leurs nouveaux « protégés ».

Mais dans les entrailles ancestrales de ces montagnes, une menace nouvelle se réveille. De celle qui s’attaque à tous les hommes, sans distinction…

Critique :
Le western n’est pas mort, la preuve : on a des tas de bédés sur le sujet ! Tant mieux pour moi qui aime ça (qui adore, pour être plus juste).

Nous sommes en 1864, en pleine guerre de Sécession. Du côté des Fédérés (les Bleus du Nord), des soldats Noirs portent l’uniforme et se battent aux côtés des Blancs, ce qui n’est pas au goût des Blancs, racistes comme pas possible.

Le régiment de soldats Noirs fait tout ce qu’il peut pour prouver sa bravoure, allant même jusqu’à voler du ravitaillement aux Confédérés (les Reb’s du Sud), empêchant par là que la famine ne terrasse les visages pâles, mais ces derniers n’ont même pas dit merci.

Apparemment, personne dans les faces de Tipp-ex ne veut devoir quelque chose à des anciens esclaves. Déjà qu’ils se battent pour eux, hein, comme ils disent (mais maintenant, on sait que la guerre de Sécession n’a pas eu lieu pour libérer les esclaves dans le Sud).

Anybref, tous le monde est raciste, dans cette foutue époque et considèrent les Noirs comme des singes. Les Noirs, eux, considèrent les Indiens comme des sauvages… Tout va donc très bien, madame la marquise. La boucle est bouclée (ironie, bien entendu), le racisme est à tous les étages, à toutes les cases.

Curieusement, si les scientifiques tiquent au fait que ce soit des soldats noirs qui les escortent, ils ne disent rien d’une femme blanche qui les guide dans les monts Ozark, en plein milieu du territoire sacré des Choctaws, alliés des confédérés… Comprenne qui pourra, parce qu’à cette époque, les femmes n’étaient pas mieux considérées.

Ce western a un petit goût de fantastique et c’est là que le bât risque de blesser. Pour ce premier tome, je ne me prononcerai pas, c’est trop tôt (et ça passe pas trop mal), mais je suis curieuse de savoir comment ce truc va être géré dans la suite. Ou le côté fantastique passera comme une lettre à la poste, ou ça fera bourrage, comme des lettres un jour de grève, à la même poste.

Les dessins sont bien exécutés, sauf pour les chevaux, qui possèdent des culs (arrière-main) plus musclées que celles de Quarter Horse de compétition ! Pire, l’un des chevaux, dans une case, a une tête qui fait penser que cet équidé est parent avec ALF (voir image sur le blog). Ça, je n’avais pas encore vu.

Les couleurs sont agréables, par contre, pas assez poussées dans les uniformes, ce qui fait que l’on ne sait pas vraiment si on a affaire à des Confédérés (gris) ou des Fédérés (bleus). Heureusement que c’est indiqué à certains endroits, parce qu’il est impossible de faire la différence. Dans une guerre, vaut mieux que les couleurs des uniformes soient bien distinctes, si on ne veut pas avoir des problèmes.

Le scénario est assez clair, le découpage aussi, pas de difficulté à les suivre (si ce n’est à repérer qui est gris et qui est bleu).

Sans l’ajout de l’élément fantastique, avec la recherche scientifique pour tenter de trouver ce que je ne vous dirai pas (gardons le côté mystérieux), ce western serait ultra classique avec une mission à réaliser dans un territoire indien, hostile aux Fédérés et même aux Confédérés, puisque territoire sacré.

On ajoute les Confédérés qui suivent les Bleus pour les exterminer, du grabuge, des canons, un galonné qui veut vraiment exterminer les soldats Noirs et on pourrait se dire que rien de neuf sous le soleil. Oui, mais, il y a un ennemi en plus, qui n’a envie de faire copain copain avec personne, quelque soit sa couleur de peau… Là, c’est déjà moins classique.

Un premier tome qui pose les bases, qui entame le récit, qui éveille la curiosité sur le machin qui hante les monts Ozark et qui tape sur tout le monde. Je serai au rendez-vous pour la suite, parce que je suis curieuse de voir comment le tout va être traité par les scénristes.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°038] et Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

Des jours sans fin : Sebastian Barry

Titre : Des jours sans fin

Auteur : Sebastian Barry
Édition : Joëlle Losfeld (2018) / Folio (2019)
Édition Originale : Days Without End (2016)
Traduction : Laetitia Devaux

Résumé :
Chassé de son pays d’origine par la Grande Famine, Thomas McNulty, un jeune émigré irlandais, vient tenter sa chance en Amérique. Sa destinée se liera à celle de John Cole, l’ami et amour de sa vie.

