Imbattable – Tome 1 – Justice et légumes frais : Pascal Jousselin

Titre : Imbattable – Tome 1 – Justice et légumes frais

Scénariste : Pascal Jousselin
Dessinateur : Pascal Jousselin

Édition : Dupuis (07/04/2017)

Résumé :
Tremblez, malfrats, voici Imbattable ! Ce nouveau protagoniste porte secours à la veuve et à l’orphelin comme tout héros qui se respecte, mais il sauve aussi les chiens, les chats des grands-mères, les terrains de pétanque, le fils du maire, et la ville tout entière.

Masqué, comme tout justicier, capé, comme tout justicier, il mène la vie dure aux savants fous et aux mauvais plaisantins, sans jamais oublier de ramener le pain.

Non seulement Imbattable est imbattable, mais son super-pouvoir fait de lui le seul véritable super-héros de bande dessinée !

Critique :
C’est dans le Spirou Hebdo que j’ai découvert la bédé Imbattable et j’ai été séduite directement par cette série qui s’est affranchie de tous les codes de la bande dessinée.

Cette série ne se regarde pas QUE case par case car il faut aussi la prendre en vue d’ensemble pour comprendre comment notre Imbattable est capable de sortir de ses cases, là où d’autres en sont incapables.

Oui, nous sommes face à un super-héros possédant le pouvoir de changer de case, qui ne se la pète pas, qui est sympa et qui fait face à des méchants cupides, des voleurs, des savants fous voulant dominer le monde, seul où à l’aide de robots… Ou à d’autres personnes possédant des super pouvoirs comme lui ou face à des politiciens qui mentent à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche (et corrompus).

Cela reste toujours bon enfant donc vous pouvez donner cette bédé à lire aux plus jeunes et même un adulte est capable de trouver son plaisir dans ces mini aventures pleines d’humour, à condition qu’il laisse son esprit cartésien au vestiaire et se laisse emporter par le héros en jaune, masqué et capé qui ne respecte aucun code de la bédé.

On pourrait croire que l’auteur va vite se retrouver à court de trucs pour son super-héros et qu’au bout d’un moment, la série va tourner en rond. Non, non, pas de ça dans cette saga !

L’auteur a l’inventivité et de la ressource, énormément de ressource, on sent qu’il a cogité sur les personnages qu’il met en scène, sur les situations qu’il développe et qu’il n’a pas peur d’aller dans tous les sens, de relever des défis puisqu’une histoire d’Imbattable (pas dans cet album, je l’ai lue dans le Spirou) s’est retrouvée, en partie dessinée sur des pages et en partie sur les murs d’une ville (j’ai oubliée laquelle, mémoire de poisson rouge !).

J’adore les dessins qui sont assez simples car ils vont comme une gant à cette bédé dont les gags sont soit sur une seule page, soit sur plusieurs.

Anybref, Imbattable, faut le lire pour le croire, faut le lire pour le voir. Parce que l’expliquer, ce n’est pas la chose la plus aisée qui soit. Faut le voir pour le croire.

N’allez surtout pas croire que c’est gnangnan, pas du tout ! C’est jubilatoire, jouissif et j’adore avoir les yeux qui vont partout en lisant ces aventures. Pour une fois, c’est du jamais-lu ou vu !

Faut juste se laisser porter par la magie de la bédé et pas le talent de Pascal Jousselin, l’inventeur d’Imbattable, le seul véritable super-héros dans la bande dessinée qui n’a pas besoin des supers pouvoirs des Avengers ou autres Justice League pour terrasser les méchants !

Le Challenge « Les textes courts » chez Mes Promenades Culturelles II (Lydia B) – 48 pages et le Challenge bd « Des histoires et des bulles » chez Noctembule (Avril 2021 – Avril 2022) – Jeunesse N° 14 .

L’autre ville : Michal Ajvaz

Titre : L’autre ville

Auteur : Michal Ajvaz
Édition : Mirobole – Horizons Pourpres (02/04/2015)
Édition Originale : Druhé mesto (2005)
Traduction : Benoît Meunier

Résumé :
Dans une librairie de Prague, un homme trouve un livre écrit dans un alphabet inconnu et l’emporte chez lui ; bientôt l’ouvrage lui ouvre les portes d’un univers magique et dangereux.

À mesure qu’il s’enfonce dans les méandres de cette autre ville, il découvre des cérémonies baroques, des coutumes étranges et des créatures fascinantes ; derrière la paisible Prague des touristes, des cafés se muent en jungles, des passages secrets s’ouvrent sous les pieds et des vagues viennent s’échouer sur les draps…

Critique :
Il est des romans dans lesquels on entre directement et d’autres qui sont plus rétifs, qui se dérobent, qui se rebellent et avec lesquels on a le plus grand mal à avancer, comme si on entrait dans un buisson de ronces.

Mon buisson de ronces est arrivé et j’ai eu grand mal à avancer tant les phrases étaient longues, tant l’écriture me semblait pénible, tant le roman me semblait hors de ma portée.

Cet O.L.N.I surfe sur le fantastique, le fantasmagorique, l’onirique (oui, je fais tout en « ique) et il m’a fait la nique durant une grande partie de ma lecture. Il y a du merveilleux aussi et c’est totalement surréaliste.

Imaginez un homme qui a trouvé dans une librairie un livre à la couverture violette qui est écrit dans une langue inconnue. Ce livre ouvre les portes d’une autre ville, un truc de ouf, qui dans notre monde n’a aucun sens.

N’ayant aucun GPS, je me suis perdue, j’ai étouffé, je me suis noyée et je suis sortie de ce roman en me demandant ce que j’avais vécu comme expérience, mon imagination ayant été souvent dans l’impossibilité de me donner des images de ce que je lisais.

En plus, la fin m’a semblé plate comparée à ce que j’avais tenté de défricher durant toute ma lecture, tout ce fantasmagorique, tous les animaux croisés, ce monde de dingue constitué. D’ailleurs, la fin, je l’ai comprise, c’est vous dire son niveau facile !

Je ne coterai pas cette lecture, elle n’était pas pour moi à ce moment-là de ma vie, ou alors, nous n’étions pas fait pour nous rencontrer…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°186], Le Challenge Animaux du monde 2020 chez Sharon [Lecture N°12] et le Mois du Polar – Février 2021 – chez Sharon [Fiche N°41].

 

50 nuances de grecs – Tome 1 – Encyclopédie des mythes et des mythologies : Jul et Charles Pépin

Titre : 50 nuances de grecs – Tome 1 – Encyclopédie des mythes et des mythologies

Scénariste : Charles Pépin
Dessinateur : Jul

Édition : Dargaud Empreinte(s) (17/11/2017)

Résumé :
« 50 Nuances de Grecs » remet en scène les plus grands mythes de l’Antiquité grecque dans les situations les plus actuelles…

Hercule à Acropôle-Emploi, Zeus chez son avocate pour négocier les pensions alimentaires, Icare lançant une compagnie aérienne low-cost ou le dieu Pan mis en examen pour ses liens avec un proxénète surnommé « Dionysos-la-Saumure »… : Retrouvez l’Olympe au grand complet, à travers notre héritage commun.

Avec leur oeil malicieux et leur art du détournement, Jul et Pépin revisitent ce patrimoine mythologique, dans une encyclopédie drôle et savante, où défilent tous les travers de notre société !

Critique :
Apprendre en s’amusant, en rigolant, c’est toujours plus intéressant que devant des manuels lourds et chiants.

Surtout que les auteurs n’hésitent pas à mélanger les choses de notre monde avec celle de la mythologie, comme par exemple Thésée dans le labyrinthe qui suit les indications d’un GPS pour trouver la sortie ou des faits d’actualités.

Chaque dieux, demi-dieux, mythes, légendes, a droit à une page ou deux en bédés et ensuite, une page de texte explicatif sur sa personnalité, sa légende, son rôle, son pedigree.

Bref, ça fait au moins 50 nuances de divinités Grecques, qui, comme vous le savez, n’hésitaient pas à s’entremêler entre elles et à se faire des enfants dans le dos, sans oublier que dans ce petit monde, un trou était un trou. Oui, c’est dit crûment, mais c’est ainsi : grande tolérance niveau partenaire de sexe.

Que les parents outrés se rassurent, la bédé reste tout public, même si les explications claires et concises sur chaque portrait est parfois dans sa vérité toute nue : Oedipe et sa mère, par exemple.

Le ton de Charles Pépin est facile à suivre et on ne s’embrouille pas de trop dans « qui est le père de qui » car dans les divinités grecques, c’est aussi touffu que dans les anciennes séries telles que Santa-Barbara ou Amour, Gloire et Beauté, niveau « qui a couché avec qui » (et qui couche…).

Les dessins de Jul sont agréables, bourré de petits détails humoristiques, les cases sont sans bordures et pourvues de peu de décors, mais ça marche dans ce genre d’album.

Un bon moment de lecture, pour se cultiver et rire un bon coup, ce qui fait du bien mais n’est pas remboursé par la sécurité sociale.

Walter Appleduck – Tome 2 – Un cow-boy dans la ville : Fabcaro et Fabrice Erre

Titre : WalterAppleduck – Tome 2 – Un cow-boy dans la ville

Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre

Édition : Dupuis (2020)

Résumé :
Son master de cow-boy en poche, Walter Appleduck regagne la ville en compagnie de Billy, l’adjoint du shérif de Dirtyoldtown. Son objectif est désormais que celui-ci s’ouvre aux valeurs modernes et humanistes.

Mais loin de son Ouest sauvage, Billy, homme rustre, macho, grossier et alcoolique, a beaucoup de mal à s’adapter.

Critique :
Walter Appleduck est un être civilisé, cultivé, poli, instruit, ouvert d’esprit et aux autres cultures.

Puisque son stage à DirtyOldTown  est terminé, il invite l’adjoint au shérif, Billy, dans la grande ville.

Billy, l’adjoint, est le négatif de Walter : il est grossier, bourru, impoli, imbuvable, raciste, con, gaffeur, macho, crétin, inculte, rustre,… n’en jetez plus !

Anybref, pour arriver à ouvrir l’adjoint du shérif aux valeurs humanistes et modernes, faut se lever très tôt le matin.

On prend les mêmes, on recommence, mais on inverse l’histoire : après le citadin qui débarquait dans la ville de l’Ouest, voici le bouseux délicat de la gâchette qui arrive en ville. Changez de trottoir !

Ce que j’apprécie dans cette bédé, c’est le ton décalé, déjanté, utilisé par les auteurs, que se soient dans les dessins ou dans les dialogues.