Dans le récit de Thomas, la violence de l’Histoire se fait profondément ressentir dans le corps humain, livré à la faim, au froid et parfois à une peur abjecte.

Tour à tour Thomas et John combattent les Indiens des grandes plaines de l’Ouest, se travestissent en femmes pour des spectacles, et s’engagent du côté de l’Union dans la guerre de Sécession.

Malgré la violence de ces fresques se dessine cependant le portrait d’une famille aussi étrange que touchante, composée de ce couple inséparable, de Winona leur fille adoptive sioux bien-aimée et du vieux poète noir McSweny comme grand-père.

Sebastian Barry offre dans ce roman une réflexion sur ce qui vaut la peine d’être vécu dans une existence souvent âpre et quelquefois entrecoupée d’un bonheur qui donne l’impression que le jour sera sans fin.

Critique :
Avec ce roman, j’ai eu le plus grand mal, à cause de son écriture : les dialogues sont incorporés dans les textes narratifs, sans distinction et l’écriture m’a souvent fait grincer les dents.

Il est brut de décoffrage, comme si on lisait le carnet de mémoire d’un jeune soldat, tel quel, sans corrections de syntaxe.

Thomas McNulty, le narrateur, n’est pas un bon écrivain et j’ai patiné durant les 50 premières pages. C’était lourd à lire, étouffant. Comme si on écoutait un récit, raconté tel quel, par une personne qui ne sait pas faire de belles phrases.

Heureusement que son récit était intéressant et que les deux personnages, Thomas et John Cole, m’ont intéressé, sinon, j’aurais abandonné…

Dans ce roman historique, l’auteur abordera plusieurs sujets, notamment l’homosexualité (Thomas et John sont ensemble), la guerre de sécession, le racisme, l’esclavage, le massacre de tribus indiennes et l’amitié entre les soldats.

En raison des 270 pages, le tout sera survolé, jamais approfondi. Cela ne m’a gêné pour autant, ce survol de l’Histoire (on commence en 1850).

Ce que j’ai aimé, c’est la manière dont l’auteur a traité le couple que forme Thomas et John : sans guimauve, sans chichis, sans trop de détails, sans excès de virilité. Pas de scène de sexe à la Brokeback Mountain.

Thomas aime porter des vêtements de femme, mais il abordera le sujet sans que cela ne devienne lourd ou cliché. Notre jeune homme est prêt à sauter dans son pantalon si la guerre se déclare à nouveau. Ceux qui seront au courant, ne diront rien et accepterons le fait que Thomas cultive la terre en robe. Bravo, on a de la tolérance…

C’est assurément un drôle de roman, déjà en raison de son écriture et j’ajouterai, en raison de l’optimisme qui parcourt les pages.

La galerie de personnages est importante et personne n’est tout à fait blanc ou noir (sans mauvais jeu de mot). On a de tout, c’est réaliste, mais, une fois de plus, on survole les personnages, nous ne saurons rien de leur passé (hormis de Thomas McNulty, notre narrateur : il est irlandais et à fuit son pays en proie à la famine.). Cela ne m’a pas dérangé non plus. Par contre, le narrateur sera bavard avec la vie de soldat.

Le pire dans cette lecture, c’est la narration, ce texte que j’aurais bien corrigé (et que je faisais parfois dans ma tête), tant il était lourd, étouffant, malhabile à lire.

Dommage, parce que cela a rendu le récit froid et a supprimé toutes les émotions qui auraient dû ressortir du récit, vu les sujets abordés, vu le couple que nos deux hommes formaient et vu la présence de la petite Winona… Peu d’émotions ressenties et là, je râle, parce que je les voulais !

Malgré tout, je lirai la « suite », qui n’en est pas vraiment une (Des milliers de lunes) et qui met en scène Winona, justement. Même si ce premier roman me laisse mitigée…

Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023.

L’odeur des garçons affamés : Loo Hui Phang et Frederik Peeters

Titre : L’odeur des garçons affamés

Scénariste : Loo Hui Phang
Dessinateur : Frederik Peeters

Édition : Casterman (30/03/2016)

Résumé :
Texas, 1872. Oscar Forrest, photographe, répertorie les paysages de l’Ouest pour le compte du géologue Stingley. Entre Oscar et Milton, jeune garçon à tout faire du groupe, s’installe une relation ambiguë… Alors qu’autour de l’expédition, rôdent un inquiétant homme en noir et un Indien mutique.

Stingley a conduit la mission aux portes d’une région hostile, dernier bastion de résistance des redoutables Comanches. Sur cette frontière lointaine, les limites entre civilisation et sauvagerie s’estompent. Un western intense où la Nature révèle les secrets les plus troubles.

Critique :
C’est le titre énigmatique qui m’a attiré en premier : qu’est-ce que ça pouvait être, l’odeur des garçons affamés ? Je me doutais que l’on ne parlait de nourriture.

La deuxième chose qui m’a attirée, c’est le fait que l’histoire se déroule dans les paysages de l’Ouest, au Texas.

Les couleurs de cet album étaient dans des tons très chauds et les dessins ne me déplaisaient pas. Embarqué !

Dès le départ, Stingley le géologue, soulève quelques petits détails qui clochent chez Oscar, le photographe qu’il a engagé pour immortaliser les paysages et les autochtones. Oscar n’est pas aussi net que ses photos et on en saura un peu plus sur lui au fil des pages.

Stingley est lui aussi un personnage bizarre, qui se promène souvent les fesses à l’air et le service trois pièces aussi. Sans doute sa mère lui a-t-elle dit qu’il fallait aérer pour les odeurs… En tout cas, j’ai été étonnée qu’il ne se prenne pas un coup de soleil sur sa tchole, son tich, son zeb, son zob, sa bite, son p’tit zizi (qui n’est pas si petit que ça, entre nous, pour celles que ça intéressent).

Ce qui est grand aussi, ce sont ses ambitions : tout raser, extraire toutes les richesses des montagnes, du sol, tout foutre en l’air et surtout, éliminer les Indiens, surtout les femmes et les enfants.

L’autre mystère, c’est Milton, le jeune homme à tout faire. Mystère qui se lèvera plus rapidement pour les lecteurs que pour Oscar… Et puis, dans ses paysages magnifiques, il y a deux personnages troubles : un Indien mutique et souriant et un cow-boy avec une gueule ravagée, sans oublier des chevaux qui disparaissent et que l’on retrouve morts.

Cette bédé est atypique : elle commence normalement et puis ensuite, viennent se greffer des éléments oniriques (jusque là, tout allait bien), puis du fantastique et je me suis demandée ce qu’un tel personnage avait à faire dans ce récit. Non pas qu’il détonne, j’ai déjà croisé un de son genre dans une autre saga, mais dans cette histoire, je n’ai pas compris son rôle, son utilité.

L’auteur n’expliquera pas tout, ne donnera pas toutes les clés pour comprendre le final, laissera des mystères sans réponse, mais au moins, il ne vous prend pas par la main pour vous emmener là où il désire que vous alliez. Ce sera à vous de faire le job. Liberté totale d’interpréter le truc comme vous le voulez. On apprécie la fin étrange ou pas.

Si j’ai aimé les personnages d’Oscar et de Milton, si j’ai aimé ce qu’il se déroule, j’ai trouvé qu’il manquait un petit quelque chose pour que le récit m’emporte. Ou alors, c’est moi qui ait renâclé sans m’en rendre compte quand le truc fantastique est entré dans l’histoire, sans rien y apporter de pertinent.

Trop d’inexplicable n’est pas toujours un problème, il faut juste que tout le reste s’intègre bien dans le récit et n’aient pas l’air tout droit sorti d’on ne sais où, comme si on précipitait la fin et qu’on l’opacifiait un peu plus.

Dommage, parce qu’il y avait des thématiques intéressantes dans cette bédé, de la profondeur et du mystère. Sans oublier deux personnages intéressants et sympathiques.

Une lecture intéressante, sans aucun doute, mais je reste mitigée sur certaines choses. C’est un western fantastique inclassable, ça, c’est sûr !

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°023], Le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur, Le Mois Américain en solitaire – Septembre 2023 et le Challenge Amérique du Nord anglophone chez ENNA LIT, ENNA VIT!

Sous les étoiles de Bloomstone Manor : Mary Orchard [LC avec Bianca]

Titre : Sous les étoiles de Bloomstone Manor

Auteur : Mary Orchard
Édition : Casterman (01/02/2023)

Résumé :
Agathe Langley a dix-neuf ans en cette année 1898. Contrairement aux attentes de ses parents la jeune femme boude les bals mondains et ne vit que pour l’astrophysique, qu’elle étudie en cachette avec la complicité de sa gouvernante. Alors que les Langley viennent de quitter Londres pour s’installer à la campagne.