Lorsque l’on est attentif, on remarque des petits détails amusants dans les cases, comme ces chevaux devant un grand hôtel qui portent les insignes Rolls-Royce et Ferrari. Il y en a plein, à vous de les découvrir.

Billy est un personnage qu’on n’a pas envie de trimbaler derrière nous tant il est un crétin fini mais il est drôle et ses péripéties avec le bandit Rascal Joe sont des plus hilarantes. Le tout est à prendre au second degré, bien entendu.

C’est corrosif, sous le couvert d’humour, les auteurs taclent notre société de consommation, l’art, les restos gastronomiques, le racisme… Tout y passe à la moulinette de l’humour noir et des running gags avec Rascal Joe.

Scénario déjanté avec des dessins cartoonesques (qui va bien au ton de la bédé), cette bédé est parfaite pour rire un bon coup, pour se détendre le corps et l’esprit ou pour se changer les idées si on broie du noir.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°74] et le Mois Américain – Septembre 2020 chez Titine et sur Fesse Bouc.

Walter Appleduck – Tome 1 – Cow-boy stagiaire : Fabcaro et Fabrice Erre

Titre : Walter Appleduck – Tome 1 – Cow-boy stagiaire

Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre

Édition : Dupuis (Février 2019)

Résumé :
Walter Appleduck est un jeune homme cultivé, poli et bien éduqué qui fait un « master cowboy ». Le shérif de DirtyOldTown et son adjoint Billy ont accepté de le prendre en stage pour lui apprendre les rudiments du métier.

Critique :
Le panneau à l’entrée de la ville de DirtyOldTown est clair et net : « Étranger, ici on n’aime pas trop les étrangers ».

Pourtant, vous auriez tort de passer votre chemin car la ville de DirtyOldTown vaut le détour, surtout ses habitants.

D’accord, le shérif ne fout rien, on s’évade facilement de la prison, Rascal Joe vous le dira et son adjoint, Billy est l’archétype du type rustre, macho, grossier, misogyne, violent, alcoolique, bas du front, xénophobe, arriéré, fermé, ethnocentré, opportuniste, conservateur et aux idées dangereusement fascisantes. Dixit Miss Rigby que Billy drague comme un manche.

Mais nom d’un colt chargé, qu’est-ce qu’on se marre avec l’adjoint Billy ! Parce que même si c’est un xénophobe bas de plafond, il fait rire tellement il est crétin.

J’avais découvert cette bédé dans l’hebdo Spirou et j’avais déjà ri. La relire m’a fait encore plus rire car j’ai remarqué des tas de petits détails dans les dessins que je n’avais pas aperçu lors de ma première lecture.

Fabrice Erre, le dessinateur, a le sens du détail. Par contre, son trait à lui, c’est les gros yeux, l’absence de coudes (il ne sait pas les dessiner) qui donne des bras tout mous et les doigts aussi, quant aux chevaux, on ne va pas en parler car je n’ai jamais vu un équidé galoper de la sorte.

Ailleurs, je hurlerais, mais pas dans une bédé humoristique qui utilise tous les codes du western tels que les duels, les attaques de banques, de diligence, des Indiens, l’arrivée du télégraphe, la poursuite d’un hors-la-loi tout en les détournant pour les mettre parfois à la sauce moderne.

Le pauvre Walter Appelduck qui vient en tant que stagiaire va découvrir un monde qu’il ne suspectait pas… Lui qui rêvait d’authenticité pour sa thèse, il va souvent être surpris et les lecteurs aussi, pour notre plus grand plaisir.

Détourner les clichés des western pour en faire une critique acide et drôle de notre société, fallait y arriver. Pari réussi pour ce duo qui m’a fait rire devant tant de situations folles, délirantes, dingues, drôles, le tout à la sauce un peu acide car c’est traité de manière intelligente, même sous couvert d’humour bête.

Le fait d’avoir des références de notre monde dans celui du far-west, comme le magazine people Cowser, les émojis dans les télégrammes, une cuisine équipée ou autre ne choque pas.

Anybref, voilà une bande dessinée intelligente, drôle, caustique, qui, tout en respectant les codes western les détourne pour tacler notre société de consommation, l’égalité des sexes, les préjugés, le racisme, la politique, la liberté de presse, la privatisation des sociétés, le travail non payé…

Rions de nos travers et faisons-le intelligemment. Une bédé qui, malgré ses dessins « gros nez », vole beaucoup plus haut qu’on ne pourrait le penser, au premier abord.

Le Shérif : — Que se passe-t-il ?!
Le conducteur du convoi : — Le convoi a été attaqué par des Indiens ! Alors qu’on passait tranquillement au milieu de leur village en écrasant tout…
Le Shérif : — Saletés de bougnoules à plumes !
Walter : — C’est un peu raciste de dire ça, non ?
Le Shérif : — Hein ? Mais non je suis pas raciste.. J’ai même un ami qui a des poules avec des plumes… Non vraiment, c’est pas mon genre…
Walter : — Ah, ben vous me rassurez, parce que les Indiens sont des êtres humains à la culture ancestrale foisonnante qui, pour être différente de la nôtre, n’en est pas moins riche et variée !…
Le Shérif : — « Des êtres humains », hu hu hu…

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (du 11 Juillet 2020 au 11 Juillet 2021) [Lecture N°50] et le Mois Américain – Septembre 2020 chez Titine et sur Fesse Bouc.