Agathe fait la connaissance de leur excentrique voisin, Lod Nathanaël Stone, dans sa demeure de Bloomstone Manor… une rencontre qui va changer sa vie du tout au tout.

Critique :
Voilà un roman qui a tout d’un feel-good, d’une lecture qui fait du bien, qui réconforte, même si un peu trop too much que pour être réaliste.

Je ne vais pas pinailler, parce que dans le fond, ce genre de lecture n’est pas désagréable, de temps en temps.

Agathe Langley est née à la mauvaise époque : celle où les femmes avaient juste le droit de se taire, de ne pas être plus intelligente que les hommes (pour ne pas leur faire de l’ombre à ces pauvres chéris), à se marie, pondre des enfants et tenir leur maisonnée, en donnant des ordres aux domestiques si elles évoluaient dans le monde des gens avec du fric.

Hélas, Agathe aime la physique et les conversations qui ne sont pas futiles. De plus, elle a du mal à tenir sa langue et dis souvent tout haut ce qu’elle aurait dû se contenter de penser tout bas. Bref, elle est un anachronisme dans cette bonne société, surtout qu’elle aimerait étudier la physique en toute liberté et non en cachette.

Ce roman ne manque pas de bons sentiments, notamment avec ce voisin qui lui permet de rester une semaine, avec chaperon, chez lui, afin de lire des ouvrages de physique dans sa biblio.

Le défaut majeur du roman est le côté manichéen des personnages : les bons sont bons et les méchants sont mauvais comme pouvaient l’être les hommes de cette époque : pour eux, la place de la femme était au foyer (Landru, Petiot, non, pas de mauvais jeux de mots !!), elle n’est pas capable de réfléchir, d’être l’égale de l’homme en matière d’intelligence. Ce n’est pas dans leur programme cérébral que de voir des femmes arriver au niveau des mecs. Autant espérer qu’un chien puisse utiliser un ouvre boîte…

Hélas, à cette époque, ce genre de pensée était la norme et on ne va pas se leurrer, de nos jours, certains voudraient nous renvoyer à nos casseroles. Les personnages « méchants » du roman étaient donc des purs produits de l’époque.

Par contre, tous les personnages du côté des Bons font plus anachroniques dans le tableau, surtout qu’il y en a beaucoup qui sont tolérants, compréhensifs,… C’est appréciable, mais ça fait un peu too much. Pourtant, j’ai adoré ces personnages gentils. Comme quoi, rien n’est inscrit.

Anybref, ce roman est bourré de bons sentiments et à tout d’un feel good qui fait du bien par où il passe, malgré ses petits défauts et son manichéisme. De temps en temps, on a besoin que les gentils gagnent et que l’on avance dans les droits des femmes, dans la manière qu’on les hommes de percevoir l’autre sexe.

Une lecture détente qui m’a fait du bien, parce que le roman qui je vais lire ensuite est roman noir bien poisseux, où les méchants sont d’une autre trempe que ceux de ce gentil livre. Maintenant, je vais descendre dans le Sud de l’Amérique, chez les racistes, xénophobes, assassins… Je vais regretter les gentils.

Une LC réussie avec Bianca, une parenthèse de douceur, dans un monde de brute, un roman qui parle des droits des femmes dans la société victorienne et de la somme de volonté qu’il fallait pour se faire entendre, pour faire valoir que l’on avait un cerveau aussi et que l’on était capable de penser, réfléchir, résoudre des équations.

Je suis Pilgrim : Terry Hayes

Titre : Je suis Pilgrim

Auteur : Terry Hayes
Édition : Livre de Poche Thriller (2015) – 906 pages
Édition Originale : I am pilgrim (2013)
Traduction : Sophie Bastide-Foltz

Résumé :
Pilgrim est le nom de code d’un homme qui n’existe pas. Il a autrefois dirigé une unité spéciale du Renseignement américain.

Avant de prendre une retraite dans l’anonymat le plus total, il a écrit le livre de référence sur la criminologie et la médecine légale. Mais son passsé d’agent secret va bientôt le rattraper…

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan.
Un père décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie saoudite.
Un chercheur torturé devant un laboratoire de recherche syrien ultrasecret.
Des cadavres encore fumants trouvés dans les montagnes de l’Hindu Kush.
Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l’humanité.

Et un fil rouge, reliant tous ces événements, qu’un homme est résolu à suivre jusqu’au bout.

Critique :
Pilgrim pourra se vanter d’avoir pris la poussière dans mes étagères… Voilà un thriller que je voulais déjà lire en 2017, pour le Mois Anglais (en Juin).

J’étais tellement sûre et certaine que j’allais le lire, que j’avais déjà monté sa fiche sur mon blog (couverture, étiquettes, références du livre, challenges,…).

Bravo ! Mais je ne l’ai pas lu, j’ai toujours reporté (procrastination, quand tu nous tiens) et cela faisait donc 6 ans que cette foutue pré-fiche brouillon était dans la mémoire de mon blog…

Il était dit, sur le quatrième de couverture, que ce thriller devait être le seul à lire de l’année. Effectivement, il est bon, il fait le job, il est addcitif et promène ses lecteurs dans plusieurs endroits du globe.

Le récit commence avec un crime étrange commis dans un petit hôtel de Manhattan et ensuite, un homme va nous raconter son passé, son parcours au Renseignement américain, son job qui ressemble à celui d’un espion, sorte de James Bond sans les gadgets, sans Miss Moneypenny, sans Q, sans M.

Notre homme est une sorte de croisement entre James Bond et Jason Bourne. Sa véritable identité ne doit pas être connue, il bosse sous couverture, avec une nouvelle légende à chaque fois.

Le narrateur, ce sera lui (en partie, avec un narrateur omniscient pour d’autres chapitres). Il va tout nous raconter et il fera de nombreuses digressions dans son récit, en nous expliquant, par les détails, des moments de son passé, ce qui pourrait, si l’on n’est pas attentif à cent pour cent, être déstabilisant.

Par exemple, dans un récit au passé, se déroulant dans une banque suisse à Genève, où il accomplissait une mission, il sautera à un autre récit qui parlera d’une exécution dans un restaurant à Santorin (toujours dans le cadre de sa mission), avant de nous rebalancer dans son hôtel suisse où il assistera à l’attaque sur le WTC : nous étions le 11/09/2001.

Ces récits incorporés dans le récit principal, sont importants, ils nous éclairent sur sa vie, sur son personnage, ses légendes et en effet, tout se tient. Mais il faudra 200 pages de papotages pour en revenir à cette chambre d’hôtel, au meurtre et comprendre ce qu’il foutait là. Pas de panique, on comprendra plus tard l’importance de tout cela.

Si durant une bonne moitié du roman, le récit est rapide, addictif, passé la page 500, le scénario, toujours très bavard, le devient un peu trop, notamment avec notre Pilgrim (on prononce son nom de code 3 fois dans le roman) qui revient encore et toujours avec les flash-back de ses missions antérieures et qui me donnera l’impression que l’auteur a brodé pour ajouter des pages. Impression vite disparue. Le bât qui blesse ne se trouvant pas là.

La chose que je reprocherai à ce thriller, c’est son manichéisme poussif. On pourrait synthétiser en chantant à la manière de Fugain : ♪ Qui c’est qui est très gentil ? Les z’États-Unis ♫ Qui c’est qui est très méchant ? L’Moyen-Orient ♪

Ou, à la manière de Pierre Brochand (Le diner de cons) : il est méchant l’Moyen-Orient, il est gentil, l’z’États-Unis. Oui, vous allez les avoir dans la tête durant quelques heures.

Certes, lorsque l’on se trouve en compagnie des moudjahid en Afghanistan ou en Arabie saoudite, avec sa police secrète (la Mabahith), il est un fait que l’on va côtoyer des salopards, des sadiques, des hypocrites, des liberticides, des phallocrates, des misogynes et autres joyeusetés (on décapite sur la place publique).

Oui, dans la réalité, il y a aussi de salopards aux États-Unis et des prisons où l’on torture, l’auteur en parlera, mais l’équilibre entre les deux axes (le Bien et le Mal) ne sera jamais présent et à lire l’auteur, on pourrait croire que les États-Unis sont blancs comme neige… Un peu d’équilibre n’aurait pas été du luxe.

À certains moments, j’avais l’impression d’être dans un vieux film de James Bond (ceux avec Sean Connery ou Roger Morre) où l’Angleterre serait remplacée par les États-Unis, mais, comme dans ces vieux films, avec des méchants tous en provenance du Moyen-Orient. Nous n’en sommes plus là.

Si l’auteur n’a pas tort sur toute la ligne, un peu de nuance aurait rendu le récit moins manichéen… Et le Sarrasin aussi (le méchant de l’histoire) ! Sa vengeance est un peu tarabiscotée et capillotractée.