Londres Express : Peter Loughran

Titre : Londres Express

Auteur : Peter Loughran
Édition : Gallimard Série Noire (1967) / Folio Policier N°236 (2001)
Édition Originale : The Train Ride : The Story of a Man with a One-Way Ticket (1966)
Traduction : Marcel Duhamel

Résumé :
Evidemment, vous direz que je suis un monstre. Que je n’aurais jamais dû me saouler dans les bas quartiers ni courir les filles. Ni flanquer des briques dans les fenêtres. Ni me conduire de façon aussi abominable dans le train qui m’emmenait au port de Londres. Et bien, c’est vous tous, avec vos vices et votre méchanceté qui m’y avez obligé. Je ne suis pas plus monstre que vous, bande d’hypocrites !

Londres Express, « ouvrage insaississable, impossible à cataloguer » selon Marcel Duhamel, est l’unique livre de Peter Loughran paru en France.

Critique :
Un marin a raté son embarquement et prend le train pour arriver au port, là où le bateau fera escale avant de prendre le large.

Le gars monte dans le train, se choisit un compartiment fumeur, dépose son journal et ses livres osés, va se dégourdir les jambes sur le quai et quand il revient, le wagon est occupé par deux nonnes.

C’est tout con comme point de départ, ça pourrait même être banal si…

Ce serait banal si notre marin n’était pas un salopard, un pauvre type qui en veut à la terre entière et qui rend toujours les autres responsables de ses malheurs ou de ses fautes.

Ce serait banal si notre type, bien habillé, ne passais pas son temps à nous assommer avec de long monologues, des digressions par lesquelles il va nous raconter sa vie : ses amours, ses emmerdes, ses amis (remettez le tout dans l’ordre et faites-en une chanson), ses magouilles, ses combines.

Ce serait banal si l’auteur n’avait pas proposé à ses lecteurs, un personnage abject, vil, obsédé du cul, soupe au lait, voleur, bagarreur, menteur, bonimenteur, parano, qui a la haine envers tout le monde… Un type que l’on ne peut apprécier. Rien pour le récupérer.

Ce serait banal si, quand notre sale type a acheté deux magazines un peu osé, au kiosque à journaux du coin, on n’avait pas déjà eu droit à ses digressions, ses réflexions, ses envies de crime et de magazines de cul dignes de ce nom.

Ce serait banal si, entre le moment où il songe à lire ses magazines hot devant les deux nonnes et le moment où il passe à l’action, on n’avait 80 pages de blabla qui m’ont soûlé à mort, me donnant envie de refoutre le bouquin dans sa caisse peuplée de vieux Série Noire.

Cela aurait été banal si, en plus des deux nonnes, il n’y avait pas eu une gamine de 7 ans, qui avait été déposée par sa tante dans le compartiment, la tata ayant demandé aux deux bonnes soeurs de la surveiller.

Cela aurait été banal si les deux nonnes n’étaient pas arrivées au terme de leur voyage avant la gamine et le sale mec assis devant… Cela aurait été banal si l’autre dame qui était entrée, et qui avait promis de rester avec la gamine, n’était pas foutue le camp dans un autre compartiment avec une connaissance à elle.

Ce livre me foutait les boules, je sautais des pages, me lamentait d’un tel personnage, toujours à rejeter la faute sur tout le monde et puis, en passant au chapitre suivant, je me suis figée, les yeux sortant de mes orbites… Aurais-je raté quelque chose ? Des pages auraient-elles été manquantes ? C’est une vieille édition qui craque de partout…

Retour arrière… Non, il ne manquait pas des pages, l’auteur nous avait juste gratifié d’une ellipse, afin sans doute de ne pas plonger ses lecteurs dans l’innommable… Petit bon dans le temps et la scène abjecte est là, sous mes yeux horrifiés, pendant que notre marin peste encore sur tout le monde, accusant les nonnes, la tante, la grosse dame qui était partie, la vendeuse de journaux…

J’ai refermé ce livre en silence, un silence de mort, comprenant mieux le petit message de Marcel Duhamel en préface du livre qui disait qu’il avait longtemps hésité avant d’inclure ce roman atypique dans son catalogue et qu’il laissait le soin aux lecteurs de juger…

Immoral, amoral, abject, politiquement incorrect au delà de tout, bref, un roman qui donne le mal de mer durant les 9 dixième et qui ensuite fait gerber sur ses deux derniers chapitres.

Il est retourné dans la caisse des vieux Série Noire, mais tout dans le fond et il n’en sortira plus jamais. Je voudrais l’oublier mais cette scène va me coller à la peau et à la mémoire longtemps.

« Si j’aurais su, j’l’aurais pas lu » (comme aurait pu le dire le petit Gibus – Ah ben mon vieux, si j’aurais su, j’aurais pô v’nu !).

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (juillet 2019 – juillet 2020) – N°240 et Le Mois Anglais chez Lou, Titine et Lamousmé (Juin 2020 – Saison 9).

 

 

Au-delà des frontières : Andreï Makine

Titre : Au-delà des frontières

Auteur : Andreï Makine
Édition : Grasset (30/01/2019)

Résumé :
De quelles frustrations le jeune Vivien de Lynden, nouvel enfant du siècle égaré dans ses préjugés racistes et obsédé par la décadence de l’Occident, a-t-il tiré son apocalyptique manuscrit « Le grand déplacement » ?

Pour faire publier ce brulot politiquement incorrect, la mère du jeune auteur tôt disparu demande son aide à un écrivain, ami du fameux Gabriel Osmonde.

Ce dernier, que Vivien s’était choisi pour maître à penser, porte sur le monde un regard plus profondément désenchanté que le jeune néo-hussard brulé au feu de son idéalisme.

Et voilà que cette femme, revenue de toutes les utopies humanitaires les plus valorisantes, guettée par un vide existentiel dont le suicide lui semble la seule issue, comprend qu’il faut sortir du jeu, quitter la scène où tout le monde joue faux, tiraillé par la peur de manquer et la panique de la mort.

Une autre voie est possible. Une autre vie aussi. Chacun n’a-t-il pas droit à sa « troisième naissance », au-delà des frontières que l’on assigne à l’humaine condition ?

Critique :
Ceux qui lisent habituellement mes bafouilles doivent se demander comment ce roman a atterri dans ma main car il est aux antipodes de ce que je lis habituellement.

Si je m’encanaille de temps en temps avec de la SF ou de la fantasy, ce genre de roman ne fait pas partie de mon univers littéraire habituel (polars & romans noirs).

Non, on ne m’a pas payé pour le lire et on ne m’a pas offert le bouquin non plus… La faute à un zapping télé du mercredi 6 février (2019) et j’ai demandé à Chouchou de s’arrêter sur La Grande Librairie qui venait de commencer, juste par curiosité.

Ce soir là, j’étais fatiguée, mais en écoutant les différents invités, dont Joseph Ponthus et Andreï Makine, pour ne citer que ces deux-là, mon cerveau s’est réveillé et s’est gavé de leurs paroles qui volaient bien plus haut que ce que j’entends habituellement à la télé ou à la machine à café.

Nom de dieu, je voulais lire leurs livres ! Ce qui est fait.

Quelle que fût la voie empruntée par l’humanité, elle menait à l’impasse. Révolutions, contre-révolutions, mirages libéraux, tours de vis rétrogrades, activismes ou immobilismes, rien de tout cela ne promettait une vie transfigurée. La société occidentale, avant le Grand Déplacement, était une ferme d’élevage produisant des citoyens châtrés par le consentement des craintifs.

Pour faire court et simple, le roman commence sur un récit mélange de post-apocalypse et de dystopie avec un grand déplacement de ceux qui ont provoqué le cataclysme débouchant sur des attentats (les journalistes, les intellos), dont deux ex-président (Sarko et celui qui allait en pédalo), vers la Libye.

Le bannissement concerne une quantité impressionnante de personnes. La population française a diminué de moitié et ne compte plus que trente millions d’habitants. Cette contraction a déjà reçu un nom : le Grand Déplacement.

Fait amusant, si je puis dire, c’est que les exilés forcés se construisent très bien en Libye alors que ceux resté en France ont plutôt l’air de se faire chier alors qu’on pensait arriver enfin à une société idéalisée. Du rêve en poudre…

Ensuite, nous rencontrons le narrateur, éditeur de son état, qui vient de lire ce manuscrit assez court envoyé par la mère de l’auteur. Gaia, l’expéditrice, est la mère de l’auteur, Vivien de Lynden qui a tout du nazillon extrémiste, qui en a après tout le monde, que ce soit les Juifs, les Noirs, les Arabes, bref, tout ce qui n’est pas blanc et français comme lui.

Niveau personnages, les portraits sont réussis et la plume de l’auteur envoie du lourd, sans pour autant devenir pédante ou illisible. En fait, la plume de Makine est comme son ramage à la télé : clair, riche et hautement compréhensible.

Là où le roman prend une autre dimension, c’est lorsque l’éditeur apprend que Vivien a fréquenté Gabriel Osmonde, que lui-même connait et qui n’est autre qu’un pseudo d’Andreï Makine sous lequel il publia des ouvrages. Vous me suivez toujours ?

Osmonde est un « digger », un qui creuse (pas comme Tuco dans « The Good, the Bad and the Ugly »), c’est à dire une personne qui cherche au delà des mensonges de la société. Sans compter qu’Osmonde pense aussi qu’on a trois naissances et que la 3ème est l’Alternaissance, la plus difficile à obtenir.

Godbarsky écrit que l’idée de l’Alternaissance correspond parfaitement au sens de cette allégorie prénatale… Je traduis mal, pardon. Il dit que, emprisonnés par notre Première et notre Deuxième naissance, nous ne savons pas penser au-delà de ces deux identités. Comme un enfant qui n’est pas encore né. Le vrai but, c’est d’accéder, déjà de notre vivant, à la compréhension de l’Alternaissance… Oui, ce qu’il appelle “le temps de la pérennité.

Ne me demandez pas dans quelle proportion l’auteur est en raccord avec les pensées ou les dires de son double, Gabriel Osmonde ou des autres personnages, mais en tout cas, il soulève des points qui font mal, met en avant toutes les dérives et les conneries de nos sociétés, le tout en vrac, puisque les récits de ses personnages vont et viennent, chacun s’imbriquant dans l’autre, à la manière des Matriochkas ou alors, se contredisent puisque nous sommes face des extrémistes et d’autres plus modérés.