Si l’on ne prend pas trop attention à ce manichéisme présent, suite aux enjeux en cours (le Bien contre le Mal) et au vu du C.V de certains gars du Moyen-Orient (qui ne sont pas des enfants de coeur), si on n’est pas trop regardant sur les bords pour certaines choses invraisemblables (fabrication dans un labo d’un truc de ouf, grâce au Net, la chance insolente de Pilgrim, un président des États-Unis intelligent et raisonnable, des partenaires fiables, le truc avec les miroirs) on se retrouve avec un bon gros thriller qui se lit assez vite (3 jours pour ma part) en raison de son rythme et de l’addiction qu’il entraîne.

Sans être le thriller de l’année, sans jamais atteindre la profondeur de certains romans (ceux qui vous marquent), tout en étant un peu trop orienté, avec un super espion qui a tout d’un un super héros (sans la cape et le slip sur les collants), il fait le job de vous divertir, de vous faire voyager, de vous foutre les chocottes (le terrorisme, le fanatisme religieux).

De plus, il comporte aussi une grosse dose de suspense, une super enquête policière (il a tout d’un Holmes, d’un Horatio Caine et de Gill Grissom, ce Pilgrim), un espion sympa qu’on apprécie assez vite et finalement, c’est un thriller parfait pour lire en vacances. Sans prise de tête. Dommage que tout soit si prévisible…

Une fois lu, il sera oublié. Dommage, parce qu’il y avait moyen de faire mieux, beaucoup mieux, surtout après un début aussi prometteur. Avec un peu plus de profondeur, moins de manichéisme et 200 pages de moins, ça aurait un roman plus percutant et moins voué à la case de l’oubli.

Malgré tout, restons positive, ce thriller m’a bien diverti ! Faut pas lui en demander plus.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°015] et « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.

Les amants de Baker Street – 02 – L’ombre de Reichenbach : Isabelle Lesteplume [Par Dame Ida]

Titre : Les amants de Baker Street – 02 – L’ombre de Reichenbach

Auteur : Isabelle Lesteplume
Édition : MxM Bookmark (13/04/2022)

Résumé :
Les clients se bousculent à la porte du 221B Baker Street. La réputation de Sherlock Holmes ne cesse de grandir, Watson est toujours prêt à partir à l’aventure à ses côtés et leur relation ne s’est jamais mieux portée. Leur bonheur semble complet.

Mais depuis que Holmes a découvert l’existence du Professeur Moriarty, un criminel aussi génial que lui, l’idée de l’arrêter tourne à l’obsession. Un duel sans pitié s’engage entre eux, un duel qui les mènera au bord du précipice…
Et dont personne ne ressortira indemne.

Critique :
Vous le savez, puisque je suis une vieille radoteuse : je n’aime pas, mais vraiment pas les fanfictions qui dans le sillage de la série Sherlock de la BBC jouant sur la dimension homoérotique latente de la relation entre Holmes et Watson (pour faire plaisir au fans à partir de la saison 3) ont fleuri partout sur le net.

De son vivant Doyle avait toujours rejeté les hypothèses d’un lien amoureux entre ses personnages, d’autant que d’un point de vue historique la colocation était fréquente sous le règne de Victoria.

Beaucoup de veuves propriétaires de leur logement, le seul bien qui leur restait après le décès de leur mari, louaient des chambres voire une partie de leur maison à des pensionnaires de mêmes sexes (la mixité n’était pas tolérée) puisqu’à l’époque les
loyers londoniens étaient déjà prohibitifs pour les jeunes actifs célibataires.

C’était tout à fait normal et comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, si tous nos étudiants vivant en collocations s’envoyaient systématiquement en l’air ensemble, il y aurait moins de parents prêts à payer des études à leur progéniture !

Qu’allais-je donc faire alors dans une telle galère ? Puisque l’autrice annonce clairement la couleur dès le titre du premier volume de sa série : Holmes et Watson sont amants.

J’avais lu le premier volume dans l’intention d’en faire une fiche de lecture tirant à boulet rouge sur le concept hérétique et… Je m’étais retrouvée retournée comme une crêpe ! Genre Saul de Tarse, juif orthodoxe qui va persécuter les chrétiens et qui se panne la tronche à dada sur le chemin de Damas et devient trois jours plus tard Saint-Paul, l’organisateur en chef de la foi chrétienne en Occident.

Bon… Je ne deviendrai pas sainte dans l’affaire… Juste un peu moins tolérante (un tout petit peu moins seulement ! Faut pas pousser non plus!) avec les fanfictions faisant dormir Sherlock et John dans les mêmes draps.

Ce n’est pas tant que j’étais convaincue par le personnage de Holmes présenté dans ce pastiche… Évidemment…

Un Holmes sensible au sentiment amoureux… C’est en soi un non sens, non ? Et bien… Dame Lesteplume était parvenue à nous retracer une évolution psychologique presque convaincante de notre détective consultant préféré, pouvant le rendre sensible aux charme attentionné de Watson.

Et, tour de force encore plus magistral, l’autrice s’avérait maîtriser une impressionnante culture du canon, réécrivant certaines des enquêtes les plus connues en y glissant avec une savante subtilité les amours forcément cachées des deux compères.

Même si le principe me dérangeait j’avais dû le reconnaître, Isabelle Lesteplume avait réalisé un travail remarquable.

Et elle continue sur sa lancée avec ce nouveau volume où elle parvient à mêler là encore avec maîtrise les grands piliers du canon et l’évolution des sentiments que Holmes et Watson ont l’un pour l’autre, la façon dont ils s’en débrouillent face à une société qui les enverrait en prison s’ils étaient découverts, et face à leurs proches, dont
certaines n’hésiteront pas à leur servir d’alibis, puisque sans vouloir déflorer l’intrigue, il n’y a pas que les messieurs qui peuvent préférer les personnes de leur propre sexe.

Les deux tomes ne se ressemblent pas puisque d’autres affaires seront traitées, et nos deux amis évoluent dans leur relation… Mais la qualité du travail est toujours là pour qui ne sera pas fâché de les voir s’aimer.

Toutefois… Là encore… C’est un roman de femme qui prête à des hommes des mouvements introspectifs sur les questionnements et sur leurs sentiments, d’une manière que je trouve tout de même assez éloignée de la psychologie masculine telle qu’on la voit généralement se déployer (ou pas d’ailleurs).

Il y a des années j’avais rencontré un jeune homme qui faisait une recherche doctorale de lettres en « gender studies » et qui travaillait sur la dimension genrée de l’écriture. Il partait de l’idée que les hommes et les femmes n’écrivent pas de la même manière, et notamment lorsqu’ils parlent des sentiments de l’autre sexe.

C’était assez intéressant et en lisant ces deux romans d’Isabelle Lesteplume, je retrouve quelque chose des questionnements de cet étudiant dans ce que je trouve peu crédible des tergiversations sentimentales attribuées à nos héros.

Ce volume me semblera aussi un peu plus « chaud » que le premier. L’autrice s’enhardit… Ma mémoire peut me jouer des tours, mais cet opus là me semblera plus explicite que le précédent même si on n’est pas non plus dans le porno gay le plus crû qui soit non plus. Je ne suis pas trop prude mais… Parfois la répétition des situations un
peu olé-olé pourra me lasser légèrement.

Anybref, l’autrice poursuit dans sa lancée et nous offre ici un deuxième volume nous permettant de continuer à explorer l’envers du canon dans une optique où Holmes et Watson évoluent dans l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre tout en développant d’autres liens avec d’autres personnages récurrents et important de l’œuvre de Doyle et en traversant certaines des affaires et péripéties majeures (on parle tout de même du Reichenbach ici et du grand hiatus tout de même !).

Le décor était planté dans le tome 1… et maintenant la tragédie et la romance se déploient !

 

W3 – 03 – Le calice jusqu’à la lie : Jérôme Camut et Nathalie Hug

Titre : W3 – 03 – Le calice jusqu’à la lie

Auteurs : Jérôme Camut et Nathalie Hug
Édition : Télémaque (2016) / LP (2017) – 992 pages

Résumé :
Les locaux de W3 ont été soufflés par une terrible explosion.
Qui est responsable de ce massacre ?
Ceux qui ont échappé à la mort vont très vite comprendre qu’ils ne sont pas sortis d’affaire.
Sur les décombres encore fumants de l’immeuble, les drames se nouent et les destins s’entrelacent une dernière fois.
La plus unie des familles peut-elle résister à tant d’horreur ?

Critique :
Avec les sagas, c’est toujours la même chose : on est enchanté par le premier tome, on attend la suite avec impatience et puis, quand les suites sont publiées, on les achète, on se promet de les lire très vite et puis on les oublie, parce qu’on a tellement d’autres livres à lire… Et 7 ans après sa sortie, le dernier tome n’était toujours pas lu !!!

L’été est la période propice pour terminer mes sagas entamées ! En voilà encore une saga que je peux classer et archiver.

Le tome 2, que j’avais enfin lu l’année dernière, se terminait sur un cliffhanger de dingue et maintenant, j’allais enfin savoir qui allait continuer l’aventure.