Au final, je pense que l’auteur nous met face à un choix : dormir ou rester éveillé. Hurler avec la masse ou au contraire aller avec la minorité, celle qui analyse plus finement la société qui nous entoure, que ce soit au niveau « racial » ou religieux et qui refuse les préjugés ou les idées préconçues.

Ce soir, nous vivons ce que Godbarsky appelait « clarification ». Le chaos du monde se décante, la mascarade de l’Histoire révèle son absurdité. Et la masse humaine – magma d’ethnies, de races, de classes, de clans, d’alliances et de mille autres « catégories » – se réduit à son essence : ceux qui acceptent les limites de l’existence et ceux qui les défient. Au-delà de toute appartenance raciale, sociale ou religieuse, nous sommes définis par ce choix – s’endormir dans la masse ou bien refuser le sommeil.

Voici un roman qui se déguste avec sagesse, car brassé avec savoir et dont il me faudra plusieurs jours, si pas semaines, pour arriver à le digérer. Pas qu’il était trop lourd, juste copieux, très copieux !

Chaque année, dans le monde, plus d’un million de femmes sont violées ou assassinées – trois mille par jour. Six millions d’enfants meurent de faim – un enfant toutes les cinq secondes. Et savez-vous combien de balles sont tirées ? Huit cents milliards par an. Une centaine pour chaque habitant de la Terre ! Sans compter les bombes, les missiles…Une tuerie ininterrompue, un hurlement continu des victimes. Tout cela en simultané avec la « vie normale » : fêtes, matchs, élections, vacances, boulimie d’achats…(..) plus les hommes dévorent la nature plus ils se dévorent entre eux.

Notre corps est moins menteur que nos idées.

Knockemstiff : Donald Ray Pollock

Titre : Knockemstiff

Auteur : Donald Ray Pollock
Édition : Phebus Libretto (2010)
Édition Originale : Knockemstiff (2008)
Traducteur : Philippe Garnier

Résumé :
Knockemstiff – littéralement « étale-les raides » – existe vraiment. Ce n’est pas la moindre bizarrerie de ce premier livre de Donald Ray Pollock.

En référence aux classiques de Sherwood Anderson, les histoires racontées ici sont toutes liées à ce bourg.

Mais les turpitudes et les hypocrisies individuelles de Winesburg, Ohio, sur lesquelles écrivait Anderson en 1919, paraissent soudain bien pâles devant les visées de tante Joan sur un paumé défoncé à la Bactine, devant Daniel, le violeur de poupées, ou encore devant la Fish Stick Girl, qui serait le meilleur plan de la région, si elle n’avait pas la manie de trimballer des beignets de poisson pané au fond de son sac.

Plus encore que les camionneurs speedés, les fondus de la fonte ou les papys Alzheimer qui peuplent Knockemstiff, c’est l’humanité atrocement comique de ces personnages qui dérange.

Donald Ray Pollock est assurément la voix la plus singulière et la plus exaltante de la nouvelle littérature américaine depuis Larry Brown ou Chuck Palahniuk (lui-même fan de Pollock).

Certaines de ses histoires tachent comme le péché ou le mauvais vin, et vous collent à la peau, même après plusieurs douches.

Critique :
Dire que je trouvais que le roman « Kentucky straight » de Chris Offutt était peuplé de crétins pathétiques, de loosers fabuleux, de débiles congénitaux, d’une bande de ploucs irrécupérables…

Et bien, figurez-vous que je viens de tomber sur pire qu’eux ! D’ailleurs, face aux habitants de Knockemstiff (Ohio), ceux de Kentucky Straight sont fréquentables, c’est vous dire.

Je vous préviens de suite, après avoir terminé ce roman, vous vous sentirez poisseux et aurez juste une envie : vous doucher et vous récurer à la brosse en crin tant les gens sont crasseux mentalement.

Ici, il n’y a rien à faire, si ce n’est avoir des relations incestueuses, tuer des gens, boire de la bière bon marché, se shooter avec tout ce qui passe, laisser traîner des bâtonnets de poissons panés au fond de votre sac à main, traiter son gamin de gonzesse, lui apprendre à se battre, violer des poupées, fuguer,…

Je descendais juste des Mitchell Flats avec trois pointes de flèches dans ma poche et un serpent copperhead mort qui me pendait autour du cou comme un châle de vieille bonne femme, quand j’ai surpris un gars nommé Truman Mackey en train de baiser sa petite soeur dans Dynamite Hole.

Déjà, en temps normal, parler au vieux c’était comme d’être enfermé dans l’ascenseur avec un cannibale qu’on n’aurait pas nourri depuis trois jours.

« Tu t’es bien défendu », je me répétais, encore et encore. C’était la seule chose que mon père m’ait jamais dite que je n’ai pas essayé d’oublier.

Ne jamais sortir de ses eaux territoriales, ne jamais explorer une ville voisine. Rester en vase clos (et se reproduire). De toute façon, celui qui a fugué pour tenter sa chance ailleurs est tombé sur un camionneur bizarre et sordide.

Toutes ces belles choses, vous le retrouverez dans ce roman composé de nouvelles toutes plus sordides les unes que les autres.