Les auteurs sont des pros pour jouer avec les nerfs des lecteurs et faire monter le suspense, parce qu’avant d’avoir le décompte complet des morts et des survivants, les auteurs sont revenus un peu en arrière, montrant tout ce qu’il s’était passé, alternant ces chapitres avec d’autres, ce qui fait que ça a pris du temps avant de savoir qui vivrait et qui mourrait.

Ce troisième et dernier tome est dans la lignée des précédents, tout en étant différent. Les auteurs, bien que reprenant la recette gagnante qui donne un récit addictif, composé de chapitres assez courts, où l’on suivra bien des personnages, ont réussi à éviter que l’on ne tourne en rond. Le récit est différent des précédents, tout en conservant une partie des ingrédients clés.

C’est un pavé énorme (830 pages dans sa grande édition, 992 dans sa version poche), mais je vous garantis qu’il se lit très vite et que l’on atteint la page 100 sans l’avoir remarqué. Commencé le 31 juillet au soir, le 2 août au matin, le roman était lu en entier.

Si ce thriller est addictif, c’est aussi grâce à ses personnages, qui sont réalistes, sympathiques et avec qui on a envie de devenir copains. Même le terrible Ilya Kalinine semble sympathique…

Stop, c’est un tueur et un proxénète ! Je ne peux pas l’apprécier ! Oui, mais il sauve des filles des containers et si elles se prostituent, c’est de leur plein gré, elles peuvent garder une partie de leurs gains et ensuite, aller vivre où elles veulent…

Rien n’est tout à fait noir, ni tout à fait blanc, dans ce roman, je l’apprendrai à mes dépends. Nuances de gris, du réalisme, des parallèles avec l’actualité et les attentats, la traite des jeunes filles (des gamines), l’espionnage, la politique, la mafia russe, les magouilles et compagnies, les chapes de plombs pour ne pas révéler la vérité, les mensonges, les demi-vérités… Et une romance dans tout ça.

Il y a beaucoup de choses, dans ce thriller. Il est bavard, il est rempli de dialogues, d’action et de violence et je pense qu’on aurait pu se passer de certains chapitres, de certains actes, qui, pour moi, n’ajoutaient rien à l’histoire. Si ce n’est des pages et des pages (et de l’action).

Le plus gros reproche que je ferai à ce dernier tome c’est qu’il y a trop de morts, trop de personnages qui m’étaient chers qui vont disparaître, comme dans Game Of Thrones. Et trop, c’est trop, parce que ces morts m’ont semblées inutiles, gratuites. Merde, j’ai eu l’impression de perdre des êtres chers ! Ma foi, j’ai eu plus de peine que Lara Mendes, qui a bien changée, elle, au fil des tomes.

Pour moi, les auteurs ont assassinés trop de personnages, mon petit cœur a saigné et je suis en colère contre eux. Malgré tout, cela ne m’a pas empêché de dévorer leur pavé en me consolant du fait qu’ils n’aient pas fait dans la répétition afin de nous offrir un dernier tome dans la continuité des deux premiers, tout en étant différent.

Ce dernier tome, c’est une hécatombe de personnages, c’est de la violence, de l’horreur, des vengeances qui datent de mathusalem et qui feront bien des victimes collatérales et qui n’avaient rien demandé…

C’est aussi un sacré page-turner qui ne m’a pas laissée indifférente, des personnages emblématiques qui sont bien détaillés, qui ne manquent pas de profondeur (sauf pour le méchant) et qu’on ne sait pas confondre avec d’autres.

Le tout avec une écriture fort descriptive, ce qui donne l’impression de tout vivre en direct, comme si l’on était avec eux. Une fois commencé, difficile de lâcher le roman, même s’il aurait pu être bien plus court en retirant l’inutile.

Une fin de saga fort sombre, triste… Beaucoup de rebondissements (trop ?), trop de morts (oui, trop), une romance qui ne m’a pas convaincue (inutile, même) et  comme une impression que les auteurs ont ajouté des faits juste pour en ajouter.

Alors oui, j’ai aimé cette lecture et oui, je suis mitigée pour certains points. Comme quoi, rien n’est facile, rien n’est aisé, rien n’est assuré. J’ai le cul entre deux chaises (et je basculerai plus du côté « aimé » que « pas aimé »).

À vous de vous faire votre propre avis.

#Pavés de l’été

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 12 Juillet 2023 au 11 Juillet 2024) [Lecture N°000] et « Les épais de l’été » 2023 (21 juin au 23 septembre) chez Dasola (par ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) et chez La Petite Liste.