Je ne suis pas toujours fan des nouvelles, mais ce format va à merveille pour ce genre de récits car il permet de remonter à la surface pour prendre une goulée d’air avant de replonger dans la noirceur poisseuse, style cambouis épais, d’une autre nouvelle.

Le fait qu’elle restait avec moi était juste une autre preuve de son indolence. Dans une société plus évoluée, on nous aurait probablement tués tous les deux pour nourrir les chiens.

Au total, il y en a 18, toutes du même acabit car l’auteur nous dresse des portraits au vitriol de cette petite ville qui existe vraiment et où on ne voudrait pas passer ses prochaines vacances, ni en être originaire.

Même les célèbres Barakis de chez nous sont moins atteints que ceux qui hantent ces pages. Pourtant, dans le fond, ils ont le même mode de vie : chômeurs, alcoolos, vivant dans des caravanes pouraves, portant le training… (Je vais me faire lyncher, là).

…on était toujours fauchés. Arrivée la fin du mois, on était à court de tous les trucs essentiels qui rendent la vie tolérable – confiseries, glaces et cigarettes – et je me mettais à insinuer à Dee qu’il serait peut-être temps de vendre un peu de sang. C’était le seul type de travail que j’arrivais à lui faire faire. Le mien ne valait rien à cause de mon hépatite, mais celui de Dee était AB négatif et encore sans pathogènes, alors les techniciens l’accueillaient à bras ouverts.

Droit debout en calcif devant le duplex rose fané qu’il louait avec Geraldine, Del a émergé de sa vape en train de pisser dans l’herbe cuite du mois d’août. C’était ça l’ennui de revenir à soi : la minute d’avant il avait autant de cervelle qu’une carpe en train de mastiquer de la merde à fond de Brain Creek, et pop, une lueur s’allumait et voilà qu’il se retrouvait sur la terre ferme, surpris dans une position embarrassante ou une autre.

Des récits sombres de déchéances humaines, des portraits de gens dont on ne voudrait pas croiser la route, des pères qui gagneraient à passer l’arme à gauche tant ils font subir le pire à leurs gosses, des femmes qui auraient gagné à se casser la jambe le jour où elles ont rencontrés leurs maris et le col de l’utérus le jour où ont couplés ensemble.

Si elle dirigeait toutes les pines qui lui sont passées dessus pointées vers l’extérieur, elle ressemblerait à un foutu porc-épic.

Je me suis réveillé en croyant que j’avais encore pissé au lit, mais c’était juste une tache collante, là où moi et Sandy on avait baisé la veille.

Des récits sombres, violents, poisseux dont il fallait le talent de conteur de Donald Ray Pollock pour arriver à les mettre en toutes lettres tant ils sont à la limite du supportable, ou alors, il faut déconnecter son cerveau et ne pas trop penser lorsqu’on lit car ceci n’est pas vraiment de la fiction mais la réalité dans ses tristes oripeaux.

18 nouvelles trash, 18 nouvelles noires, peuplées de personnages tous plus tarés les uns que les autres, tous irrécupérables, de personnages que l’on croisera au détour d’une autre nouvelle, et qui viendra confirmer que oui, même lui était irrécupérable.

18 nouvelles sordides où l’Homme ne veut pas s’élever au-dessus de sa condition, préférant barboter dans sa crasse, sa misère, son petit train-train banal et nauséabond.

18 nouvelles qui dérangent et qui grattent là où ça fait mal.

Néanmoins, j’avais préféré ses deux romans « Le diable tout le temps » et « Une mort qui en vaut la peine » qui, tout en étant aussi sordide et nauséabond, m’avaient plus emballé.

Il avait besoin de cheveux longs. Sans eux, il n’était qu’un sinistre bouseux mal fichu de Knockemstiff, Ohio – lunettes de vieux, acné en germes, poitrine de poulet. Jamais essayé d’être quelqu’un comme ça ? À 14 ans, c’est pire que la mort.

J’ai soulevé les couvertures un chouïa, passé mon doigt sur le KNOCKEMSTIFF, OHIO bleuté que Sandy s’était tatoué comme un panneau routier sur son cul maigrichon. Pourquoi ces gens ont besoin d’encre pour se rappeler d’où ils viennent, ça restera toujours un mystère pour moi.

Je m’étais encore jamais trouvé dans personne, et quand je me suis mis à jouir, c’était comme si plus rien de ce que j’avais connu avant avait d’importance. Toutes les années de vache enragée et de solitude coulaient hors de moi et bouillonnaient dans cette petite fille comme une source sortie d’un flanc de colline.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2018-2019) et le Mois Américain chez Titine (Septembre 2018).

Lucky Luke – Tome 49 – Le Bandit manchot : Morris & Bob de Groot

Titre : Lucky Luke – Tome 18 – Le Bandit manchot

Scénariste : Bob de Groot
Dessinateur : Morris

Édition : Dargaud (1981)

Résumé :
Adolphe et Arthur sont deux fils de fermier passionnés de mécanique. Ils viennent d’inventer la première machine à sous et souhaitent la tester auprès de joueurs de différentes villes.

Une de leur connaissance, le sénateur Pinball, leur propose de contacter son ami Lucky Luke afin de leur servir d’escorte durant leur voyage. Lucky Luke, malgré son aversion pour les jeux de hasard, accepte de les aider.

Critique :
Morris ne voulait pas que Goscinny, son scénariste, fasse dans le même registre qu’Astérix au niveau des calembours, mais il a permis à de Groot de faire dans le même registre de gags que ceux de la série « Léonard » !!

Parce que du début à la fin, j’ai eu l’impression d’être avec l’inventeur Léonard qui en fait voir de toutes les couleurs à son pauvre disciple, vu les gags proposés.

Soit c’était des inventions loufoques et burlesques, dignes de Léonard, soit c’était Jolly Jumper qui chevauchait Lucky Luke, soit Louis de Funès (le Boss) qui chevauchait son imbécile de bras gauche, Double Six.

Cet album que je n’ai pas apprécié plus que ça, s’inspire de deux personnages bien réels que furent Adolphe et Arthur Caille, ces deux frères bricoleurs de génie avaient 26 et 21 ans quand ils montèrent leur première société, en 1888. Ils inventèrent, entre autre, de superbes machines à sous dont la « black cat ».

La première partie de l’album possède quelques gags drôles avec la mère des deux inventeurs qui ne supporte pas d’entendre un juron et que la présentation du bandit manchot (la machine à sous) dans les saloons des différentes villes traversées, dont la mention spéciale revient à la ville de Poker Gulch.

MAIS, une fois l’arrivée des deux méchants dont le Boss est la caricature de Du Funès, on sombre lamentablement dans le n’importe quoi, ça devient ennuyeux, l’humour vire à l’absurde non drôle et on à l’horrible impression que le scénariste est parti en vacances ou qu’il laisse l’album se terminer tout seul.

Un album en demi-teinte, qui commençait pas trop mal, même avec cette impression d’être dans un album de Léonard, mais à la moitié, par en eau de boudin, se récupérant juste sur les dernières cases.

Challenge Thrillers et Polars de Sharon (2017-2018), le Challenge « Polar Historique » de Sharon, le Challenge « XIXème siècle » chez Netherfield Park, le Challenge « Il était une fois dans l’Ouest » chez The Cannibal Lecteur et Le « Mois Américain – Septembre 2017 » chez Titine.

Le Grand Méchant Renard : Benjamin Renner

 

Grand méchant Renard

Titre : Le Grand Méchant Renard

Auteur : Benjamin Renner
Édition : Delcourt (2015)

Résumé :
Un petit renard ridicule veut devenir la terreur du poulailler.

Le co-réalisateur d’Ernest et Célestine signe une fable coup de cœur. Face à un lapin idiot, un cochon jardinier et une poule caractérielle, un renard chétif tente de trouver sa place de grand prédateur.

Devant l’absence d’efficacité de ses méthodes, il développe une nouvelle stratégie.

Sa solution : voler des œufs, élever les poussins et les croquer. Mais le plan tourne au vinaigre lorsque le renard se découvre un instinct maternel !

MechantRenard400Critique :
On prend un renard aussi féroce qu’une limace séchée et on le place dans son environnement forestier.

On ajoute sur une colline une ferme avec un chien blasé, un cochon jardinier, un lapin un peu crétin, des poules pas cool et un loup qui a tenté de l’initier au regard méchant qui tue.

Notre renard est un médiocre Padawan parce que ça n’a pas marché !

Les poules n’ont pas peur de lui, les petits z’oziaux encore moins, le cochon lui offre des navets et le chien de garde de la ferme lui demande de ranger le bordel qu’il fout.

Comment faire pour devenir un prédateur quand tout le monde n’a cure de vous ? Comment inspirer la crainte ou tout simplement manger quand personne n’a peur de vous ?

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Le loup, jamais à court d’idées sadiques, lui conseille d’aller voler des œufs afin d’élever les poussins et les croquer.

Qu’est-ce que ça va donner, une idée aussi sadique que celle-là ? Des crises de fous rires, des larmes tant on se marre, des quiproquos, des scènes délirantes, tendres et un pauvre goupil qu’on avait rarement vu aussi maladroit !

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J’ai adoré les dessins, sans cases, les dialogues sans phylactères (les bulles, pour les ignorants) et j’ai vécu 185 pages de rires et de délires.

On pourrait croire que les dessins sont « simples », mais ils collent à merveille au ton du récit et les lavis des couleurs donnent une belle ambiance chaleureuse, sans surcharger les pages.

Les poussins sont craquants, le chien a tout de l’inspecteur de travaux qui n’auront pas lieu, le cochon est un rigolo, le lapin est crétin, les poules de vraies mégères non apprivoisées et les expressions de tout ces animaux sont un régal pour les yeux, sauf quand je pleurais de rire, parce que là, les dessins devenaient tout brouillés.

Malgré le fait que l’on se doute de l’issue de tout cela, on se prend au jeu et on suit l’évolution des poussins et du renard tout en se demandant comment on va échapper au méchant loup.

Jamais le récit ne devient ennuyeux et quand on se demande ce qu’il va arriver ensuite, boum, ça rebondit et on repart de plus belle pour une autre facétie.

Une vraie bouffée de détente et de fraicheur, sourire béat affiché sur ma face et gloussements à toutes les pages.

Chapeau l’artiste d’être arrivé à me faire aimer un autre renard que ce bon vieux Rox des studios Disney.

Un album qui fera plaisir aux plus petits, mais qui amusera énormément les grands puisque je suis une grande… Enfin, on s’comprend !

Bon, je vous laisse, je vais apprendre aux poules l’art du combat.

Étoile 5

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